Dans ce passage il s’agit encore une fois de la conduite chrétienne, et plus précisément de la position du chrétien. Nous avons déjà évoqué la question de notre identité, celle de notre position est tout aussi importante !
Les croyants ici sont considérés comme des étrangers sur la terre (v. 1, 2), ayant une demeure dans les cieux (v. 3, 4). Pendant qu’ils traversent ce monde, ils sont gardés par la puissance de Dieu (v. 5); éprouvés par des afflictions (v. 6, 7); soutenus par Christ, l’Objet de leur foi et de leurs affections (v. 8). Ils ont reçu le salut de leurs âmes (v. 9), et ils attendent le salut final en gloire à la révélation de Jésus Christ.
Pour un texte d’épître, pourtant, voilà qui sort de l’ordinaire : ce n’est ni une exhortation, ni une mise en garde, ni une réprimande, ni un enseignement, c’est une bénédiction !
« Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ ». C’est donc un appel à glorifier Dieu, à lui rendre grâce pour tous ses bienfaits, car c’est Dieu, d’abord, qui nous fait grâce, Il nous fait miséricorde, Il nous fait une faveur en nous choisissant nous qui ne le méritons pas plus qu’un autre. Oui Dieu est bon ! Il nous choisit et Il nous offre le salut, ainsi que tout le bagage nécessaire à notre vie chrétienne : la foi, l’espérance, l’amour, la patience, la persévérance… Les deux premiers versets présentent le croyant comme un étranger sur la terre, séparé du monde selon l’élection du Père, l’opération de l’Esprit et l’oeuvre de Jésus-Christ. Cette séparation dont nous avons déjà parlé ces dernières semaines est réellement indispensable, Dieu nous met à part, Il nous choisit. Maintenant nous apprenons que la demeure du croyant est dans les cieux.
Ce qui veut dire que sur terre il ne nous reste plus rien ! Plus d’espérance ni de bénédiction ou d’héritage terrestre, mais, selon la grande miséricorde de Dieu, ces croyants avaient été régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts. Il s’agit là de notions d’une extrême importance : régénération, espérance, résurrection. Voyons comment cela se conjugue !
Régénération
Toute l’espérance du croyant repose sur Christ ressuscité. C’est ce que Paul dit quand il affirme en 1 Corinthiens 15 : « si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine » ou encore « si c’est pour cette vie seulement que nous avons mis notre espérance en Christ, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes ». Notre espérance est sûre et ferme parce qu’Il est ressuscité. C’est une espérance vivante, parce que Christ est vivant. La semaine dernière nous fêtions Pâques, la victoire sur le mal et la mort, la résurrection de notre Sauveur Jésus-Christ. Par cette résurrection, nous dit le texte, Dieu nous a régénérés. Il s’agit de nous arrêter un instant sur la signification de ce mot. D’après le dictionnaire, régénérer c’est : 1. Reconstituer (un tissu vivant). 2. Renouveler en redonnant les qualités perdues.
Cela signifie que Dieu nous a ré-engendrés, renouvelés, Il nous a fait renaître. Cette régénération, c’est en fait la restauration en nous de l’image de Dieu abîmée par le péché, et c’est aussi l’instauration d’une communion de vie nouvelle.
La régénération est l’œuvre souveraine de Dieu le Saint-Esprit qui accorde la vie spirituelle à chaque chrétien, le ressuscitant d’entre les morts de sorte qu’il soit alors capable, en tant que nouvelle création, de se repentir et de croire en Christ.
Ce qui veut dire qu’avant cette œuvre divine, nous ne sommes pas seulement pécheurs ou rebelles, nous sommes morts, tout simplement ! Et Dieu, par cette œuvre de régénération, nous redonne vie, un peu comme la vision des ossements desséchés d’Ezéchiel.
L’homme n’a absolument rien à voir dans cette œuvre !
La régénération est semblable à la création, à la naissance, à la résurrection. Elle est l’oeuvre mystérieuse de Dieu seul. L’homme ne peut rien là-dedans : Adam n’a pas demandé à être créé, le fœtus ne décide pas de naître, le mort ne peut demander à ressusciter… C’est l’oeuvre libre, souveraine, mystérieuse et miraculeuse de Dieu seul.
On pense parfois que l’homme décide de croire en Dieu et que de ce fait Dieu le régénère. Or il n’en est rien ! Tout part de la volonté de Dieu qui nous choisit pour que nous lui appartenions. Il souffle sur nous et en nous et alors naît la foi.
En résumé, la foi de l’homme ne provoque pas la régénération, mais la régénération provoque la foi de l’homme.
Non seulement la mort de Jésus nous offre le salut, le pardon de nos péchés, la réconciliation avec le Père, mais sa résurrection nous régénère. Et cette renaissance a un but bien précis, expliqué dans le texte : le but est l’espérance vivante de l’eschatologie, du retour du Christ, de notre vie future en communion avec Dieu…
C’est incroyable la richesse de ce seul verset 3, n’est-ce pas ? Tout est dit, ou presque !
