Prédication du 08 Décembre 2024.

Prédication apportée par la pasteur Clémence Bury.

08 déc. 24 – 1 Pi. 4, 7-11

1 Pierre 4 : 7-11

Une vie chrétienne qui glorifie Dieu

*Prière

Le culte est un rassemblement, une convocation de la part du Seigneur, à laquelle on répond. D’ailleurs, le mot Église signifie « assemblée ».

Mais pour quelle raison Dieu nous convoque-t-il ? Pour quelle raison nous rassemble-t-il ? Quel est cet appel auquel nous répondons et qu’est-ce que nous en attendons ? Nous avons l’habitude de dire que nous avons été appelés au salut. L’église est le lieu où se rassemblent les « sauvés », n’est-ce pas ? Et si les sauvés se rassemblent, c’est pour adorer Dieu ensemble, pour recevoir de Lui les grâces qu’Il met à notre disposition comme Sa Parole, la Sainte Cène, etc. Mais est-ce tout ? Si c’était tout, qu’aurions-nous encore besoin de recevoir, finalement ? Or nous avons besoin de recevoir car nous n’avons jamais fini de connaître Dieu, nous avons besoin de grandir dans notre amour pour Lui, nous avons besoin d’apprendre à Le servir, nous avons besoin d’apprendre comment conduire notre vie de façon à lui plaire.

Le salut n’est pas le but final, il est le point de départ de notre marche avec Dieu. Alors quel est l’objectif, me direz-vous ? L’objectif est la gloire de Dieu, et cela passe par notre croissance en maturité spirituelle, notre ressemblance à Christ.

Nous sommes appelés au salut mais aussi à la sainteté. Appelés à la sainteté mais aussi au témoignage et au service. Appelés à recevoir le Royaume comme un petit enfant, mais aussi à grandir à la mesure de la stature parfait du Christ.

Pour cela, Dieu nous fait don de Sa grâce, et de tous les bienfaits qui en découlent. La question est : Comment pouvons-nous ou devons-nous gérer les biens que Dieu nous confie ? La réponse à cette question comporte deux dimensions : personnelle et communautaire. Le texte que nous allons lire maintenant nous conduira à explorer cette question.

*Lecture

Nous sommes dans le temps de l’Avent, temps de préparation à la venue, à l’avènement du Seigneur. Préparation des cœurs et donc aussi ménage, piété, rééquilibre, établissement des priorités, accord avec la volonté du Seigneur. Pour cela, le verset 7 nous rappelle le temps dans lequel nous sommes, et comment cette prise de conscience nous permet de rediriger notre vie et de nous rapprocher de Dieu. Une fois ces vérités intégrées pour nous-mêmes, nous serons capables de vivre l’Église selon le projet de Dieu : un lieu où l’on apprend à aimer, à exercer l’hospitalité et à servir selon les dons reçus par la grâce de Dieu, afin de faire rayonner Sa gloire !

I. Imminence, vigilance, dépendance

1. Le temps est proche

En avons-nous conscience ? Qu’est-ce que cela change (ou devrait changer) dans notre piété, notre foi, nos souffrances, notre attention au culte, notre prière, notre vision du monde, notre témoignage, etc.

Tout le NT parle d’urgence, d’imminence, d’être prêt, de veiller, de proximité…

Le mot « fin » ici (telos en grec) signifie le but, l’objectif, l’achèvement.

Or le but, l’objectif, conditionne notre vie, notre marche, notre attitude. Si l’on sait où l’on va, cela change notre manière de marcher, notre assurance, nos bagages. A l’inverse, quand on perd cela de vue, on erre, on tourne en rond, on se désespère.

