Prédication apportée par notre pasteur Clémence Bury.
Ephésiens 2 : 1-10
De la mort à la vie par la grâce souveraine de Dieu
* Prière
Nous sommes sauvés de quelque chose pour être appelé à quelque chose.
C’est avec ces mots, il y a deux semaines, que nous entrions dans la dimension de l’appel. Cet appel a été prêché la semaine dernière concernant la vocation du prophète Jérémie. Aujourd’hui, nous voulons poursuivre sur cette dynamique qui nous fait passer de la mort à la vie par la grâce de Dieu.
Cet après-midi, nous allons ensemble étudier la fiche théologique n° 6 qui parle de la souveraineté de Dieu en même temps que de la responsabilité de l’homme.
Le texte que nous allons lire maintenant nous fait entrer dans ce thème.
* Lecture
« La particularité du message de cette épître se trouve dans la volonté de l’apôtre d’inscrire la foi de ses interlocuteurs dans le plan de salut de Dieu qui va d’avant la fondation du monde jusqu’à la récapitulation de toutes choses en Christ (Ep. 1 : 3-14) et qui nous permet d’apercevoir ce que pourrait être la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur… de l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance (Ep. 3 : 18-19). »1
Dans Éphésiens 1, Paul mentionnait que c’est réellement par grâce que Dieu nous a sauvés. Dans le chapitre d’aujourd’hui, il met plutôt l’accent sur les grandes richesses et les bénédictions que nous avons reçues de la part du Seigneur, puis il explique davantage la grâce que Dieu nous a accordée au moment de notre salut. Pour ce faire, il décrit d’abord la vie dont nous avons été sauvés. Ensuite, il explique de manière plus détaillée la grâce que Dieu nous a accordée, puis il enseigne que c’est par cette même grâce que nous devons vivre la vie chrétienne.
En réalité, les deux premiers chapitres d’Éphésiens portent sur le salut, mais mettent l’accent sur des points différents. Le premier chapitre focalise sur les bénédictions qui découlent de notre salut, tandis que le deuxième traite davantage de la grâce et la miséricorde de Dieu, qui sont à l’origine de notre salut.
Ce passage que nous avons lu couvre à la fois le passé, le présent et l’avenir, pour chacun de nous. Il commence par dresser le tableau de notre condition, ce que nous étions dans les versets 1 à 3. Ensuite il nous présente le salut de Dieu, ce que Dieu a fait, fait et continue de faire dans les versets 4 à 7. Enfin il nous montre comment cela s’articule, ce que Dieu fait et ce que nous sommes appelés à faire dans les versets 8 à 10.
1. Ce que nous étions : morts vv. 1-3
Le chapitre 2 s’ouvre sur un tableau désespérant de l’état de l’homme. Triste constat qui se résume en un mot, celui de mort.
Ce constat peut vous paraître fort sévère, mais c’est pourtant là ce que la Bible affirme concernant la situation de l’homme devant Dieu, suite à la désobéissance d’Adam et Eve en Eden. Gn 1.16 L’Éternel Dieu donna ce commandement à l’homme: Tu pourras manger de tous les arbres du jardin; 17 mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras.
De même, dans son Epître aux Romains, au chapitre 6.23, Paul dira : « Car le salaire du péché, c’est la mort » !
Le péché introduit une rupture entre Dieu et l’homme, de sorte que, depuis la Chute, tous les hommes sont spirituellement morts, ils sont étrangers à la vie de Dieu, ils ne connaissent pas la communion avec Dieu.
Comme le dit le prophète Esaïe : « Mais ce sont vos fautes qui mettaient une séparation entre vous et votre Dieu ; ce sont vos péchés qui vous cachaient (sa) face et l’empêchaient de vous écouter. » (Es 59.2) La séparation d’avec Dieu, c’est la mort.
La deuxième vérité concernant la condition de l’homme depuis la Chute, c’est qu’il est esclave.
Quoiqu’il puisse prétendre, l’homme naturel est esclave du monde tout d’abord.
Le « cours de ce monde », c’est cet ensemble de système de valeurs étranger à Dieu, c’est la société organisée sans Dieu, sécularisée, déshumanisée, et amorale, qui rejette les absolus et qui prône une conception matérialiste de la vie, en dehors de toute religiosité, de toute relation à Dieu. Voici quelques caractéristiques du « train de ce monde » : l’orgueil, la convoitise, la cupidité, la réussite personnelle et la réalisation des objectifs terrestres. Même si l’époque et la culture déterminent lesquelles de ces caractéristiques ont le plus d’importance, elles sont restées sensiblement les mêmes au fil des années.
Paul utilise l’expression « par nature » pour expliquer que le péché n’est pas simplement un comportement extérieur, mais que ce dernier prend naissance dans un cœur qui est fondamentalement corrompu. La doctrine chrétienne de la « dépravation totale » affirme que toutes les facettes de notre être sont corrompues par le péché. Bien entendu, cela ne signifie pas que tous les humains sont aussi corrompus qu’ils pourraient l’être, que tous sont corrompus au même degré dans tous les domaines, ou encore, que personne ne peut faire des actes de bienfaisance. Cela signifie cependant que nous sommes par nature souillés par le péché et que nous avons tous tendance à vivre loin de Dieu.
