La semaine dernière, le pasteur Charles Nicolas a conduit l’assemblée à réfléchir à comment marcher dans ce monde. Comment, en tant que chrétien, se positionner au sein d’une société déchristianisée. Son message s’intitulait : « Seuls dans un monde païen ! ».
Dans la continuité de ce message et pour poursuivre notre réflexion sur l’attitude que le Seigneur attend de nous, je vous invite ce matin à lire le Psaume 15, un des textes proposés pour ce jour.
*Lecture
Quand on regarde les titres qui ont été apposés plus tard en tête de chapitre dans nos Bibles, titres qui varient selon les traductions, on trouve pour ce Psaume 15, dans la traduction Second 21, le titre : « Portrait du juste ».
Ce texte fait aussi écho à la prédication du pasteur Samuel Kabo du 11 août, sur comment garder notre nature de chrétien, même en « déportation » comme Daniel. Enfin, nous verrons également qu’il est en lien avec ma prédication du 4 août sur la question de Jésus : « qui dites-vous que je suis ? », notamment avec le sujet de l’intégrité et de la vérité.
En seulement 5 versets, beaucoup d’exhortations et d’enseignements pratiques nous sont donnés dans ce psaume. Il nous appartient de les entendre et de les appliquer à notre propre vie, dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui, avec les défis auxquels nous sommes confrontés. Ce texte nous parle finalement de notre marche chrétienne et je vous propose trois points pour l’aborder : la source de cette marche, les détails pratiques de la marche et son but.
1. La source
Pourquoi devrait-on être différents des autres ? Ou qu’est-ce qui fait qu’on est différent ? Pourquoi ne pourrait-on pas vivre comme tout le monde ? D’autant que si l’on en croit certains, la foi est une affaire privée qui ne doit ni se voir, ni se savoir, alors un chrétien devrait être juste un humain normal, qui a la foi !
Vous l’avez entendu chaque dimanche de ce mois d’août, ceci est un mensonge. Un chrétien n’est pas juste un humain qui a la foi. La nature du chrétien est différente, son identité est différente et donc sa vie tout entière est différente ! En tous cas elle devrait l’être, et ce de manière visible, tangible pour ceux qu’il est amené à côtoyer.
Le chrétien ne s’appartient pas à lui-même. Il a cessé d’appartenir au diable et au monde, car Christ l’en a arraché, Il l’a racheté pour lui. Nous sommes certes toujours dans le monde, mais nous ne sommes pas du monde (Jean 17 : 16). Nous appartenons au Royaume (Ph. 3 : 20 ; Col. 1 : 13-14)), nous sommes citoyens d’une autre patrie dit l’apôtre Paul (Eph. 2 : 19 ; 2 Co. 5 : 1 : Hé. 11 : 10, 16).
Nous trouvons cette idée au premier verset de notre psaume : « Éternel, qui séjournera dans ta tente, qui demeurera sur ta montagne sainte ? » Il s’agit de la présence de Dieu. Voilà ce qui change tout, et qui nous interdit d’être « comme tout le monde » !
Dieu a dressé sa tente au milieu de nous, Il est descendu, en son Fils, habiter parmi nous (Mt. 1 : 23), Il est présent non seulement quand nous sommes rassemblés en Son nom (Mt. 18 : 20 ; Eph. 2 : 22), mais aussi dans chacun de nos cœurs par le ministère de l’Esprit-Saint (Eph. 3 : 17 ; 1 Co. 6 : 19-20). Et cela va plus loin puisque Dieu nous invite également à demeurer en Lui. Ce n’est pas à sens unique, Dieu qui habite en nous et c’est tout. Non, nous aussi sommes appelés à rester en Dieu, à rester attaché à Lui, à veiller à ne pas empêcher la circulation de la sève du cep qu’est Jésus-Christ jusqu’au sarment que nous sommes (Jn. 15 : 4-6). Car c’est seulement ainsi que nous pouvons réellement être ce que Dieu dit de nous : ses fils et ses filles. Notre nature, notre identité comme aussi notre marche, dépendent de notre source : notre attachement à Dieu, le fait de séjourner dans sa tente, d’habiter sa montagne sainte, bref, de demeurer en Lui comme Lui demeure en nous. Christ rappelle que sans lui, nous ne pouvons rien faire (Jn. 15 : 5). Mais si nous demeurons en Lui, alors nous sommes rendus capables de marcher comme Lui a marché (1 Jn. 2 : 6), de vivre en témoin de Sa grâce, de Lui ressembler. Voyons maintenant quelques détails de cette marche chrétienne.
2. Les détails pratiques
Les versets 2 à 5 pourraient se résumer avec trois mots : intégrité, justice, vérité, 3 notions qu’on trouve au verset 2, comme un titre ou préambule explicatif de ce qui suit.
3 notions dont l’utilisation tend à disparaître aujourd’hui, ou tout du moins dont le sens est régulièrement tordu.
