Prédication du 20 novembre 2022.

Prédication apportée par le pasteur Clémence Bury.

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I Thessaloniciens 1 : 1-10 20/11/22

*Prière

*Lecture : I Thessaloniciens 1 : 1-10.

Cette lecture ce matin nous sort des propos pessimistes et défaitistes qu’on trouve jusque dans nos assemblées, des plaintes et des lamentations quant à la situation actuelle et l’avenir de notre église. Voici un passage qui est au fond un cantique de louanges, une prière que Paul a adressée à son Seigneur pour le remercier pour tout ce qu’il a vécu parmi les chrétiens de Thessalonique, la grande ville portuaire au nord de la mer Egée. Paul ne semble pas trouver assez de mots pour exprimer sa joie et sa reconnaissance pour ce qu’il a vécu là-bas. Il est intéressant de noter aussi que ce passage est la toute première lettre de l’apôtre qui figure dans le Nouveau Testament.

« Nous rendons grâce toujours et pour vous tous » Cette prière, il l’adresse à son Seigneur, car c’est Dieu qui a agi et qui a tout fait réussir à son serviteur. Une première remarque nous rappelle les prières d’actions de grâce, qui chez nous sont parfois trop rares. Car trop souvent nous pensons à ce que nous devons faire et nous oublions que c’est Dieu qui agit et que son action est essentielle. La prière est avant tout un acte d’adoration et une marque de dépendance, lesquelles donnent du souffle à notre être intérieur. Martin Luther disait de la prière qu’elle est « la respiration de l’âme ». Si, dans la vie chrétienne, beaucoup de choses sont importantes, la prière est essentielle, incontournable !

Le passage se présente lui-même comme une action de grâce (en grec, eucharistie). On peut approfondir cette notion d’action de grâce : quand nous arrive-t-il de rendre grâce ? Dans la célébration liturgique, mais encore dans notre vie ? Si nous ne le faisons pas, la question est pourquoi je n’arrive pas à rendre grâce ? Voyons quelques éléments structurants de l’action de grâce.

Rendre grâce, c’est rendre grâce à Dieu.

C’est la conscience, la reconnaissance d’une force à l’œuvre dans le monde : l’action de grâce est confession. Le passage relève fortement l’action de l’Esprit Saint sans lequel rien n’arrive, qu’il s’agisse de la proclamation de l’Evangile (v.5) ou de l’accueil de la Parole (v. 6). L’action de grâce est tout entière dirigée vers la reconnaissance de la puissance de Dieu, comme un émerveillement devant cette puissance.

Rendre grâce oui, mais rendre grâce de quoi ? On trouve ici la trilogie que l’on retrouvera plus tard en 1 Co 13, 13. Il est question d’une « foi active » (en grec, de l’œuvre de la foi – to ergon tès pisteuôs), d’un « amour qui se met en peine » (en grec, du travail/labeur de l’amour – to kopos tès ayapès), d’une persévérance de l’espérance (en grec, de la persévérance de l’espérance – ta hupomonè tès elpidos). La trilogie est bien construite et le grec indique que la foi, l’amour et l’espérance ne sont pas des concepts, mais des notions dynamiques, agissantes dans le réel. Ce sont des attitudes actives, qui font bouger !

L’apôtre Paul rend grâce de la foi, de l’amour et de l’espérance, discernés, chez les Thessaloniciens, au cœur même de l’adversité (v.6). L’action de grâce rend compte d’une victoire sur l’adversité. La foi, l’amour, l’espérance apparaissent comme des forces de résistance. L’apôtre rend grâce de ce qu’il voit, une transformation de ceux qui ont accueilli la Parole. Nous y reviendrons plus tard.

Ce qui nous est dit des conditions dans lesquelles ils se trouvaient, c’est qu’ils connaissaient de grandes tribulations et, avec elles, la joie de l’Esprit Saint. Ici, c’est des tribulations chrétiennes dont il s’agit, constituées par des difficultés que Dieu permet pour notre marche chrétienne. Les tribulations sont une chose nécessaire.

