Prédication apportée par le pasteur Clémence Bury.
Livre de Daniel, chapitre 3
* Prière
La semaine dernière, le pasteur Kabo a prêché sur ce que signifiait porter sa croix et suivre Christ, les conséquences que cela implique et la responsabilité qui est la nôtre.
Quelques jours avant cela, nous avons fait une rencontre, dans cette salle, avec Manga, venu du Nigeria, qui nous a apporté son témoignage de chrétien persécuté et la façon dont Dieu prenait soin de son peuple au cœur même de l’épreuve.
C’est dans la continuité de cela que je vous invite à ouvrir la Parole de Dieu ce matin ; une Parole ancienne puisqu’il s’agit d’un chapitre du prophète Daniel, mais en même temps une Parole très actuelle et qui vient nous rejoindre dans notre quotidien puisqu’elle nous parle d’épreuve et de persécution et que nous faisons le lien avec le livre de l’Apocalypse que nous étudions dans les groupes de quartier.
* Lecture
4 temps dans ce récit, 4 points qui serviront de base à notre prédication : l’idolâtrie, le choix, l’épreuve et le témoignage. Nous pourrons garder ces points comme des balises précieuses face à ce qui nous attend, sachant que déjà aujourd‘hui, nous sommes confrontés à ces étapes, d’une manière ou d’une autre…
1. La statue comme symbole de la puissance mondaine et de l’idolâtrie
Le premier tableau présenté est donc celui de la statue d’or et de l’idolâtrie. Il nous aidera, j’espère, à ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure !
Abandonnant rapidement le vrai Dieu qui venait de lui révéler ses pensées par la vision de la statue, Nebucadnetsar se fait maintenant une statue d’or, un dieu pour lui-même. Car qu’elle soit d’or, de bois ou de toute autre matière, l’idole est le dieu de l’homme égaré (És. 44:15-20). Le roi détourne donc le pouvoir qu’il avait reçu de Dieu pour satisfaire ses ambitions personnelles.
La statue dressée dans la plaine de Dura, d’une hauteur de trente mètres environ, et d’une largeur de trois mètres, représentait un poids d’or considérable : les immenses richesses que détenait le peuple de Dieu du temps de Salomon (1 Rois 10:14, 23), sont maintenant aux mains des nations et de son chef. Les temps des nations commencent donc par un grand déploiement de splendeur idolâtre. Comment se termineront-ils ? Le livre de l’Apocalypse donne la réponse. Un roi puissant (la bête romaine), recevra sa puissance du dragon (Satan), et non plus de Dieu (Apoc. 13:2). Soutenu par l’Antichrist, qui placera son image dans le temple de Jérusalem pour y être adorée, ce roi séduira toutes les nations de la terre, à l’exception de quelques fidèles, qui n’accepteront pas sa marque impie.
La dédicace de la statue est l’occasion pour Nebucadnetsar de réunir autour de lui tous les grands de ses royaumes. La liste, donnée deux fois (v. 2, 3) est instructive.
Pour assembler maintenant les peuples, peuplades et langues autour de la statue dédicacée, le roi a recours à la musique. Une plénitude d’instruments, à vent ou à cordes, est utilisée à cet effet.
La musique, si elle peut être l’expression de la joie du cœur, peut aussi être un instrument dans la main de Satan pour séduire les hommes ; elle touche alors les sens, sans atteindre les consciences. Certains musiciens ne se cachent pas d’être athées, voués à la drogue ou à l’occultisme.
L’appel au ralliement de tous les peuples autour de la statue était assorti d’une menace de châtiment pour les récalcitrants. Apparemment, l’engagement n’était pas grand. Il suffisait de se prosterner devant la statue, à un certain moment, dans la simple soumission au désir du roi.
Par ce culte universel rendu à l’image qui symbolisait sa puissance et sa gloire, le roi Nébucadnetsar voulait aussi cimenter les liens qui unissaient les peuples divers de son empire. Rien, en effet, n’exerce une plus grande influence pour lier les hommes les uns aux autres qu’un objet religieux commun. Quand ce dernier n’est pas Dieu, on peut être certain qu’il s’agit d’une manifestation quelconque de la puissance de Satan qui, sous une forme ou une autre, enchaîne les hommes sous son esclavage par des cérémonies qui frappent leurs sens et satisfont leurs convoitises. On comprend combien, au milieu de cet océan d’iniquité, le témoignage de Dieu, quelque faible qu’il soit, gêne l’ennemi, et avec quelle fureur il cherche à le détruire.
