Prédication apportée par la Pasteur Clémence Bury.
Alès 1 Rois 17 : 8-16 10/11/24
Faire de l’Éternel sa priorité !
*Prière
Le prophète Élie est l’un des personnages bibliques les plus remarquables et les plus dramatiques. Pourtant, seuls trois chapitres à la fin du premier livre des Rois nous décrivent sa vie. Il est considéré comme un précurseur de Jean-Baptiste et on le retrouvera sur la montagne de la Transfiguration, en compagnie de Moïse, avec le Christ.
On ne sait pas grand-chose d’Élie, mais on sait que c’était un prophète ardent, un serviteur dont la force résidait justement dans sa communion avec Dieu. Il se présente lui-même comme celui qui se tient devant l’Éternel, le Dieu vivant (1 R. 17 : 1).
Dans le passage qui nous est proposé aujourd’hui, Elie a déjà annoncé à Achab, le roi idolâtre, qu’il n’y aurait plus ni rosée, ni pluie dans le pays, pour une longue période. Alors Dieu va prendre soin de lui dans le désert, près du torrent de Kérith, où il ordonnera à des corbeaux de le nourrir.
Élie ne dépendait ni du torrent ni des corbeaux, mais de la parole de Celui qui avait dit (verset 4): «J’ai commandé aux corbeaux de te nourrir là». Aussi, quand le torrent vient à tarir, il n’est pas pris au dépourvu et reçoit un nouveau message: «J’ai commandé là à une femme veuve de te nourrir» (verset 9; Ps. 33:18, 19). Cette veuve est réduite à la plus extrême pauvreté, mais qu’importe à Élie, puisque l’Éternel a dit: là! Et cette femme de foi, que le Seigneur Jésus citera aux habitants de Nazareth pour leur faire honte (Luc 4:25-26), va faire une expérience extraordinaire. Quand Dieu demande quoi que ce soit (ici nourrir Son prophète), Il donne en même temps tout ce qui est nécessaire pour l’accomplir. Seulement il faut être prêt à faire premièrement, sans discuter ce qu’il nous a demandé (Mt. 6 : 33-34). C’est ce que nous enseigne le petit gâteau, preuve de la foi de cette femme et «prémices» d’une abondance divine pour cette maison.
*Lecture
Le torrent avait séché, mais l’Éternel demeurait. Il n’oubliait pas son serviteur. Il connaissait ses besoins et avait vu le torrent asséché. Mais il n’y avait pas eu de parole d’avertissement ni de directive nouvelle avant l’assèchement du torrent. L’amour du Seigneur pourvoit aux besoins de ses saints, mais sa sagesse les maintient dans le sentier de la foi, en ne leur révélant pas toujours à l’avance ce qui va suivre.
En outre, le plan que l’Éternel donne est si remarquable, si contraire à tout ce que le prophète aurait pu concevoir, si opposé à son éducation religieuse, à ses pensées naturelles et à ses instincts spirituels que, si le plan avait été exposé au prophète avant l’assèchement du torrent, il n’aurait peut-être pas manifesté une obéissance aussi spontanée. Élie était un homme ayant les mêmes passions que nous et peut-être avait-il besoin, comme nous, de la pression des circonstances pour le rendre obéissant et l’amener dans un chemin aussi contraire aux pensées de l’homme naturel.
Car aussi étrange que cela puisse paraître, le prophète reçoit l’ordre de se lever, d’aller à Sarepta et d’habiter là. Il doit quitter le pays promis et se rendre dans une ville des nations et, d’entre toutes les villes, une ville qui appartenait à Sidon — le foyer du culte de Baal, qui avait attiré la ruine sur le pays — la demeure aussi de la méchante Jézabel qui avait introduit le culte de Baal et mis à mort les prophètes de l’Éternel.
Et, chose plus étrange encore, arrivé dans ce pays étranger, le grand prophète devait dépendre d’une veuve pour sa subsistance journalière. Car, dit l’Éternel, « j’ai commandé là à une femme veuve de te nourrir ».
Jésus le rappelle dans l’Évangile selon Luc, au chapitre 4 : « Il y avait beaucoup de veuves en Israël aux jours d’Elie […] ; et cependant Elie ne fut envoyé vers aucune d’elles, si ce n’est vers une femme veuve, à Sarepta, dans le pays de Sidon. » (Luc 4 : 25-26).
