Prédication du dimanche matin de la Convention Chrétienne des Cévennes.

Convention chrétienne des Cévennes – Alès, 8-9 octobre 2022

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Brève évocation du Réveil de la Drôme

Il y a une trentaine d’années, je me suis rendu dans le petit village d’Establet, en Drôme provençale. Là, durant l’été 1922, au cours d’une réunion de prière, une bergère s’est levée et a dit : – Dieu me montre que j’ai vécu jusqu’à maintenant pour mon troupeau, et il m’appelle à vivre désormais pour Lui.

Lors de ma visite dans ce village, j’ai rencontré une dame âgée qui gardait le souvenir du Réveil qui a suivi le témoignage de la bergère. Elle était enfant à l’époque. – On chantait beaucoup, m’a-t-elle dit. Le dimanche matin, tout le monde sortait de sa maison en chantant et nous arrivions ensemble au temple au son des cantiques.

Trois événements en apparence anodins ont marqué l’éclosion du Réveil, il y a cent ans exactement :

– Le témoignage de la bergère d’Establet qui a surpris tout le monde, y compris le pasteur qui avait pourtant parlé dans ce sens.

– Peu après, à la fin d’une pastorale à Crest, les pasteurs se mettent à genoux, confessent leurs péchés et se demandent pardon l’un à l’autre.

– Peu après, à la fin du culte à Dieulefit, le pasteur dit en chaire : – J’ai mis un cahier dans l’entrée du presbytère. Tous ceux qui veulent vivre résolument pour Dieu pourront y inscrire leur nom. Le premier qui va y inscrire son nom, c’est moi.

Le Réveil de la Drôme a duré de 1922 à 1938. C’est de ce Réveil que sont nées les Conventions chrétiennes, dans la vallée de la Drôme d’abord, puis en Cévennes, pour appeler les non-chrétiens à la conversion, les chrétiens à la consécration.

Un des mots d’ordre de ce Réveil était : Dieu n’a pas changé !

Charles NICOLAS, 8-9 oct. 2022

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Tite 2,11-14

Prédication apportée par le pasteur aumonier Charles Nicolas.

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Convention chrétienne des Cévennes – 8-9 octobre 2022
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Un peuple consacré à Dieu !
Jésus-Christ s’est donné lui-même pour nous afin de nous racheter de toute iniquité et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié par lui et zélé pour de belles actions (Ti 2.14).


