Prédication du 07 Mai 2023.

Message apporté par notre pasteur Clémence Bury.

07 mai 23 – 1 Pi. 2, 4-10

 1 Pierre 2 : 4-10

*Prière

*Lecture

Actuellement, on accuse souvent la tradition chrétienne d’avoir engendré le mépris du corps, la haine de soi-même et finalement le refus du bonheur. Face à cela, le passage que nous venons d’entendre culmine au contraire dans l’expression qui précède : « vous avez goûté combien le Seigneur est bon ». Pour donner à cette affirmation un contenu, la lettre de Pierre explique à ces chrétiens ce qu’ils sont devenus par l’appel que Dieu leur a adressé, ce que cela signifie dans un environnement hostile et comment ils doivent s’y prendre pour grandir dans cette réalité issue de leur baptême.

Pour nous ce matin, c’est une occasion supplémentaire de progresser dans la compréhension de notre identité en Christ, notre marche chrétienne et la connaissance de la grâce de Dieu.

Ce que vous êtes devenus.

« Autrefois vous n’étiez pas le peuple de Dieu, vous ne connaissiez pas la miséricorde de Dieu, maintenant vous l’avez découverte ». Le mot utilisé pour désigner « peuple » est celui que l’Ancien Testament applique à Israël, le peuple élu. Cela résume l’aventure vécue par ces chrétiens qui ont été appelés par les apôtres. Leurs origines étaient très diverses, ils venaient de différentes religions païennes, de peuples variés, de classes sociales opposées. Normalement, ces gens ne se connaissaient ni ne se fréquentaient, ils avaient des horizons et des intérêts divergents. Mais l’appel de Dieu et son évangile les ont saisis. Ils ont écouté les apôtres, pris leur parole au sérieux et demandé le baptême. Des personnes diverses, sans lien entre elles, ont découvert dans la communauté chrétienne une fraternité qu’ils n’avaient pas soupçonnée.

Ce mouvement de la foi, du baptême et de l’acceptation dans une communauté a donné à leur vie un sens et un contenu : la peur de l’avenir et des dieux a été remplacée par la confiance en un Dieu qui se révèle comme miséricordieux et bon. Ils ont découvert un Dieu qui n’est ni sadique ni vindicatif, un Dieu qui, par l’Esprit Saint, construit les humains qui se confient en lui.

Cette nouvelle réalité est résumée ici dans l’expression « nation sainte ». Une nation, c’est un ensemble structuré d’hommes, de femmes, d’enfants et d’anciens unis par une histoire, un langage, des valeurs, une vision et un projet communs. La nation chrétienne est devenue une telle réalité, appelée « sainte » non pas parce qu’elle est meilleure ou supérieure aux autres, mais parce qu’elle est fondée sur l’alliance de Dieu et parce que l’Esprit de Dieu, l’Esprit Saint, un esprit d’amour et de respect, l’anime.

Voilà ce que nous sommes devenus aussi, nous autres, par la foi et le baptême, nous dit la lettre de Pierre : une communauté liée à Dieu et animée par son esprit de fraternité.

Un signe dans ce monde

Cette réalité sociale qu’est la communauté chrétienne a un fondement : Jésus-Christ. La solidité de l’Eglise ne provient pas de Pierre et de ses successeurs, mais du Christ, pierre angulaire que les maçons ont rejetée mais que Dieu a choisie, malgré le refus des hommes.

Cette affirmation est importante, car elle rappelle que la foi chrétienne est toujours fondée sur l’évangile de la mort et de la résurrection de Jésus, Jésus étant le seul médiateur, le seul chemin entre Dieu et les hommes.

L’image de la pierre devient aussi le signe du jugement de Dieu sur un monde qui rejette l’évangile : ceux qui croient en Christ découvrent que l’Evangile de Jésus-Christ est quelque chose de précieux alors que ceux qui refusent trébuchent sur lui et tombent.

