Rétrospective : Le mois dernier, nous avons revisité les deux premiers chapitres de la Genèse et nous avons admiré la sagesse, la bonté et la puissance de Dieu dans la création. Dieu crée par sa Parole, Il commence par mettre de l’ordre et séparer, puis Il peuple et fait habiter.
Le chapitre 2 posait également les principes des relations de l’homme avec Dieu, avec sa femme et avec la création. La vocation de l’humain est de cultiver et garder le jardin, l’administrer comme un gérant ; nous avons vu ici la valeur du travail qui est une chose bonne créée par Dieu. L’humain a donc l’honneur de se voir confié par Dieu une responsabilité de veille, de soin, d’intendance, de juste autorité.
Nous avons également insisté sur le fait que le premier commandement que Dieu donne à l’homme est une permission, et non une interdiction ! Celle-ci est ajoutée pour poser un cadre qui permet de se repérer et de se situer, qui permet également de se réjouir de la richesse de tout ce qui est permis ! « Tu peux manger et te régaler de tout !… sauf un ! ».
En Eden, tout n’est au départ que richesse, beauté, bonté et innocence. Les relations ne sont teintées d’aucun mal : ni méfiance, ni tricherie, ni peur, ni honte… juste la communion et le bonheur !
Hélas, nous avions anticipé sur le chapitre 3 et vu que cela n’allait pas durer !
Je vous invite à lire ce chapitre 3 en entier aujourd’hui.
* Lecture
Dieu crée l’humain libre et responsable ; libre de croire ce que Dieu dit ou de douter de Lui, responsable de ses choix et de ses actes. Toutefois Dieu avertit l’homme des conséquences attachées au choix qu’il peut faire.
Le choix d’Adam et Eve ne porte pas seulement sur le fait de désobéir, mais avant tout sur celui de rester attachés à Dieu ou de se détourner de lui.
Nous avions vu que le diable insinue immédiatement la méfiance envers Dieu, prétendant son manque d’amour voire son égoïsme : « Dieu garde les meilleures choses pour lui » ! Dieu serait menteur et calculateur là où le diable promet « vous ne mourrez point, vous serez comme Dieu ! ». Satan titille l’orgueil de l’humain ainsi que son envie, sa convoitise, son désir de toute-puissance… Pour arriver à ses fins, Satan ment et séduit, il séduit et il ment. Et ce qui est le plus terrible, c’est que l’humain le croit !
Pourtant, quelle preuve lui fallait-il encore de la bonté de Dieu, de son amour ; Lui qui avait tout donné avec profusion et largesse, Lui qui offrait sa présence, Lui qui confiait de hautes responsabilités à l’homme et donc aussi sa confiance… ?
La désobéissance de l’être humain est un problème de confiance et de foi. Il met en doute la Parole de Dieu ainsi que sa capacité à vouloir notre bien. Il refuse de voir que les limites posées par Dieu le sont par amour, pour notre bonheur, pour que nous vivions !
Adam et Eve se détachent de leur Créateur et leur amour pour Lui s’affaiblit ; ils ne lui font plus entièrement confiance. Ils recherchent d’abord un intérêt personnel (« ouvrir l’intelligence ») et leur propre gloire (« être comme Dieu »). Ils ne prennent pas garde aux conséquences de leur acte et cèdent à la tentation ; ils désobéissent à la Parole de Dieu.
L’homme a été trompé, mais il est responsable de ce choix. Il a choisi d’écouter Satan qu’il ne connaît pas plutôt que Dieu qu’il connaît et qui lui a donné toutes les raisons de lui faire confiance. Combien de fois n’agissons-nous pas ainsi, nous aussi, jusque dans nos relations personnelles… Regardez à quel point il est facile qu’une personne mal connue insinue en nous le doute sur une personne que l’on connaît pourtant bien ! Regardez à quel point nous sommes sensibles à la médisance, au faux témoignage, au mensonge, à la séduction… combien nous sommes prompts à juger, dénigrer, accuser…
Par la chute, le péché est entré dans le monde (Ro 5:12), bouleversant totalement l’ordre dans la création de Dieu. Le péché, dès lors, est universel, il atteint tous les hommes et toute la création ; par hérédité, tous naissent avec une nature de péché (Ro 3:23; Ro 5:12b; Ep 2:3b; Ro 8:19-21). Ses effets se font sentir dans tous les domaines.
– Conséquences sur le plan physique
La souffrance, la maladie et la fatigue (cf. Ge 3:16-19);
la vie sur une terre dégradée et hostile (Ge 3:18-19; Ro 8:19-22; Ex 23:29; cf. Es 11:1-10);
la mort corporelle (Ge 3:19; Ge 5:5-31).
– Conséquences sur le plan spirituel
La mort spirituelle (rupture de la relation avec Dieu) (Ro 6:23a; Es 59:2; Ep 2:1-3; cf. Ge 3:23);
la condamnation, la colère de Dieu (Ro 5:18a; Jn 3:36);
l’esclavage envers Satan (cf. Ep 2:2; 1 Jn 5:19; Hé 2:14-15).