Si l’Éternel avait commandé au prophète de nourrir la veuve, nous l’aurions plus facilement admis. Mais non, le plan de Dieu est que la veuve nourrisse le prophète. Il y avait d’autres villes et d’autres contrées autour d’Israël, infiniment moins coupables que Sidon. Il y avait « plusieurs veuves » en Israël dans une condition aussi triste, mais elles ne convenaient pas au plan de Dieu. Comme toujours, Dieu a Christ en vue. Mille ans plus tard, dans la ville de Nazareth, le Seigneur aurait besoin d’une illustration de la grâce souveraine, et c’est ainsi que le prophète Élie doit aller chez une veuve nécessiteuse dans le pays de Sidon triplement coupable. Dieu a un plan dans chaque détail du chemin où il place ses serviteurs, même si mille ans doivent s’écouler avant que ce plan soit dévoilé.
La foi du prophète obéit sans poser de questions à la parole de l’Éternel. « Il se leva et s’en alla à Sarepta ». Mû par la foi, poussé peut-être par les circonstances adverses, il obéit à l’Éternel et entreprend sa course solitaire jusqu’à la lointaine ville de Sidon — à travers un pays aride et désolé, couvert de ronces et d’épines, où les ennemis et les pièges abondent.
À l’entrée de la ville, le prophète se trouve en face de la veuve. Pour la vue naturelle et la raison humaine, il semble impossible qu’elle puisse être appelée à le nourrir. Dans un dénuement absolu, cette veuve désolée et tenaillée par la faim, est parvenue au bout de ses ressources. Il ne lui reste qu’une poignée de farine et un peu d’huile dans une cruche, et elle ramasse quelques morceaux de bois pour préparer un dernier repas pour elle et son fils, en attendant que la mort vienne mettre un terme à leurs souffrances. Avec à peine de quoi préparer un seul repas, comment pourrait-elle nourrir le prophète ? La veuve parle bien du Dieu vivant, mais c’est le Dieu d’Élie, car elle dit : « ton Dieu », non pas « mon Dieu ». Elle a entendu parler de ce Dieu, mais elle n’a pas expérimenté la confiance en Lui, pas plus que l’espérance. Mais Dieu a une autre voie que la mort pour cette veuve. Sa grâce souveraine a prévu que la vie — la vie de résurrection — remplirait sa maison de bénédiction.
La pauvreté de la veuve, la poignée de farine, la cruche d’huile et la mort planant sur tous, ne servent qu’à manifester les ressources du Dieu vivant. La faiblesse totale et l’état désespéré des circonstances étant révélés, Dieu est libre de déployer les ressources de sa grâce. La demande d’Élie : « un peu d’eau » et un « morceau de pain » met en lumière la condition de la veuve. Et la vérité étant établie, la grâce peut se déployer.
Quelle richesse dans la grâce qui remplit la maison de la veuve ! Toute crainte était écartée, car les premières paroles de grâce furent : « Ne crains point. » En cela, on reconnaît notre Dieu souverain qui connaît notre faiblesse et nos inquiétudes, et y répond plus de 350 fois dans la Bible par ces mots : « Ne crains point ».
Puis vient la provision de la grâce : « Le pot de farine ne s’épuisera pas, et la cruche d’huile ne manquera pas. » Leurs besoins sont satisfaits et l’ombre de la mort est chassée de chez eux.
Dans cette belle scène, nous avons encore l’enseignement de la grâce, car non seulement la grâce apporte le salut aux nécessiteux, mais elle nous enseigne comment vivre. La vie donnée par la grâce est une vie de dépendance. Ce ne sont pas un pot de farine ou une cruche d’huile qui ont été promis. Les provisions de la grâce sont certes illimitées, mais la grâce ne donne pas de réserves comme la nature se plaît à en avoir. La promesse était que la poignée de farine ne s’épuiserait pas et que la cruche d’huile ne se viderait pas. Il y aurait suffisamment pour chaque jour, mais pas de réserve pour le lendemain, tout comme c’était le cas de la manne pendant les 40 ans au désert. La grâce nous enseigne à vivre dans la dépendance du Dispensateur de la grâce.
Enfin, il y a l’espérance de la grâce, car la grâce offre un avenir béni : le « jour », le grand jour, le jour bienheureux, arriverait où l’Éternel enverrait la pluie sur la terre. Quel foyer heureux — ne serait-ce que la maisonnette d’une veuve — que celui qui est nourri par les provisions de la grâce, dirigé par les enseignements de la grâce et encouragé par l’espérance de la grâce !
Si nous nous en tenions là, nous passerions à côté d’un tout petit mot, mais ô combien important, non seulement dans ce récit, mais encore dans toute notre vie chrétienne : il s’agit du mot « d’abord » ou « premièrement » selon les traductions.