1. Un peuple qui appartient à Dieu
Si quelqu’un dans la rue nous demande à brûle-pourpoint : A qui appartenez-vous ? combien parmi nous répondront spontanément : J’appartiens à Jésus-Christ ! Il est assez peu probable que cela nous soit demandé dans la rue. Néanmoins, cette question revêt une grande importance. Elle nous est posée ce matin par notre texte. Jésus-Christ s’est donné lui-même pour nous afin de nous racheter de toute iniquité et de se faire un peuple qui lui appartienne. Nous aimons citer le début du Psaume 23 : L’Eternel est mon berger, je ne manquerai de rien ! Beaucoup aimeraient être à la place de cette brebis qui ne manque de rien. Mais est-ce là le principal de ce qui caractérise cette brebis ? Non. C’est d’abord qu’elle appartient au Seigneur. Elle le sait. Elle en est sûre. Quoi qu’il arrive. Le changement climatique n’y change rien. Elle est marquée, comme au fer rouge. Elle ne sait pas ce qui va se passer dans une heure, elle ne sait pas combien de temps elle va vivre, mais elle sait qu’elle appartient à l’Eternel et que cela est irréversible. Trop de chrétiens vivent comme des orphelins. Vous ne vous appartenez pas à vous-mêmes, rappelle Paul dans un autre passage, car vous avez été rachetés à un grand prix. Votre corps et votre esprit appartiennent à Dieu (1 Co 6.19-20). L’oublier, c’est sorti de la foi1.
Le Catéchisme de Heidelberg (1563) commence avec cette question : Quelle est ton unique assurance dans la vie comme dans la mort ? Réponse : C’est que, dans la vie comme dans la mort, j’appartiens, corps et âme, non pas à moi-même, mais à Jésus- Christ, mon fidèle Sauveur. Je trouve cette réponse admirable. Je l’imagine dans la bouche d’un enfant de 8 ans, comme dans celle d’un vieillard. J’appartiens, corps et âme, non pas à moi-même, mais à Jésus-Christ, mon fidèle Sauveur. Appartenir à Jésus-Christ peut devenir ma plus grande joie, ma plus grande assurance. Je trouve que c’est beaucoup ! Cependant, ce n’est pas la pointe de notre texte. La pointe du texte, c’est la joie du Seigneur à qui j’appartiens. Nous n’y songeons pas assez. Il s’est fait un peuple. Bien sûr, cela nous concerne, mais c’est POUR LUI ! L’oublier, c’est aussi sortir de la foi. La parabole de la brebis perdue le dit clairement. Ce berger a cent brebis. Le soir, quand il rentre, il en manque une. Que fait-il ? Il ne se couche pas. Il part à sa recherche jusqu’à ce qu’il la trouve. Jésus parle-t-il de la joie de la brebis dans cette parabole ? Pas du tout, mais il parle de la joie du berger. Lorsque le berger l’a trouvée, il la met avec joie sur ses épaules et, de retour à la maison, il appelle ses amis et ses voisins et leur dit : Réjouissez-vous avec moi ! Nous n’y songeons pas assez. Jésus-Christ s’est donné lui-même pour nous afin de nous racheter de toute iniquité et de se faire un peuple qui lui appartienne. La finalité, c’est la joie du Seigneur. Si vous êtes chrétien, vous ne vous appartenez pas à vous-même : vous avez en charge la gestion de la propriété de quelqu’un d’autre. Cet autre c’est le Seigneur Jésus ! Permettez-moi un petit aparté pour les couples – il doit bien y avoir quelques couples parmi nous. Dans le couple aussi, chacun gère la propriété de quelqu’un d’autre, car l’épouse ne s’appartient pas à elle-même, mais au mari ; de même, le mari ne s’appartient pas à lui-même, mais à son épouse (1 Co 7.3-4). Ce qui importe, dans le couple, ce n’est pas seulement ma tristesse ou ma joie ; c’est aussi – et même d’abord – la tristesse ou la joie de celui ou de celle à qui j’appartiens. Il en est exactement de même dans la relation de couple entre l’Eglise et Jésus-Christ.

2. Un peuple saint dans toute sa conduite
Le mot saint, le mot sainteté, nous renvoient à la conduite. C’est normal : il ne suffit pas de faire de beaux discours. Mais la notion de sainteté signifie d’abord l’appartenance ; puis, en conséquence, la consécration et, quand il le faut, la séparation. C’est le sens biblique de la sainteté. La conduite va découler de cela.
a. Pourquoi la consécration ? Parce qu’à Dieu on appartient entièrement ou pas du tout. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force. Qui n’a pas donné son cœur n’a rien donné. C’est comme un homme qui dit à sa femme : Je t’aime, et qui pense à une autre. Dieu est un Dieu jaloux de notre cœur. Tu n’auras pas d’autre dieu devant ma face (Ex 20.3). – C’est bien difficile, me direz-vous. Ce n’est pas difficile, c’est impossible ; et pourtant Dieu le demande. C’est possible cependant, par la foi en Jésus-Christ qui s’est donné pour nous – pas seulement pour le pardon de nos péchés, mais aussi pour que nous puissions nous-mêmes nous donner à Dieu, ENTIEREMENT. Le mot sacrifice n’est pas un mot étranger au vocabulaire chrétien ! On n’est pas chrétien seulement “pour être bien”…
b. Le mot saint signifie aussi séparation. Pourquoi une séparation ? Parce que celui qui ne se sépare pas des idoles est un idolâtre. Ranger les idoles dans un placard ne suffit pas. Il faut les mettre dehors. Frères et sœurs, il y a des freins, il y a des problèmes dans les églises parce qu’il se trouve dans nos cœurs et dans nos maisons des idoles, des comportements, des habitudes qui ne devraient pas s’y trouver. On aura beau prêcher et même prier, on n’avancera guère tant qu’on ne s’en sera pas séparés. Le refus de se séparer est une forme d’adultère qui attriste le Saint-Esprit. Sommes-nous conscients qu’une faute commise par un chrétien est plus grave que la
même faute commise par un non-chrétien ? Les enjeux ne sont pas les mêmes. Cessons de réduire le salut au pardon des péchés, pour continuer comme avant ! Sommes-nous conscients qu’une faute liée au cœur ou à la maison d’un chrétien, même en secret, pénalise le peuple de Dieu tout entier ? C’est ainsi. Puisque celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite (1 Pi 1.15). Séparez-vous, dit le Seigneur ; ne touchez pas à ce qui est impur, et je vous accueillerai (2 Co 6.17). Savons-nous pourquoi l’Esprit de Dieu est appelé saint ? C’est parce qu’il est séparé de tout mal. Tel est l’Esprit qui demeure dans le cœur du chrétien. Tel est l’Esprit qui habite au milieu du peuple que Dieu s’est acquis. Certains sont peut-être en train de se dire que je vais trop loin. Ils ont peur des excès. Moi aussi j’ai peur des excès, frères et sœurs ; mais nous en sommes loin ! Alors, ce chrétien est-il séparé physiquement des non-chrétiens ? Certes pas. Il va à l’école, il va au travail, il va dans les magasins. Peut-être même a-t-il la télé comme tout le monde ! Mais à l’école, au travail, dans les magasins et devant la télé s’il en a une, le chrétien est normalement capable de dire : Oui, oui, oui, mais là non ! Non pas timidement mais avec détermination. Comme Jésus l’a fait. Oui, oui, oui ; mais là non !