Je reviendrai sur l’image de la pierre (et des pierres) dans un instant.

Grandissez

C’est aussi notre vocation, d’être les porteurs de cette action de Dieu qui nous a fait sortir de l’obscurité de la peur et des questionnements sans fin pour découvrir la merveilleuse lumière qui, depuis le matin de Pâques, peut illuminer notre vie.

Le signe de ce renouveau est le baptême. Nous devenons frères et sœurs en Christ.

Cette lettre affirme que nous formons ensemble, comme des pierres taillées par le Seigneur, une maison spirituelle, où peut habiter l’Esprit-Saint, où peuvent vivre les valeurs de la vie et de l’amour, où peut se révéler la sainteté de Dieu lorsque nous le célébrons. Notre culte a aussi ce but : célébrer l’immense sainteté de Dieu dans un monde souvent si étriqué. C’est là que nous sommes ce « peuple de prêtres » dont parle la lettre de Pierre.

L’image de la pierre

Revenons maintenant sur les pierres ! L’apôtre dans ce passage utilise des images pour mieux se faire comprendre. Il tourne d’abord autour de l’image de la pierre qu’il prend successivement comme image symbolique du Christ puis des chrétiens. Un mot est ajouté les deux fois : l’adjectif « Vivante ».

Il y a bien plus : Le Christ est la pierre prophétisée, mais la promesse ne s’est vraiment accomplie qu’à la résurrection : c’est alors que la pierre rejetée est devenue pierre angulaire.

Le Christ est ressuscité, il est vivant. C’est à sa communion que les chrétiens sont invités. Ils seront alors unis à lui ; comme lui ils deviendront des pierres vivantes, c’est-à-dire des femmes et des hommes qui en ce monde sont les témoins d’une vie nouvelle, celle de la régénération dont j’ai parlé avec le chapitre précédent. Une vie qui porte en elle les marques de la vie éternelle. Une vie qui, aux yeux de Dieu, est infiniment précieuse et correspond à sa volonté (il l’a choisie).

L’image se développe : si nous sommes des pierres, nous tous les chrétiens, cela peut former une construction, un édifice. Encore faut-il le vouloir (au v. 5, le verbe peut être lu au présent de l’indicatif ou de l’impératif, ce qui cadre mieux avec le développement) : édifiez-vous !

L’image est admirable : nous ne sommes pas un tas de pierres, une foule d’individus ; nous sommes appelés à former un édifice. Et pas n’importe quel bâtiment, à l’usage indifférent : un temple. Le temple de Dieu.

On rapprochera la parole de Jn 2,21 : il parlait du temple qu’est son corps.

Le temple, depuis que Salomon eut l’autorisation de l’édifier pour abriter la Tente de la Rencontre, est le lieu de la terre qui est mis à part pour que les hommes se souviennent que Dieu veut habiter parmi eux.

C’est pourquoi Jésus est le parfait accomplissement de ce qu’il fallait comprendre comme une prophétie : le temple de Jérusalem annonçait la présence toujours agissante du Dieu d’amour parmi nous (Jn 1,14 : le Logos a habité parmi nous).

La grâce

Jésus est, comme le dit Pierre, la pierre angulaire choisie par Dieu sur laquelle tout repose.

L’homme n’a pas voulu de cette pierre précieuse, choisie de Dieu, et l’a rejetée ; oui, ce que Dieu avait élu et estimé, nous l’avons rejeté ! Si vous croyez encore qu’il y a, par nature, un bon désir dans votre cœur, vous n’avez pas compris la grâce.

Et Satan fait tout pour régulièrement nous susurrer à l’oreille « tu n’es pas si mauvais que ça ! », car sans conviction de péché, pas besoin de grâce ni de Sauveur !

Parfois au contraire, il nous accable tant de notre misère et de notre péché que nous nous éloignons de Dieu, pensant être indignes de son amour. Dans les deux cas, le but de Satan est de nous détourner de Dieu.

