Prédication apportée par le Pasteur Clémence Bury.
05 mars 23 – Mt. 17, 1-9 ; Gen. 12 ; 2 Tim. 1
Matthieu 17 : 1-9 05 mars 2023
*Lectures : 2 Tm 1 : 8-10 ; Gn 12 : 1-8 ; Mt 17 : 1-9
*Prière
2 Timothée 1, 8-10
L’Écriture montre très clairement que ceux qui croient au Seigneur Jésus-Christ sont à la fois «sauvés» et «appelés». Nous lisons en 2 Timothée 1:9 : «Dieu qui nous a sauvés et nous a appelés d’un saint appel». Mais si tout vrai croyant connaît quelque chose de la bénédiction du salut de Dieu, il y en a relativement peu qui entrent dans la joie de l’appel.
Hélas, il est à craindre que pour beaucoup, «l’appel» ne soit qu’un terme rencontré occasionnellement dans l’Écriture, sans grande signification précise, et donc sans effet sur nos vies. Pourtant, rien n’a une influence aussi puissante sur les conceptions du chrétien, sur sa manière de vivre et sur ses relations, que la réalisation de l’appel de Dieu.
L’appel de Dieu est venu à nous par l’Évangile du salut (2 Tim. 1:9,10), même si nous ne réalisons que faiblement, voire pas du tout, que Dieu nous a appelés. Naturellement notre première préoccupation a été le salut pour échapper au jugement de Dieu, et c’est à juste titre que nous sommes remplis de reconnaissance pour ce grand salut. Mais nous n’avons guère réalisé que Dieu avait en vue quelque chose de beaucoup plus grand devant Lui que le salut de nos âmes, qu’Il avait un propos glorieux pour nous, et que c’est en vue de l’accomplissement de ce propos qu’Il nous appelait. C’est pourtant bien la réalité ; en effet, si le salut de Dieu a en vue notre délivrance du jugement, l’appel de Dieu a en vue l’accomplissement du dessein de Dieu. C’est ainsi qu’il est parlé en Romains 8:28, de «ceux qu’Il a appelés selon Son dessein». Quelle pensée sublime ! Dieu a un projet pour les Siens, un projet établi avant la fondation du monde, et c’est dans le but de l’accomplir qu’Il nous a appelés. Il nous a sauvés parce que nous avions besoin de salut. Il nous a appelés parce qu’Il nous voulait. C’est ainsi le privilège de tout croyant de dire : «Bien que Dieu soit si grand, et que je sois si petit, Dieu me veut ; et me voulant, Il m’a appelé».
Pour comprendre la signification spirituelle de l’appel de Dieu, il est utile de considérer l’histoire d’Abraham.
Genèse 12,1-4
Notre passage dévoile le dessein de salut de Dieu pour toute l’humanité. Le mot qui revient le plus souvent dans cette rencontre à l’initiative de Dieu, c’est le mot “ bénédiction ”. Il ne s’agit pas simplement d’une bénédiction que le Seigneur donnerait à Abraham pour sa mission. Il s’agit de bien plus que cela : c’est Abraham lui-même qui devient source de bénédiction pour toutes les nations : “ en toi seront bénies toutes les familles de la terre. ” Dès le point de départ de l’histoire de Dieu et des hommes, l’objectif est donné : la bénédiction que Dieu donne à Abraham rejaillira sur les peuples du monde entier. Le Dieu d’Abraham est le Dieu de tous. Dieu veut faire d’Abraham le père d’une grande nation. Et jamais Dieu ne reniera cette promesse, malgré les infidélités de la descendance d’Abraham.
Ce texte est une parole qui ouvre un avenir : Il s’agit d’un appel ; un appel à quitter spirituellement le monde déchu dans lequel on vit pour entrer dans le monde nouveau prévu par Dieu, un monde où sa gloire est manifestée, un monde où le mal et la mort ne sont plus. Cet appel, si nous y répondons, nous transforme et change radicalement notre manière de vivre ; il fait également de nous une bénédiction pour les autres. Dieu appelle, Dieu bénit et Dieu accompagne. Hier c’était Abraham, aujourd’hui il appelle chacun d’entre nous.
On imagine fort bien les inquiétudes d’Abraham ; il est parti quand même, confiant dans Celui qui l’appelait. C’est ce chemin que nous devons suivre également, un chemin de confiance et d’obéissance.
Deux aspects de l’appel ressortent très nettement de l’histoire d’Abraham. L’appel de Dieu nous sépare du monde mauvais pour nous conduire vers le pays de la promesse.
