Prédication du 09 Février 2025.

Prédication apportée par la pasteur Clémence Bury.

 

Alès Esaïe 6 : 1-8 ; Luc 5 : 1-11 09/02/25

La gloire de Dieu nous transforme

*Prière

Depuis début janvier, vous l’aurez sans doute remarqué, je reste fortement attachée à vous parler de la gloire de Dieu : la gloire de Dieu en comparaison avec la fragilité humaine, la gloire de Dieu qui est notre consolation, la gloire de Dieu visible dans l’incarnation de Son Fils, et aujourd’hui, la gloire de Dieu qui nous transforme.

Je persiste à croire et donc à enseigner que nous devons nous attacher à contempler Dieu dans Sa gloire, Sa sainteté, Sa majesté, Sa souveraineté. Parce que c’est la réponse à nos questionnements, parce que c’est le réconfort dans nos afflictions, parce que c’est la source de notre transformation et par-dessus-tout, parce que c’est l’objectif de tout ce que fait Dieu. Dieu crée pour manifester Sa gloire, Il sauve pour manifester Sa gloire, Il reviendra pour manifester Sa gloire, non seulement aux yeux de Son peuple, mais de tous également.

Aujourd’hui encore, c’est avec le prophète Esaïe que nous allons contempler la gloire de Dieu, une gloire qui nous transforme.

*Lecture

Ésaïe 6

Vocation d’Ésaïe

1L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé, et les pans (de sa robe) remplissaient le temple. 2Des séraphins se tenaient au-dessus de lui ; ils avaient chacun six ailes : deux dont ils se couvraient la face, deux dont il se couvraient les pieds, et deux (dont ils se servaient) pour voler. 3Ils criaient l’un à l’autre et disaient : Saint, saint, saint est l’Éternel des armées ! Toute la terre est pleine de sa gloire ! 4Les soubassements des seuils frémissaient à la voix de celui qui criait, et la Maison se remplit de fumée.

5Alors je dis : Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l’Éternel des armées. 6Mais l’un des séraphins vola vers moi, (tenant) à la main une braise qu’il avait prise sur l’autel avec des pincettes. 7Il en toucha ma bouche et dit : Ceci a touché tes lèvres ; ta faute est enlevée, et ton péché est expié.

8J’entendis la voix du Seigneur, disant :

Qui enverrai-je

Et qui marchera pour nous ?

Je répondis : Me voici, envoie-moi.

Ce texte est connu comme étant le point de départ de la vocation d’Esaïe. Il est mis en parallèle, dans les lectures du jour, avec le texte dit de la pêche miraculeuse en Luc 5 : 1 à 11, qui constitue le point de départ de la vocation de Simon Pierre entre autres !

*Lecture

Luc 5

Pêche miraculeuse

1Comme la foule se pressait autour de lui pour entendre la parole de Dieu, et qu’il se trouvait auprès du lac de Génésareth, 2il vit au bord du lac deux petites barques, d’où les pêcheurs étaient descendus pour laver leurs filets. 3Il monta dans l’une de ces barques, qui était à Simon, et il lui demanda de s’éloigner un peu de terre. Puis il s’assit, et de la barque il enseignait les foules.

4Lorsqu’il eut cessé de parler, il dit à Simon : Avance en eau profonde, et jetez vos filets pour pêcher. 5Simon lui répondit : Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre, mais, sur ta parole, je jetterai les filets. 6L’ayant fait, ils prirent une grande quantité de poissons, et leurs filets se rompaient. 7Ils firent signe à leurs compagnons qui étaient dans l’autre barque de venir les aider. Ils vinrent et remplirent les deux barques, au point qu’elles enfonçaient. 8Quand il vit cela, Simon Pierre tomba aux genoux de Jésus et dit : Seigneur, éloigne-toi de moi parce que je suis un homme pécheur. 9Car la frayeur l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à cause de la pêche qu’ils avaient faite. 10Il en était de même de Jacques et de Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Et Jésus dit à Simon : Sois sans crainte ; désormais tu seras pêcheur d’hommes. 11Alors ils ramenèrent les barques à terre, laissèrent tout et le suivirent.

