Prédication du 16 novembre 2025.

Prédication apportée par la pasteur Clémence Bury.

16 nov. 25 – 2 Cor. 2, 14-17

 

 2 Cor. 2 : 14-17 16/11/25

Le ministère de la nouvelle alliance – 1. Le parfum

Imaginez une femme, amoureuse d’un homme qui est en prison (rien à voir avec l’actualité!). Cette femme va payer la caution de cet homme pour qu’il soit libre.

Une fois libre, elle s’attend à ce que l’homme revienne vers elle, lui demande pardon et la remercie, non ? Et cet homme, au contraire, continue sa vie sans elle… Certainement retournera-t-il en prison d’ailleurs, si on envisage la suite…

Bref, l’histoire s’arrête là, mais d’une certaine manière, voilà l’histoire de Dieu avec le monde.

Dieu aime le monde et les humains qu’il a créés. Mais ce monde est en prison, asservi au péché. Dieu paye la caution en Jésus-Christ. Jésus-Christ est la grâce faite au prisonnier. Elle le libère alors qu’il est fautif. Et la grâce a une exigence : la repentance et l’action de grâce, un peu comme dans notre histoire. Mais pour la grande majorité, le monde continue sa vie comme si de rien n’était, demeurant et se remettant sans cesse sous l’emprise du péché.

Ceci dit je voudrais attirer notre attention ce matin sur l’histoire d’amour dont il est question. Dieu aime le monde qu’il a créé. Il s’agit bien d’une histoire d’amour.

Et comme dans toute histoire d’amour, du moins avant l’ère des réseaux sociaux, deux moyens sont fréquemment utilisés pour déclarer sa flamme : avant les « story », les « like », les « snap » ou autre chose qui parle aux jeunes, on s’écrivait des lettres d’amour ! Et on offrait du parfum! Et même souvent, deux en un, on parfumait les lettres qu’on envoyait à celui ou celle qui était l’objet de notre amour !

Justement, dans les textes qui nous occuperont aujourd’hui et dimanche prochain, il est question de parfum, et de lettre, pour nous parler de l’amour de Dieu pour le monde.

Une chose est particulièrement importante à comprendre ici, pour nous chrétiens.

Si nous sommes à Christ, nous ne sommes plus cette personne en prison que Dieu veut sauver par amour. Une autre image peut nous parler ici, donnée par Jésus même dans la parabole du fils prodigue ou du père aimant !

Si nous sommes à Christ, nous ne sommes pas le fils parti au loin qu’il faut sauver. Lui représente tous ceux autour de nous qui se perdent loin de Dieu.

Nous, nous habitons dans la maison du Père, nous sommes plutôt le fils aîné de ce fait.

Et force est de constater que parfois, nous perdons de vue le privilège mais aussi la responsabilité d’être ce fils-là ! Nous habitons dans la maison du Père. Tout ce qui est à lui est aussi à nous. Notre héritage est immense. Nous n’avons rien à prouver. Nous devrions travailler dans cette maison par amour et non par devoir ou sentiment d’obligation ou de mérite ! Et pareillement, nous devrions nous réjouir quand le fils perdu arrive à la maison. Souvenons-nous que dans la parabole, le fils aîné est jaloux et aigri quand il voit la fête donnée en l’honneur du fils perdu et retrouvé.

Pourtant, l’Écriture dit en plusieurs endroits que cela constitue une fête dans le ciel, et même qu’« il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de repentance » (Luc 15 : 7) !

Alors où est-ce que ça coince ? Avons-nous compris à quel point nous sommes bénis en abondance, à quel point nous sommes aimés ? Avons-nous compris qu’aujourd’hui comme hier, le désir de Dieu est de sauver celui qui est perdu (Luc 19 : 10) ? Et que cela n’enlèvera rien à notre part à nous, au contraire ? Un peu comme les enfants dans une famille qui parfois ont peur d’avoir moins d’amour quand un nouveau frère ou sœur arrive dans la fratrie ! Pourtant, même dans le cœur humain, l’amour se multiplie à chaque arrivée d’enfant ! A combien plus forte raison pour Dieu !

L’esprit ouvert sur l’histoire d’amour de Dieu pour le monde et sur notre place privilégiée dans la maison du Père, je vous invite à la lecture de la Parole de Dieu.

