Prédication apportée par le pasteur Samuel Kabo.
La tour en construction :
Luc 14:28–35
Après avoir quitté la maison d’un pharisien où il a exposé deux paraboles, l’une relative à la recherche des premières places, l’autre sur le grand souper, Jésus a repris la route pour Jérusalem.
Le texte dont nous venons de faire lecture dit : « De grandes foules faisaient route avec Jésus ». Et parmi ces grandes foules se trouvaient, sans doute des pèlerins qui se rendaient à Jérusalem pour célébrer la fête des Pâques. Car c’en était la période.
Un observateur quelconque de l’époque aurait facilement conclut que la cause de l’évangile avait si bien réussi que des milliers de personnes se pressaient pour suivre Jésus et que n’importe qui pouvait devenir son disciple. Ce sera sans compter sur la vigilance dont Jésus fait preuve le plus souvent quand il se trouve en face de l’homme dans ses actions, surtout ce qui motive ses actes. Ici, Il a discerné chez la plupart de ses compagnons un enthousiasme mais un enthousiasme dont les motivations pour beaucoup étaient charnelles. Leur enthousiasme était provoqué par un intérêt, certes, mais un intérêt matériel. Que vais-je matériellement tirer en suivant Jésus ? C’était pareille question que les disciples posaient à Jésus quand ils semblaient avoir tout quitte pour le suivre ? Jésus, Va-t-il saisir cette occasion pour augmenter de plusieurs centaines le nombre de ses disciples ?
Apparemment non. Car c’est avec une certaine sévérité mêlée de rigueur, que Jésus déclare : « Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut devenir mon disciple » (verset 26).
Ces paroles, au premier abord, paraissent être dures à encaisser, voire en contradiction avec les préceptes et l’Esprit de l’évangile. Celui-ci nous enseigne l’amour de Dieu, l’amour de tous les hommes y compris l’amour pour nos ennemis à plus forte raison pour nos proches.
Comment faut-il donc comprendre cette déclaration du Christ ? Jésus, bien entendu, ne nous enseigne pas à haïr littéralement les membres de notre proche famille, c’est une formulation sémitique qui consiste à exprimer une façon de placer les priorités. C’est dire que l’engagement à suivre Jésus relativise l’importance des autres engagements sans en annuler leur importance respective (cf paraboles des perles). L’évangile, dans son essence, est un message d’amour n’est-ce pas et non de haine.
Mais, par cette parabole, Jésus veut souligner, la rigueur des engagements contenus dans son invitation et nous montrer, en même temps, que, pour le suivre, nous devrions être prêts, s’il le faut, à passer outre la volonté des membres de notre proche famille. Voici ce que cela signifie. Prioriser les intérêts du Royaume de Dieu.
Il ajoute, au verset suivant : « Et quiconque ne porte pas sa croix et ne me suit pas, ne peut être mon disciple » (verset 27). C’est dire, Pour suivre Jésus, il faut être prêt à affronter des épreuves même au péril de sa propre vie pour l’amour de Jésus.
Ce sont là des perspectives pour le moins décourageantes, mais, en les prévenant ainsi, le maître opère au sein de ses disciples une véritable sélection
Il ne reste que ceux dont l’âme est bien trempée, qui savent ce qui les attend, mais qui s’engagent quand même, sûrs de la victoire finale, car le Christ a promis de combattre à leurs côtés.
Il est bien évident que le chrétien d’aujourd’hui ne risque plus de subir ce genre d’outrages. Je parle dans un sens général; car il existe encore des pays, où nous avons des frères qui sont jetés en prison à cause de leur foi. Cependant, les circonstances ne manquent pas qui mettent notre foi à l’épreuve.
Que les hommes évaluent les coûts d’une telle renonciation avant de s’engager dans une course qu’ils ne peuvent soutenir.
Si un disciple abandonne au milieu de la course parce que trop pénible pour lui, à un moment donné, il est semblable à du sel ayant définitivement perdu sa saveur et qui est bon à être foulé au pied (au-delà de la comparaison, elle sonne jugement).
Partageons quelques versets se rapportant aux personnes qui se montrent lâches ou négligentes dans leur travail de salut:
1-« Celui qui néglige son travail et celui qui le détruit se ressemblent comme des frères (de la même famille). Celui qui se relâche dans son travail Est frère de celui qui détruit. » Prov18v9
2-« Quiconque met la main à la charrue, et regarde en arrière, n’est pas propre au royaume de Dieu. » Luc 9v62
Ici voyez-vous ! Jésus ne semblait pas avoir cherché à persuader les gens à devenir ses disciples. Au contraire, il semblait presque faire exprès de les décourager.
C’est dans cet état d’esprit que Jésus a raconté la parabole de la tour en construction. Que veut-il dire alors ? Qu’il est nécessaire de réfléchir avant de devenir son disciple (élève, apprenant).Qu’on ne peut pas devenir chrétien sur un coup de tête, sur le coup d’une émotion subite.
Le christianisme ne prône pas chez le croyant ‘un cœur enflammé et un cerveau brûlé’, mais nous conduit à une foi éclairée qui purifie nos émotions et sanctifie notre raison.
Ainsi la foi ne peut reposer qu’uniquement sur nos émotions car les émotions sont passagères, fluctuantes ; à un moment, nous pouvons être exaltés et survoltés ; à un autre, abattus et déprimés.
