Prédication du 14 décembre 2025.

Prédication apportée par la pasteur Clémence Bury.

14 déc. 25 – Es. 35, Jc. 5, Mt. 11

Es. 35 : 1-10, Jc. 5 : 7-10, Mt. 11 : 2-6 14/12/25

3ème dimanche de l’Avent : la joie !

*Lectures

L’Avent n’est pas seulement l’attente de Noël : c’est l’attente de Dieu en action, dans le temps, dans l’histoire, dans l’alliance. L’Avent commence par la promesse (Es. 35) d’une restauration totale, il est l’attente du renouveau total que Dieu a promis à son peuple. L’Avent transforme l’attitude du croyant (Jc. 5), il n’est pas passif mais consiste à se laisser transformer par Dieu. L’Avent est la reconnaissance (Mt. 11) du Christ déjà présent au milieu de son peuple, attesté par Jean-Baptiste comme témoin. L’Avent est la révélation progressive de l’œuvre de Dieu : le Messie vient restaurer, le croyant est transformé par l’attente, le Christ est présent mais doit être reconnu. L’Avent devient alors une mémoire de ce que Dieu a promis, une vigilance dans la sanctification opérée en nous par l’Esprit de Dieu, une reconnaissance de sa présence. L’Avent est un acte d’alliance fondé sur la justice et la fidélité de Dieu ; c’est l’attente d’un Dieu qui promet, agit, vient, habite, transforme, accomplit, restaure, délivre, affranchit. L’Avent est l’alliance en mouvement. L’Avent se révèle comme la restauration promise, la sanctification en cours, la présence déjà donnée (Emmanuel = Dieu avec nous). C’est la respiration même de la foi chrétienne, la tension entre ce que Dieu a promis, ce qu’il accomplit en nous et ce qu’il rend visible en son Fils.

Ces trois textes révèlent l’alliance comme œuvre messianique de restauration et de joie, promise comme éternelle ; ils montrent que l’alliance produit une vie transformée par l’Esprit et fondée sur la fidélité divine ; ils dévoilent que l’alliance nouvelle commence par un témoin et s’accomplit par la présence du Christ au milieu de son peuple.

Les 4 bougies que nous allumons pendant le temps de l’Avent symbolisent chacune un aspect de cette alliance : la première pour l’espérance, la seconde pour la paix, la troisième pour la joie, la quatrième pour l’amour. Ce dimanche est donc marqué par la joie.

Peut-être vous demandez-vous comment vous pourriez être joyeux au regard de la situation mondiale avec ses incertitudes, ses conflits, ses injustices. Peut-être qu’au niveau de la France seulement, la situation vous paraît trop incertaine pour parler de joie, au regard des abus de toute sorte, de la situation politique, du pouvoir d’achat ou que sais-je encore ! Peut-être même qu’au niveau de votre propre vie personnelle, la situation ne donne pas envie d’entendre parler de joie ; peut-être à cause de conflits familiaux, de solitude, de maladies ou même d’une épreuve de deuil ou autre séparation…

Pourtant, les textes ce matin nous invitent à la joie, à redécouvrir ce que signifie l’Avent, à redéfinir notre attente, à réinvestir cette joie que seul Dieu peut donner de connaître, tout comme c’est vrai pour l’espérance, la paix et l’amour. La joie qui vient de Dieu est d’une toute autre nature que celle que l’on vit sur terre. Elle ne dépend pas des circonstances : ni de notre vie personnelle, ni de la situation de notre pays, ni même du monde. Cette joie-là se trouve en Dieu et elle est bien plus puissante qu’aucune autre joie humaine passagère : parce que cette joie dépend de qui est Dieu et pas de qui nous sommes nous. Or Dieu ne change pas, Il est solide et sûr, Il est digne de confiance, Il est fidèle. Parce que Dieu est bon, fidèle, juste et saint, la joie qu’Il donne ne peut pas nous être enlevée par quoi que ce soit d’autre ; elle repose sur sa Personne et ses perfections.

La joie est une attitude que l’on adopte à cause de l’espérance dans l’amour et les promesses de Dieu. La joie du peuple de Dieu n’est pas déterminée par ses combats, mais par sa destinée future. La naissance de Jésus est annoncée comme « une bonne nouvelle qui sera le sujet d’une grande joie » (Lc. 2 : 10).