– Conséquences sur le plan moral
La connaissance du bien, sans pouvoir l’accomplir (Ro 2:15; cf. Ge 2:17; Ge 3:6);
la connaissance du mal, sans pouvoir s’en libérer (Ro 2:15);
la perversion du sens religieux (Ro 1:21-23);
la peur (Ge 3:10; Hé 2:15);
le refus de porter la responsabilité de ses fautes (Ge 3:11-13).
– Conséquences sur les facultés de l’homme
La chute n’a pas détruit l’image de Dieu en l’homme, mais l’a fortement altérée. L’homme dispose encore des facultés que Dieu lui a données mais, à cause de la chute, il est enclin à en user pour le mal.
Il utilise sa créativité pour le mal (cf. Jé 10:3-5; Ro 1:23) et non seulement pour le bien (cf. Lu 10:30-37);
son intelligence est obscurcie (Ro 1:21; Ep 4:18) et sa connaissance peut être erronée et imparfaite (Col 2:8; Ro 1:22);
sa volonté n’est plus en harmonie avec celle de Dieu (Mt 23:37; Jg 17:6) bien qu’il puisse accomplir des actes en accord avec la loi de Dieu (Ro 2:14-15);
en utilisant sa capacité d’apprécier et de choisir, l’homme peut opter pour ce qui est selon Dieu ou le refuser (Jos 24:15; 1 Th 1:9; Jon 1:2-3; 2 Th 1:8; 2 Th 2:12);
l’homme est capable d’aimer le mal (2 Ti 3:4; Mt 6:24; 1 Jn 2:15) et il peut même haïr (Ps 25:19);
en pensant à l’éternité, l’homme peut éluder le sujet et nier la réalité de l’au-delà et de l’existence de Dieu (1 Co 15:12; Ps 14:1);
l’homme peut mal user de son autorité sur la création (cf. De 20:19-20).
Voilà les conséquences de ce mauvais choix originel : d’abord l’entrée dans le monde de la mort et de tout ce qui y est attaché, mais aussi d’autres dégradations : les relations sont abîmées… Que ce soient les relations avec notre prochain, avec la création, avec Dieu, y compris avec nous-mêmes !
Une fois le fruit mangé, leurs yeux s’ouvrent, leur regard l’un sur l’autre change. Adieu la confiance et l’innocence ! Bonjour à la peur et la honte ! Voilà chers amis ce que nous expérimentons depuis lors !
– Notre rapport à la création s’en trouve modifié. Là où tout était facile et abondant (ça poussait tout seul, et en quantité!) on trouve maintenant des épines et des ronces, la pénibilité et la souffrance, y compris pour donner la vie. La bonne entente entre les animaux est pervertie également. Fini le règne végétarien, l’inimitié s’immisce entre l’homme et l’animal mais aussi entre les animaux. Tout la création, nous dit Paul (Romains 8 : 22), soupire les douleurs de l’enfantement en attendant le retour du Christ. Les prophéties qui parlent du Royaume de Dieu dépeignent une création restaurée où l’entente entre les animaux est rétablie (« Le loup paîtra avec l’agneau, … » Esaïe 65 : 25).
– Notre rapport à l’autre s’en trouve modifié, et cela commence au sein du couple. Ils se rejettent la faute l’un sur l’autre, ne sont plus partenaires mais en compétition. Le vis-à-vis devient déséquilibre et domination, l’aide devient soumission forcée et rébellion. Le désir et la sexualité s’en trouvent faussés. Au lieu d’une équipe, on a une lutte ; au lieu d’une soumission mutuelle, on trouve un besoin d’écraser l’autre pour exister…
Et cela va continuer dans toutes les relations humaines, puisque le chapitre qui suit nous montre la première fratrie de l’humanité, qui se conclut par un meurtre de l’un par l’autre, là aussi par jalousie, haine, incapacité de maîtriser ses pulsions et ses émotions…
– Que dire du rapport à Dieu ! L’homme, en accusant la femme, va jusqu’à accuser Dieu ! La confiance est bel et bien rompue. La vie dans le jardin, c’était la vie dans la présence de Dieu. Dieu va chasser l’homme et la femme loin de sa présence, car sa sainteté ne peut demeurer en proximité du péché. Sa sainteté nous consumerait entièrement, nous qui sommes désormais impurs ! On voit ici tout le préambule qui permet de comprendre les lois de pureté, la construction du tabernacle, la symbolique du voile, la question des sacrifices… Bref ce serait trop long bien qu’intéressant ! Ce sera pour une autre fois !
La situation semble vraiment désespérée… comment réparer cette cassure entre le Créateur et sa créature ?
Comme j’en parlais aux catéchumènes vendredi, le paradoxe à résoudre tient au fait que Dieu est à la fois Amour, Sainteté et Justice.
Parce qu’Il est saint, nous ne pouvons plus nous tenir en sa présence à cause du péché. Parce qu’Il est juste, le pécheur doit payer le salaire du péché, c’est-à-dire la mort ; non seulement physique, mais aussi spirituelle.
