Dimanche dernier, je n’étais pas avec vous mais j’ai participé au culte à Montpellier où le pasteur Stéphane Kouyo a prêché sur la sainteté dans la perspective de l’Alliance. Je vais donc aujourd’hui, avec son autorisation, vous partager un peu de ce que nous avons vécu. Je crois aussi que ce n’est pas sans lien avec ce que vous-mêmes avez vécu ici, à Alès !
D’après les retours que j’en ai eus, la semaine dernière, le pasteur Charles Nicolas vous a entretenus à propos de l’humilité et de la gloire, du fait d’être à la fois roi et serviteur.
Il est vrai que nous avons souvent de la difficulté à vivre ces deux réalités et pourtant il est réellement important que nous saisissions ce que nous sommes, qui nous sommes en Christ, pour ne pas passer à côté des bénédictions qui y sont attachées !
L’épître aux Éphésiens considère le chrétien dans sa position céleste. Le ciel n’est pas seulement un séjour futur pour le croyant ; il y possède dès à présent son habitation en Christ. Un exemple pour mieux comprendre :
Quand vous partez travailler, que ce soit dans un bureau, une entreprise, un commerce ou autre, il ne vous vient pas à l’esprit de confondre votre lieu de travail avec votre habitation, votre domicile. Vous êtes absent physiquement de la maison mais cela ne vous empêche pas d’y avoir votre «chez vous», l’endroit que vous chérissez et dans lequel vous vous sentez bien, en sécurité, entouré de ceux que vous aimez.
Ainsi devrions-nous considérer le ciel : le lieu familier où se trouvent à la fois notre trésor et notre cœur (Luc 12 v. 34), parce que notre Sauveur y est. Christ est au ciel et nous sommes en Christ. Ce double fait assure notre droit d’accès aux hautes et précieuses bénédictions qui sont les siennes. Tout ce qui concerne Christ concerne au même titre ceux qui lui appartiennent.
* Lecture
L’épître aux Éphésiens est adressée par Paul aux saints et fidèles d’Éphèse. C’est sur ce point précisément que nous allons nous arrêter ce matin. Qui sont les saints que l’on trouve au début de cette épître mais aussi dans les chapitres qui suivent tout comme dans l’épître aux Colossiens par exemple ?
Il convient de chercher le sens du mot « sainteté » dans la Parole de Dieu. Dans le langage courant, en général, quand on parle de saint, on entend en réalité « pur », et cela concerne la pureté morale, quelqu’un qui serait exempt de péché, qui aurait fait des actes de bonté suffisamment importants pour mériter ce qualificatif honorifique de « saint ».
Ce n’est pas ce que nous trouvons dans les Écritures qui nous montrent, à plusieurs reprises, que la pureté et la sainteté ne sont pas la même chose.
Si nous considérons les nombreux passages de l’Écriture où il est question de « saint » et de « sainteté », il apparaît clairement que sainteté signifie séparation et, appliqué à nous, ce mot veut dire : séparation de tout ce avec quoi nous étions jusqu’alors liés, pour être consacrés à Dieu.
Il ne faut pas confondre non plus sainteté et sanctification.
En Christ nous dit l’épître aux Éphésiens, nous sommes élus et mis à part pour Dieu, donc saints ; c’est une position. Ce même Dieu par qui nous obtenons cette position poursuit son œuvre en nous par l’action du Saint-Esprit, afin de nous rendre en tout point semblables à son Fils (Eph. 4 : 11-13) ; c’est la sanctification et c’est un processus.
Ceci étant dit, revenons à notre question première, à savoir « qui sont les saints auxquels l’apôtre Paul adresse cette épître tout comme celle aux Colossiens » ?
Si nous regardons l’ensemble de ces deux lettres, nous pouvons être surpris de constater qu’il est question d’adultes et d’enfants. Dans le ch 5 et 6 les exhortations de la lettre s’adressent aux épouses, aux maris, aux serviteurs et leurs maîtres, mais aussi aux enfants. Les enfants sont donc des saints…
Il est question de peuple de Dieu, de ceux qui lui appartiennent. Tous les enfants de Dieu sont saints parce qu’ils sont retirés du monde et mis à part pour Dieu.