Nous retrouvons donc, dans ces deux textes, un schéma en 4 points qui se répète, même si ces textes sont très différents au demeurant :

1. Voir la gloire et la sainteté de Dieu, se trouver en Sa présence.

2. Réaliser alors notre péché, notre indignité.

3. Être réhabilité, remis debout par Dieu.

4. Répondre à l’appel.

1. Voir la gloire et la sainteté de Dieu, se trouver en Sa présence.

Le nom d’Esaïe signifie « Dieu sauve », ce qui correspond au message central du prophète.

L’Eternel est déterminé à établir un royaume de justice et de droiture (Es. 1 : 16-17 ; 5 : 16). Cela est appuyé par le début (Es. 1 : 10-15) et la fin (Es. 66 : 1-4) du livre d’Esaïe qui, formant ainsi une inclusion pour l’ensemble du livre, montrent l’inefficacité et l’inutilité du système sacrificiel et religieux lié au Temple, rappelant que ce que Dieu attend, c’est la droiture, la justice et l’équité (Prov. 2 : 9 ; 21 : 3).

Rien n’est aussi saint que Dieu ! L’expression « le Saint d’Israël » apparaît 25 fois dans le livre d’Esaïe. Dieu est non seulement saint, mais il est le Saint des saints !

Esaïe se trouve – et c’est ce qu’il raconte – en présence du Seigneur, le Dieu trois fois saint, l’Eternel des armées, le Dieu souverain qui règne sur son trône, celui-là même qui a tout créé et par qui tout existe ; il est en présence de JE SUIS. Cette vision l’émerveille autant qu’elle l’épouvante car il sait que nul ne peut voir Dieu et vivre. Pourquoi ? Parce qu’y-a-t-il de commun entre le pur et l’impur, entre le saint et le profane, entre Dieu et l’homme ? Esaïe sait que la gloire de Dieu, la sainteté de Dieu sont incompatibles avec le péché et donc avec le pécheur qu’il est, comme nous tous. Tant que l’être humain n’est pas en présence de la sainteté de Dieu, il peut se mentir à lui-même, il peut penser qu’il n’est pas si mauvais que ça, mais de même que la lumière révèle les saletés, ainsi la sainteté révèle-t-elle le mal et le péché. Un petit exemple tiré de la vie de tous les jours pour mieux comprendre : quand vous roulez dans une forêt un peu sombre, votre pare-brise a l’air impeccable. Mais dès lors que vous débouchez dans une clairière ensoleillée, tout à coup vous ne voyez plus que les multiples tâches qui le constellent, aussi petites soient-elles, et vous réalisez à quel point en réalité il était sale ! Et bien il en va de même pour l’homme qui s’auto-rassure et se persuade de sa respectabilité. Le jour où il se trouve en présence de Dieu, l’horreur de sa condition pécheresse est tout à coup révélée par la sainteté et la gloire de Son Créateur. Cela ne sert pas à son désespoir où à sa culpabilisation morbide ; au contraire cela lui permet de reconnaître son indignité et de chercher son secours en Dieu.

2. Réaliser alors notre péché, notre indignité.

C’est ce qui se passe avec Esaïe, comme aussi avec Simon Pierre qui réalise, par le miracle de la puissance de Jésus sur la création, qu’il est en présence du Dieu Saint.

Alors chacun d’eux va confesser son incapacité et son péché, comme aussi son indignité à se tenir devant le Roi. Simon Pierre dit : « Seigneur, éloigne-toi de moi parce que je suis un homme pécheur » (v. 8). Esaïe dit : « Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, […] et mes yeux ont vu le Roi, l’Eternel des armées » (v. 5).