Déjà maintenant, nous voyons Satan à l’oeuvre pour unir les hommes dans la poursuite de buts communs, dans le domaine religieux, moral, politique, philanthropique ou autre, tout en excluant Dieu de leur activité. Tous ceux qui, par fidélité envers Lui se tiennent à l’écart de ces mouvements qui agitent la société, sont l’objet du mépris et de la moquerie, si ce n’est de la persécution ouverte.
2. Le choix du non-compromis
Les trois Hébreux sont conscients de ce danger, et refusent d’obtempérer à la demande du roi. Trahis et accusés par des hommes chaldéens jaloux de leur position privilégiée à la cour (v. 8), ils comparaissent finalement devant le roi (v. 13).
Perdant tout contrôle de soi, celui-ci manifeste par ses paroles un trait de caractère nouveau. Non seulement, il avait abandonné le vrai Dieu pour s’adonner à l’idolâtrie, mais il se constituait lui-même son propre dieu (Hab. 1:11). Cet orgueil insensé explique la parole de défi qu’il lance aux trois Hébreux, restés fidèles à leur Dieu, mais apparemment livrés au pouvoir du roi : « Et qui est le Dieu qui vous délivrera de ma main » (v. 15). Le conflit était porté maintenant entre le roi impie et Dieu lui-même.
La douceur et la dignité de la réponse de Shadrac, Méshac et AbedNego contrastent étrangement avec la violence de l’attaque dont ils sont l’objet. Leur confiance entière en Dieu les conduit à ne pas répondre au roi : « il n’est pas nécessaire que nous te répondions sur ce sujet ». (Cela n’est pas sans rappeler les passages du NT où Jésus nous recommande de ne pas préparer notre défense car l’Esprit placera dans notre bouche ce qu’il conviendra de dire ! On pense aussi à Jésus qui n’a pas ouvert la bouche devant ses accusateurs.)
À ce moment crucial de l’épreuve, les trois Hébreux manifestent une détermination et une décision de cœur égale à celle de Daniel en face des mets délicats du roi (1:8). Il est beau de voir la même énergie de la foi devant les séductions de l’adversaire (Daniel) ou devant sa violence meurtrière (les trois Hébreux). La scène montre aussi la vraie position du croyant en face des autorités. L’obéissance leur est due, jusqu’au moment où elles oppriment les consciences. La limite de l’obéissance aux autorités est l’obéissance à Dieu.
3. L’épreuve : liens déliés et présence de Dieu
La fermeté des trois Hébreux, sans défense mais fidèles à leur Dieu, était intolérable pour le roi du monde. Dans sa fureur, il commande de chauffer la fournaise de feu sept fois plus qu’à l’ordinaire, avant d’y faire jeter ceux qui résistent à ses caprices. Tel est le monde, encore aujourd’hui.
Mais, remarquablement, ce moment est celui de l’intervention divine. Le jugement du roi tombe d’abord sur les hommes les plus vaillants de son armée, tués par l’ardeur du feu (v. 22). C’est là un principe divin : quiconque touche aux élus de Dieu, le fait pour son propre dommage : « Car celui qui vous touche, touche à la prunelle de son œil » (Zach. 2:8).
Sans offrir de résistance à l’ardeur de la persécution, Hanania, Mishaël et Azaria se laissent lier et jeter dans la fournaise. La scène de l’adoration de la statue d’or se termine ici du point de vue des activités des hommes, persécuteurs ou martyrs. Les témoins de Dieu ont été sacrifiés aux caprices d’un roi méchant et idolâtre.
La seconde intervention de Dieu est maintenant de délivrer ceux qui avaient mis leur confiance en lui. Leur Dieu « pouvait » les délivrer (v. 17), et il l’a fait (v. 25). C’est un sujet de consternation pour Nebucadnetsar, qui semble être seul pour assister à cette scène surnaturelle (v. 24). Les yeux du roi sont ouverts un instant pour voir l’invisible et comprendre sa folie d’entrer en conflit avec le Dieu des cieux. Deux miracles l’étonnent :
· D’abord, les trois martyrs sont libres de leurs liens, et se promènent sans entraves au milieu du feu.