Je reviens maintenant sur les notions abordées brièvement tout à l’heure.
1) Que veut dire être saint ?
Dans la Bible la sanctification ne renvoie pas seulement à un processus de transformation intérieure réelle produite en nous par l’Esprit de Dieu. Mais il renvoie aussi, et plus fondamentalement, à l‘idée de consécration à Dieu. C’est le fait d’être ‘‘ mis à part » pour une fin précise voulue par Dieu, nous l’avons dit.
Ce peut être une personne ou pas. Et il n’y a pas nécessairement de changement intérieur réel. Par exemple : un agneau consacré à Dieu ne diffère pas d’un autre qui ne le serait pas. Il doit certes ne pas avoir de tâche mais il n’est pas le seul agneau dans ce cas.
On voit que Esdras appelle Israël »la descendance sainte » en Esdras 9:2, tout en leur reprochant leur comportement.
La sainteté ne renvoie donc pas à la pureté morale intérieure mais bien à la mise à part par et pour Dieu pour l’accomplissement d’une partie de son plan.
2) Les enfants de croyants sont saints (1 Co. 7 : 14) : le fondement de cette affirmation de Paul se trouve dans l’alliance :
La sainteté est un langage d’alliance : il s’attache à l’idée de descendance en Genèse où Abraham est mis à part ainsi que sa descendance pour l’œuvre à laquelle Dieu l’appelle : « J’établirai mon alliance entre moi et toi, et ta descendance après toi, selon leurs générations : ce sera une alliance perpétuelle, en vertu de laquelle je serai ton Dieu et celui de ta postérité après toi… » (Gen. 17:7)
On retrouve cette mis à part depuis Gen. 3 :15, « je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité : celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon » .
Cette mise à part sert la volonté de Dieu qui se conserve une lignée de croyants à travers les âges, depuis Seth jusqu’au retour du Christ.
En fait, les croyants tout comme leurs enfants, dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, sont mis à part pour l’œuvre de Dieu, de telle sorte que la promesse caractéristique de l’alliance abrahamique est toujours à l’œuvre à l’époque de la nouvelle alliance : « la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera » (Ac 2:39).
Dieu a donc instauré et maintenu jusque dans la nouvelle alliance le principe d’une grâce qu’il veut faire passer d’une génération à la suivante. C’est dans ce sens que les enfants de croyants sont saints, depuis l’origine du monde : Dieu les met à part pour son projet, pour avoir des témoins jusqu’au retour du Christ.
Nos enfants, il faut bien l’admettre, ne sont pas nécessairement saints moralement, pas plus que nous d’ailleurs ! Ils sont toutefois appelés saints jusque dans le Nouveau Testament, parce que leur est conférée une sainteté d’appartenance, une consécration spécifique pour l’œuvre de Dieu et une mise à part dans un but bien précis : que la grâce de Dieu découle d’une génération à la suivante. C’est sur ce fondement que nous pouvons prier et plaider avec ferveur et assurance avec Dieu pour leur salut.
Car cette grâce, comme toutes les autres, comporte aussi une responsabilité.
Quand on reçoit beaucoup, il nous est demandé beaucoup !
Certains objecteront peut-être que c’est arbitraire puisque nos enfants n’ont pas choisi de naître dans une famille chrétienne. Mais dites-moi, pensez-vous avoir choisi l’élection divine, l’avoir méritée ? C’est l’arbitraire de Dieu, un arbitraire de grâce et de bénédiction !
Qui ne voudrait pas d’une telle position ? Alors oui nos enfants peuvent pendant un temps ne pas en vouloir, se rebeller contre et on peut penser à la parabole dite du fils prodigue. Cela n’enlève pas les responsabilités liées à la grâce qui a été faite.
Mais même dans le monde il en est ainsi en quelque sorte. On ne choisit pas de naître dans une famille pauvre ou dans une famille royale !! Mais quand on naît dans une famille royale (il y en a encore quelques unes!), on hérite d’un paquet de responsabilités liées à notre position, à notre rang.