L’épreuve de la foi, réside bien souvent dans ce mot « d’abord ». Il s’agit de notre coeur, il s’agit de priorité. Dans ce « d’abord », Dieu nous enseigne, nous rappelle, nous questionne sur nos priorités. Dieu et Son Royaume, Sa volonté, Sa Parole, passe-t-Il en premier dans nos choix, nos décisions, nos pensées, notre vie ? Il nous faut reconnaître, chers amis, que la plupart du temps, et en particulier lors de choix décisifs, la réponse est trop souvent non ! Et c’est bien une question de foi ! Il s’agit de croire, de tout notre coeur et avec une certitude inébranlable, que Dieu peut tout, que tout ce qu’Il fait est parfait même quand les circonstances semblent dire le contraire, et que notre premier acte, notre première pensée, doivent être de l’honorer, Lui !
Dans cette histoire, j’imagine assez aisément qu’en temps que mère, veuve de surcroît, la femme fera de son fils sa priorité ! Quoi de plus normal, à vue humaine ! Et dans la plupart des situations, si ce ne sont pas nos proches, c’est nous-mêmes qui sommes notre priorité absolue ! Ici, il lui est demandé de D’ABORD faire à manger pour Elie, alors qu’il ne lui reste presque rien. Ceci n’est pas sans nous rappeler la veuve de l’Évangile selon Marc dont l’offrande représente non pas le superflu, mais tout ce qu’elle avait pour vivre (Mc. 12 : 41-44) ! Elle aussi a fait de Dieu sa priorité ! Nous devons également penser aux paroles de Jésus, en Matthieu 6, au verset 33 : « Cherchez PREMIÈREMENT son royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus ». Combien ces paroles sont difficiles à vivre, dans le concret du quotidien, quand ce quotidien nous place devant des choix cornéliens !
J’ai envie de revenir ici sur une histoire vraie qui nous a été racontée lors du we Oxyjeunes, l’histoire d’Eric Liddell, préparé et entraîné pour l’épreuve du 100m aux JO de Paris en 1924. Ce sportif chrétien, apprenant que la course aura lieu un dimanche, est devant un choix cornélien : courir l’épreuve pour laquelle il s’est entraîné si durement, tous les espoirs de son pays reposant sur lui, ou refuser de concourir parce que Dieu est sa priorité, et que le dimanche lui est consacré. Il a choisi de refuser de courir, et pour ne pas être venu pour rien, il s’est finalement inscrit à la course du 400m qui avait lieu un autre jour, épreuve pour laquelle il n’était pas préparé. Juste avant de courir, un homme lui tend un papier sur lequel il est écrit ce verset de 1 Samuel 2 : 30 : « J’honorerai celui qui m’honore ». Eric Liddell remporte la course à la surprise générale, établissant un record qui ne sera dépassé que 12 ans plus tard.
https://www.infochretienne.com/articles/eric-liddell-un-exemple-de-foi-aux-jeux-olympiques-de-1924/
Faire de Dieu notre priorité, cela demeure notre appel, sachant que Sa grâce nous précède, nous enseigne, nous conduit.
Cette même grâce a été révélée depuis dans une plénitude infiniment plus grande. Dans la maison de la veuve, c’est encore partiel, mais maintenant nous avons la réalité, depuis la venue de Celui qui est plein de grâce et de vérité. Pendant tous les jours de notre pèlerinage dans ce monde de misère, nous avons, nous aussi, le pot de farine qui ne s’épuise pas et la cruche d’huile qui ne manque jamais.
Car la farine nous parle de pain, et l’huile de l’Esprit.
Jésus est le pain de vie descendu du ciel (Jean 6), et l’Esprit Saint est l’huile dont nous avons besoin dans nos lampes (Mt. 25).
Christ est le même hier, aujourd’hui, et éternellement. Il s’est donné à nous et depuis lors, il habite en nous par son Esprit. D’autres peuvent nous faire défaut, mais Lui demeure. D’autres peuvent changer, mais Lui reste le Même. De la même manière, le Saint Esprit est venu pour être avec nous éternellement (Jean 14, 16).
Les torrents terrestres sèchent, mais avec le Christ vivant dans la gloire et l’Esprit habitant dans nos coeurs, le chrétien possède des ressources qui ne manqueront jamais.
De plus, la grâce qui nous a apporté le salut nous enseigne à vivre « dans le présent siècle sobrement, et justement, et pieusement ». Une telle vie ne peut être vécue que dans une dépendance journalière de Christ, dans la puissance du Saint Esprit.
Et la grâce qui apporte le salut et nous enseigne comment vivre, a placé devant nous cette bienheureuse espérance, l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ. L’apparition de la grâce conduit à l’apparition de la gloire (Tite 2, 11, 13). Alors effectivement, les besoins des saints seront satisfaits, leurs épreuves passées à jamais et la famine d’ici-bas à jamais terminée. Amen.
→ JEM 423 « J’ai soif de ta présence »