· Ensuite, la présence avec eux d’un compagnon surnaturel, assimilé par le roi à un fils de Dieu, ou à un fils des dieux (v. 25).
Quelle scène !
Le feu de l’épreuve, allumé par les hommes, est dans les mains de Dieu un instrument pour libérer les croyants de ce qui les enchaîne, et les faire jouir de la présence divine. Ainsi, l’épreuve, comparée au feu de l’affineur (Mal. 3:3), purifie l’argent de ses scories, pour en faire un vase pour l’orfèvre (Prov. 25:4). Cet exemple encourage chacun de nous à mettre sa confiance en Dieu, dans toutes les circonstances de la vie, qu’elles aient ou non l’intensité de la fournaise. Au milieu de l’épreuve, le Seigneur marche avec les siens. En grâce, il partage leurs souffrances et leur opprobre, pour leur faire goûter sa communion. Paul en a fait la touchante expérience aux derniers jours de sa vie, avant de connaître le martyre (2 Tim. 4:16, 17).
Ce chapitre nous montre ce que le fidèle doit faire, ce que Satan peut faire, mais aussi ce que Dieu fait. «Ne crains point… je serai avec toi… ; quand tu marcheras dans le feu, tu ne seras pas brûlé, et la flamme ne te consumera pas». C’était la promesse faite en És. 43 v. 1, 2 au résidu fidèle. Et Dieu va l’accomplir. Jetés dans la fournaise, non seulement les trois hommes n’en subissent aucun mal, mais ils y font une merveilleuse rencontre. Dans leur compagnon mystérieux d’un moment, nous n’avons pas de peine à reconnaître le Fils de Dieu. Oui, le creuset de l’épreuve est un lieu de rendez-vous du Seigneur avec les siens — mais Lui-même a été seul sur la croix.
Alors que le feu anéantit les hommes chargés de précipiter les condamnés dans le brasier, ni ceux-ci, ni rien de ce qui leur appartient n’est même effleuré par l’odeur du feu. Une seule chose est consumée dans la fournaise… ce sont les liens dont on les avait entravés (v. 25). N’est-ce pas là souvent le résultat de l’épreuve pour le chrétien ? Elle le débarrasse de telle ou telle attache dont le monde l’avait enlacé et elle lui permet de marcher librement dans la compagnie du Seigneur Jésus.
La fureur du roi a fait place à la consternation (v. 24). Ces jeunes témoins ont su, en exposant leur vie, lui démontrer la réalité de leur foi et lui rendre leur Dieu visible.
4. Le témoignage, gloire de Dieu
Confondu par l’évidence de ce miracle, Nebucadnetsar reconnaît alors Dieu comme le Dieu de Shadrac, de Méshac et d’Abed-Nego, comme il l’avait précédemment déclaré le Dieu de Daniel, possédant toute puissance (2:47). Pour le roi, la quatrième personne dans la fournaise était bien un ange de Dieu, envoyé pour sauver ses serviteurs.
La statue d’or (l’idole) est maintenant publiquement rejetée et déclarée n’être qu’un faux dieu. Les accusateurs des Juifs (v. 8), sont réduits au silence (v. 29), et menacés de graves sanctions s’ils n’honorent pas le seul vrai Dieu.
Enfin, les Hébreux méprisés sont élevés aux yeux de tous à Babylone, comme Daniel l’avait été auparavant. Lorsque le royaume du Fils de l’homme sera établi sur la terre, l’Éternel lui-même « ôtera l’opprobre de son peuple de dessus toute la terre » (És. 25:8).
La délivrance divine en faveur des trois Hébreux doit être publiquement connue. S’adressant à eux (qu’il appelle serviteurs du Très-Haut), Nebucadnetsar les invite à sortir de la fournaise (v. 26). En présence de tous les grands de son royaume, le roi constate l’intervention divine en faveur des témoins de la foi (v. 27). Ils avaient livré leur corps par fidélité à leur Dieu. Maintenant, ils sortent libres et indemnes pour paraître aux yeux de tous.
Les promesses de Dieu (Héb. 13:5, 6) auront un prix particulier pour les fidèles de la fin en butte aux tentations et aux persécutions des puissances politiques et religieuses (Apoc. 12:13-17 ; 13:6-8). Après avoir traversé victorieusement de terribles épreuves, ils apparaîtront devant le monde, à l’image des deux témoins qui seront ressuscités à Jérusalem (Apoc. 11:11).
