Nous sommes aujourd’hui le troisième dimanche de l’Avent. Ces trois bougies allumées nous le rappellent. Beaucoup sont habitués à ce temps liturgique qui précède Noël. Peut-être pour certains d’entre-nous ce matin, le mot Avent ne veut pas dire grand-chose. Il peut même déranger quelque peu.
L’avent est un héritage de la tradition catholique, ce temps ouvre l’année liturgique. L’Avent représente la période où l’on se prépare à la venue du Christ, à sa naissance. C’est le pape Grégoire le Grand (6ème siècle) qui a institué cette tradition pour faire pendant aux temps du carême, les 4 semaines qui précèdent la célébration de Pâques.
Je vous propose que nous nous arrêtions sur le sens de ce temps particulier afin de ne pas nous limiter à une bonne tradition.
Marc 1.1-8 ; 2 Thess.2.1-8 Prière
Comme chacun sait, il y a l’avant Noël et l’après Noël, mais le mot Avent s’écrit avec un e et non avec un a, il n’appartient pas à la même famille que l’adverbe avant (avant Noël, avant-hier).
L’Avent vient du latin adventus : venue, arrivée, il est de la même famille qu’avènement. Le retour de Jésus à la fin des temps est présenté comme son avènement. L’apôtre Paul, dans sa deuxième lettre aux Thessaloniciens, chapitre 2, annonce l’avènement du Seigneur Jésus-Christ. Le mot grec ici : parousia, la parousie.
Paul commence son discours, verset 1 « Nous vous le demandons, frères, en ce qui concerne l’avènement du Seigneur Jésus-Christ et notre rassemblement auprès de lui »,2et au verset 8, il déclare que le Christ lors de son retour dernier détruira l’impie : « il l’écrasera par l’éclat de son avènement ». On pourrait traduire par l’éclat de son avent, de son arrivée, de sa venue, de sa parousie.
Ainsi, première vérité à retenir, ce temps liturgique qui précède Noël, n’annonce pas simplement la naissance du Sauveur, il n’appartient pas uniquement au folklore un peu comme les guirlandes, la crèche ou le sapin.
Il est là pour annoncer l’avènement de JC, l’avènement du fils de Dieu, c’est-à-dire la venue de quelque chose d’unique, d’absolument unique et inédit qui va bouleverser l’histoire des hommes ; quelque chose qui va transformer le cours de ce monde, le cours du temps. C’est la définition du mot parousie.
Et c’est bien ce qui s’est passé il y a 2000 ans. Plus encore l’avent nous propulse jusqu’au dernier jour à la fin des temps, lors du retour en gloire de Jésus, là aussi, quel bouleversement, la fin de toutes choses, l’établissement du royaume.
Et c’est pour cela – je ne sais pas si vous l’avez remarqué – les lectures bibliques qui nous sont proposées durant ce temps de l’Avent, ne se limitent pas aux textes de la nativité, mais nous parlent également d’un homme particulier avec un ministère particulier, je veux parler bien sûr de Jean Baptiste.
Jean Baptiste, le cousin de Jésus, fils de Zacharie et Elisabeth, va naitre 6 mois avant Jésus et va exercer son court ministère juste avant que le Seigneur ne démarre le sien, c’est-à-dire environ 30 ans après la naissance du Sauveur.
Ainsi le temps de l’Avent ne précède pas uniquement Noël, mais prend tout son sens à travers la mission de celui qui est venu préparer le chemin du Seigneur.
Marc, d’ailleurs, ouvre son Evangile directement par le témoignage de Jean Baptiste, pas question de récit de Noël dans ce second Evangile.
Le royaume des cieux est proche, voilà le sens de l’Avent, l’irruption du royaume ici-bas. Le royaume de Dieu s’approche de la terre en celui qui en est le roi, le Christ, le Messie et il faut se préparer à l’accueillir.
Le ministère de Jean Baptiste avait été annoncé 8 siècles plus tôt par le prophète Esaïe : « C’est la voix de celui qui crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ». (Esaïe 40)
Préparer le chemin du Seigneur, qu’est-ce que cela signifie ? Pour quelles raisons, Jésus avait-il besoin d’un Jean Baptiste pour préparer son avènement, sa venue ?
Pour comprendre, il faut se souvenir que la voix du dernier prophète de l’AT s’est tue il y a près de 4 siècles. En 397 avant JC, le prophète Malachie délivre le dernier message de Dieu à son peuple et annonce la venue de son successeur qu’il compare au prophète Elie.