Or trop souvent, les chrétiens considèrent le salut comme le but, et du coup ils pensent être arrivés, ne plus rien avoir à faire. Alors au lieu de marcher, ils s’assoient. Au lieu de suivre le Christ, ce qui est le sens du mot « disciple », ils s’endorment et ne s’aperçoivent pas du risque énorme qu’ils encourent alors sur le plan spirituel. Dans le chapitre suivant, Pierre rappelle que « notre ennemi, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer » (1 Pi. 5 : 8). Or si vous regardez les documentaires animaliers, vous vous apercevez vite que celui qui est dévoré par le prédateur, c’est celui qui s’arrête, qui court moins vite que les autres, qui est moins vigilant… soit parce qu’il est âgé, malade ou au contraire très jeune et insouciant. Ça c’est pour les animaux, mais l’image est parlante ! Avons-nous encore envie de rester assis à attendre tranquillement d’être dévoré ?! Le but de la vie chrétienne, je l’ai dit, c’est de glorifier Dieu qui nous a sauvés. Et cela passe par notre sanctification, c’est-à-dire par notre progression, avec l’aide du Saint-Esprit ; notre croissance à la ressemblance parfaite de Christ. Voilà le chemin dans lequel Dieu nous fait entrer, en nous appelant au salut. Et Il va parfaire ce but en nous par divers moyens, comme nous faire vivre en église, mais aussi diverses épreuves qui vont jalonner notre chemin. Ça, c’est tout sauf statique ! Mais ce n’est pas non plus une course. En tous cas c’est une course qui n’a absolument rien à voir avec la course que propose le monde, elle ne repose pas sur les mêmes valeurs et elle n’a pas les mêmes objectifs !

Par exemple, elle ne repose pas sur le « faire » mais sur l’« être » ! Elle ne dépend pas de nos capacités, forces ou mérites, mais de notre dépendance à Celui qui est souverain et Tout-Puissant. Elle nous encourage à passer du temps en Sa présence, plutôt qu’à nous agiter de tous côtés.

Si je considère que Jésus est « à la porte », est-ce que j’organise mon temps, mes journées, mes pensées, … différemment. Ne devrais-je pas « capitaliser » sur « ce qui rapporte » et donc passer beaucoup plus de temps dans le ralentissement conscient et la contemplation pour être avec mon Dieu, plutôt que de courir après le temps avec l’ensemble du monde qui court à sa perte ?

2. Il faut donc vivre différemment

Le texte nous appelle à la sagesse et à la sobriété. Nous devons laisser des choses, les abandonner. Nous devons faire des sacrifices. Pas parce que Dieu serait sadique et se réjouirait de nous attrister, mais au contraire parce que ces choses-là nous entravent, sans même que nous nous en rendions compte, elles nous minent, elles nous retiennent captifs. Alors nous devons les lâcher car c’est à la liberté que Dieu nous a appelés ! Cela a marqué tous les chemins de foi sans exception, et les paroles de Jésus vont dans ce sens (renoncer à soi-même, porter sa croix et Le suivre). C’est le fameux cursus de « quitter, s’attacher, devenir », qui doit être un leitmotiv dans notre marche chrétienne, dans la poursuite d’une plus grande maturité à la ressemblance de Christ. C’est aussi la prédication de Jean-Baptiste dans la préparation du ministère de Jésus ; un appel à la repentance, et donc aussi au dépouillement, à l’humiliation. Aujourd’hui, on voudrait ne pas souffrir, on n’apprend plus à se remettre en question, plus à reconnaître ses torts, plus à demander pardon… De ce fait on ne peut rien recevoir… et d’ailleurs, tout est fait pour qu’on soit rempli en continu, que l’on n’expérimente aucun manque, aucun vide, aucun questionnement. Plus de frustration, plus de désir, plus de faim ni de soif… Dans ces conditions, comment s’étonner que pour beaucoup, l’Évangile soit devenu inutile ? Or on ne peut recevoir de Dieu que s’il reste de la place vide en nous, et quand on voit toutes les grâces que Dieu tient en réserve pour ceux qui l’aiment, quel tristesse de constater que beaucoup n’ont ni la place, ni le désir… Où est notre faim et notre soif de Dieu ? Où est notre désir de contempler Sa face ? Le manque est bénéfique, parce qu’il nous conduit à nous tourner vers Dieu et à nous attendre à Lui ! Pierre nous exhorte ici à la sobriété comme marque de sagesse, mais aussi comme préambule nécessaire à la prière !

3. La prière

Le lien de cause à effet est évident ! Si l’on regarde au but, Jésus qui vient, on vit différemment, on accepte et on crée même du vide, le manque, pour être davantage rempli de Lui. Alors, conscient de notre faiblesse, on redécouvre avec joie la dépendance de Dieu, le fait de devoir compter sur Lui et non sur nos propres forces, le fait de s’attendre à Lui, dans le silence et la prière. Il nous faut cesser volontairement de faire certaines choses pour dégager plus de temps pour prier ; pour parler à Dieu, certes, mais surtout et d’abord pour l’écouter, pour nous tenir en sa présence, dans le calme et la confiance. Apprendre à dépendre du Seigneur, c’est la marche chrétienne. C’est le contraire de la chute et du péché par lesquels Satan prône l’autonomie. Même Jésus dépendait de Son Père, alors qu’Il est Dieu ! Dépendre du Seigneur, c’est avoir compris qu’Il est notre Tout, que nous ne pouvons rien sans Lui, que c’est de Lui, par Lui et pour Lui que sont toutes choses.