L’espérance chrétienne est plus élevée encore : c’est l’assurance d’une place avec Christ dans le ciel pour une éternité de bonheur. Tous ceux qui auront laissé leur vie par fidélité à Christ, à l’image des martyrs de Smyrne, sont particulièrement concernés par cette promesse, rappelée pour soutenir leur foi jusqu’à la mort (Apoc. 2:10). Dans le temps présent, le chrétien n’attend pas de sa fidélité à Christ un honneur dans le monde. Sa récompense est d’un tout autre ordre : c’est la joie de son Maître dans le ciel (Matt. 25:21, 23).
Dieu nous présente dans sa Parole quelques exemples frappants de certains principes qui se retrouvent journellement dans l’histoire de l’homme.
Nébucadnetsar, c’est la puissance mondaine qui ne s’appuie pas sur Dieu. Le monde est comme ça, notre monde !
La providence de Dieu avait conduit quelques Juifs fidèles à Babylone, et la question se pose pour eux si le peuple de Dieu doit se soumettre à la volonté du roi, mais rappelons-nous qu’ «il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes». Ces cas sont très pénibles, car alors il faut s’attendre à subir pleinement les conséquences de son obéissance. Sommes-nous prêts à cela ? Notre amour pour Dieu et notre conscience de sa sainteté sont-ils suffisamment aiguisés ?
Ce qui aggrave les choses en apparence, c’est que, dans tous ces cas, l’appui de Dieu est caché, en sorte que la foi seule peut le voir, tandis que la puissance du monde est manifeste. Dieu veut que la foi soit éprouvée et que nous apprenions à nous appuyer sur lui seul.
Dieu voit les circonstances et demande que nous soyons fidèles. Dieu ne les délivre pas de l’épreuve et n’empêche pas qu’on les jette dans la fournaise. Le monde est en apparence le plus fort ; c’est la manière de faire de Dieu, même dans le cas de Jésus livré à la mort. Il agit ainsi, pour qu’il y ait une meilleure délivrance. Il n’empêche pas que nous souffrions, mais il manifeste sa puissance en notre faveur d’une manière tout à fait inattendue pour le monde (2 Chron. 16:8-9). La délivrance peut ne pas se montrer au moment même : il a fallu que les trois Hébreux sentent la puissance terrible du monde et son résultat qui est la fournaise. Mais, comme le dit Ézéchiel (chap. 1), les yeux de la providence de Dieu se promènent sur la terre ; il en est de même en Apoc. 5:6, où cette providence se voit en Jésus. Rien n’échappe à la vue et à la main de Celui qui est mort pour nous. Dès que mon regard s’attache à lui, je vois que tout est sagesse de sa part. Nous aussi, nos souffrances nous conduisent vers la gloire.
L’homme déploie toute sa force et toute sa colère, mais le résultat des souffrances, par lesquelles la providence de Dieu nous fait passer, est de consumer nos liens. Les trois Hébreux ne s’y attendaient pas. Leurs liens sont consumés, et la présence du Fils de Dieu leur est manifestée !
C’est maintenant à Christ qu’il nous faut regarder, à lui qui a été rejeté mais qui est au milieu du trône. Nous voyons alors mieux ce que Dieu est pour nous. Il se glorifie ainsi et manifeste au monde sa puissance à lui. Quand une persécution s’élève, les enfants de Dieu sont plus unis, plus joyeux. Quoiqu’il en soit, Dieu nous éprouve de la sorte pour nous purifier et pour nous faire comprendre dans l’épreuve qu’il est tout près de nous. Nous avons à compter uniquement sur Dieu, sans savoir comment il agira ; nous devons compter sur lui, ne sachant pas ce qu’il fera, sachant seulement qu’il délivre (v. 16-17).
Tout le monde se prosterne devant la statue d’or, les trois hébreux seuls restent debout, parce qu’ils connaissent la puissance de Dieu, que le monde ne voit pas. Rien n’échappe à Dieu, et il fera tout tourner à sa gloire et à notre gloire, et il nous fera goûter la présence bénie du Fils de Dieu. Là est notre récompense et notre joie. Amen.
→ Je sais qu’en lui j’ai la vie !