Hélas la tendance du cœur est toujours de s’installer dans des conditions de repos, de tranquillité, de bien-être, de confort moral, et d’oublier que ce monde est un lieu où on ne peut pas s’asseoir. «Levez-vous et allez-vous en», dit le prophète, «car ce n’est pas ici un lieu de repos» (Mich. 2:10). Le repos, le vrai repos ne sera que pour plus tard, quand le mal ne sera plus.

Dans les tribulations traversées avec Dieu, la puissance de l’Esprit est là, et la joie de l’Esprit Saint aussi. L’Esprit Saint remplit le cœur qui est «débarrassé» de la propre volonté, du « moi ».

Tel était le premier état des Thessaloniciens ; et c’étaient de jeunes croyants ! On a quelquefois peur, pour un jeune croyant, qu’il ne connaisse de trop grandes difficultés. Les jeunes croyants sont entre les mains du Seigneur ; Il les fait passer par où Il veut. Celui qui éduque un jeune chrétien, comme un chrétien âgé, c’est le Seigneur. Il nous tient dans sa main.

Rendre grâce implique la prière (v. 2).

La constance de la prière renvoie à une relation à Dieu vivante. Dans tout cela, il s’agit de prendre l’enjeu de l’annonce de l’Evangile. Ce n’est pas sans percevoir déjà l’écho plus tardif lui aussi de cette affirmation selon laquelle la foi vient de ce que l’on entend. Le terme de Parole côtoie le terme d’Evangile. Une parole se dit et s’entend. La Parole est proclamée et accueillie.

L’évangile est toujours « la puissance de Dieu en salut pour celui qui croit » (Rom. 1:16). Cette même puissance, qui ressuscita Christ d’entre les morts, amène des pécheurs à croire au Seigneur Jésus pour leur salut. Elle donne la vie spirituelle à ceux qui étaient morts, la paix à la conscience tourmentée ; elle délivre de l’amour du péché et des mauvaises associations, rend l’âme heureuse et lui procure le repos dans la présence de Dieu. C’est bien un immense changement.

Le chemin du salut n’est pas seulement d’entendre parler de Christ, mais de croire en Lui. Il ne suffit pas de « connaître » le plan du salut, comme certains le prétendent ― mais il faut venir à Christ pour être sauvé.

A Thessalonique, Paul présenta la croix de Christ sans détour, leur démontrant qu’ils avaient besoin de salut, qu’ils étaient loin de Dieu, en train de périr à cause de leurs péchés. Il leur déclara que Jésus Christ, le Fils de Dieu, était mort sur la croix pour les pécheurs et qu’Il était ressuscité, ayant définitivement ôté le péché ; et que Dieu leur annonçait maintenant cette œuvre accomplie comme pouvant les délivrer pour l’éternité de la colère qui vient. C’est ainsi que Paul prêchait Christ, le salut par Christ seul, la bénédiction présente et éternelle par la mort et la résurrection de Christ, le Fils de Dieu. Dieu, dans Sa grâce, leur annonçait un amour rédempteur, un message de réconciliation, de pardon et de paix, par la mort et la résurrection de Son Fils unique ! Voilà l’amour divin !

Le passage rend compte, ultimement, de l’écho propagé de ces nouveaux (par)venus à la foi, devenus des modèles (tupos), eux-mêmes à l’image (en imitation) de ce qui est arrivé aux apôtres. Il y a donc comme une constante dans « l’effet d’annonce » de l’Evangile, celle d’élever quiconque le reçoit à la foi, à l’espérance, et à l’amour, quoi qu’il en coûte.

Les fruits produits par la Parole de Dieu : Foi, amour, espérance.

