Prédication du 04 août 2024.

Prédication apportée par la pasteur Clémence Bury.

04 août 24 – Mt. 16, 13-17

Alès Matthieu 16, 13-17 04/08/24

*Prière

* Lecture

Nous avons tous notre propre « carte du monde », établie à partir de nos présupposés, préjugés, héritée de nos parents, teintée par notre culture ou nos origines, réévaluée à la lumière de nos opinions politiques, de nos choix de vie, de notre conjoint, de nos amis, etc.

Vous l’aurez compris, aucun de nous n’est certain d’être vraiment objectif et dénué de toute arrière-pensée quand il parle, réfléchit, choisit, agit, même si cette subjectivité est inconsciente la plupart du temps, tout simplement parce que nous n’y pensons pas.

Il n’empêche que cette façon d’appréhender la vie, qui est propre à chacun et parfois complexe, va aussi toucher à nos représentations en matière de foi.

Ainsi cela va avoir un impact sur notre attitude face au texte biblique, sur notre compréhension de Dieu comme Père, sur les notions de confiance, de repentance, d’espérance, et bien d’autres choses encore !

Or on touche là à un sujet non seulement très important, mais aussi particulièrement actuel, à savoir : la foi est-elle subjective ? La Bible est-elle subjective ? Ou, pour le dire autrement et vous allez voir comme cela résonne avec le monde dans lequel nous vivons, y a-t-il plusieurs « vérités » ?

Aujourd’hui on entend ces mots à tout va, dans la moindre discussion, souvent comme une fin de non-recevoir : « c’est ta vérité, j’ai ma propre vérité ».

Et le plus grave, c’est que cela termine souvent les discussions sur Dieu ou sur la foi que nous essayons d’avoir avec nos voisins et amis. Cette réalité impacte tellement nos vies que nous nous retrouvons parfois à présenter notre foi, comme je le lisait récemment dans un article sur le site Evangile21 (article cité par le pasteur Charles Nicolas dimanche dernier), en disant « pour moi » ou « selon moi » ou « voilà ce que moi je pense ». Sous-entendu : tu es libre de penser autrement et tu aurais raison aussi…

On entend aussi dire que tous les chemins mènent à Rome, que toutes les religions contiennent leur part de vérité et leur part d’erreur, et que toutes peuvent nous amener au même point final, par des chemins différents…

Vous me direz peut-être que vous ne voyez pas où est le problème, cette attitude semble respectueuse des croyances des uns et des autres, sur fond de tolérance et c’est bien ainsi. Car c’est bien ce qu’on nous vend aujourd’hui : une tolérance à toute épreuve, en tous cas de l’idéologie prônée par la société. Nous ne pouvons ni ne devons contredire ce qui nous est présenté comme bon, quand bien même Dieu lui-même appellerait cela Mal !

La tolérance est devenue une valeur sacrée, intouchable, en tous cas dans un sens.

Être tolérant est une bonne chose! En tous cas tant qu’on parle de choses subjectives comme par exemple si on explique comment nous, personnellement, percevons la présence de Dieu, ou à quel moment nous ressentons le plus son amour, etc.

C’est en revanche une attitude qui dessert quand on parle de Dieu, de qui Il est, de ce qu’Il a fait, bref, quand on parle de la foi.

Rappelons que, d’après ce que nous lisons en Hébreux 11 : 1, la foi est « l’assurance des choses qu’on espère, la démonstration de celles qu’on ne voit pas ». Ainsi, la foi en Dieu est certitude objective et non pas croyance subjective.

Il peut y avoir des vérités personnelles en de nombreux domaines, selon notre fameuse « carte du monde », mais en ce qui concerne la foi et le salut, il n’y a qu’une seule vérité : Dieu fait homme. Il n’y a qu’un seul médiateur : le Christ. Il n’y a qu’un seul nom qui sauve : le nom de Jésus. Il n’y a qu’un seul Dieu : l’Éternel. Oui cela paraît certainement au mieux prétentieux, au pire dictatorial comme façon de s’exprimer aujourd’hui, mais c’est ainsi, et nous devons, un moment ou un autre de nos conversations sur la foi, exprimer que le Dieu de la Bible est la SEULE vérité.