Héritage
Cette espérance va de pair avec l’héritage promis par Dieu. Ce mot « héritage » désignait dans l’Ancien Testament la terre promise ; dans le Nouveau Testament il fait référence au Royaume promis aux croyants, à la demeure céleste ! Il s’agit de l’éternité dans la présence de Dieu, les nouveaux cieux et la nouvelle terre, la fin du règne de Satan, du péché et de la mort, le retour de Jésus-Christ, la résurrection de nos êtres tout entiers, corps et âme !
Cet héritage céleste, en contraste avec celui qui est terrestre, est incorruptible, sans souillure, il ne peut se flétrir ; et il est conservé pour le croyant.
Croyons-nous tout cela ? L’attendons-nous réellement ? Est-ce là notre seule espérance ?!
Jésus, nous l’avons vu, nous a réconciliés avec le Père en prenant sur lui notre péché (c’est la substitution) et en subissant la colère qui nous était destinée (propitiation) puis la mort qui nous rachète (expiation et rédemption). Par cette réconciliation, nous sommes pleinement enfants de Dieu, et c’est aussi dans ce sens que le mot « héritage » doit se comprendre : nous sommes les héritiers spirituels des promesses faites par Dieu et cet héritage, nous dit le texte, nous est réservé. Nul ne peut y toucher !
Quelle bénédiction, quelle tranquilité nous pouvons avoir en entendant cela !
Protection
Et Pierre va encore plus loin dans ce passage : Non seulement les cieux sont réservés pour nous, mais, pendant notre pèlerinage terrestre, nous sommes gardés de tous les dangers inhérents à notre passage dans ce monde. C’est la puissance de Dieu qui nous garde, mais c’est «par la foi» que cette puissance opère. La puissance de Dieu soutient la foi des siens qui sont ainsi gardés pour le salut qui est prêt à être révélé au dernier temps. Par la foi nous considérons la délivrance finale qui nous introduira dans la pleine jouissance de l’héritage céleste.
Non seulement nous sommes régénérés, non seulement nous sommes héritiers, mais nous sommes aussi gardés, protégés par la providence divine, dans la puissance de Dieu. Nous sommes gardés par notre foi, pour le salut qui sera révélé dans les derniers temps. La perspective est communautaire et eschatologique : c’est la révélation du salut.
Quel Seigneur merveilleux nous possédons ! Il vient nous chercher, nous choisit, nous offre la salut par la foi, nous régénère et nous protège en attendant de nous faire hériter du Royaume des cieux ! Comme un père ou une mère, Dieu nous protège… Il y a de quoi être remplis de joie avec un tel programme pour nos vies ! Il y a de quoi « tressailir d’allégresse » nous dit le texte ! Petite ombre au tableau : l’affliction, l’épreuve, qui paraît contradictoire avec l’allégresse, et pourtant…
Être gardés par la puissance de Dieu des dangers du chemin ne signifie pas que nous ne rencontrerons aucune épreuve. La perspective de l’héritage céleste peut nous réjouir grandement, même si maintenant nous sommes peut-être affligés par diverses tentations.
Pour nous encourager, trois vérités précises nous sont rappelées en relation avec ces épreuves.
Nous apprenons d’abord que nos épreuves ne sont que «pour un peu de temps».
Deuxièmement, il nous est rappelé qu’il y a une nécessité à ces afflictions, car elles sont «pour un peu de temps… si cela est nécessaire».
On ne met pas l’or dans le feu pour prouver que c’est de l’or, mais pour faire ressortir les qualités précieuses du métal. De même Dieu éprouve notre foi par diverses tentations pour en manifester les qualités précieuses. La foi qui compte sur Dieu dans l’épreuve conduit à la soumission à ce que Dieu permet ; la foi en Dieu rend l’âme capable d’attendre avec patience (Jacq. 1:3). La foi en Dieu permet au croyant d’être ferme face aux attaques de l’Ennemi (1 Pierre 5:9). L’âme peut avoir une foi vraie, mais lorsque l’épreuve surgit, ces qualités bénies de la foi — la soumission, la patience, la fermeté, la confiance et la dépendance de Dieu — sont mises en évidence.
Troisièmement, nous apprenons que ces afflictions trouveront une réponse bénie dans le jour de gloire à venir. La manifestation de ces qualités au jour de l’épreuve tourneront à louange, et à gloire, et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ. Nous sommes enclins à considérer comme du temps perdu une période d’épreuve pénible qui nous empêche peut-être d’avoir une part active dans le service du Seigneur. Non, dit Dieu, l’épreuve sera «trouvée tourner à louange» dans la révélation de Jésus Christ.
L’épreuve donc est nécessaire. La qualité de notre foi est testée par ces épreuves, elle est purifiée, améliorée, fortifiée, car cette foi est plus précieuse que l’or.