La joie est un don de l’Esprit, elle est liée à la compréhension de l’amour de Dieu manifesté en Christ. Néanmoins elle n’enlève pas la peine, le chagrin ou autre sentiment que l’on peut ressentir face aux circonstances du temps présent. Dieu nous a créés avec des émotions et il serait injuste de prétendre qu’un chrétien ne doit jamais être triste. Comme le dit le livre de l’Ecclésiaste, il y a un temps pour pleurer, et un temps pour rire (Ecc. 3 : 4). Mais l’un n’empêche pas l’autre (2 Cor. 6 : 10) !

« La joie chrétienne est une décision profondément mûrie basée sur la foi et sur l’espérance dans la puissance de la vie et de l’amour de Jésus »1.

Je vous invite donc, ce matin, à redécouvrir cette joie dont Dieu veut nous combler :

Joie de l’attente, joie de la restauration, joie de la fidélité de Dieu, joie de la réalisation des promesses, joie de la présence de Christ en nous, joie de l’œuvre de sanctification dans nos vies, joie de l’imminence du retour de Christ.

Joie de voir la gloire de l’Éternel, Le Dieu trois fois saint : Père, Fils et Saint-Esprit.

Chrétiens, où est votre joie ?

La joie provient tout d’abord de la bonté de Dieu et de la beauté qu’il déploie dans sa création. Dans la Genèse, à chaque jour créé, « Dieu vit que cela était bon » (Gen. 1 : 21). Ceci est renforcé encore après la création de l’être humain à l’image de Dieu, « Dieu vit que cela était très bon » (Gen. 1 : 31).

Dieu fait les choses pour notre joie et notre bonheur. On peut ainsi s’émerveiller de la création, de sa beauté, de ses couleurs, de sa diversité, de la sagesse avec laquelle elle est orchestrée, de sa précision millimétrée. Tout ceci a été créé pour que nous nous réjouissions. Hélas, la création tout entière a été ternie par l’apparition du mal et l’entrée du péché dans le monde quand Adam et Eve ont désobéi à Dieu pour prendre sa place.

Depuis lors, beaucoup de choses autour de nous nous désespèrent, nous font du mal, nous causent de la peine et du tourment. Ce sont les conséquences de la désobéissance et de la coupure qui s’en est suivie entre Dieu et sa création.

Mais le projet de Dieu reste le même, « projet de paix et non de malheur afin de vous donner un avenir et une espérance » (Jér. 29 : 11).

Voilà pourquoi Dieu engage, après la Chute, le processus de réconciliation et de restauration qu’Il a prévu pour nous sauver et nous ramener à lui.

1. La restauration promise par le Père

Cette restauration nous est décrite dans le passage d’Ésaïe ; non seulement une restauration de la création mais aussi de l’humanité déchue. Cette promesse de restauration est source d’une grande joie car Dieu est fidèle, et Il accomplit tout ce qu’il promet ! La promesse est grande puisqu’il nous est dit que « nous verrons la gloire de l’Éternel, la magnificence de notre Dieu » (Es. 35 : 2) ! Oui mais pendant ce temps d’attente entre la promesse et l’accomplissement, nous avons besoin de courage, nous avons besoin de nous fortifier et de nous affermir. Nous avons besoin de persévérance et de ne pas avoir peur. Pour cela, il nous faut regarder à Dieu. Car si nous regardons au monde, si nous regardons aux circonstances, alors la joie s’éteint comme l’espérance, car le monde ne peut se sauver lui-même. Il a besoin d’un Sauveur et c’est justement ce que Dieu promet : « Voici votre Dieu, il viendra lui-même et vous sauvera » (Es. 35 : 4).

C’est la restauration de l’humanité dans tout ce qui la ternit. Il est question de guérisons, de vie, de libération.

La présence de l’Esprit de restauration de Dieu transforme la création et les êtres humains, renouvelant ce qui a été corrompu par le péché.

Ainsi, dans ce texte, le désert symbolise l’aliénation, l’angoisse, la solitude. Dieu seul peut transformer le désert en une oasis fertile et fructueuse. Dans le livre d’Ésaïe, l’eau signifie un salut gratuit, gracieux et généreux. C’est une métaphore de la plénitude et de la joie qui découlent du salut de l’Éternel.

De la même manière, les yeux qui s’ouvrent, spirituellement, c’est faire la différence entre le bien et le mal, entre la sagesse et la folie.