C’est aussi être entré sur ce chemin de progression, de maturité, qui devrait caractériser tout enfant de Dieu, car le salut – nous l’avons vu – est le point de départ seulement… l’objectif est la gloire de Dieu à travers notre sanctification. Et rappelons-nous, comme l’enseigne Jésus dans Jean 15, que sans Lui, nous ne pouvons rien faire ! Cette parole de Jésus touche là un point central de notre religiosité… Il nous faut cesser de « faire pour Dieu » afin de laisser Dieu faire son œuvre en nous. Et pour cela, il faut, redisons-le, dépendre de Lui, nous attendre à Lui, nous tenir à ses pieds, en sa présence, et écouter sa voix. Alors notre prière sera davantage accordée à ce que Dieu veut, et plus à ce que nous, nous voulons. Alors notre volonté sera plus proche de la volonté de Dieu, à l’image de Jésus dont la volonté était de faire la volonté de Son Père.

Ce travail, cette prise de conscience, ce rééquilibrage, il est de notre responsabilité de l’accomplir pour nous-mêmes, individuellement. Et pourquoi ? Pour pouvoir donner aux autres ce que Dieu a placé en nous, pour être capable, en apportant notre pierre à l’édifice qu’est l’Église, de contribuer à l’édification du corps. C’est la dimension communautaire.

II. Vivre l’Église… pour la seule gloire de Dieu !

1. Aimer

L’Église est le lieu où Dieu nous appelle à vivre et à grandir. C’est le moyen par lequel Il a choisi de nous faire progresser, de nous sanctifier afin de nous rendre semblables à Son Fils.

Ainsi sommes-nous appelés à aimer. Non pas à aimer de nos propres forces, mais avant tout à saisir l’amour dont Dieu nous aime ; afin de pouvoir aimer à notre tour, pas seulement par imitation mais plutôt par débordement ! Quand on aime de l’amour de Dieu, on n’a peu de chances de mal faire, peu de chances de se tromper. C’est en ce sens que l’amour (agape en grec) couvre une multitude de péchés. Il suffit, pour s’en convaincre, de relire le chapitre 13 de la 1ère épître aux Corinthiens : « l’amour ne médite pas le mal, il ne fait rien de malhonnête, il ne se réjouit pas de l’injustice, etc. ».

Ce n’est qu’en étant attaché à Christ que nous pouvons aimer à sa façon, sans arrière-pensée, mais avec l’objectif recherché de plaire à Dieu et de faire Sa volonté. C’est cet amour-là qui, dit Jésus, est un témoignage puissant de la venue du Royaume de Dieu. Cet amour est un amour fraternel, c’est-à-dire qu’il concerne les frères et sœurs en Jésus, les membres de la famille de Dieu. C’est la raison pour laquelle il se vit dans un cadre communautaire, celui de l’Église. Pour autant, nous l’avons dit, il n’est pas sans effet pour les gens de l’extérieur – bien au contraire – puisqu’il manifeste l’Évangile : « à ceci, tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13 : 35).

2. Exercer l’hospitalité

Une façon pratique d’aimer est d’exercer l’hospitalité, nous dit Pierre. Je voudrais faire ici une parenthèse par rapport au temps qui est le nôtre, le temps de l’Avent, et rappeler que : Noël, c’est Dieu qui vient, en Jésus, vivre au milieu de nous, Emmanuel. Or dès avant sa naissance, la question de l’hospitalité se pose : « les siens ne l’ont pas reçu », « pas de place dans l’hôtellerie », bref, une sensation de non-bienvenue… ! Dans nos vies aussi la question ne cesse de se poser : comment accueillons-nous le Christ dans nos cœurs – pas seulement une fois, la première fois, mais à chaque instant –, dans nos réflexions, dans nos choix de vie ? Quelle place lui réservons-nous ? Sommes-nous accueillants, sommes-nous de bons hôtes ? Or cette hospitalité est un aller-retour constant puisque Jésus dit « demeurez en moi et je demeurerai en vous ». Cherchons-nous à vivre en Christ, comme le dit si bien le mot d’ordre de notre union d’églises ? Pas seulement le dimanche mais dans chaque recoin du quotidien de notre vie…

