Clémence BURY
Galates 3 : 15-29
*Prière
Peut-être certains parmi vous commencent cette rentrée un peu désespérés, fatigués, en se disant que le monde va de plus en plus mal, que les choses sont loin de s’arranger, que les gens sont de plus en plus difficiles à supporter, alors ne parlons pas de les aimer !
Je crois que si vous êtes dans ce cas, ce texte est particulièrement fait pour vous ce matin ! Je crois aussi que même si vous n’êtes pas dans ce cas, ce texte est une réelle invitation à la redécouverte de votre identité. Alors j’aimerais vous exhorter à mieux entendre ce texte, à l’écouter, à vous laisser percuter par lui. Car l’argumentation de Paul est profonde ; elle est théologique certes, mais elle est aussi profondément biblique. Avec ce texte, c’est toute la Genèse qui est éclairée, le lien est créé, le pont est jeté, et enfin, nous commençons à comprendre en profondeur ces vérités si insaisissables, la façon dont Dieu agit avec l’homme, dont l’homme agit avec Dieu, et par-dessus tout, la façon dont Dieu a choisi de nous sauver !
Ce texte nous parle d’alliance, il nous parle de famille, il nous parle de peuple ; il nous invite donc à nous recentrer sur ce qui est essentiel et que nous avons tenté de résumer dans le mot d’ordre de notre Union d’Eglises : Vivre en Christ : une famille unie, une alliance de vie, un peuple qui grandit. C’est ce que nous voulons vivre ! Lisons ce texte et laissons la Parole de Dieu nous instruire !
*Lecture
Suivant un peu l’argumentaire et la logique de Paul : Dieu a pris soin qu’entre la promesse donnée à Abraham et à Isaac, et la loi, il s’écoule une période de plus de quatre siècles. S’il avait donné la loi peu de temps après, ils auraient pu dire que tout n’était qu’une seule et même chose. Mais ceci est impensable, au vu de ces 430 ans intervenus entre temps. La promesse a son but spécial qui lui est propre, et la loi pareillement ; il ne faut pas mélanger les deux. L’alliance de la loi intervenue 430 ans après la promesse donnée à Abraham, ne peut annuler ce que Dieu a dit auparavant.
Alors vient la question : À quoi bon la loi ? Si Dieu voulait donner l’héritage par promesse, pourquoi introduire la loi ? C’est une question très importante, qui vaut la peine qu’on s’y arrête. Si vous examinez les voies de Dieu avec Son peuple au commencement, vous verrez que Dieu leur promet une bénédiction et qu’ils la prennent de la main de Dieu, sans regarder à eux-mêmes pour voir s’ils la méritent ou non. L’objet de la loi ensuite était de faire connaître à l’homme son état, pas du tout de l’introduire dans la bénédiction ; c’était de manifester la ruine terrible dans laquelle l’homme était tombé par le péché. La loi n’était pas destinée à être une règle de vie ; en fait elle est plutôt la règle de mort, puisqu’il est pécheur. Le mot grec utilisé pour décrire le but de la loi est celui de « pédagogue ». La loi est le pédagogue qui mène à Christ, le Maître ! Christ procure la justification au croyant, et non seulement cela, mais Il est le moyen de le rendre juste, et de le maintenir ainsi ; il n’y a pas d’autre solution efficace. Tout comme Christ est la vie et la vérité, il est aussi le chemin (Jean 14:6). La loi était la règle de mort pour le pécheur ; Christ est la règle de vie pour le saint. La loi est de toute importance pour convaincre le pécheur ; elle est le modèle de ce qu’un homme pécheur devrait faire pour Dieu. Mais elle n’est ni le reflet de Dieu, ni le modèle pour les saints : Christ est l’un et l’autre, et Christ seul. D’où la nécessité de s’appuyer sur les promesses et de les recevoir par grâce ! Pourquoi cet argumentaire est-il si important ?
L’homme inconverti veut ajouter un peu de grâce à la loi : il compte sur la bonté de Dieu pour suppléer à ce qui lui manque. Inversement, beaucoup de chrétiens sincères, tout en proclamant la valeur de la grâce, veulent ensuite y ajouter la loi. Ils portent en cela une atteinte plus grave à la vérité de Dieu, car au fond il est plus raisonnable d’ajouter la grâce à la loi que la loi à la grâce. «Êtes-vous si insensés ?» dit l’apôtre aux Galates dont c’était précisément l’erreur. «Ayant commencé par l’Esprit, achèveriez-vous maintenant par la chair ?» Une fois le fondement de la grâce posé, on veut introduire ensuite la loi. Les Galates ne prétendaient pas que la loi seule puisse suffire pour s’approcher de Dieu ; mais leurs docteurs plaçaient devant eux la loi des Juifs comme nécessaire pour les rendre parfaits. C’est là ce que l’Esprit de Dieu dans cette épître dénonce comme venant de l’ennemi, et Il nous révèle de la façon la plus claire quelle est à cet égard la volonté de Dieu en Christ. Pour cela, Il met en contraste la doctrine de la promesse et celle de la loi. C’est aussi nous qu’il met en garde, puisque nous sommes tentés aussi parfois d’ajouter un peu de loi à la grâce !