Jésus dit « Je suis […] la vérité », il dit beaucoup d’autres « Je suis ». Ce n’est pas de la prétention, c’est un fait, une révélation, et ce n’est absolument pas subjectif.

En Jésus-Christ, Dieu se révèle, Il nous dit qui Il est, et cela est valable pour tout le monde peu importe l’époque ou la culture, car Dieu est le même hier, aujourd’hui et éternellement, Il ne change pas.

Nos contemporains ont besoin d’entendre nos subjectivités sur notre vie avec Dieu, mais ils ont surtout besoin d’entendre LA vérité de l’Évangile : Jésus-Christ mort pour nos offenses et ressuscité pour notre justification.

Ce matin, le texte biblique nous invite à réfléchir à nos propres schémas de pensée sur la personne du Christ, nos propres constructions subjectives parfois, et ce pour deux raisons au moins :

La première, c’est de nous en défaire, de les regarder en face et de demander pardon au Seigneur pour ce que nous pensons ou disons ou montrons de faux le concernant ; ce sont des idoles, même quand cela ressemble à l’Évangile.

La seconde, c’est de retrouver ce que la Bible dit réellement de Jésus-Christ, ce que Dieu dit de son Fils, et d’aligner notre vie de disciples et de témoins à cette vérité.

Remarquons que dans ce texte, Jésus ne demande pas à ses disciples qui ils pensent qu’il est, mais bien qui ils disent qu’il est ; il s’agit, entre autres, de notre témoignage, de ce que l’on dit aux autres de qui est le Seigneur !

Je propose donc trois points ce matin :

1. « D’après vous, qui suis-je ? »

2. Ce que le Père révèle

3. Un modèle d’évangélisation

1. « D’après vous, qui suis-je ? »

Si maintenant, quelqu’un entrait et nous posait cette question : « qui est Jésus pour toi ? », je suis certaine qu’on aurait quelques surprises.

D’abord parce qu’on s’entendrait donner des réponses communes, des réponses de catéchisme, qui n’en sont pas moins vraies pour autant, mais qui ne sont pas toujours vécues dans leur puissance. Ensuite parce qu’on entendrait des choses différentes selon le vécu des uns et des autres. Mais revenons à nos vérités !

Par exemple : Jésus est le Fils de Dieu, Il est le Sauveur, Il est le Seigneur.

Ce sont des vérités, mais les a-t-on réellement intégrées dans notre vie ? C’est-à-dire, sont-elles passées, ces vérités, de notre tête à notre cœur ?

Il me faudrait plusieurs prédications pour développer chacun de ces points mais je donne simplement quelques exemples pour notre réflexion.

Affirmer que Jésus est le Fils de Dieu, que Dieu est Père et que Jésus s’est fait notre frère, c’est dire que nous avons une nouvelle identité, une nouvelle nature. Nous sommes enfants de Dieu, nous sommes cohéritiers avec Christ, nous sommes adoptés dans la famille de Dieu. Toutes ces choses, nous les disons, nous les croyons, mais bien souvent nous ne les vivons pas, ou très peu. Je reviendrai cette année sur notre identité en Christ et principalement sur la notion d’adoption, car cela change tout !

Affirmer que Jésus est Sauveur, c’est dire que nous sommes sauvés ; vraiment, pleinement, pour toujours ! C’est vivre libres, libérés du mal, du péché, de la mort.

Nous le savons, nous le disons, mais le vivons-nous ? Ne sommes-nous pas encore esclaves de tant de choses ?