– On pourrait définir l’intégrité par une honnêteté pleine et entière. Quelqu’un d’intègre ne se laisse pas corrompre par exemple. Marcher dans l’intégrité, cela a à voir avec les nombreux versets où Dieu nous demande d’avoir un cœur entier, un cœur non partagé (1 R. 8 : 61). On retrouve la même idée avec la tiédeur rédhibitoire de l’église de Laodicée (Ap. 3 : 16), qui est l’inverse de l’intégrité. Marcher dans l’intégrité, c’est donc être droit, honnête, refuser les compromis (Mt. 6 : 24 ; Gal. 1 : 6-7), ne pas faire de mauvaises alliances (2 Co. 6 : 14-18), ne pas s’asseoir sur le banc des moqueurs (Ps. 1 : 1), ne pas s’associer à ce qui déplaît à Dieu ou le méprise (Lév. 18 : 3 ; Jos. 23 : 6-13), mais aussi honorer Dieu et ceux qui se réclament de Lui (Ps. 15 : 4), tenir parole quand on fait une promesse ou un serment (Deut. 23 : 22-24 ; Nb. 30 : 3).
– Pratiquer la justice est également un thème largement développé dans la Bible (Pv. 21 : 3 ; Lév. 19 : 15), d’abord parce que Dieu aime la justice (Es. 61 : 8), la justice est un des attributs de Dieu. Pratiquer la justice, cela a à voir avec l’amour qu’on est appelé à manifester. L’amour pour Dieu d’abord, mais aussi l’amour du prochain comme soi-même. Les nombreux versets où Dieu nous demande de pratiquer la justice sont en grande majorité liés à notre attitude vis-à-vis du prochain. La justice n’est pas la même chose que l’amour, c’est évident. En revanche, le fait d’aimer Dieu parce que Lui nous a aimé le premier, et le fait d’aimer notre prochain comme nous-mêmes, cela devrait nous conduire automatiquement à pratiquer la justice envers lui (1 Jean 3 et 4). Non pas une justice sociale à bon marché telle que nous la vendent les politiciens, mais une justice exigeante, une justice qui ne se réjouit pas du mal mais qui se réjouit de la vérité, tout comme l’amour dont elle se réclame (1 Cor. 13 : 6). Dieu est amour et justice, nous sommes appelés à lui ressembler, en demeurant en Lui, et en le laissant transformer nos pensées et volontés.
– La troisième notion est la vérité, le fait de dire ce que l’on pense ! Le 4 août nous avons parlé de vérité avec cette question de Jésus : « qui dites-vous que je suis ? ». On peut dire beaucoup de choses fausses sur Jésus ou sur qui est Dieu, même sans prononcer un seul mot parfois, car les gens nous regardent, nous observent, analysent nos façons de réagir.
Nous sommes appelés à rechercher la vérité, à l’aimer, à la défendre, à la présenter, à la proclamer, à en être les témoins dans ce monde où règne le prince du mensonge. Dire la vérité a aussi à voir avec l’amour, évidemment ! J’ai cité tout à l’heure 1 Cor. 13, on pourrait aussi penser à Eph. 4 : 15. Il s’agit de dire la vérité sur Dieu, c’est notre témoignage, mais aussi de dire la vérité sur l’homme. A l’inverse de l’humanisme, la Bible nous apprend que l’homme n’est pas bon en lui-même, il est perdu, « il n’y a pas de juste, pas même un seul » (Ro. 3 : 10-18). Voilà la vérité sur l’homme ! La Bible nous apprend aussi que « Dieu a tant aimé le monde, qu’Il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. » (Jn. 3 : 16). Voilà la vérité, voilà la Bonne Nouvelle qu’il nous appartient de partager : l’homme est perdu, mais par amour, Dieu trouve la solution à sa misère ; Il le sauve et le réconcilie par l’œuvre de salut accomplie en Jésus-Christ, par sa mort à la croix et sa résurrection. Aucun besoin de mérite personnel, pas besoin d’attendre d’en être digne, il suffit de reconnaître son état de péché et de venir à Dieu dans la repentance et la foi en Son Fils Jésus-Christ.
Mais dire la vérité, c’est aussi ne pas dire de mensonge.
Vous pensez peut-être que c’est une évidence et commencez à vous dire que je vous prends pour des enfants ! Ce n’est pas le cas ! Mais le Psaume 15 nous appelle à regarder aussi la vérité sous l’angle de ce qu’il ne faut pas dire, et pas seulement de ce qu’il faut dire ! Le verset 3 nous parle de calomnie, de langue (voir aussi Jc. 3), de déshonneur sur le prochain.
Dire la vérité, ainsi, c’est aussi rejeter la calomnie, s’éloigner du mensonge, détester les ragots et les rumeurs, car cela ne plaît pas à Dieu, cela ne convient pas à un enfant de Dieu.
Quel témoignage aurons-nous, si nous nous prêtons à ce genre d’exercice, si nous faisons, pensons et disons comme tout le monde, si nous sommes incapables de nous censurer ou de nous brider, à cause de l’obéissance et de l’honneur que nous devons à Dieu ?