Les ch. 10 et 11 de la Genèse décrivent le caractère terrible du monde d’où Abraham a été appelé à sortir. Trois choses marquaient ce monde : l’idolâtrie, la gloire de l’homme et l’emprise de la mort.
Voilà ce qu’était le monde d’où Abraham a été appelé. Un monde d’où Dieu était exclu, où l’homme était exalté, et sur lequel la mort régnait. Or tel est le monde encore aujourd’hui.
Si l’histoire d’Abraham nous instruit sur le caractère du monde de l’homme, elle nous donne aussi des aperçus brillants du monde de Dieu.
Dans l’Écriture, la grande pensée de la gloire, c’est Dieu manifesté. Or non seulement ce nouveau monde de gloire a été mis au grand jour, mais le propos de Dieu d’y avoir les Siens a aussi été révélé, car si le Dieu de gloire est apparu à un homme, c’est pour que l’homme puisse paraître dans la gloire de Dieu.
Ayant vu le caractère de l’appel, nous pouvons nous demander quel est l’effet présent sur le peuple de Dieu.
Ici encore, l’histoire d’Abraham nous fournit une riche instruction. Il est évident que l’appel de Dieu a entièrement changé le cours de sa vie. Il est également clair que ce changement n’a été produit que dans la mesure où il a répondu à l’appel. L’appel de Dieu est devenu un test pour la foi d’Abraham, tout comme d’ailleurs il devient un test pour chaque enfant de Dieu aujourd’hui. Voici le test : l’appel de Dieu dans toute sa grandeur et sa bénédiction, a-t-il une emprise telle sur nos affections qu’il l’emporte sur toute autre considération ?
Abraham a été appelé à quitter littéralement le pays de sa naissance, sa parenté et la maison de son père. Dans le cas du chrétien l’appel ne prend pas ce caractère littéral, mais néanmoins nous sommes appelés à être moralement en dehors du pays, de la parenté et de la maison du père.
En tout cas, le moment vient dans notre vie où nous avons à décider si ce qui est primordial est l’appel puissant de Dieu, ou les revendications insistantes du pays, de la parenté, et de la maison de son père.
Si nous obéissons à l’appel, l’effet sera triple.
Tout d’abord, nous deviendrons étrangers et pèlerins sur la terre. Deuxièmement, après avoir accepté de suivre un chemin où l’on est étranger, on devient témoin de Dieu sur la terre. Troisièmement, ayant répondu à l’appel, ayant pris le chemin en tant qu’étrangers, et s’étant donc franchement déclaré pour Dieu, on acquiert de nouvelles bénédictions pour son âme, et on fait donc des progrès spirituels.
Depuis les jours d’Abraham, c’est en nous appelant à être séparés du monde que Dieu nous bénit, et il n’y a pas de bénédiction sans cette séparation. Dieu se sépare un peuple à lui par des promesses, en l’appelant à tout quitter pour lui. Nous devons obéir en quittant tout et en suivant Dieu. Abraham, confiant dans la promesse, entre au pays de Canaan, mais il vit en étranger au milieu de ce qui lui est promis. Dieu nous appelle à tout quitter, parce que ce monde est sous l’esclavage de Satan et n’a d’autre liberté que celle de pécher et de désobéir à Dieu.
Du moment, que je confesse le Seigneur Jésus, je ne peux être que pèlerin et étranger dans le monde. Dieu nous a aimés, appelés, séparés ; et tout ce qui est pénible dans notre vie est une preuve de plus que nous sommes à Christ. Nous avons part à toutes les promesses, car du moment que Christ est ma portion, mon héritage, j’ai tout ce que Dieu lui a donné. Dieu glorifiera son Fils (c’est ce qui est entrevu dans le récit de la Transfiguration) et sa gloire sera mienne, et moi-même je serai à la gloire de Dieu. Tout ce que le Saint-Esprit révèle, il le révèle comme m’appartenant, car je suis un enfant de Dieu. Le chrétien n’est pas, comme les prophètes, un simple canal de la révélation ; il en est l’objet, car il est cohéritier du Fils. Ce qui est au Christ est aussi mien !
Nous sommes étrangers par l’appel de Dieu et, comme tels, nous n’avons plus le monde et nous n’avons pas encore le ciel, mais nous avons Celui qui nous a appelés.
Il n’y a pour nous qu’une seule obligation vis-à-vis de l’appel de Dieu ; c’est l’obéissance de la foi. Dieu sait mieux pourvoir à notre bonheur que nous-mêmes !