– Merci pour votre foi active dit Paul, foi qui anime ces jeunes chrétiens et transforme leur vie entière. Une foi qui porte ses fruits. Elle est bien loin d’une certaine religiosité dont beaucoup se contentent aujourd’hui. C’est la conversion. Ils se tournèrent des ténèbres vers la lumière, des idoles vers le Dieu vivant et vrai. Ils se réjouissaient ainsi de connaître le salut par Christ. Leur confiance était dans le Dieu vivant et vrai, qui ne peut se renier Lui-même et dont la Parole ne passera jamais. Ils étaient ainsi en paix avec Dieu, par notre Seigneur Jésus Christ. Christ était tout en tous : Christ crucifié, Christ ressuscité, Christ glorifié, Christ intercédant pour eux, Christ qui vient.

– Merci pour votre amour engagé, un amour qui se donne de la peine. Un amour qui ne se contente pas d’une certaine sentimentalité, mais qui s’attelle à la tâche. Les quelques bonnes paroles ne suffisent pas, on se met au service des autres. C’est là la règle d’or de la vie de toute église. C’est le service. C’est ainsi qu’agit la foi, fruit de l’amour. Nombreux sont ceux qui se trompent sur ce point : Ils servent pour être sauvés, et non parce qu’ils ont reçu le pardon de leurs péchés et la vie éternelle, ce qui est une erreur fatale ! Notre Sauveur a dit : « Si vous m’aimez, gardez mes commandements » (Jean 14:15). Il est de la plus haute importance d’être au clair sur ce point.

Les Thessaloniciens savaient qu’ils servaient le Dieu vivant. Après avoir longtemps servi des idoles muettes, ils obéissaient désormais au Dieu vivant. Il y a des gens qui ne croient pas que « Dieu est », que Son œil les voit, qu’Il prête l’oreille à leur cri, que Sa face est dressée contre ceux qui font le mal, que Son cœur aime, que Son bras a apporté le salut, et que Sa main est ouverte pour satisfaire le besoin de toute créature vivante. On ne croit pas cela. On ne croit pas qu’Il est le Dieu vivant. Nombreux sont ceux qui dans leur cœur nient Dieu, et c’est pourquoi la créature est si souvent portée aux nues et adorée plus que le Créateur, et que nombreux sont ceux qui vivent sans Dieu et sans espérance dans le monde. Mais ce n’était pas le cas de ces Thessaloniciens. Leur foi et leur espérance étaient dans le Dieu vivant qu’ils servaient, cherchant à Lui plaire et à Lui obéir, à L’honorer et à Le glorifier, Lui qui était allé jusqu’à les racheter par le sang précieux de Son propre Fils. Ils savaient qu’Il avait toujours été fidèle à Sa parole, fidèle à Ses promesses, fidèle pour écouter et exaucer les prières, fidèle envers tous ceux qui mettaient en Lui leur confiance, fidèle pour accepter leur service, fidèle pour les soutenir aux jours d’épreuve, fidèle pour les faire triompher de toute difficulté, et fidèle pour se les présenter irréprochables devant Sa gloire avec abondance de joie » (Jude 24).

– Merci encore pour l’espérance persévérante. C’est ce regard tourné vers l’avenir, non pas dans la crainte et l’incertitude, mais le regard tourné vers le Christ en attendant son retour (v10). C’est bien Lui qui est devant nous et non pas le chaos. Oui le Christ nous a précédés et nous allons le voir revenir en gloire. Ce retour marquera la fin de toute souffrance et la délivrance totale du péché et de la mort. Ce sera le début d’une grande fête à laquelle notre Seigneur et Sauveur nous invite, dans son amour pour nous et sa grâce. C’est l’attente. Ceci est très précieux. Dieu ne nous demande pas seulement d’être zélés pour Le servir de tout notre être, mais Il attend aussi de nous que nous soyons patients dans l’espérance, nos pensées et nos sentiments tendant dans la bonne direction. Tous les chrétiens, lorsqu’ils réalisent qu’ils sont pardonnés et acceptés en Christ, ont plus ou moins à cœur de servir le Dieu vivant et vrai, mais il y en a relativement peu, aujourd’hui, qui comprennent que c’est leur privilège d’attendre des cieux Son Fils. Beaucoup vous diront qu’ils attendent que le monde soit converti par la prédication de l’évangile, ce que l’Écriture ne nous enseigne certainement pas. D’autres diront qu’ils attendent de grands changements parmi les nations, tout particulièrement parmi les Juifs dispersés. Mais les Thessaloniciens étaient enseignés par le Saint Esprit à attendre Christ. Une vraie espérance de la gloire à venir est inséparable de l’assurance du salut.