Dieu restaure, il enlève les obstacles, il transforme, et il attend de son peuple qu’il se prépare pour son Royaume, notamment en préparant son cœur à la venue de Dieu par la repentance mais aussi en faisant progresser la parole de salut de Dieu parmi toutes les nations. Alors la gloire de l’Éternel se manifeste et ramène les perdus à lui.

La route montre que c’est Dieu qui conduit, comme quand il a délivré son peuple d’Égypte et que la nuée guidait le peuple.

Plus d’impureté, plus d’infirmités, plus de mal, plus de violence, plus de larmes : c’est la promesse que l’on retrouve à la fin du livre de l’Apocalypse, quand Dieu fait toutes choses nouvelles (Ap. 21 : 4). Nous savons que cela s’accomplira, car celui qui l’a promis est fidèle et vrai. L’Éternel est le Rédempteur : c’est lui qui purifie, consacre, affranchit, libère.

Mais revenons à nous : nous sommes dans un temps particulier qui se situe entre la promesse et son accomplissement, nous l’avons vu. Esaïe exhorte à se fortifier et à s’affermir. L’apôtre Jacques exhorte lui aussi le peuple de Dieu à la patience, patience dans l’attente de l’avènement du Seigneur.

2. La transformation opérée en nous par l’Esprit

L’attente, normalement, n’est pas passive, elle est préparation.

Quand on attend la visite de quelqu’un, on prépare sa maison, on fait un repas, on range, etc. C’est la même chose quand on attend un enfant ! On prépare les affaires, la chambre, la maison. On prépare les proches et l’ensemble de la famille à cette arrivée. On se prépare nous aussi personnellement en imaginant ce que sera cet enfant, à qui il ressemblera, ce qu’il deviendra… bref, on se projette ! C’est une attente remplie de joie.

C’est de cette façon qu’on est appelé à attendre le Seigneur ! Avec patience, en se préparant, en préparant sa venue, sans se décourager. Pour cela nous devons affermir notre foi et notre espérance. Nous devons nous rappeler la bonté et la fidélité de Dieu. Et nous sommes appelés à nous préparer non seulement personnellement pour cette venue, mais aussi à nous y préparer ensemble. Voilà pourquoi Jacques nous exhorte à ne pas nous plaindre les uns des autres. Déjà parce que c’est contre-productif, parce que ça ne fait rien avancer, et parce que ça nous fait perdre de vue l’objectif !

Ne pas se plaindre : Si on reprend l’image d’attendre un invité, cela devient parlant. On se plaint parfois que l’invité soit en retard. On se plaint aussi souvent car les autres membres de notre maison semblent ne pas avoir fait leur part pour que la maison soit prête pour l’invité ! Je vous laisse là imaginer toutes sortes de scénarios vécus ou pas ! L’attente peut comporter ainsi une part de souffrance, un risque de se lasser. C’est pour cela que Jacques, comme Ésaïe avant lui, nous exhorte à demeurer fermes dans cette attente, sans jugement.

Aujourd’hui les chrétiens sont parfois maltraités, persécutés, poursuivis, tués. Ils sont appelés à la même patience, à attendre que Dieu se révèle, qu’il prouve l’innocence de son peuple, comme promis. Dieu promet la justice pour corriger l’injustice qui domine ce monde. C’est aussi cela que nous attendons ! Jacques veut mettre devant nos yeux le sentiment d’urgence devant la venue imminente du Christ.

Pour cela il nous rappelle qu’une foi authentique et affermie porte des fruits. Voilà pourquoi nous devons persévérer dans notre marche avec le Seigneur. Nous devons chaque jour davantage nous attacher à lui afin qu’il nous soit donné de porter du fruit pour sa gloire, et que le Seigneur puisse récolter ce fruit à son retour !

La seule façon de vivre cette attente patiemment et dans la joie, nous l’avons dit, c’est de regarder à Dieu, à sa fidélité, à ses promesses. C’est la raison de la question de Jean-Baptiste à Jésus dans le texte de Matthieu.

3. La présence du Christ en nous et avec nous

« Es-tu celui qui doit venir ? » Réponse : la prophétie d’Ésaïe s’accomplit ! Joie de reconnaître le Messie !