Affirmer que Jésus est Seigneur, c’est dire qu’Il est mon maître, que c’est Lui qui dirige ma vie, que je suis à son égard obéissant, dépendant et confiant. Nous le disons, nous le voulons même parfois, mais nous en sommes souvent si loin en réalité. Nous continuons à décider par nous-mêmes, tout en scandant des « pourquoi ? » dès que quelque chose ne tourne pas comme prévu…

Je ne pointe pas ces choses pour nous désespérer ou nous culpabiliser, au contraire ! Nous sommes en chemin, en marche avec Christ, mais il nous reste encore tant à comprendre, à intégrer, à vivre ! Et ce travail, accompli par l’Esprit Saint et la Parole de Dieu en nous, est bien souvent bloqué, freiné, empêché par nous-mêmes…

Voilà où je veux en venir, voilà ce que je veux pointer, voilà ce que ce texte vient montrer en chacune et chacun d’entre nous. D’autres pseudo « vérités » viennent prendre la place dans nos cœurs et empêcher ce travail divin. En nous disant par exemple que nous ne sommes pas Jésus, et donc que nous devons relativiser ou en tous cas revoir à la baisse nos ambitions. En nous disant que c’est de l’orgueil de dire qu’on est sûr d’être sauvé, que ce n’est pas possible. En nous disant que suivre pleinement Jésus, ce sera pour le monde d’après, que là nous sommes quand même dans le monde et que nous n’y pouvons rien…

Bref, chacun, s’il regarde objectivement ce qui habite son cœur, pourra compléter cette liste ! Encore une fois, pas d’inquiétudes ! C’est justement ce que ce texte vient pointer, c’est le but ! Pas pour que nous nous lamentions sur nos manquements et que nous ne changions rien, trop écrasés par l’ampleur de la tâche ! Non ! Pour que, repentants et lucides, nous osions laisser l’Esprit-Saint nous montrer nos compromis, nos lâchetés, nos présupposés, et que nous acceptions qu’Il nettoie, qu’Il mette de l’ordre, qu’Il purifie… ! Alors nous aurons de la place pour que la vérité nous éclaire et nous remplisse, une vérité révélée par le Père.

2. Ce que le Père révèle

« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! ». Dieu nous révèle son Fils, Il se révèle en son Fils. En lui Il nous révèle ses perfections infinies, sa grandeur insondable. Le Fils est « le reflet de sa gloire et l’empreinte de sa personne » (Hé. 1 : 3).

Puisque nous avons lu la suite de l’évangile selon Matthieu, nous savons bien que malgré cette parole forte, Pierre n’a pas encore tout compris – loin s’en faut – de qui est Jésus ! Pourtant, Jésus reconnaît là que cette compréhension lui vient du Père.

Et c’est ainsi que Dieu travaille en nous. Il nous révèle des choses que l’on va parfois mettre des années à pleinement comprendre. Dieu use d’une pédagogie exceptionnelle, Il va remettre régulièrement le sujet sur le tapis, de plusieurs manières, par plusieurs canaux.

Il va se servir de ce qu’on lit, de ce qu’on entend, de nos proches, Il va même parfois se servir de nos erreurs jusqu’à ce qu’un jour ; ça y est !, nous avons progressé, nous avons compris, nous avons intégré, et nous allons alors passer au niveau suivant.

Dieu ne révèle pas ces choses à une catégorie de personnes seulement. Ce n’est pas plus pour les intelligents ou les érudits que pour les autres. Jésus pointe cela souvent dans les évangiles. Pour être éclairés par Dieu, il suffit d’être disponibles. Il suffit d’avoir suffisamment de place en nous pour que Dieu règne, nettoie, renouvelle. Il suffit de nous abaisser, de faire taire nos préjugés et les innombrables voix qui nous habitent parfois, pour le laisser parler, Lui !

Nous n’avons jamais fini de comprendre, de connaître, de goûter qui est Dieu.

Et nous ne devons pas nous arrêter ! Cette quête mes amis, cette révélation progressive de Dieu qui se fait connaître à nous, c’est une richesse incommensurable !