On voit la promesse intervenir dès que l’homme est tombé. Avec la chute d’Adam, l’innocence est à tout jamais perdue dans ce monde. Mais la grâce de Dieu fait une promesse. Sa fidélité exigera que cette promesse soit accomplie. Il faut qu’elle le soit, puisqu’il y aura désormais dans ce monde des êtres qui accepteront, croiront cette promesse, et qui attendront de Dieu sa réalisation. Nous sommes mis ainsi en rapport avec ce que Dieu est ; et pour le connaître, Lui, le Dieu saint, il faut que le coeur soit renouvelé par la puissance du Saint Esprit. Autrement dit, il faut que le coeur soit amené à la connaissance du péché pour apprécier Dieu dans toutes ses voies.
Aussi la loi est-elle ensuite introduite entre le péché et la promesse. Cette loi est d’une perfection telle que l’homme est entièrement incapable de l’accomplir, parce qu’il est pécheur, loin de Dieu, adonné à de mauvaises convoitises, alors que la loi demanderait pour être accomplie qu’il soit sans péché.
Ainsi viennent d’abord les promesses, puis la loi, qui ne donne pas la vie ; enfin vient l’accomplissement de la promesse, en Christ. L’ordre de ces révélations est merveilleux : la promesse est donnée avant la loi, pour qu’en tout temps la foi ait un appui ; la loi vient ensuite, pour que l’homme comprenne que seule sa volonté mauvaise l’empêche de profiter de la promesse ; l’accomplissement vient enfin montrer, malgré la transgression de l’homme, la parfaite fidélité de Dieu.
La loi n’a pas été donnée pour sauver, ni pour fournir une force quelconque à l’homme ; elle ne donne pas la vie, elle ne pardonne rien. Elle manifeste ce qu’est l’homme devant Dieu. Il faut que le coeur soit entièrement mis à nu devant Dieu, que l’âme sente la force du péché sur elle. La loi montre que le péché est là, et cette volonté mauvaise qui veut passer outre à ce que veut la loi. Et sur ces choses elle prononce la malédiction et la mort.
Dans ces conditions, quel recours reste-t-il à l’homme ? L’intervention de Dieu seule, en grâce pour le sauver. Elle a eu lieu en Celui qui est l’accomplissement de la promesse, Christ. Il est venu dans ce monde pour l’accomplir. Christ était là, ayant dans sa main toutes les promesses, on n’a pas voulu les recevoir. Le peuple voulait être digne des bénédictions divines, et c’est au nom de la loi que les hommes rejettent les promesses. L’homme sera-t-il donc privé de celles-ci ? Non, avant de les accomplir en Christ, Dieu fait une autre chose. Christ est placé sous le péché où l’homme se trouvait, et, né d’une femme, né sous la loi, il a porté la malédiction de la loi avant de prendre les promesses pour Lui. C’est ainsi qu’il peut expier le péché même de ceux qui l’avaient rejeté. Après la résurrection d’un tel Rédempteur qui a satisfait aux exigences de la loi, étant devenu malédiction pour nous, nous entrons dans la jouissance des promesses qui lui appartiennent. «Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi» (v. 13). Par la foi à l’œuvre de Christ, nous recevons l’Esprit promis et nous sommes rachetés pour entrer dans la jouissance de tout ce dont Christ est héritier.
Remarquez que cette nécessité absolue de la grâce s’applique à tous, même à ceux qui estiment ne pas avoir violé la loi. Car quiconque se place sur le terrain des œuvres de la loi est toujours condamné ; il faut les accomplir toutes («maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites dans le livre de la loi pour les faire») et l’homme, pécheur, en est incapable. Vous ne pouvez pas être justifiés par la loi. Mais, dites-vous, si je ne puis être justifié par la loi, du moins, après avoir été objet de grâce, je veux accomplir la loi pour arriver à la perfection ; je prendrai la loi non pour ma justification, mais pour ma sanctification, et c’est là que souvent nous aussi avons tendance à nous laisser piéger. Ce n’est pas à nous de choisir ce qu’il nous faut prendre. Dieu seul en décide, or son témoignage est formel : «Maudit est quiconque ne persévère pas…». Dieu nous veut parfait. Si vous n’êtes pas ce que la loi exige, elle ne vous changera pas, mais elle vous demandera impitoyablement la justice. Si donc vous voulez être observateur de la loi, vous vous placez sous la malédiction. Et si, ayant connu la grâce, vous prenez ensuite la loi, vous êtes déchus de la grâce (v. 4). «Si la justice est par la loi, Christ est mort pour rien» dit Paul.