* Lecture

Parce que Dieu est amour, parce que Dieu veut encore aujourd’hui sauver, parce que nous sommes déjà bénis dans la maison du Père, alors nous pouvons et nous devrions rendre grâce ! Comme les premiers mots de ce texte, « Grâces soient rendues à Dieu », ce Dieu compatissant, riche en bonté et en amour, patient, lent à la colère, juste et saint.

Grâces soient rendues à Dieu qui « a prouvé son amour envers nous : alors que nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous » (Ro. 5 : 8). Et Paul développe dans les versets qui suivent la réconciliation acquise pour nous par le Christ à la croix. Nous y reviendrons.

Voilà quel est le triomphe dont il est question dans notre passage.

Vous avez sûrement déjà vu des images des cortèges de triomphe revenant de la guerre, avec à sa tête un général romain par exemple, et à la suite la longue foule des soldats mais aussi des captifs et des objets représentant le butin qu’on a arraché à l’ennemi.

Nous appartenions à l’ennemi et nous avons été libérés par le vainqueur : Jésus. Aujourd’hui, nous sommes donc les captifs de Christ, nous sommes son butin en quelque sorte. Et cela devrait nous faire déborder de reconnaissance. Nous étions ennemis de Dieu et nous voilà réconciliés. Plus encore, nous continuons de participer à ce triomphe, notamment à chaque fois qu’une nouvelle personne est arrachée au camp de l’ennemi pour devenir captive de Christ, à chaque fois qu’un fils perdu est retrouvé.

Cela va plus loin encore, puisque Dieu se sert de nous pour faire parler de lui ! Pour reprendre l’image de l’histoire d’amour et la parabole du fils prodigue, ce n’est pas à nous que Dieu envoie du parfum : nous sommes le parfum qui est envoyé au monde !

Ce parfum, Dieu l’envoie pour se faire connaître, le texte nous dit pour « répandre en tout lieu l’odeur de sa connaissance ».

Avons-nous conscience de notre responsabilité et de notre privilège ? Celui-ci est triple.

Un parfum de bonne odeur : le parfum de Christ pour Dieu

Nous sommes premièrement le parfum de Christ pour Dieu, un parfum de bonne odeur.

Le fait d’être un parfum agréable pour Dieu signifie qu’il prend plaisir en nous et en notre vie. Il s’agit de l’accomplissement le plus réel et définitif des sacrifices de l’AT qui étaient « d’une agréable odeur à l’Éternel » (Lv. 1 : 17 ; Ep. 5 : 2 ; Ph. 4 : 18).

Toute la Bible pointe vers la venue du Christ, montrant qu’il est, lui, le seul sacrifice parfait, complet, suffisant et agréable à l’Éternel. L’épître aux Hébreux développe longuement la différence entre les sacrifices de l’AT et le sacrifice de Christ, la perfection et la suprématie de ce dernier. Jésus, le Fils de Dieu, a quitté la gloire de son ciel, il a abaissé pour un temps sa condition divine afin de venir sur terre, vivre parmi nous comme un simple homme. Il a fait cela volontairement. Personne ne l’y a forcé. Il l’a fait par amour, selon un plan établi par le Père et le Fils avant la création.

Il a vécu sa vie d’homme exactement comme nous : il a connu la souffrance, la faim, la soif, la fatigue, l’angoisse, la solitude, l’abandon. Il a également connu la joie, l’amitié, il a mangé et bu, il a dormi, il a prié, etc. Toutes ces choses de la vie, il les a vécues comme nous excepté une chose : il n’a jamais péché. Jésus n’a jamais péché ; ni en actions, ni en paroles, ni même en pensées. Voilà ce qui le rend unique en tant qu’homme, voilà l’énorme différence entre lui et l’ensemble du genre humain depuis Adam.

Si Jésus est venu sur terre et a vécu cette vie humaine sans péché, c’est afin de mourir à notre place. Il le savait, il est venu pour ça ! Lui seul pouvait apaiser la colère de Dieu face au péché de l’humanité car en tant qu’homme, il n’a jamais péché ; lui seul pouvait nous réconcilier avec le Père car il est Dieu. Jésus, sur la croix, a pris sur lui notre péché. Non seulement le nôtre mais celui de toute l’humanité. Il porte à ce moment-là non seulement le péché passé, mais aussi le présent et celui à venir. Voilà pourquoi son sacrifice est parfait, complet, suffisant et agréable à l’Éternel. C’est une offrande volontaire pour le péché. Voilà ce qui résout le problème du péché. Jésus sur la croix paye la dette de l’humanité vis-à-vis de Dieu quant au péché. La justice parfaite de Dieu est satisfaite puisque le salaire du péché, c’est la mort, et que le sacrifice pour enlever le péché nécessite le sang. Le sang de Christ a été versé, il est mort à notre place, il est le « bouc émissaire » dont l’AT donne une image, sauf qu’il s’offre lui-même, sans contrainte.