Tous deux ont peur, mais au lieu de se cacher comme Adam dans le jardin d’Eden, ils mettent en lumière leur condition, ils entrent dans une démarche de repentance. Et c’est bien cela qui fait toute la différence ! Nous savons qu’« il n’y a rien de caché qui ne doive être révélé » (Mt. 10 : 26), et aussi que « tout est mis à nu et terrassé aux yeux de Celui à qui nous devons rendre compte (Hé. 4 : 13). En présence du Dieu saint, nous devons avoir l’honnêteté de reconnaître nos manquements (c’est ce qu’on appelle dans nos liturgies la confession des péchés) et demander pardon d’un cœur sincère, sachant qu’« Il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés » (1 Jn. 1 : 9). A quoi cela sert-il – me diront certains – puisque si nous croyons, nous sommes sauvés ? Nous sommes sauvés mais nous sommes appelés à persévérer dans la foi et à travailler à notre salut, c’est-à-dire à participer activement et volontairement au travail de l’Esprit-Saint dans nos cœurs qui vient pointer ce qu’il nous faut abandonner ou redresser ; il nous faut choisir le bien et non le mal, en toute circonstances, il nous faut viser la maturité en Jésus-Christ, la « sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur » (Hé. 12 : 14), il nous faut rechercher la gloire de Dieu. Cela ne peut se faire tant que nous n’avons pas reconnu notre indignité et que nous n’avons pas été relevés par le Seigneur.

3. Être réhabilité, remis debout par Dieu.

« Sois sans crainte [dit le Seigneur Jésus à Pierre] ; désormais, tu seras pêcheur d’hommes » (v. 10). C’est avec ces mots que Jésus relève Pierre qui est tombé à ses genoux, soudain conscient de l’écart entre son humanité et la grandeur de Dieu manifesté en Jésus-Christ. Ceci est de la plus haute importance car souvent, quand ils nous entendent parler de la gloire et de la sainteté de Dieu, les non-croyants pensent que Dieu souffre d’un « complexe de supériorité », et qu’Il se réjouit dans l’humiliation de ses créatures qu’Il se plaît à écraser. Or il n’en est rien ! Dieu se réjouit de notre repentance car alors – et c’est une condition nécessaire – Il peut nous sauver, nous relever et déployer Sa grâce surabondante. Remarquons que dans l’épisode relaté dans l’Évangile de Luc, la grâce a abondé d’abord, puisque c’est le miracle lui-même qui a poussé Simon Pierre à la repentance ! Qu’en est-il pour Esaïe ? Esaïe se voit délivré de sa faute, purifié de son péché par le symbole du feu. Dieu le relève et le réhabilite avec ces mots : « Ceci a touché tes lèvres ; ta faute est enlevée et ton péché est expié » (v. 7). La repentance nous conduit au pardon et à la réconciliation ; un pardon et une réconciliation solides qui ne se trouvent qu’en Jésus-Christ (Solus Christus), Lui le Fils unique de Dieu. Il est Dieu et a pourtant vécu une vie humaine identique à la nôtre excepté le péché ; par amour et par obéissance à Dieu son Père, Il s’est offert sur la croix de Golgotha, une fois pour toutes, afin que tous ceux qui croiraient en Son Nom, qui se reconnaîtraient coupables devant Dieu et qui se placeraient sous la justice de Sa grâce (Sola Gratia) par la foi (Sola Fide), soient délivrés du péché, pardonnés, sauvés, réconciliés, réhabilités, sanctifiés, appelés et envoyés ! Toute l’Ecriture (Sola Scriptura) nous conduit à Lui – le texte d’Esaïe ne fait pas exception ! – et cela pour la seule gloire de Dieu (Soli Deo Gloria)1.

4. Répondre à l’appel.

Pourquoi Dieu nous sauve-t-il en Jésus-Christ ? Pas pour nos beaux yeux, loin s’en faut, ni parce que nous serions plus méritants que les autres. La Bible enseigne que « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Ro. 3 : 23). Non, Dieu nous sauve selon Son bon plaisir, parce que cela correspond à son dessein, parce qu’ainsi Il montre Sa bonté, Sa miséricorde et Sa gloire. Devons-nous nous contenter de savoir que Dieu nous a sauvés ? Non ! En nous sauvant, Il nous appelle à Le servir et à témoigner de Lui, afin que toute notre vie Le glorifie. Il s’agit donc, une fois que Dieu nous a remis debout, une fois qu’Il nous a dit « ta faute est enlevée » ou encore « ne crains pas », de ne pas en rester là, et de saisir l’appel qu’Il nous adresse dans Sa grâce ! Oui car tout est grâce ! Là aussi, Il pourrait très bien faire sans nous, et j’imagine que parfois – pour ne pas dire souvent – ce serait sûrement moins tortueux ! Mais dans Sa grâce, Dieu a choisi de nous utiliser, de nous appeler à Son service, de nous faire participer à Son œuvre, à Sa moisson, à l’avènement de Son Royaume. N’est-ce pas prodigieux ? N’est-ce pas dommage de rester un spectateur de l’œuvre de salut de Dieu, alors que Lui veut faire de nous des participants ?