De la même manière que pour l’amour dont il était question juste avant, l’hospitalité est également à exercer en faveur des frères et sœurs au sein du peuple de Dieu, dans l’Église universelle. L’hospitalité fait partie des dons qui montrent notre générosité. Cela permet de témoigner de l’accueil que nous avons reçu en Christ et donc aussi d’agir de même envers les membres de la famille de Dieu. Ainsi, c’est tout à la fois une action de grâce et un acte qui témoigne de notre confiance dans le Seigneur de qui proviennent tous les biens. Puisque Dieu, en Jésus-Christ, a usé de toute libéralité envers nous, ainsi nous sommes appelés aussi à exercer l’hospitalité en retour, dans l’obéissance et la confiance. Par ce moyen aussi, Dieu nous fait progresser, Il nous apprend à nous décentrer de nous-mêmes pour Lui ressembler, Il développe en nous un amour constant et une hospitalité sans arrière-pensées, sans murmures. Il nous apprend à ne pas garder jalousement pour nous ce que nous avons reçu, mais à en faire profiter les autres.

3. Servir selon les dons reçus

Les versets 10 et 11 nous rappellent des vérités très importantes également. Tout d’abord que chacun a reçu un don, mais aussi la responsabilité de l’utiliser dans le service envers les autres, pour Dieu et pour l’Église. Dieu, dans sa grâce, distribue des dons spirituels à ses enfants, et ce faisant, Il attend d’eux d’être des gestionnaires et des intendants de ces dons reçus par grâce. Il ne s’agit pas d’en faire n’importe quoi, il ne s’agit pas non plus de les gaspiller ou de les étouffer. La parabole des talents enseigne ces choses assez nettement. Il nous faut nous rappeler trois choses : 1/ que ces dons sont de Dieu, ils proviennent de Lui ; 2/ qu’ils doivent être utilisés par Dieu, avec la force qu’Il donne et en accord avec Sa volonté ; et 3/ qu’ils sont pour Dieu, pour Le glorifier, pour montrer Sa puissance, Son amour et Sa grâce !

Tout ce que nous pensons, disons ou faisons doit avoir pour but de plaire à Dieu et de Le glorifier. C’est ainsi que le chrétien grandit en maturité, à la mesure de la stature parfaite du Christ Jésus, notre Seigneur et Sauveur ! C’est ainsi que nous apprenons, à la suite de Jean-Baptiste, à diminuer pour laisser croître le Seigneur. C’est ainsi que nous désirons moins de nous-mêmes, et plus de Lui !

Nous sommes appelés à marcher à la suite de Christ, et nous sommes appelés à le faire ensemble !

Si vous ne vous êtes encore jamais mis en route, soit que vous n’en perceviez pas la nécessité, soit que vous venez tout juste de saisir le salut que Dieu vous offre, vous êtes invités aujourd’hui à vous lever et à vous mettre en route avec nous, à la suite du Christ.

Si vous vous êtes assis un moment, peut-être depuis longtemps, il est temps de vous réveiller, de vous lever, et de vous remettre en route, en vous appuyant sur le Seigneur mais aussi en cherchant le soutien des frères et des sœurs dans la foi.

Si vous êtes déjà en marche, vous êtes heureux, même si ce n’est pas tous les jours facile ! Aujourd’hui, le Seigneur vous rappelle l’importance de cette marche, Il vous rappelle quel objectif vos yeux doivent fixer pour ne pas vous perdre en chemin. Il vous rappelle aussi que vous n’êtes pas seul à marcher, mais que vous êtes entourés de la famille de Dieu, celle dans laquelle Dieu vous a placé pour y grandir, et que vous êtes environné également d’une grande nuée de témoins !

Frères et sœurs, Dieu nous a appelés au salut, mais Il nous a aussi appelés à la sainteté, d’autant plus que la fin de toutes choses est proche. Dieu nous a appelés à la sainteté, mais Il nous a aussi appelés au service et au témoignage, pour l’avancement de Son Royaume. Enfin, Il nous appelle à la croissance en maturité spirituelle, à vivre une vie chrétienne qui Le glorifie et qui L’honore. Amen.

AF 598 « La voix du Seigneur m’appelle »

Laisser un commentaire