Qu’en est-il de la réconciliation ? Sur la croix, c’est un double transfert dont il est question en réalité. Notre péché est transféré à Christ qui paye et meurt à notre place.

La justice parfait de Christ – le seul homme à n’avoir jamais péché – nous est transférée à nous si nous plaçons notre confiance en lui. Cela est vrai et valable encore aujourd’hui.

Dieu ne rejette pas celui qui vient à lui par le Christ. Si aujourd’hui, quelqu’un reconnaît son péché et place sa confiance en Christ et dans son œuvre accomplie pour nous à la croix, alors la justice de Christ lui est imputée. Il devient donc réconcilié avec Dieu, justifié gratuitement par le sang de Christ, sauvé.

Si je rappelle tout cela, c’est pour que nous comprenions bien que le parfum agréable à Dieu, c’est Christ ! A première vue ce n’est donc pas nous !

Sauf que, quand nous plaçons notre confiance en Christ, quand nous sommes justifiés, réconciliés, sauvés, alors nous sommes à Christ (je reviens au fait d’être captif de Christ!).

Nous vivons dès lors pour lui, par lui et en lui (1 Co. 3 : 23 ; Ep. 3 : 12 ; 2 Co. 5 : 17-21).

Voilà donc comment nous pouvons être le parfum de Christ pour Dieu, un parfum de bonne odeur, et nous le sommes ! Non par nos propres forces mais en laissant Christ régner en nous. Nous le sommes car dès lors que nous sommes réconciliés par la croix, c’est son fils que Dieu voit quand il nous regarde. Dieu nous regarde et il voit Christ en nous.

Rappelons-nous que Dieu répand par nous l’odeur de sa connaissance. Il faut donc bien que nous le connaissions pour répandre cette bonne odeur ! Il nous faut connaître Dieu et le seul moyen de connaître Dieu, c’est par Christ. Il nous faut donc connaître Christ et son œuvre de salut et de réconciliation. Ce n’est pas optionnel, c’est une nécessité ! Non seulement pour nous, mais aussi pour tous ceux autour de nous vers qui Dieu nous envoie pour répandre l’odeur de sa connaissance !

Pourrions-nous nous contenter de le connaître peu, ou mal, et prendre le risque de dire des choses fausses sur Dieu alors même qu’il nous envoie pour parler de Lui ?

Quelle responsabilité et quel privilège mes amis, que d’être envoyer par Dieu vers ceux qui se perdent, afin si possible que quelques-uns « rentrent à la maison du Père » !

Cela m’amène au deuxième point.

Un parfum de mort : une odeur qui mène à la mort

Pour Dieu, nous sommes le parfum de Christ. Mais que devient ce parfum quand il remplit son rôle et va à la rencontre d’autres personnes ? Et bien comme tout parfum, il divise !

Si vous entrez dans une parfumerie avec un ou une amie, il est fort probable que vous ne soyez pas d’accord. Le parfum qui enchantera l’un écœurera l’autre, et inversement ! C’est très personnel, la façon dont nous recevons le parfum, ce que cela évoque en nous…

L’image reste bonne puisque le texte nous dit que nous pouvons être un parfum de mort, une odeur qui mène à la mort !

Bon j’imagine que personne n’a envie d’être ce genre d’odeur. Pourtant c’est un point important. Il ne faudrait pas mal comprendre.

Le texte ne dit pas que c’est une mauvaise odeur, que nous aurions raté notre objectif. Il ne dit pas que si nous sommes cette odeur qui mène à la mort, c’est parce que nous avons mal fait. Au contraire, nous sommes toujours la bonne odeur de Christ. Alors où est le malaise ?