Jean-Baptiste a prédit que celui qui doit venir apporterait le jugement. Le temps de latence est difficile à comprendre pour Jean entre Jésus qui accomplit la prophétie d’Ésaïe concernant la restauration, et le jugement qui tarde à venir sur les oppresseurs du peuple qui souffre.

C’est le temps de patience de Dieu, entre les deux venues de Christ. C’est le temps dans lequel nous vivons et qui ne doit pas nous faire perdre de vue le retour imminent du Fils de Dieu.

Lors de sa 1ère venue : Jésus apporte le salut et la bénédiction en subissant lui-même le jugement de Dieu à la place des autres.

Pour sa 2ème venue : Jésus viendra juger les vivants et les morts en regard de ce qu’ils ont fait de ce salut offert par grâce.

Entre les deux, nous sommes appelés à tenir fermes notre foi et notre assurance, nous sommes appelés à manifester notre joie et notre confiance dans les promesses de Dieu. Nous le pouvons car Celui qui fait la promesse est certain. Nous sommes assurés que Dieu qui est fidèle accomplira tout ce qu’il a promis. Nous le voyons tout au long de l’histoire biblique : ce Dieu fidèle et bon déroule son plan de salut pour sa création. Il établit son alliance, une alliance de vie, une alliance perpétuelle. Il pourvoit à notre réhabilitation, à notre réconciliation, à notre justification. Toutes ces choses nous sont acquises par le Christ, le Fils du Dieu vivant, qui est venu sur terre pour vivre parmi nous (Emmanuel = Dieu avec nous). Il est venu pour payer à notre place la dette que méritait notre péché, il est venu pour connaître la mort et la séparation d’avec Dieu qui nous était réservée. Il a fait tout cela par amour pour nous, afin que cela retombe sur lui et non sur nous. Quand nous plaçons notre confiance en Lui, il nous revêt de sa justice, de sa perfection, de son obéissance parfaite. Il nous offre la réconciliation et nous libère du mal et de la mort. En son nom, nous sommes affranchis, libérés, restaurés, sauvés. Jésus est né pour mourir à notre place. A Noël, nous entrevoyons déjà la croix de Pâques. Cet enfant qui naît dans une étable, c’est Dieu avec nous ; Dieu venu vivre notre vie humaine mais sans commettre de péché, afin de présenter cette vie comme offrande à Dieu en paiement de notre dette.

* Lecture Col. 1 : 19-23 : « Car il a plu (à Dieu) de faire habiter en lui toute plénitude et de tout réconcilier avec lui-même, aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix. Et vous, qui étiez autrefois étrangers et ennemis par vos pensées et par vos œuvres mauvaises, il vous a maintenant réconciliés par la mort dans le corps de sa chair, pour vous faire paraître devant lui saints, sans défaut et sans reproche ; si vraiment vous demeurez dans la foi, fondés et établis pour ne pas être emportés loin de l’espérance de l’Évangile que vous avez entendu, qui a été prêché à toute créature sous le ciel, et dont moi Paul je suis devenu le serviteur. »

Voilà la joie que Dieu nous offre ! En Jésus, nous sommes réellement libres. Par Jésus, nous sommes enfants de Dieu, nous héritons de sa vie et de toutes ses promesses.

Mais ces promesses ne sont pas que pour nous-mêmes.

Dieu nous envoie partager le salut qu’il nous a offert en Christ, il nous envoie répandre la bonne nouvelle de son amour et de sa grâce partout autour de nous.

En ce 3ème dimanche de l’Avent, nous sommes appelés plus particulièrement à manifester au monde notre joie ; une joie qui ne dépend pas des circonstances, une joie qui s’appuie sur notre Dieu vivant qui reviendra pour manifester sa justice.

Notre joie dans ce monde, malgré ce monde, est notre témoignage de Dieu qui vient. Levons les yeux et attendons son retour en gloire en nous préparant activement à sa venue. Partageons cette joie qui nous habite : Joie de l’attente, joie de la restauration, joie de la fidélité de Dieu, joie de la réalisation des promesses, joie de la présence de Christ en nous, joie de l’œuvre de sanctification dans nos vies, joie de l’imminence du retour de Christ. Joie de voir la gloire de l’Éternel, Le Dieu trois fois saint : Père, Fils et Saint-Esprit. Amen.

Jour de joie JEM 442

1BibleProject en français, Chara/Joie.

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