Malachie 3.23 : « Voici moi-même, j’enverrai le prophète Elie avant la venue du jour de l’Eternel, jour grand et redoutable (la venue, (nous retrouvons le terme avent). »
Jésus dira en Mt.11.14 à propos de Jean Baptiste et de son ministère : « C’est lui qui est Elie et qui devait venir ».
Evidemment Jean Baptiste n’est pas Elie ressuscité ou réincarné, mais il est le nouvel Elie, appelé à inviter le peuple, comme Elie l’a fait en son temps, au retour à Dieu, à la conversion.
Il serait trop long, ce matin de parler du prophète Elie qui sera aussi la voix de l’Eternel qui va retentir en Israël au sein d’une période de désert spirituel, d’infidélité, de mort, période de ténèbres pour le peuple élu, sous le règne du roi Achab.
400 ans d’attente, plus même des siècles et des siècles d’attente pour l’humanité descendante d’Adam. Le peuple attend son libérateur et voilà qu’en ce jour extraordinaire, « Le peuple qui marche dans les ténèbres voir une grande lumière, sur ceux qui habitent le pays de l’ombre de la mort, une lumière resplendit. » (Esaïe 9.1).
C’est le message de Noël bien sûr, mais pas que. Avant que ne jaillisse pleinement la lumière, nous sommes encore au cœur de la nuit. Et là, dans l’obscurité, une voix, une simple voix retentit, celle de Jean Baptiste.
Dans le prologue de son Evangile, Jean nous rapporte à propos de cet homme : « Il n’était pas la lumière, mais il vint pour rendre témoignage à la lumière ».
Jean se présentera lui-même, comme une simple voix qui perce le long silence, une voix prophétique, une parole annonçant la venue du jour extraordinaire où Dieu allait visiter et sauver notre terre.
Volontairement les 4 évangélistes ont, en quelque sorte, condensé le cours du temps reliant la naissance de Jésus au début du ministère de Jean Baptiste.
Jean baptiste, sera la charnière entre l’AT et le NT, l’ancienne Alliance et la nouvelle. Dernier prophète de l’Ancien Testament et en même temps celui qui ouvre un chemin nouveau qui mène au salut de Dieu. Quelle mission ! Quel ministère ! Quel homme !
Jésus dira à propos de Jean Mt.11.11 : « Parmi ceux qui sont nés de femmes, il ne s’en est pas levé de plus grand… » Et il rajoutera aussitôt : « mais le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui »
Jean fait partie encore des prophètes de l’ancienne alliance qui annoncent et attendent le salut de Dieu et il mourra comme tous ceux de l’AT qui l’ont précédé, sans avoir vu l’accomplissement du salut à la croix et au matin de Pâque, sans avoir lui-même reçu ce baptême nouveau qu’il a annoncé, baptême de l’Esprit qui fait de celui qui le reçoit un enfant de Dieu. Tel est frères et sœurs le ministère et la mission de ce grand prophète.
Alors après ce survol historique, bien évidemment se pose pour nous la question : quel enseignement retenir de tout cela ? Comment vivre ce temps de l’Avent et lui donner son sens aujourd’hui, autrement qu’une bonne tradition ?
Vous le savez, malheureusement, et je ne parle pas uniquement des non croyants, mais pour beaucoup même parmi ceux qui se disent chrétiens, Noël n’est qu’une tradition, disons un simple anniversaire, c’est-à-dire la commémoration de quelque chose qui appartient au passé, souvenir d’enfance.
Justement, frères et sœurs, c’est là que se trouve la clé du message de l’Ecriture : l’avènement du Seigneur, l’Avent du Seigneur, c’est non seulement, sa naissance ici-bas il y a 2000 ans, mais c’est encore son ministère terrestre et son œuvre de salut, enfin, c’est l’attente de son retour en gloire, de son Avènement. Cela forme un tout, « Voici je viens bientôt » a promis le Seigneur dans les derniers versets de la Bible.
Alors pour nous évidemment, cela fait un peu plus de 4 siècles que nous attendons ce retour, 21 déjà ! Cependant le message et le ministère de Jean Baptiste restent de manière forte, particulièrement d’actualité.
Revenons sur la mission de Jean ? Que dit-elle cette voix qui perce l’obscurité de notre monde ?