C’est pour celui qui le perçoit que se joue la différence ! Pour celui qui continue de s’enfoncer dans le mal et les ténèbres, pour celui qui rejette Dieu et refuse la main tendue par le Christ, nous devenons une odeur qui mène à la mort. Parce que notre témoignage, le fait que nous répandions la connaissance de Dieu et donc l’œuvre du Christ, met à nu les motifs de ceux qui rejettent Dieu et son fils. Et notre « parfum » les avertit solennellement qu’ils ne sont pas prêts pour le jour du jugement. Répandre Christ met chacun devant ses responsabilités. Ce n’est pas nous qui jugeons mais c’est Dieu qui sonde les cœurs.

On voit dans l’Évangile que souvent, les démons avaient peur de Jésus, craignant qu’il ne soit venu pour les tourmenter. En effet, quand on met la lumière dans l’obscurité, l’obscurité s’enfuit. De la même façon, l’odeur de Christ que nous portons mets les gens devant leur choix. Elle expose à ceux qui le renient le chemin de mort dans lequel ils se sont aventurés. Car si l’appel à la repentance n’est pas suivi d’effets, alors le chemin reste celui de la mort. Il y a là un choix à faire pour toute personne du temps de son vivant.

« J’ai mis devant toi la mort et la vie […], choisis la vie afin que tu vives… » (Dt. 30 : 19-20).

Un parfum de vie : une odeur qui mène à la vie

Heureusement, pour d’autres personnes vers qui le Seigneur nous envoie, nous serons un parfum de vie, une odeur qui mène à la vie. Qui sont ces gens-là ?

Il me semble qu’on peut voir ici deux catégories : les chrétiens qui peinent, qui sont fatigués, accablés, découragés. Ceux qui peut-être passent par l’épreuve et sont tentés d’abandonner. Quand nous répandons le parfume de Christ auprès de ces personnes, nous sommes un encouragement. Comme si Dieu leur disait, à travers nous, tout l’amour et la compassion qu’il a pour eux. Comme une main tendue au bon moment, pour les relever et les aider à marcher de nouveau les yeux fixés sur le Seigneur Jésus-Christ.

L’autre catégorie, ce sont les gens qui cherchent, qui ne connaissent pas encore l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, mais qui sont préparés par le Seigneur à le recevoir.

Quand nous répandons le parfum de Christ, ce peut-être l’occasion, là aussi au bon moment pour ces personnes, de saisir l’appel à la repentance et de se tourner vers celui qui aujourd’hui encore, veut sauver tous ceux qui reviennent à lui. Alors nous expérimentons la joie du ciel pour le pécheur qui se repent et qui reçoit le salut, pour le fils perdu et retrouvé, celui qui enfin, après un long temps d’errance, revient à la maison !

Dieu, comme un semeur, nous envoie très largement, il nous envoie vers tous. Ce n’est pas à nous de décider et de sélectionner ceux que nous pensons être appelés au salut. D’autant que nous pourrions bien avoir des surprises !

Nous sommes envoyés vers tous, il nous incombe de porter et de répandre la bonne odeur de Christ partout et à tous, en veillant sur nos paroles, nos actes et nos pensées.

Nous sommes sauvés pour le servir. Dieu nous confie le ministère de la réconciliation. Il nous attend actifs et travaillant pour le Royaume, afin que beaucoup soient sauvés.

Quelle responsabilité, et quel privilège !

L’apôtre Paul termine cette portion en demandant : « qui est suffisant pour ces choses ? » (v. 16). C’est peut-être bien la question que vous vous posez vous-mêmes en entendant cette prédication ! Nul ne l’est par ses propres forces ! Mais par Christ, nous le sommes tous ! Peu importe notre âge, notre santé, notre condition. Nous sommes toutes et tous des témoins de Christ où nous vivons, parmi ceux que nous côtoyons. Il nous appartient de ne pas falsifier la Parole de Dieu et d’être sincères, car « c’est de la part de Dieu, devant Dieu et en Christ que nous parlons. » (v. 17). Nous sommes le parfum envoyé au monde, et cela commence dans nos propres maisons, dans nos lieux de travail, parmi nos amis, et partout où le Seigneur nous enverra !

Réfléchissons pour commencer à une personne pour laquelle nous devons être le parfum de Christ, et prions que Dieu nous donne des occasions de témoigner de sa grâce !

« Grâces soient rendues à Dieu qui nous fait toujours triompher en Christ » (v. 14) ! Amen.

JEM 109 « Pour cet immense bonheur »

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