Message du 14 08 22.

Prédication apportée par le pasteur-aumônier Charles Nicolas.

La foi de Jésus

Ps 119.1-8 ; 1 Co 12.1-6 ; Apocalypse 14.12

Nous savons tous ce qu’est la foi en Jésus. Ce matin, je voudrais attirer notre attention sur la foi de Jésus. La Bible en parle, c’est très important et cela nous concerne aussi.

Avec la foi en Jésus, c’est moi qui crois et Jésus est l’objet de la foi. Je sais en qui j’ai cru, écrit l’apôtre Paul. Quand le brigand sur la croix s’est écrié : Souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton règne, il a exprimé sa foi en Jésus.

Mais ce même brigand, sur la croix, a aussi été témoin de la foi de Jésus, la foi de celui qui a dit, peu avant, dans sa prière : Que Ta volonté soit faite, et non la mienne.

1. Nous sommes sauvés par la foi de Jésus

Jésus, sur la terre, était exactement comme nous, nous l’oublions souvent¹. A Gethsémané, nous apprenons que la volonté de Jésus était distincte de celle de son Père. Jésus s’est rendu obéissant, écrit Paul (Ph 2.8). Jésus a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes (Hé 5.8). Comme nous ! Mais lui, il a appris de telle sorte que le péché ne l’a pas souillé. Voilà la foi de Jésus, démontrée par son obéissance parfaite.

Je cite l’épître aux Hébreux : Entrant dans le monde, Jésus a dit : Me voici, ô Dieu, pour faire Ta volonté. C’est en vertu de cette volonté (pas la nôtre !) que nous sommes sanctifiés (Hé 10.7, 10). La Bible dit donc que c’est par la foi de Jésus nous sommes sanctifiés, c’est-à-dire rendus saints. Il faut l’entendre.

C’est pour cela que Jésus est appelé le nouvel Adam. Je lis : Par la désobéissance d’un seul (Adam) beaucoup d’hommes ont été rendus pécheurs. De même par l’obéissance d’un seul (Jésus), beaucoup seront rendus justes (Ro 5.19).

En réalité, nous sommes justifiés par notre foi en Jésus, c’est vrai ; mais aussi – et même d’abord – par la foi de Jésus qui a obéi en premier (le premier !).

Pourquoi « en premier » ? Pour trois raisons :

– la foi de Jésus est première dans le temps : Au temps marqué, Christ est mort pour des impies (Ro 5.6).

– la foi de Jésus est première parce qu’elle est parfaite, elle seule (lire Hé 10.11-12).

– la foi de Jésus est première pour Dieu lui-même : Dieu regarde la foi de son Fils et m’en attribue le bénéfice, comme si c’était moi qui avait obéi². Mais c’est Jésus !

C’est important, car cela permet de corriger une erreur fréquente, qui consiste à croire que c’est principalement (d’abord) notre foi qui nous sauve, un peu à la manière d’une œuvre qu’on mettrait dans la balance, notre foi pas même grosse comme un grain de moutarde. En réalité, c’est d’abord la foi de Jésus qui nous sauve !

A vrai dire, les deux sont nécessaires et nous ne devons pas les opposer³. Mais ce matin je voudrais insister sur le fait que la foi de Jésus est première.

2. Nous devons marcher avec la foi de Jésus !

Quelle humilité ! Quel privilège ! Quelle assurance !

* Pourquoi quelle humilité ? Parce que c’est la foi et la justice d’un autre qui me sauvent. Nous le vivons quand nous prenons le repas du Seigneur.

* Pourquoi quel privilège ? Parce que c’est la foi même de Jésus qui m’est communiquée par le Saint-Esprit. Le cep ne communique-t-il pas sa sève au sarment ?⁴ Salomon le dit dans sa prière : Nous recevons de Toi ce que nous t’offrons ! (1 Ch 29.14).

* Quelle assurance, enfin ! Trop de chrétiens vivent la foi comme une œuvre et s’essoufflent et se découragent⁵. La foi de Jésus en moi ne se décourage pas ! Elle produit des œuvres, certes ; mais elle-même est une grâce, pas une œuvre !

Sans moi vous ne pouvez rien faire, dit Jésus, pas même croire !

Bien sûr, je peux mettre en avant ma foi en Jésus. Mais je peux alors oublier que c’est une grâce, et penser : Jésus a fait la moitié du chemin, et j’ai fait l’autre moitié. Quelle bonne idée j’ai eue ! C’est le risque de faire de la foi une œuvre, avec tous les efforts pour essayer de faire aussi bien que Jésus… sans jamais y arriver.

C’est pourquoi, ce matin, je veux mettre en avant la foi de Jésus.

Lors de la crucifixion, le Saint- Esprit accomplit une œuvre triple, :

– il révèle au brigand sa condition (Nous avons mérité ce que nous subissons…),

– il révèle au brigand qui est Jésus (Mais Lui n’a rien fait…)

– il communique au brigand la foi de Jésus (comme par une sainte contagion).

Nous oublions cette dernière action qu’accomplit le Saint-Esprit. Quand Paul écrit que personne ne peut dire : ‘Jésus est le Seigneur’ si ce n’est par le Saint-Esprit (1 Co 12.3), il dit exactement cela.

Si tu peux dire que tu as la foi en Jésus (la vraie Foi), en réalité c’est la foi de Jésus qui t’a été transmise !

3. Nous en lui et lui en nous

Ainsi, Jésus n’a pas seulement cru, obéi et accompli la volonté de Dieu à notre place, comme on le dit souvent, mais il l’a aussi fait en premier, comme un nouvel Adam, comme le premier d’un grand nombre. Cela va beaucoup plus loin !