Dieu qui est infini, éternel, Tout-Puissant ; Dieu qui se suffit à lui-même, qui est parfait en bonté, en sagesse, en amour, en compassion ; l’Éternel Dieu se révèle à nous, Il se donne à connaître. N’est-ce pas extraordinaire ? Est-ce que cela ne vous fait pas déborder d’amour et de reconnaissance ? Est-ce que cela ne nous met pas à genoux, dans l’adoration ?

Est-ce tout ? Dieu se fait connaître à nous, nous sommes reconnaissants, nous avons progressé, et… c’est tout ? Non mes amis, car cette richesse, nous sommes appelés à la partager. L’apôtre Paul dit que nous sommes « la lettre de Christ » (2 Co. 3 : 3). Nous sommes appelés à témoigner de ce que nous avons reçu, afin que d’autres découvrent aussi la grâce de connaître Dieu et l’œuvre de salut accomplie par son Fils.

3. Un modèle d’évangélisation

Dans ce court passage, il semble y avoir une progression de plus en plus ciblée.

Jésus commence par demander ce que les hommes pensent de lui, c’est-à-dire les gens autour, la foule, les pharisiens, bref, un peu tout le monde de manière assez large. On ne s’étonne pas de trouver là des réponses diverses et variées, sans grande vérité.

Puis il demande à ses disciples ce qu’il en est d’après eux, ses plus proches amis. Nous n’avons pas ici de vraie réponse si ce n’est celle de Pierre qui nous amène encore un cran plus loin. En effet nous l’avons vu, la réponse de Pierre, lue d’après Jésus, est en fait ce que Dieu dit de Jésus ! Cette façon de questionner du plus large vers le particulier me semble réellement pédagogique, à la fois pour nous mais aussi pour ceux que nous sommes amenés à rencontrer.

En effet, quelle meilleure façon de questionner nos contemporains, si attachés au respect des croyances de chacun, si désireux qu’on fasse preuve d’écoute et de tolérance à leur égard, que cette pédagogie montrée par Jésus ?! Cela me paraît un angle d’évangélisation tout à fait pertinent aujourd’hui :

– d’abord demander aux gens qui est Jésus pour eux et les écouter dire des choses qui risquent de nous heurter. Écouter leurs histoires de vie, les raisons qui font qu’ils ont tel ou tel a priori sur Dieu, son Fils, l’Église, etc.

– puis leur partager qui est Jésus pour nous, avec là aussi le risque de certaines erreurs ou mauvaises compréhensions, en tous cas leur partager notre point de vue, notre subjectivité. Oser partager là nos propres expériences concrètes avec Dieu, la façon dont cette relation se tisse, se vit, se fortifie, …

– enfin, leur annoncer qui est Jésus pour Dieu : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection. Écoutez-le ! » (Mt. 3 : 17 et 17 : 5). Dire ce que la Bible dit de Jésus, à la fois à travers les Évangiles mais aussi dans les épîtres, sans oublier la façon dont l’Ancien Testament annonce et préfigure Jésus, et enfin la révélation qui est fait de la gloire de Jésus-Christ dans l’Apocalypse. Cela implique que nous cultivions cette proximité avec les Écritures, mais aussi avec l’Esprit Saint qui peut nous donner une parole utile au bon moment.

Si nous nous arrêtons avant ce troisième point, alors nous resterons à partager nos subjectivités, et nous n’offrirons pas à nos contemporains le cadeau d’être placés devant le choix offert par Dieu : « Choisis la vie afin que tu vives » (Deut. 30 : 19), sachant que Jésus seul est « le chemin, la vérité, la vie » (Jean 14 : 6).

Ils ont besoin de savoir LA vérité, car c’est une vérité qui sauve ! A nous de savoir dire cette vérité dans l’amour, nous appuyant sur la compassion de Dieu qui ne veut pas « qu’aucun périsse, mais que tous parviennent à la repentance » (2 Pi. 3 : 9).

Que le Seigneur nous soit en aide ! Qu’il nous aide à débusquer nos subjectivités, à recevoir sa révélation et à partager cette vérité.

Prions…

Quel ami fidèle et tendre