Esclave de ce monde, l’homme naturel est aussi esclave du diable.
Le diable, ou Satan, est à l’œuvre dans le monde, et constitue une puissance d’aveuglement et d’asservissement dont seul le Christ peut nous affranchir.
Esclave du monde et du diable, l’homme pécheur est aussi esclave de ce que l’apôtre Paul nomme ici, au verset 3 : « la chair ». La chair signifie ici non pas le corps, la sexualité, qui n’est pas mauvaise en soi, étant un don de Dieu, mais bien le « Moi », la volonté orgueilleuse de l’homme pécheur qui prétend pouvoir se passer de Dieu, en ne s’appuyant que sur lui-même, sur ces capacités naturelles.
La « chair », c’est le « Moi » qui se dresse contre Dieu, c’est l’orgueil humain qui lutte contre la seigneurie du Christ, et qui s’oppose à son règne de justice et d’amour.
Finalement, nous étions des « enfants de colère », ce qui signifie qu’en raison de sa sainteté, Dieu aurait pu être contraint de nous détruire, car il ne peut tolérer la présence du mal. Sa sainteté l’interdit.
v. 3 : « La colère de Dieu est la révolte d’un Dieu qui n’accepte pas que ses enfants renoncent à leur liberté et se laissent enfermer par le prince de l’autorité de l’air. Dieu est en colère contre tout ce qui abîme l’humain. »2
Pour que nous ayons une meilleure compréhension de la grâce que nous avons reçue, Paul décrit donc en détail la vie dont nous avons été sauvés. En d’autres mots, il nous est impossible de comprendre la valeur de ce que nous possédons si nous ne saisissons pas à quel point nous étions perdus. Nul n’apprécie mieux la richesse ou le confort que celui qui en a été privé…
Le but de l’apôtre n’est pas ici de brosser un tableau pessimiste de la nature humaine, afin de nous enfermer dans cette situation, et de nous faire perdre tout espoir, toute confiance en l’avenir, en la vie. Le but de l’apôtre, et de l’Écriture Sainte tout entière, c’est de nous conduire à Jésus-Christ, le Sauveur.
La Bible, chers amis, ne nous parle du péché que pour nous parler de la grâce ! Elle nous parle de notre situation d’esclavage, de notre aliénation, que pour nous parler de la délivrance qu’apporte le Christ !
Elle ne nous parle du jugement de Dieu, de sa condamnation, que pour nous dire que le salut, la délivrance ne peut s’obtenir que par la foi en Christ, mort et ressuscité pour nous.
Elle ne nous parle de sa colère que pour magnifier l’amour incommensurable de Dieu qui nous pardonne en Christ, de sorte que nous pouvons connaître à nouveau la paix et la joie de la communion avec Dieu. L’intention de l’apôtre Paul est ici, dans notre texte, de nous dire que là où le péché a abondé, la grâce a surabondé !
2. Mais Dieu… : le salut ! vv. 4-7
“Mais Dieu…” Cette section commence avec le mot « mais », qui est très important.
En effet, Paul y met l’accent sur le fait que nous n’avons pas reçu ce que nous méritions, « mais » que Dieu nous a plutôt accordé sa grâce et sa miséricorde. La grâce est un don immérité que nous ne pouvons jamais obtenir par nos propres moyens. Il s’agit réellement d’un don. Pour être sauvés, la seule chose que nous devons faire est de recevoir ce que Dieu nous donne, dans sa grâce. Ce don, c’est Christ lui-même. Tout d’abord, nous recevons par lui le pardon de nos péchés, qui sont complètement effacés. Puis, Dieu nous revêt de la justice de Christ, et lorsqu’il nous regarde, il voit d’une certaine manière la vie parfaite que son Fils a vécue.
Paul met réellement l’accent sur le fait que cette grâce nous a été accordée alors que nous étions encore « morts » dans nos péchés. En d’autres mots, nous ne pouvions absolument rien faire pour nous sauver nous-mêmes, et au moment où cette grâce nous a été accordée, nous étions encore activement dans un état de rébellion.
Dieu maintenant prend la situation en main comme lui seul peut le faire, à cause du “grand amour dont il nous a aimés”. Son moyen est l’œuvre de Christ.
Jésus a vécu parmi nous, il a connu la mort, prenant sur lui nos péchés et nos offenses, pour nous en délivrer. Par sa résurrection il a vaincu la mort et nous offre la gage de notre propre résurrection. Par l’Ascension, il est monté au ciel d’où il intercède pour nous, en nous préparant une place.
Trois étapes nous concernent dans ce texte, et dans chacune des trois, rien n’est le fait de l’homme.