Le fait de ne pas l’avoir choisi et même de ne pas en vouloir ne nous autorise nullement à les bafouer ou à les négliger !
De la même façon, au sein du peuple de Dieu, notre position d’enfants du Père à la suite du Roi des rois, qui est aussi Roi Serviteur, est assortie de responsabilités. Responsabilité d’être lumière, de demeurer attaché au Cep, de tourner chaque jour les yeux vers le Seigneur, de nous nourrir de sa Parole, d’être transformés par son Esprit Saint à son image ; responsabilité d’enseigner et de transmettre au sein de notre propre famille les merveilles de Dieu, de les redire aux générations futures (c’est la fête des grands-mères aujourd’hui!) ; responsabilité de service et de règne pour reprendre les propos de Charles, d’humilité et de gloire,…
Tout ceci nous concerne et concerne aussi nos enfants. « Soyez saints comme je suis saint », dit le Seigneur (1 Pi. 1 : 16, citant Lév. 19 : 2).
En fait, on constate que la place des enfants des croyants est la même dans l’ancienne alliance et dans la nouvelle.
Devoirs des parents :
« Ordonner à ses enfants de garder la voie de l’Éternel » (Gn 18,19)
« Les élever dans la discipline et l’instruction du Seigneur » (Ep 6,4)
Devoirs des enfants :
« Honore ton père et ta mère » (Exode 20:12)
« Obéissez à vos parents » (Eph 6:2)
Les bénédictions :
« Vivez longtemps sur la terre » (Exode 20:12)
« Vivez longtemps sur la terre » (Eph 6:3)
Les enfants doivent obéir à la parole :
« Ton fils et ton petit-fils craindront l’Éternel, ton Dieu, et observeront toutes ses lois » (Dt 6,2).
« Continuez à pratiquer les choses que vous avez apprises depuis votre enfance (2 Tim 3:14-15).
La direction du foyer :
« Moi et ma maison, nous servirons l’Éternel » (Josué 24:15)
« Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé, toi et ta famille » (Actes 16:31)
La réalité promise :
« Je répandrai mon Esprit sur ta descendance » (Ésaïe 44:3)
« Car la promesse [de l’Esprit] est pour vous et pour vos enfants » (Actes 2:39)
Durée de l’intégration :
« Jusqu’à la millième génération pour ceux qui l’aiment et gardent ses commandements » (Dt 7,9)
« Sa miséricorde s’exerce de génération en génération sur ceux qui le craignent » (Luc 1:50)
Signe d’inclusion dans le peuple de Dieu :
« Tous les hommes de la maison [d’Abraham] … furent circoncis » (Gn 17:27)
Le geôlier « fut baptisé, lui et toute sa famille » (Actes 16:33) (les familles de Corneille, Lydie, Crispus, Stephanus aussi).
Le sens du baptême des enfants :
D’une part Dieu veut perpétuer sa grâce génération après génération, c’est le sens fondamental de la mise à part des enfants ; d’autre part les enfants sont saints dans le Nouveau Testament comme dans l’Ancien Testament. Dans l’Ancien Testament, ils recevaient le signe de l’alliance (circoncision) qui, précisément, dépeignait la communion avec Dieu que produit la grâce divine (la circoncision du cœur) que Dieu veut faire courir d’une génération à l’autre. C’est sur cette base là que les enfants dans la nouvelle alliance reçoivent le signe de l’alliance (baptême d’eau) qui, de la même manière, dépeint la communion avec Dieu que produit la grâce divine (baptême de l’Esprit) que Dieu veut faire courir d’une génération à l’autre.