3. Un peuple zélé pour de belles actions
Jésus-Christ s’est donné lui-même pour nous afin de nous racheter de toute iniquité et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié par lui et zélé pour de belles actions. La réalité de peuple de Dieu commence à la maison, comme le dit Paul à Timothée (1 Tm 3.5), y compris si j’y suis seul ; et plus précisément dans la chambre, porte fermée, comme le dit Jésus à ses disciples (Mt 6.6). Sinon, il y a un risque assez important de mascarade. Au XVIIIe siècle, ceux et celles qui allaient chanter les cantiques et écouter les prédicateurs au péril de leur vie dans les montagnes cévenoles, lisaient aussi la Bible tout seuls en gardant leurs chèvres ou en famille le soir dans la cuisine à la lueur de la chandelle, rideaux tirés, volets fermés. Je ne sais quel est le risque principal aujourd’hui : l’individualisme (chacun pour soi
devant son écran), ou le collectivisme (des réunions, mais pas grand-chose en dehors des réunions). Les deux risques existent. Le repas du Seigneur que nous allons partager n’est ni individualiste (même si chacun doit s’examiner soi-même) ni collectiviste : c’est l’affirmation du corps de Christ.
En réalité, on ne peut pas dissocier le chrétien et le peuple de Dieu.
Voici ce que cela signifie :
– Tu ne peux pas appartenir à l’Eglise de Jésus-Christ si tu n’appartiens pas à Jésus- Christ. Et inversement. N’appartenir qu’à l’Eglise ou qu’à Jésus-Christ, cela n’existe pas.
– Si tu es chrétien(ne), tout ce qui te touche, en bien ou en mal, touche aussi ton Seigneur. Celui qui vous touche touche la prunelle de mon œil, dit le Seigneur (Za 2.8).
– Tout ce que tu fais à ton frère ou à ta sœur dans la foi, en bien ou en mal, tu le fais à Jésus-Christ. Jésus dit à Saul : Je suis Jésus que tu persécutes (Ac 9.5).
– Tout ce que tu vis, en bien ou en mal, même quand tu es seul, même si personne ne le sait, affecte l’Eglise d’une manière ou d’une autre. En d’autres termes, l’Eglise ce n’est pas l’heure de culte ou l’étude biblique ; l’Eglise c’est tout le temps, quand nous sommes rassemblés et quand nous sommes seuls !
Enfin, cela signifie que ce que je fais ou décide de ne pas faire, ce n’est pas pour moi seulement ! C’est aussi à cause du Seigneur (ou pour Lui) ; et c’est aussi à cause de mes frères et de mes sœurs (ou pour eux). Si j’avance, je contribue à l’avancement de l’Eglise ; si je faiblis, je contribue à sa faiblesse. Si je suis béni, l’Eglise est bénie. Si je suis dans la joie, la joie de l’Eglise augmente ; si je souffre, l’Eglise va gémir, même sans savoir pourquoi… Est-ce sentimental ? Pas du tout. C’est spirituel !

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Quand j’étais pasteur à Vauvert, j’ai visité un frère âgé et malade. Au moment où je l’ai quitté, il m’a dit : Ne priez pas pour que j’aille mieux, priez pour que je sois fidèle ! C’est la vocation du chrétien.
J’aimerais que ce soit ma prière ; j’aimerais que ce soit notre prière.

Charles NICOLAS