Tout d’abord, une parenthèse et une précision importante : Dieu n’a pas eu besoin des hommes et heureusement d’ailleurs, pour accomplir son œuvre de salut. Dieu n’a eu besoin ni d’un Abraham, ni d’un Moïse, ni de David ni d’aucun des prophètes pour réaliser son plan de salut. Il n’a pas davantage eu besoin d’un Jean Baptiste pour faciliter et organiser le ministère de son fils ici-bas.
La Parole a été faite chair, la parole est devenue homme, miracle absolu du Dieu créateur. « Lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son fils, né d’une femme. » (Gal.4.4), décret souverain du Seigneur de l’univers.
Jésus n’a pas eu besoin des hommes, des disciples pour accomplir son ministère et surtout pour donner sa vie en rançon sur la croix. Le Dieu éternel a tout accompli pour le salut du monde. Le message de Noël, c’est bien cela : Dieu a donné un Sauveur. Tout vient de lui et tout est grâce.
Dieu n’a pas eu besoin des hommes pour accomplir son œuvre de salut. Le Christ n’aura pas besoin des hommes pour revenir en gloire sur les nuées, enlever son Eglise et exercer ses jugements sur la terre.
Non, Dieu n’a pas eu besoin des hommes ! Mais ! Et j’insiste sur ce mais, deux choses essentielles, Dieu a toujours choisi, voulu dans sa liberté souveraine associer les hommes, le peuple qu’il a élu, à son œuvre de salut.
C’est là bien sûr à la fois un privilège et une responsabilité. Et la deuxième chose, il appartient aux hommes, à chaque individu d’accueillir le don de Dieu et recevoir le salut.
Et c’est là que nous retrouvons () le ministère de Jean Baptiste, un ministère tourné vers les hommes. Jean est venu préparer Israël à accueillir son Messie.
Son message, sa prédication se résument en deux mots : « repentez-vous », convertissez-vous, changez de comportement, renoncez à votre vie sans Dieu, loin de Dieu. Préparez-vous à accueillir le don de Dieu, préparez vos cœurs.
Le baptême qui accompagne la prédication de Jean n’avait d’autre sens : baptême de repentance, baptême de purification et de retour à Dieu en attendant ce jour où le Sauveur baptiserait quand à lui, d’Esprit-Saint et de feu.
Préparer le chemin du Seigneur ce n’est pas dérouler le tapis rouge ni organiser une grande réception comme lors de la visite d’un grand homme politique en mettant comme l’on dit les petits plats dans les grands.
Non, à la lumière de l’Ecriture, c’est d’abord revenir soi-même de tout son cœur à Dieu, c’est reconnaitre sa misère, son péché et son besoin d’un sauveur, ensuite c’est changer de comportement, renoncer à ma vie sans Dieu, loin de Dieu.
Il s’agit de faire une vraie place au Christ dans ma vie, de me laisser aimer par Dieu et de le suivre jour après jour. Enfin, en accueillant le Christ, c’est devenir soi-même messager et témoin de l’Evangile.
Un ministère, particulièrement d’actualité aujourd’hui pour notre monde encore et toujours plongé dans les ténèbres de la haine, de la guerre, de la désunion et du mépris de l’autre. Combien il est important que Dieu suscite de nouveaux Jean Baptiste.
Tant de gens autour de nous ne sont pas prêts à entrer sur ce chemin de repentance et de foi. Pour beaucoup la bénédiction divine doit venir se rajouter à une vie dans laquelle le Seigneur n’a que peu ou pas de place, comme si Dieu devait me combler sans que cela ne change rien à ma façon de vivre, sans que je ne m’intéresse à lui.
Le message du prophète sera particulièrement sévère envers ces croyants : « races de vipères – clamera-t-il – qui vous a appris à fuir la colère à venir, produisez donc des fruits dignes de repentance. »
Parole sévère de jugement, disons plutôt parole de grâce, message d’amour d’un Dieu qui ne veut qu’aucun périsse, un Sauveur qui est venu et qui vient encore chercher et sauver ceux qui sont perdus.
Vous l’avez compris, frères et sœurs, ces nouveaux Jean Baptiste, c’est nous tous, vous et moi. Cette voix qui crie dans le désert de ce monde, cette lumière qui brille dans la nuit, c’est nous tous chrétiens, c’est l’Eglise de JC sur la terre. Aujourd’hui encore, le Seigneur nous associe à son œuvre d’amour.