Parce qu’Il nous aime, Dieu va prévoir le plan et les moyens de réparation, Il l’annonce déjà au verset 15 ! Mais pour notre pédagogie, cela va se passer en plusieurs temps :
La première partie de la Bible explore la voie de l’obéissance. La transgression initiale doit être réparée par une obéissance de chaque instant aux directives données par Dieu dans tous les domaines de la vie : relations humaines, alimentation, lois sociales, etc.
Il s’agit de remettre de l’ordre dans un monde qui tend à retourner vers le chaos.
C’est l’instauration de la Loi qui servait finalement à amener à la conclusion que l’homme a besoin que Dieu le sauve, car il ne peut rien par lui-même !
Une fois que l’homme a compris cela, il est en mesure d’attendre de Dieu son secours.
Il a compris sa misère, a acquis la lucidité sur son état de pécheur et s’en remet donc à Dieu, dans l’abandon et la dépendance. C’est ce que l’on appelle la repentance et toute la Bible nous invite à cette attitude de cœur devant Dieu, sachant que c’est Lui qui met en nous le vouloir et le faire !
Il faut toujours faire la différence entre le péché et les péchés, c’est-à-dire entre la nature de péché (Ro 6:16-17; Ro 7:20; Hé 3:13; Ps 51:7) et les actes de péché (Col 3:5-8; Ep 2:1; Ps 51:11).
Tous les hommes sont égaux en ce qui concerne leur nature de péché ; ils ont tous une égale culpabilité devant Dieu : le brigand et le jeune homme riche sont pécheurs dans la même mesure en ce qui concerne leur nature.
Par contre, le nombre et le caractère des actes de péché diffèrent d’une personne à l’autre.
Quels que soient le nombre et le caractère des péchés qu’un individu ait commis, il est perdu car sa nature est corrompue, même quand la personne paraît « bonne » au regard des hommes : « Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Ro 3:23).
Voilà pourquoi une réforme en profondeur est nécessaire !
La deuxième partie de la Bible invite donc à réformer le comportement humain en commençant par le cœur. C’est notre être intérieur qui doit être transformé, et c’est cette transformation qui va nous donner de « faire » différemment. Comme plusieurs prophètes de la Bible l’ont pressenti, il est indispensable de renouveler la personnalité profonde des humains en leur permettant de se réconcilier avec Dieu. Il faut rétablir le lien filial qui a été rompu avec Dieu depuis les origines. Or il est impossible aux hommes de faire eux-mêmes le chemin retour. C’est Dieu, qui en Jésus-Christ est venu sauver ceux qui se confient en Lui.
Car nous l’avons rappelé, si Dieu est bien infiniment bon, s’Il est amour, il ne faudrait pas oublier qu’Il est aussi saint et juste. Sa sainteté fait qu’il a de la haine pour le péché, son amour fait qu’Il élabore un plan pour sauver le pécheur, un plan qui puisse satisfaire à sa justice. Ce plan, c’est que Dieu vint Lui-même, dans la personne de Son Fils, manifester Son amour infini, non envers un homme innocent, mais envers l’homme coupable. A la croix, Jésus a pris notre place (c’est ce qu’on appelle la substitution), Il a lui-même réglé notre dette et payé pour notre péché (c’est l’expiation). Il a souffert et Il est mort afin que nous n’ayons pas à vivre cela. Bien sûr nous mourrons physiquement, mais nous n’aurons pas à connaître l’angoisse de la séparation totale d’avec Dieu. Nous n’aurons pas à subir le poids de Sa colère. Alors nous pouvons être réconciliés avec Dieu, justifiés en vertu de l’œuvre de Jésus-Christ. Il est le seul médiateur entre Dieu et les hommes (1 Tim. 2 : 5), Il est le chemin, la vérité, la vie (Jean 14 : 6). Aucun autre nom n’a été donné dans le ciel et sur la terre par lequel nous puissions être sauvés (Actes 4 : 12).
La seule chose que nous avons à faire, le seul pas attendu de notre part, c’est de nous reconnaître pécheur, reconnaître notre besoin d’être sauvé par Dieu. Abattre l’orgueil de penser que nous y parviendrons par nous-mêmes et accepter que Dieu le fasse pour nous, gratuitement, par pure grâce !
Et quelle grâce ! Nous n’avons rien à prouver, aucune proie à arracher, pas de case à cocher ou de perfection à atteindre ! Dieu nous aime et nous sauve, à condition que nous lui fassions confiance. Et c’est cadeau !
Je termine avec la conclusion de la prédication de janvier ; ce sont des notions importantes qu’il nous faut intégrer, leur compréhension doit transformer notre vie !
L’amour de Dieu ne se mérite pas, il est don et il est pour quiconque. La justice de Dieu ne s’atteint pas, elle est don par et dans le Christ. Que ce soit l’amour, la justice, la bonté : tout nous est donné ! A nous de reconnaître simplement notre besoin de ce Dieu qui veut être notre Père. A nous de reconnaître notre incapacité à lui plaire en dehors du Christ. A nous de nous placer sous le sang de l’Agneau pour changer de camp, changer d’équipe ; être descendants du nouvel Adam, Celui qui n’a pas échoué et qui nous rend participants de sa victoire ! Amen !