Parce que la grâce de Dieu nous devance, nous surmontons maintenant la résignation et le désespoir, comme la crainte et l’incertitude.
Matthieu 17,1-9
L’évangile d’aujourd’hui est une révélation de ce qui attend les disciples au bout de leur route. Cette révélation part d’un incident (raconté juste avant notre passage : Pierre qui refuse d’entendre ce qui va arriver à Jésus) qui se situe à ce moment crucial dans la vie de Jésus. Il avait annoncé sa mort à ses disciples, et aussitôt après, il en amène trois sur la montagne pour une nuit de prière. Là, sa véritable identité est révélée, comme une anticipation de sa résurrection. Il est transfiguré. Toute son humanité prend son sens dans la volonté du Père sur lui.
Il y a dans cet épisode de la transfiguration, non seulement une révélation sur l’identité de la personne du Christ, mais aussi une révélation sur la nature de notre cheminement humain. Ce qui ne touche que Jésus à ce moment précis, concerne chaque homme. Nous avons trop facilement tendance à réduire notre foi à un idéal moral, à réduire le message évangélique à une règle de vie pour ici-bas, si noble soit-elle. Or, ce à quoi nous sommes appelés, nous rappelle cet évangile, c’est à être transfigurés – à devenir identifiés dans tout notre être avec la volonté de Dieu sur nous, à travers notre fidélité à poursuivre notre chemin dans le désert.
Le carême ne doit pas être une simple parenthèse pénitentielle dans nos vies. C’est un temps où il nous est rappelé que nous sommes un peuple en cheminement dans le désert. Nous avons été appelés et envoyés. Accepter l’insécurité radicale de ce cheminement est le prix à payer si nous voulons atteindre la terre promise de notre transfiguration au Christ. Le Christ marche vers sa Pâque ; il monte à Jérusalem avec ses disciples. La Pâque sera un moment terrible pour les disciples : arrestation, condamnation, flagellation, mort sur la croix. Ils douteront, ils s’enfuiront. La Transfiguration, qui précède ces événements, est comme une lumière qui aidera les disciples de Jésus à traverser les moments dramatiques de l’existence terrestre, en réaffirmant que la mort n’est pas le dernier mot de la vie de Jésus, ni de la nôtre. Au début de notre chemin de Carême, la Transfiguration nous redit le sens de notre foi.
Il a été donné à ces trois disciples de percevoir en anticipation, pendant une fraction de temps, le Christ ressuscité, le grand pardon, la nouvelle créature, le salut. Et cette vision éclaire la route !
L’église ne vit-elle pas aujourd’hui la situation difficile de l’exode et du désert où sa foi est éprouvée ? Elle ne peut surmonter l’épreuve que si elle garde les yeux fixés sur le Christ transfiguré qui la transforme, la renouvelle.
Le Christ transfiguré oriente son église. Il est lui-même le Salut de Dieu offert pour notre réconciliation. Il est la révélation de cette ligne historique voulue et tendue par le Créateur. Il en est le pivot. Cheminer avec lui c’est s’orienter sur cette ligne.
C’est dans ce témoignage que l’Église trouve son orientation pour aujourd’hui et son fondement pour toujours.
Le Christ transfiguré relève, encourage son église. Les disciples défaillants ne retrouvent pas courage en se tapant réciproquement sur les épaules ou en s’animant réciproquement par toutes sortes d’artifices. Ce qui les met debout, avec crainte et tremblement, c’est quand ils commencent à entrevoir le Fils bien-aimé de Dieu qui est allé jusqu’à la croix pour eux, pour nous. Pour les pécheurs, il n’y a pas d’autre encouragement que la paix du Christ signe du pardon.
Cette vision du Christ en gloire, lors de la transfiguration, annonce d’une part, sa résurrection glorieuse au troisième jour, mais aussi son retour en gloire au dernier jour.
C’est en l’écoutant, comme Dieu le Père nous y invite dans la vision, que nous verrons aussi, malgré nos chemins de croix, se réaliser la promesse que Jésus fait aux siens (Matthieu 13,43) : « Les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. »
Dieu nous a sauvés, non pas à cause de nos propres actes, mais à cause de son projet à lui, écrit Paul dans sa lettre à Timothée. Ce projet pour les hommes, Dieu le révèle à Abraham : En toi seront bénies toutes les familles de la terre. Il est révélé en sa plénitude par Jésus Christ : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le !
Amen !
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Chant : Jem 2 n° 521 : « Auprès de Dieu »