Le ministère de Jean Baptiste a été de courte durée, Jean va mourir, exécuté par le roi Hérode peu après que Jésus ait démarré son ministère. Mais la mission de Jean se poursuit aujourd’hui encore à travers l’Eglise.
Le temps de l’Avent, ne se résume pas aux 4 semaines qui précèdent Noël, mais c’est le temps de la grâce, ce temps qui nous rappelle que Jésus est venu et que si du côté de Dieu, tout a été accompli pour notre salut, il appartient à chaque être de préparer le chemin du Seigneur d’abord dans son propre cœur.
Ensuite il appartient à tous ceux qui ont reçu en Jésus le Sauveur, de devenir pour leur prochain des Jean Baptistes, des messagers de l’Evangile, je rajoute même, des marginaux ici-bas.
En effet, chose curieuse, Jean était un personnage atypique, plutôt bizarre avec un vêtement en poils de chameaux, se nourrissant de sauterelles et de miel sauvage, vivant dans le désert ; un vrai marginal dirions-nous aujourd’hui.
Comme Jean, nous sommes appelés à être des hommes, des femmes, des jeunes qui n’emboitent pas forcément le pas à ce monde dominé par les idoles des temps modernes, qui n’adoptent pas forcément la manière de pensée du plus grand nombre.
Mais qui font le choix, même si cela coûte parfois, d’une vie à la gloire de Dieu, une vie responsable et soumise à la parole révélée ; une vie qui sera lumière, parce qu’illuminée par la véritable lumière qui éclaire tout homme, JC ; une vie différente, pas toujours comprise par le plus grand nombre. C’est le prix à payer.
Il nous est dit de Jean qu’il n’était pas la lumière, mais qu’il vint pour rendre témoignage à la lumière. Humilité profonde chez ce serviteur de Dieu qui se présente comme une simple voix et qui saura s’effacer devant celui dont il ne se sentait pas digne de délier la courroie de ses sandales.
Jésus dira de lui en Jean 5.35 : « Jean était la lampe qui brûle et qui brille et vous n’avez pas voulu vous réjouir une heure à sa lumière. »
Jean Baptiste, la lampe qui brûle et qui brille, qui réchauffe et éclaire, serviteur fidèle, témoin, martyr, c’est le même mot, comme tant d’autres dans l’Ecriture et l’histoire de l’Eglise.
Qu’en est-il de nous ce matin ? Comment nous préparons-nous à accueillir le don de Dieu en ce Noël qui vient ? Sommes-nous engagés sur ce chemin de repentance et de sanctification ?
Nous savons bien qu’il ne suffit pas de prendre une bonne résolution, une fois dans sa vie, mais que nous avons besoin chaque jour du pardon et de la grâce qui nous permettent d’avancer vers celui qui est notre modèle parfait.
Autre détail qui a son importance, nous savons que Jean a eu ses moments de doute, notamment lorsqu’il s’est retrouvé en prison. Se serait-il trompé, est-ce vraiment lui le Messie ? Il nous arrive aussi parfois de douter lorsque le vent de l’épreuve, de la souffrance semble nous submerger, n’est-ce pas !
Au moment où Jésus est venu à lui pour son baptême, Jean Baptiste a confessé : « Voici l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ». Cependant, je l’ai dit, le prophète ne verra pas l’aboutissement de son message prophétique. Il ne contemplera pas de ses yeux la victoire de l’agneau immolé et ressuscité.
Mais à la différence de Jean, nous savons, nous que la victoire a été remportée que l’ennemi a mordu la poussière et que plus rien, ni le monde, ni la souffrance, ni la mort, absolument rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ.
De plus, désormais c’est le retour glorieux du Christ que nous attendons, ce jour où nous serons accueillis dans la félicité du royaume éternel, ce jour où le Seigneur de gloire essuiera toutes larmes de nos yeux.
Frères et sœurs, voulons-nous être des Jean Baptiste, voix de Dieu dans ce monde, simple voix qui perce le silence ou plutôt qui retentit malgré les bruits dissonants d’un monde agité et souvent égaré ?
Voulons-nous être d’humbles lumières, fragiles bougies de l’Avent qui brûlent et qui brillent, perçant les ténèbres de la peur, de la violence, de la haine, de la souffrance, de la solitude et du désespoir ?
Oui mes amis, c’est aujourd’hui encore, le temps de l’Avent, Jésus revient bientôt, il faut préparer le chemin du Seigneur.