Comme l’or peut traverser le feu, notre foi peut traverser l’épreuve et c’est un réel encouragement pour nous. Nous pouvons être sûrs que Dieu ne nous laissera pas seuls dans l’épreuve ; Il nous accompagne, nous console, nous porte et nous donne aussi les moyens d’en sortir.
Lorsqu’on est parent, on voit bien que même avec la meilleure volonté du monde, on ne peut pas éviter toutes les épreuves, tous les chagrins, tous les soucis à nos enfants… On aimerait bien, on essaye de les protéger un maximum car c’est douloureux de voir souffrir et pleurer ceux que l’on aime, et pourtant on ne peut pas tout leur épargner…
Mais on peut être présents à leurs côtés, les écouter, les consoler, les accompagner, les aider même à se relever. Et l’on se rend compte que bien souvent les épreuves de la vie, les chutes, sont des passages nécessaires d’où l’on ressort grandi, fortifié…
De la même façon, Dieu ne nous épargne pas toutes les épreuves, il nous arrive de trébucher. Mais quand cela arrive, soyons sûrs qu’Il est à nos côtés, qu’Il nous porte dans la pénible traversée, qu’Il nous aide à en sortir et surtout, que son amour pour nous ne change pas.
Il nous aime au point d’avoir sacrifié son propre Fils, son Unique, pour nous épargner la conséquence du péché qui est la mort spirituelle, c’est-à-dire la coupure franche, totale et éternelle d’avec Lui. Jésus-Christ a vécu cette terrible séparation d’avec son Père pendant les trois heures de ténèbres, quand il était fait péché pour nous, sur la croix.
« Pourquoi m’as-tu abandonné ? » s’est-il écrié. Il a pris sur lui toute la colère de Dieu pour notre péché, il a payé la dette qu’exigeait la justice et la sainteté divines, et il a fait cela par amour pour nous. Jésus a payé tout cela à notre place et Dieu l’a ressuscité d’entre les morts et l’a fait asseoir à sa droite, dans les cieux. Quel amour de Dieu pour nous qui envoie son Fils mourir à ma place. Quel amour de Jésus pour nous qui accepte d’aller jusqu’au bout pour moi. C’est parce que Dieu nous a aimés le premier qu’à notre tour, nous pouvons l’aimer. Nous ne l’avons jamais vu, nous dit le texte, et pourtant nous l’aimons.
Nous ne l’avons jamais vu mais nous savons qu’Il existe, qu’Il est vivant, et qu’Il règne ! C’est le cri de notre foi ! Ce n’est pas une croyance mais une certitude ! « Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru » dit Jésus à Thomas.
Nous savons aussi qu’Il reviendra nous prendre avec lui dans la cité céleste où il n’y a plus ni larme, ni deuil, ni cri, ni lamentation, ni souffrance, ni maladie.
Gardons dans notre coeur toutes ces promesses et demandons à Dieu de renouveler notre zèle pour attendre sa venue dans l’espérance.
Notre zèle est bien souvent refroidi par la société autour de nous, l’air ambiant. Nous n’attendons pas toujours le retour du Seigneur avec joie et allégresse… Peut-être sommes-nous trop accrochés à notre vie terrestre, malgré tout ce qu’elle comporte de désillusions et de peines… Peut-être sommes-nous trop attachés à nos biens ici-bas, à nos petites joies, à notre relative liberté… Souvenons-nous que la vraie liberté, c’est Christ qui la donne et c’est une liberté qui donne de vivre dans la sainteté, loin du péché. Souvenons-nous que Dieu nous a mis à part en nous appelant au salut, Il nous sépare du monde et nous attire à Lui. Peut-être sommes-nous refroidis car nous savons ce que nous allons laisser sur terre, mais nous ne savons pas vraiment ce qui nous attend… ou plutôt nous ne parvenons pas à le concevoir et donc à nous l’approprier. Peut-être encore avons-nous peur du regard de Dieu sur notre vie, sur le bilan à en tirer, sachant tout ce qu’on préfèrerait cacher !
On peut trouver beaucoup de raisons à ce refroidissement, mais cela nous éloigne de l’essentiel.
Un tel texte vient nous frapper de plein fouet et nous réveiller de notre sommeil ! Il nous rappelle avec force tout ce que Dieu a fait pour nous et il nous engage à espérer, à attendre cet héritage, à rechercher ce Royaume de Dieu qui vient. Il nous réveille dans notre foi et nos pratiques pour nous faire attendre sans relâche le retour en gloire de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Et cette attente ne doit pas être tûe, ni discrète, ni timide ; elle est au contraire synonyme d’une grande joie, d’une allégresse qui nous fait tressaillir même dans l’épreuve !
Oh, Seigneur, donne-nous de regarder à toi et d’attendre ta venue dans la joie, la foi et l’espérance. Donne-nous de partager cela autour de nous, d’annoncer ton retour et ton amour à nos contemporains !
Que la Parole de notre Dieu, ce matin, puisse nous redonner le goût de l’éternité en sa Sainte Présence, qu’elle puisse nous rendre impatients d’enfin Le rencontrer !