Les Thessaloniciens croyants savaient, grâce à l’évangile prêché par Paul, qu’ils étaient délivrés de la colère qui vient. Ils ne doutaient aucunement de leur salut éternel par Christ, et pouvaient donc attendre avec joie le retour du Fils de Dieu venant du Ciel. Au lieu de considérer ce retour avec crainte et tremblement, ils l’anticipaient avec allégresse. Christ Lui-même était leur espérance et leur confiance. Christ était non seulement leur salut, mais aussi tout leur désir. La foi, l’espérance et l’amour étaient ainsi maintenus en exercice : c’était le fruit béni du glorieux évangile qu’ils avaient reçu.

Alors pourquoi tant de pessimisme ?

Une foi active, un amour engagé et une espérance persévérante, voilà les caractéristiques de cette jeune église de Thessalonique. Nous sommes souvent bien pauvres face à cette attitude riche et tellement positive et ce n’est pas étonnant que l’apôtre la cite comme modèle pour beaucoup d’autres églises.

La vocation du croyant est, encore aujourd’hui, d’attendre du ciel le Fils de Dieu. Des siècles se sont écoulés depuis que ces chers Thessaloniciens ont ainsi honoré le Seigneur Jésus, et Il n’est pas encore venu ; mais Il viendra, selon Sa promesse. Oui, « celui qui vient viendra, et il ne tardera pas » (Héb. 10:37). Aujourd’hui encore, nombreux sont ceux qui l’attendent et qui peuvent dire en vérité « Amen, viens, Seigneur Jésus » ! Il est extrêmement urgent que dans nos églises où on parle beaucoup, peut-être trop, on ne se contente pas de belles paroles, mais que ces paroles deviennent un « transmetteur » du Saint Esprit, une espèce de ligne qui nous relie à Dieu lui-même.

Luther, dans son petit catéchisme, disait bien « Je ne puis croire de mes propres forces, mais c’est le Saint Esprit qui m’a appelé par l’Evangile et qui m’a éclairé de ses dons. Certes, tout ne tourne pas rond dans nos églises, comme partout. Mais nous avons un besoin urgent d’être davantage à l’écoute de l’Evangile et de nous placer sous l’action du Saint Esprit. Laissons agir le Seigneur pour parvenir à une foi plus active , un amour plus engagé et une espérance plus persévérante, sachant que le Seigneur est toujours et encore à l’œuvre parmi nous si nous nous ouvrons à sa présence.

Soyons remplis d’encouragement et de joie et ne nous laissons pas entraîner par les nombreux propos pessimistes. Ce passage d’action de grâce nous pousse à aller vers d’autres, pour être des témoins de Christ, la Parole faite chair.

Paul ne se plaint pas de ce qui n’est plus comme avant mais il est reconnaissant pour tout ce qui est. Être reconnaissant s’est se rappeler que Dieu veille et conduit, et nous avons de quoi être reconnaissants. Alors le sommes-nous vraiment ? Que Dieu bénisse sa Parole et qu’Il permette qu’elle porte en nous les fruits de la foi, de l’amour et de l’espérance.

Amen !

 Chant : JEM 352 « Il est exalté ».