Et vous conviendrez avec moi que c’est beaucoup plus difficile car beaucoup plus insidieux. Combien on tombe facilement dans ce piège, au sein même du peuple de Dieu ! Il ne doit pas en être ainsi. Mes amis, tout comme le compromis, la calomnie et la médisance n’ont pas de place parmi nous !
Il nous faut être repris, sur ce terrain de la vérité comme aussi sur celui de la justice et de l’intégrité. Il nous faut veiller sur nos cœurs, sur nos paroles, sur nos pensées, et pour cela il nous faut nous nourrir correctement. Nous avons besoin de passer du temps dans la présence de Dieu, nous avons besoin de passer du temps dans l’adoration, nous avons besoin de passer du temps dans la lecture de la Bible et dans la prière, si nous voulons ressembler à Jésus, Lui qui marche devant nous et nous invite à Le suivre.
Voilà un exemple de marche chrétienne qui nous est proposée dans ce psaume, une marche pratique facile à retenir par ces trois notions : intégrité, justice, vérité.
Nous savons pourquoi nous devons marcher ainsi : parce que nous appartenons au Seigneur, nous savons comment y parvenir : en demeurant en Lui, voyons maintenant le résultat ou le but de cette marche.
3. Le but
La but nous est présenté dans les tous derniers mots du psaume : « Celui qui se conduit ainsi ne sera jamais ébranlé » (Ps. 15 : 5).
Évidemment, il s’agit d’imiter Christ, de Lui ressembler, d’atteindre à sa stature parfaite (Eph. 4 : 13). En bref, il s’agit de devenir des chrétiens matures, équilibrés, stables, capables de discerner le bien du mal (1 R. 3 : 9 ; Hé. 5 : 14), capables de choisir la vie et non la mort (Dt. 30 : 19).
Il s’agit de ne plus être entraîné à tout vent de doctrine mais d’être suffisamment enraciné en Christ pour ne pas être ébranlé à la moindre occasion.
L’Église aujourd’hui a besoin de travailler à sa maturité. Chaque chrétien a besoin de travailler à davantage de maturité, une maturité qui soit non seulement physique, mais aussi spirituelle et émotionnelle.
Dieu ne veut pas que nous restions des enfants, des assistés. Nous sommes appelés à la liberté (Gal. 5 : 13), à la responsabilité.
D’autant plus que nous vivons dans un monde qui ne connaît pas Dieu et qui rejette petit à petit toutes les valeurs qui viennent de Lui. Il nous faut donc être prêt, prêt à vivre différemment, prêt à être visible et parfois moqué ou rejeté, prêt à la persécution, s’il le faut. Or pour être prêt, il faut se préparer ! Là aussi ça paraît évident !
Et pourtant, nous vivons comme si rien ne devait jamais changer, comme si rien ne devait s’arrêter. Nous vivons parfois comme si ce monde nous était bénéfique, comme si Jésus n’était pas mort et ressuscité, comme si Il ne devait pas revenir bientôt. Nous avons besoin de nous réveiller ! Nous réveiller, et nous préparer, nous entraîner.
Bon nombre de paraboles nous parlent de cette préparation : les 10 vierges (Mt. 25 : 1-13), le festin des noces (Mt. 22 : 1-14), on peut aussi penser aux exhortations à « veiller et prier » (Mt. 26 : 41 ; Lc 21 : 36 ; 1 Pi. 5 : 8) ou encore à « garder son cœur » (Pr. 4 : 23) et tous les appels divers à la vigilance (Mt. 24 : 4-5 ; 1 Co. 16 : 13 ; Gal. 6 : 1 ; Dt. 4 : 9 ; Jos. 22 : 5 ; 2 Pi. 1 : 19, etc.).
Il n’y a qu’en fixant nos regards sur Dieu (Ps. 123 : 1-2) que nous pourrons faire ce travail.
Mais Dieu, s’Il nous offre le secours précieux de son Saint-Esprit, ne fera pas ce travail à notre place, et encore moins contre notre volonté. Il nous appartient de comprendre ces réalités et de saisir ce à quoi nous sommes appelés : nous devons marcher comme des enfants de lumière (Eph. 5 : 8, ss.), afin d’être une lampe qui brille au milieu des ténèbres de ce monde et d’éclairer ceux qui voudront bien se laisser attirer par Dieu.
Mes amis, nous devons veiller sur nos cœurs, nous placer devant le Seigneur, nous exercer à la piété et marcher d’une manière digne de l’appel que nous avons reçu (Eph. 4 : 1), les yeux fixés sur Jésus qui est l’auteur de notre foi et qui la mène à sa perfection (Hé. 12 : 2).
Restons attachés au Seigneur, cherchant à vivre avec intégrité, justice et vérité, afin de ne pas être ébranlés ! Le Seigneur nous précède, nous pouvons être confiants. Amen.