Il faut plus que les émotions pour suivre Jésus : il faut un engagement de tout notre être : physique, intellectuel, émotionnel. Il faut un engagement de toute une vie : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée ; et ton prochain comme toi-même ». De surcroît le christianisme ne s’adresse pas qu’à une partie de nous-mêmes, laissant complètement de côté les autres parties de notre être : il s’adresse à notre être tout entier, esprit, âme et corps. Ce qui requiert de notre part : des réflexions de bon sens (…), un engagement sans réserve, des plans détaillés, du temps à racheter …bref de l’énergie comme la construction de la tour.
Dans cette parabole, un homme a voulu construire une tour. Peut-être pour orner ou défendre un château, un palais ou une ville. Il a vu grand, ce qui est très bien. Mais il a oublié le plus important : de calculer la dépense ; et, alors que la tour est encore loin d’être achevée, il est obligé d’abandonner sa construction, faute des finances nécessaires. (Attention aux vies qui sont de bouts de chantiers inachevés)
L’énergie et les dépenses qu’il y a consacrées n’ont servi à rien. Il ne peut jouir de l’abri de la tour, mais il a gaspillé beaucoup d’argent et d’énergies. La tour inachevée va devenir un monument inerte lié à son imprévoyance. On montrera cette tour en disant : « Cet homme a commencé à bâtir et n’a pas été capable d’achever » (verset 30). « Mieux vaut la fin d’une chose que son commencement; » Eccl.7.
Jésus nous montre ainsi que la vie dite chrétienne n’a de valeur que si elle est « achevée », c’est-à-dire que si elle est complète, authentique. Notre vie est identifiée à celle de Christ. (gal.2 :20). Une vie chrétienne partielle, est sans valeur ; pire, il est ridicule, et d’un tel christianisme personne n’en veut et les gens s’en moquent. C’est dire que si Jésus n’est pas Seigneur de toute notre existence, Il n’est pas Seigneur du tout. Le christianisme ne peut pas être tronçonné et que chacun prenant seulement la tranche qui lui convient. Soit on prend tout, ou on ne prend rien. Le message de Jésus est un message puissant.. Il détermine la qualité de notre relation avec Lui qui relève de la profondeur de notre communion avec Lui. Car c’est de cette communion que viennent notre régénération, notre transformation, embellissant la vie de ceux qui l’acceptent. Mais la Parole de Dieu perd toute valeur et toute puissance si on n’en accepte qu’une partie. Elle conduit de ce fait à une existence déséquilibrée de la foi.
Mieux encore, ne pas accepter seulement de sa parole ce qui nous convient. Acceptons plutôt d’être bousculés, d’être dérangés. Si on est dérangé par la parole, c’est qu’en nous vit l’héritage de la vieille nature, l’ancien « moi » qui doit être mis à mort afin de nous rendre libre pour Dieu en Christ (Rom6v11)
En nous montrant qu’il faut réfléchir avant de s’engager dans la vie chrétienne, Jésus nous montre aussi qu’on ne peut pas devenir son disciple sans savoir à quoi on s’engage ; Suivre Jésus, c’est donc s’engager à fond dans un combat pour la vie; c’est choisir le chemin le plus rude; c’est aller à la rencontre de la croix; c’est la porter tous les jours dans les pas de Jésus.
Suivre Jésus implique une décision reposant sur des connaissances de sa personne divine: On ne peut pas devenir chrétien sans connaître les vérités du Christ, le maître.
Etre chrétien, c’est connaître Jésus le Christ. Et non pas seulement le connaître intellectuellement (seulement), comme on connaîtrait une vérité scientifique, mais le connaître personnellement, comme on connaît un ami, en apprenant à le connaître toujours mieux, en découvrant sa personnalité, en l’appréciant toujours mieux, en l’aimant toujours mieux.
Toutes ces paroles nous apprennent aussi qu’on ne naît pas chrétien. On le devient que par une libre décision personnelle.
Notre famille peut nous apprendre à découvrir Jésus ; elle peut nous éduquer, nous donner envie de suivre Jésus, nous encourager à le faire, prier pour nous ; mais elle ne peut pas prendre la décision à notre place. Il n’y a pas de salut par procuration. Chacun de nous doit prendre sa propre décision face à Jésus.
En effet, contrairement à ce qu’on croit souvent, la religion n’est pas uniquement une affaire de famille ou de culture. C’est une affaire personnelle. Elle exige un engagement personnel. N’importe qui, quelles que soient ses origines familiales, peut prendre position face à Jésus. N’importe qui, ayant « calculé la dépense », peut entreprendre la construction d’une tour de foi pour la vie éternelle.
Le Seigneur ne parle pas de construire une maison ordinaire, mais une tour. Une tour se dresse bien haut et se voit de loin. En vérité, suivre le Seigneur Jésus c’est comme élever une tour puissante, ou comme triompher d’un ennemi bien plus fort que soi (v. 31) avec, au départ, s’armer de l’idée que notre engagement ne sera pas sans épreuves majeures.
Je termine sur ces paroles de Paul : « Faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la science, à la science la tempérance, à la tempérance la patience, à la patience la piété, à la piété l’amour fraternel, à l’amour fraternel la charité. Car si ces choses sont en vous, et y sont avec abondance, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ ».
Puissions-nous, chers amis, être des bâtisseurs qui font du beau et du solide !
Chantons, ensuite prions.
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La conversion
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Se repentir de négligence
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Renouvellement de notre engagement
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Consécration pour la cause du christ.