La vérité c’est que nous sommes complètement pécheurs et perdus et que nous sommes indignes de l’amour de Dieu. Mais la grâce, mes amis, vient justement nous apprendre que nous n’avons pas besoin d’être dignes, car Jésus l’est pour nous ! La grâce, c’est que Dieu m’aime alors même que je ne suis pas aimable et que je n’ai encore rien fait pour lui plaire. La grâce, c’est que Dieu m’aime tellement qu’Il envoie son Fils unique qui est saint et parfait mourir à ma place et payer la dette de mon péché. La grâce, c’est que ce don est totalement gratuit, je n’ai qu’à accepter d’en être bénéficiaire ! Mes amis, nous n’avons pas fini d’être émerveillés de la grâce et de l’amour de Dieu !

Voilà comment on distingue ceux qui croient : c’est pour eux que Christ est précieux.

Vous êtes absolument méchants dans le fond, c’est le sens du « tous sont coupables » ; vous avez rejeté la pierre vivante, mais, par grâce, vous êtes la race élue, la sacrificature royale, pour annoncer les vertus de Celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière.

Ce que Dieu a manifesté comme étant la vérité, doit maintenant se manifester dans nos cœurs par la puissance du Saint-Esprit. Nous devons avoir la connaissance claire et distincte que Dieu fait grâce à l’homme, lorsque toute sa méchanceté a été manifestée. Il nous faut compter sur les difficultés du chemin, sur tout le mal qui est en nous, mais compter aussi sur la grâce qui s’applique à ce mal. On pourrait dire : Dieu nous a délivrés et si nous observons les commandements, nous serons la nation sainte. C’est une méprise, car ce serait commencer par la grâce et finir par la loi. Ayant compris qu’il n’existe pas de bien en nous, nous devons aussi comprendre que la grâce de Dieu a agi selon la connaissance exacte qu’elle avait de ce mal. Si je devenais la nation sainte par mon obéissance, toute la gloire en serait à moi. La chose n’arrive jamais, car cela exalterait l’homme et non pas Dieu.

Mais si, après avoir péché et rejeté la pierre vivante, je reçois comme une grâce d’être la nation sainte, j’annonce la grâce de Dieu, et il est glorifié.

Dieu a fait l’expérience de votre cœur ; il vous connaît ; il sait que vous ne valez rien. Il faut que, là-dessus, vous soyez d’accord avec Dieu. Il a fait l’expérience de votre cœur : il a donné la loi, vous l’avez violée ; il a donné les prophètes, vous les avez tués ; son Fils, vous l’avez rejeté et mis à mort. C’est nous tous que cela concerne !

Si vous faites l’expérience de vos propres cœurs, n’en soyez pas étonnés, mais soyez-en humiliés et comprenez que la grâce de Dieu s’applique à cela même. C’est justement là que la grâce se révèle dans toute son étendue et sa magnificence ! Si vous faites cette expérience avec la chair et avec Satan, vous serez profondément troublés ; si vous la faites avec l’Esprit de Dieu, vous serez conduits humiliés à Jésus.

C’est là que nous mesurons aussi ce que signifie mourir avec Christ et ressusciter avec Christ. Quand on fait l’expérience réelle de nos cœurs et qu’on comprend alors ce qu’est la grâce, on ne peut que désirer mourir avec Christ pour renaître à la vie nouvelle avec Lui ; parce qu’enfin on a ouvert les yeux sur notre misère, sur nos ténèbres, et qu’on aspire à vivre vraiment, de la vie du Seigneur !

Notre premier privilège est de nous approcher de Dieu, et notre responsabilité est d’être fidèle à nous en approcher. Notre second privilège, c’est d’être une sacrificature royale, de manifester la gloire de Christ, et notre responsabilité est d’annoncer les vertus de Celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière. Nous sommes placés dans le monde pour cela.