Au contraire, si j’ai saisi que tout ce qui était entre moi et Dieu, le péché est ôté pour l’éternité par la mort de Christ, je suis entièrement délivré de la loi. Ma part est de jouir des promesses qui appartiennent à Christ, et à Lui seul. Toute la bénédiction de Dieu, selon son dessein envers son Fils, tout ce par quoi Dieu veut glorifier son Fils, voilà ce dont je suis héritier. Il ne s’agit plus seulement de promesses, mais de réalités. Dieu n’a pas fait une simple promesse de salut, mais Il a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique. Il a accompli ce qu’Il avait promis ! C’est là l’accomplissement du salut, de la délivrance et la mise en liberté ! En Christ, nous sommes réellement libres ! Gardons-nous d’ajouter à la grâce de Dieu quoi que ce soit, et n’ayons de cesse de glorifier Celui par lequel la grâce de Dieu s’accomplit : notre Seigneur Jésus-Christ. «Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi dans le Christ Jésus» (3:26). «Car vous tous qui avez été baptisés pour Christ, vous avez revêtu Christ» (3:27). Qu’est-ce qu’un homme confesse quand il est baptisé ? Qu’il appartient à un Sauveur mort et ressuscité.
L’objet de tout cela, c’est de montrer que, aussi importante que soit la loi pour mettre les transgressions des personnes clairement devant elles, le chrétien pourtant, maintenant qu’il a Christ, a déjà confessé ses péchés, et a à faire avec un tout autre état de choses. «Il n’y a ni Juif, ni Grec ; il n’y a ni esclave, ni homme libre ; il n’y a ni homme, ni femme» (3:28). Paul se saisit des grandes distinctions naturelles entre les hommes pour montrer que ces choses ne les caractérisaient pas comme chrétiens. La seule chose qui me marque d’une manière distinctive comme tel, c’est que j’ai Christ et que j’ai revêtu Christ. «Car vous tous, vous êtes un dans le Christ Jésus. Or si vous êtes de Christ, vous êtes donc la semence d’Abraham, héritiers selon la promesse» (3:29). Autrement dit, vous n’avez pas à passer par la circoncision, ou par aucun autre rite de la loi, pour obtenir les promesses. Si vous vous efforcez de les gagner sur le principe de la loi, vous les perdez ; si vous recevez Christ, vous les avez de manière assurée. Il est, Lui, la vraie semence d’Abraham, et si j’ai Christ, j’ai toutes les promesses de Dieu. L’important, c’est de donner toute la gloire à Christ, qui nous rend la liberté.
Jésus n’est pas venu dans le monde pour lui redonner une bonne moralité. Il est venu pour sauver les hommes en les arrachant à ce monde corrompu pour les placer dans son Royaume de justice et de paix. La bonne conduite est un fruit du salut, en aucun cas la cause ! C’est Christ notre justice !
Pour revenir à ce que je disais en introduction, ce texte me reprend car parfois, je suis désespérée quand je regarde le monde ; désespérée et même en colère ! Ce faisant j’oublie pourquoi le Seigneur est venu ! J’oublie qu’il ne faut pas prêcher une bonne conduite mais plutôt la repentance et le pardon. J’oublie que c’est à la liberté que j’ai été appelée, que cette liberté a coûté un prix immense et que la pire chose que je puisse faire est de me remettre sous un quelconque esclavage.
Nous sommes libres en Christ mes amis ! C’est cela dont il faut témoigner ! Ceux que le Seigneur appelle à sa suite apprendront eux aussi que pour vivre cette liberté, il faut d’abord prendre la pleine conscience de son péché, de son état. Alors avec la repentance, la grâce est saisie et c’est cela qui nous fait vivre !
Nous devrions, chacun de nous, manifester ainsi constamment Christ, agir en toute circonstance de la vie comme Il aurait agi. Pour cela, que Dieu nous donne de comprendre les merveilles de son œuvre de grâce envers nous. Puisse Dieu nous donner de vivre dans la liberté que donne l’Esprit, et plus sous la justice insaisissable que présente la loi. Alors nous serons des chrétiens heureux, joyeux, les héritiers du Père. Alors nous habiterons pleinement notre identité en Christ. Amen.
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Ecoute de « En toi je sais qui je suis » d’Hillsong.