Car Il nous laisse le choix, Il dit à Esaïe : « Qui enverrais-je, et qui marchera pour nous2 ? ». Esaïe, de sa propre volonté, répond : « Me voici, envoie-moi. » (v. 8). De la même façon, le texte de l’Évangile nous dit de Simon, Jacques et Jean : « ils ramenèrent les barques à terre, laissèrent tout et le suivirent » (v. 11). Ce genre de réponse à l’appel du Seigneur, même s’il semble irréfléchi et exagéré, est toujours le bon choix ! Dieu ne nous demande pas d’agir sur un coup de tête, mais quand nous sommes saisis par la grandeur de Sa gloire, que nous comprenons le pardon et l’amour dont nous sommes au bénéfice, il est plus que rationnel de se lever et de répondre à l’appel du Seigneur !

Quand je parle d’appel, je ne suis pas en train de m’adresser seulement à ceux qui recevraient des appels particuliers comme celui de pasteur, missionnaire ou évangéliste.

Non, je parle de l’appel de tout un chacun à vivre en chrétien, en disciple de Christ :

– L’appel qui consiste à être sel, lumière et témoin là où Dieu nous place ; que nous soyons élève, artisan, chef d’entreprise, enseignant ou retraité ; que nous soyons un homme ou une femme, un enfant ou un adulte, un malade ou un bien portant. L’appel qui fait de nous des « ambassadeurs pour Christ » (2 Co. 5 : 20), c’est-à-dire des gens qui Le représentent sur cette terre, particulièrement auprès de ceux qui ne Le connaissent pas. Est-ce que nous mesurons la responsabilité qui est la nôtre ? Cela ne doit pas nous écraser car c’est dans l’obéissance, la dépendance et la confiance que nous pouvons être ce que Dieu dit de nous en Christ. La force de Dieu vient au secours de notre faiblesse et Sa grâce au secours de notre misère, afin que nous soyions Ses enfants, que nous soyions là de Sa part !

– Cet appel nous est aussi adressé à nous tous ensemble, en tant que peuple de Dieu :

Nous résumons souvent cet appel par le mandat missionnaire que l’on trouve en Matthieu 28, les versets 19-20 : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. ». C’est ensemble que nous sommes envoyés au monde et c’est ensemble que nous pouvons témoigner du grand amour dont Dieu nous a aimés : « A ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn. 13 : 35).

C’est ainsi que Dieu, le Saint des saints sera glorifié au milieu de nous.

Gloire soit rendue à Dieu le Père qui nous dévoile Sa majesté et Sa sainteté.

Gloire soit rendue au Saint-Esprit qui nous permet de réaliser notre péché et notre indignité à nous tenir en Sa présence.

Gloire soit rendue à Jésus-Christ qui, par amour, prend sur Lui notre péché et nous délivre de la colère à venir, Lui qui nous réconcilie avec le Père et nous remet debout.

Gloire soit rendue au Dieu trois fois saint qui nous transforme et nous appelle à Son service.

Aujourd’hui encore, nous pouvons l’entendre dire : « qui enverrais-je, qui marchera pour nous ? » Que Dieu nous fasse la grâce, mes frères et sœurs, de répondre avec reconnaissance : « Me voici, envoie-moi », et ce quel que soit notre âge ou notre situation, parce que la conscience de la gloire de Dieu nous transforme !

Amen.

AF 598, st ; 1, 4 et 5 « La voix du Seigneur m’appelle »

1Les « cinq soli » sont les piliers de la Réforme.

2Nous trouvons là un indice de la Trinité !