Une vocation

Maintenant que le Christ a quitté cette terre, c’est à nous les chrétiens d’assumer cette vocation extraordinaire : être dans le monde des signes vivants de la présence du Dieu qui donne la vie. De l’être ensemble, dans un ensemble bien coordonné, bien édifié. Où les pierres s’ajustent selon un agencement qui fait de la construction l’édifice que Dieu veut. C’est sa maison, son temple. C’est un temple spirituel.

En s’approchant de Christ, on devient une pierre vivante, expression pour le moins paradoxale ! L’église est un édifice de pierres vivantes. Car c’est ensemble que nous formons cet édifice, cette maison spirituelle dont parle Pierre dans sa lettre. C’est notre vocation à tous ensemble d’annoncer Christ, d’être témoins de sa vie .

Une pierre c’est stable, solide. Une pierre ça n’est pas ballotté à gauche à droite.

En Christ, nous sommes devenus le peuple de Dieu, nous avons obtenu miséricorde.

En Christ, nous avons la paix.

Dans le 1er chapitre de son épître, Pierre nous rappelle que Dieu nous a communiqué une vie nouvelle par la résurrection de son Fils, c’est ce qu’on appelle la régénération, comme on l’a vu il y a 3 semaines.

Dieu veut nourrir nos âmes de sa Parole, nous instruire par son moyen afin que nous marchions dans un sentier d’obéissance et de fidélité. Il veut aussi que, dans ce chemin, nous le servions, que nous servions le Seigneur dans l’assemblée. Une confession d’incapacité dissimule bien souvent une paresse inavouée. On dira volontiers : je n’ai aucun don, toute activité de ma part serait donc déplacée. Ce que plusieurs appelleraient de l’humilité ! En fait, c’est oublier l’exhortation des chapitres de la 1° Épître aux Corinthiens qui nous parlent des dons et de leur exercice dans l’assemblée. Il est remarquable que nous trouvions là, à quatre reprises, l’expression « désirez avec ardeur » (1 Cor. 12:31 ; 14:1, 12 et 39). Il s’agit non d’un désir éprouvé avec plus ou moins de conviction mais d’un désir profondément senti, d’un désir « brûlant ».

« Or désirez avec ardeur les dons de grâce plus grands… » (12:31), ceux qui sont exercés pour l’édification de l’assemblée, parce qu’ils le sont par amour et non pour la recherche de quelque gloire personnelle. C’est ce à quoi Pierre nous appelle aussi avec cette exhortation « édifiez-vous » ! Chacun doit être à sa place selon les dons que le Seigneur lui a confiés, mais à sa place ne veut pas dire être passif et assis ! Au contraire, il s’agit là de servir, servir Dieu et servir l’assemblée. Le chrétien n’est pas celui qui entre au culte, s’assoit et reçoit seulement. Il est aussi serviteur, actif, selon les dons et l’appel reçus de Dieu. Et tout ceci doit se faire de manière ordonnée, reflétant le Dieu d’ordre que nous adorons.

(Dans cet ordre d’idées nous vivrons en septembre un week-end d’église sur les dons, afin de réfléchir personnellement et communautairement aux dons que le Seigneur nous a confiés, et à la responsabilité qui y est attachée de les faire fructifier dans l’assemblée, pour Sa gloire !)

Si vous êtes les témoins consacrés des merveilles de Dieu pour vous comme pour tous les hommes, alors vous assurez dans notre monde que Dieu est prêt à rencontrer chacun, à se révéler, à être pour eux comme il l’est pour vous le Dieu qui veut donner la vie. Quelle vocation glorieuse ! Mais aussi quelle crainte de n’être pas ce qu’il faudrait !

Seigneur, je veux croire. Viens en aide à mon incrédulité. Que nos yeux restent fixés sur Jésus qui est le seul chemin, la vérité et la vie. Que notre désir soit d’être auprès de Dieu, dans la connaissance de sa grâce et la manifestation de sa gloire !

Amen.

« C’est auprès de Dieu » JEM 521