Quelqu’un se demande peut-être comment est-ce possible ? Marie a posé la même question à l’ange. Oui, humainement c’est impossible. Mais le Saint-Esprit prend ce qui est en Jésus et le met dans notre cœur. La vie chrétienne n’est autre chose que la vie de Jésus en moi, y compris sa foi, y compris son amour ! (Ro 5.5).

Nous le comprenons peut-être plus facilement avec l’Amour. Quand Jésus dit à ses disciples : Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres (Jn 13.35), nous pourrions entendre cela comme une loi, comme une morale… Allez, faites un effort ! Mais Jésus ne dit pas cela. Il dit (je paraphrase) : De l’amour dont je vous ai aimés, et que vous avez reçu, vous pouvez maintenant vous aimer les uns les autres. Faites-le ! C’est-à-dire que l’amour dont nous nous aimons les uns les autres, ce n’est pas notre amour, c’est l’Amour de Jésus en nous (Ro 5.5). C’est bien à moi d’aimer mes frères et mes sœurs dans la foi, mais si je le vis, c’est l’amour de Jésus en moi, pour eux.

Il en est de même pour la foi. D’où viendrait la foi dans un cœur pécheur ?⁶ C’est la foi de Jésus, qui m’est donnée. La grâce va jusque-là. C’est ici la persévérance des saints qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus ! (Ap 14.12).

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Je vais conclure avec un mot et une expression :

* Le mot, c’est : renoncer ! Renonçons à nos efforts pour faire aussi bien que Jésus. Vous imaginez, aller à Toulouse en courant après une voiture ? Montez dans la voiture ! Renonçons à ce que nous appelons notre amour, et même notre foi, pour recevoir l’Amour, la Foi qui viennent de Jésus par le Saint-Esprit⁷. Jésus est aussi venu pour cela.

* L’expression, c’est : vivre notre union avec Christ ! Paul dit : Nous sommes devenus une même plante avec Lui ! (Ro 6.5). Ce n’est pas un idéal, c’est une réalité.

Avoir la foi en Jésus nous associe fortement à lui. C’est beaucoup.

Avoir la foi de Jésus nous unit à lui. C’est plus.

Face aux épreuves, face aux tentations, face aux persécutions, et tout simplement pour marcher comme des chrétiens adultes, c’est absolument nécessaire.

Charles NICOLAS

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Notes complémentaires

Corruption totale, grâce totale. L’Ecriture a tout renfermé sous le péché, afin que ce qui avait été promis fût donné par la foi de Jésus-Christ à ceux qui croient (Ga 3.22).

Si je rebâtis les choses que j’ai détruites, je me constitue moi-même un transgresseur, car c’est par la loi que je suis mort à la loi afin de vivre pour Dieu. J’ai été crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi ; et si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au/du Fils de Dieu (Ga 2.19-20). Calvin traduit : la foi du Fils de Dieu.

Quand nous disons que Jésus a vécu cela à notre place, ce n’est pas suffisant. Il l’a vécu à notre place parce que nous étions incapables de le vivre, mais il l’a aussi vécu pour que nous puissions le vivre après lui, avec lui, en lui. Vous ferez les œuvres que je fais. Avec notre amour, notre foi ? Non, avec son Amour, avec sa Foi.

Par le Saint-Esprit, tu peux avoir en toi la foi de Jésus !

Le cep et les sarments. Ayez en vous la pensée qui était en Jésus-Christ (Ph 2.1-5).

C’est le merveilleux échange de Luther : Dieu prend mon péché et me donne sa justice (sa foi).

La foi en Jésus laisse Jésus extérieur à moi.

La foi de Jésus décrit un Jésus intérieur à moi.

La foi en Jésus fait de Jésus mon Sauveur ;

La foi de Jésus en moi fait de Jésus mon Seigneur.

En réalité, Jésus est en même temps l’objet et le sujet de la Foi.

Jésus a agi en premier, comme un montagnard qui fait la trace, comme un premier de cordée qui ouvre la voie, plus simplement comme un berger qui marche devant : Elles me suivent (Jn 10.27). Elles me suivent alors qu’elles ne sont que des brebis, si on peut dire. Si Dieu me le demande, je peux marcher comme lui-même a marché (1 Jn 2.6).

Dans la nouvelle alliance, tout commandement constitue une promesse.

Calvin le dit ainsi : La vie corporelle (dans la chair) n’empêche pas que nous possédions la vie céleste par la foi. Les épîtres de St Paul sont pleines de témoignages par lesquels il affirme que nous vivons dans le monde de telle sorte que, cependant, nous vivons aussi au ciel ; non seulement parce que notre Chef y est, mais aussi parce qu’en vertu du droit d’unité du chef avec les membres, nous avons une vie commune avec lui, comme le dit Jean : “Encore un peu de temps et le monde ne me verra plus ; mais vous, vous me verrez, car je vis et vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et que je suis en vous” (Commentaire sur Ga 2.20).

L’homme n’est pas justifié par les œuvres de la loi, mais seulement par la foi de Jésus–Christ ; nous avons cru, nous aussi, en Jésus-Christ, afin d’être justifiés par la foi du Christ (Ga 2.16).

C’est ici la persévérance des saints, qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus (Ap 14.12).

Tout cela est résumé par le “en Christ” de l’apôtre Paul. En Christ, ce n’est pas seulement une place forte pour être à l’abri ; c’est aussi l’unité de la volonté de Christ et de la mienne.

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