3) Demeurer dans la sainteté :
Nous sommes appelés non seulement à prendre conscience de notre mise à part/sainteté mais aussi à la garder, à y faire attention, notamment par l’adoration communautaire : joie communautaire… L’église est l’assemblée des saints, de ceux qui sont mis à part pour Dieu. En ce sens elle n’est ni un club, ni une association, et elle ne ressemble à rien d’autre de connu. Se retrouver entre croyants pour adorer le Seigneur et pour le célébrer, voilà qui nous aide dans notre marche chrétienne. C’est le moment où l’on va se nourrir, se ressourcer, se rafraîchir avec d’autres croyants afin de pouvoir retourner dans le monde, auprès de non-croyants, et d’être capables de manifester notre mise à part, notre différence, notre consécration ; de telle sorte que celle-ci interroge et serve de témoignage à ceux qui nous entourent.
Le deuxième moyen de demeurer dans la sainteté passe par l’enseignement : il s’agit de façonner notre vision du monde ainsi que celle de nos enfants et nos jeunes pour nous/leur permettre d’avoir une conception chrétienne de la réalité… qu’ils apprennent à utiliser leurs talents et les opportunités pour combattre le bon combat de la foi, pour ne pas se laisser embarquer dans la machine de propagande du monde qui diffuse une vision erronée de la réalité.
Il s’agit pour les parents, pour l’église de leur transmettre la culture du Christ : « et vous pères, n’irritez pas vos enfants, mais élevez les en les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur » (Eph 6:4). (Genèse 18:19) : « car je l’ai choisi (Abraham) pour qu’il commande à ses enfants et sa famille après lui, pour qu’ils gardent la voie de l’Éternel en pratiquant la justice et le droit, afin que l’Éternel fasse venir sur Abraham les promesses qu’il lui a faites » ; « tu les enseigneras à tes fils et tu parleras quand tu seras assis dans ta maison, quand tu marcheras sur le chemin, qu tu te coucheras et quand tu te lèveras « (De 6:7)…
Nous ne mesurons pas à quel point le fossé est immense entre ce que Dieu dit de nous et ce à quoi Il nous appelle (la sainteté) et les bas-fonds dans lesquels le monde voudrait nous entraîner ; et ce fossé se creuse toujours plus.
Il est particulièrement inconfortable pour les jeunes et les enfants qui semblent devoir manifester deux personnalités s’ils veulent correspondre à chaque monde. Or cela n’est pas possible et un tel compromis est incompatible avec l’exigence posée par le Seigneur.
« Vous êtes un peuple choisi, des prêtres royaux, une nation sainte, un peuple racheté afin de proclamer les louanges de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière. » (1 Pi. 2 : 9).
Dieu a fait de nous des saints, Il nous a mis à part pour Lui, par le choix arbitraire de son amour ! C’est la souveraineté de Dieu qui n’empêche pas la responsabilité de l’homme !
Or, les gens à part, on les reconnaît ! N’oublions pas ce que Dieu a fait de nous, ce qu’Il dit de nous ! Nous sommes consacrés par le Seigneur pour le servir et pour manifester autour de nous son amour et sa sainteté.
Si nous sommes élus pour être saints et irréprochables, nous sommes néanmoins encore sur la terre et exhortés à la fin de cette épître ou dans d’autres épîtres à manifester pratiquement de tels caractères : « Soyez saints, car moi je suis saint » (Lév. 19:2, cité en 1 Pierre 1:16) ; « Poursuivez … la sainteté » (Héb. 12:14) ; « Soyez sans reproche et purs, des enfants de Dieu irréprochables » (Phil. 2:15). C’est le Seigneur qui réalise toutes ces choses en nous et dans l’Église, afin qu’un jour elle paraisse devant Lui « sainte et irréprochable » (Éph. 5:27).
Faisons-lui confiance pour achever en nous cette œuvre qu’Il a commencée et travaillons à notre sainteté, soyons fiers de notre mise à part ! Certes elle peut nous mettre en danger comme c’est le cas dans d’autres pays, mais comme le dit l’apôtre Paul aux Romains : « J’estime qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir qui sera manifestée » (Ro. 8 : 18). Cette consécration à Dieu ne consiste pas à nous cacher discrètement entre chrétiens mais bien à assumer notre appel pour interpeler nos contemporains et leur permettre, Dieu voulant, de Le rencontrer à leur tour ! Amen.