Il nous a vivifiés
Un mort ne peut pas faire le moindre mouvement vers Dieu. Mais Dieu “fait sortir de la mort” Psaume 68. 21 et la vie qu’il donne, Dieu seul peut la donner, c’est la vie divine, la vie éternelle dont l’apôtre Jean nous dit : “… et cette vie est dans son Fils. Celui qui a le Fils a la vie…” 1 Jean 5. 11
Il nous a ressuscités
Notre relation avec Christ ressuscité nous place sur ce nouveau terrain de la résurrection, dans un état de nouvelle création, comme Christ s’y trouve lui-même. La vie divine que nous avons reçue s’accompagne d’une puissance active qui permet de traverser victorieusement ce monde comme lui l’a fait. Mais ce n’est pas tout :
Il nous a fait asseoir
Être assis correspond à une position de repos ; Christ goûte ce repos glorieux après son service sur la terre, après avoir “fait par lui-même la purification des péchés” Hébreux 1. 3 et remporté toutes les victoires. Notre relation avec lui, monté au ciel et assis à la droite de Dieu, s’accompagne de la jouissance par la foi de tout ce que comporte cette position hors du monde, dans la proximité de Christ et le parfait repos. Nous sommes associés aux pleins résultats de l’œuvre dont il est le seul artisan.
v. 6 : « Chaque fois que j’ai tendance à me laisser aller au découragement, je dois me répéter que je siège à la droite de Dieu dans les lieux célestes… j’appartiens au conseil de Dieu, je suis fils ou fille de roi. »3
Je voudrais, frères et sœurs, ce matin que vous mesuriez vraiment le poids de ces deux mots qui ouvrent le propos de Paul au sujet de la délivrance en Christ : « Mais Dieu » !
Nous sommes pécheurs, nous sommes spirituellement morts, nous sommes esclaves du monde et de Satan, nous sommes sous la malédiction de la Loi, mais Dieu !
Il y a un « mais » chers amis ! Arrêtez-vous un instant, et comprenez ce que cela veut dire. Dieu est riche en miséricorde ! Le pardon se trouve auprès de Dieu.
Il n’y a pas de faute impardonnable aux yeux de Dieu, pas de situation désespérée.
Son amour pour nous, les hommes, ne connaît pas de limite.
Il nous connaît, et il sait bien de quoi nous sommes formés.
Il est un Père aimant, qui est toujours prêt à pardonner, et qui, en Christ, peut et veut faire de nous de nouvelles créatures, à l’image de son Fils Jésus-Christ.
Ecoutez le psalmiste :
103.8 L’Éternel est compatissant et il fait grâce, Il est lent à la colère et riche en bienveillance;
9 Il ne conteste pas sans cesse, Il ne garde pas (sa colère) à toujours;
10 Il ne nous traite pas selon nos péchés Et ne nous rétribue pas selon nos fautes.
11 Mais autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, Autant sa bienveillance est efficace pour ceux qui le craignent;
12 Autant l’orient est éloigné de l’occident, Autant il éloigne de nous nos offenses.
13 Comme un père a compassion de ses fils, L’Éternel a compassion de ceux qui le craignent.
Je voudrais ce matin que vous goûtiez, comme tout à nouveau, à cette compassion de Dieu, que vous l’expérimentiez vraiment, qu’elle vous saisisse même, et vous émeuve, de sorte que vous ne doutiez pas de l’amour de Dieu pour vous, de sa puissance de guérison, qui peut tout transformer en vous, changer votre vie, vous faire prendre un nouveau départ peut-être, dans la confiance et dans la joie.
« Nous qui étions morts par nos fautes, il nous a rendus à la vie avec le Christ… » !
Ailleurs l’apôtre dit : « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature, les choses anciennes sont passées. Voici : toutes choses sont devenues nouvelles » (2 Co 5.17).
S’il en est un parmi vous ce matin, qui désespère de la vie, qui ne voit peut-être pas très bien comment Dieu pourrait lui accorder le pardon des ses péchés, s’il en est un parmi vous qui pense avoir atteint un point de non-retour, de sorte que l’Évangile ne serait pas pour lui, qu’il me soit permis alors de lui dire, une fois encore : « C’est par la grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. » « Nous qui étions morts par nos fautes, il nous a rendus à la vie avec le Christ » !
3. Articulation entre foi et œuvres : ce que Dieu fait et ce que nous sommes appelés à faire vv. 8-10
v. 8 : « Le verbe sauver signifie aussi guérir. Être sauvé, c’est vivre une vie de sauvé, une vie guérie de ce qui nous alourdit, une vie animée par la grâce et le don de Dieu. »4
Ce dernier enseignement peut passer inaperçu dans ce passage qui traite surtout de la grâce que Dieu nous a accordée lorsque nous avons reçu Christ comme Sauveur personnel. Cependant, le verset 10 apporte une toute nouvelle idée. En effet, Paul y déclare que la grâce n’est pas seulement ce qui nous amène à connaître Christ, mais aussi ce qui nous permet de grandir spirituellement.
Comment sommes-nous venus à Christ? Nous avons reconnu notre impuissance et notre besoin d’être sauvés, puis nous avons reçu le don gratuit de Dieu, qui nous a secourus. De la même manière, maintenant que nous sommes chrétiens, n’essayons pas de vivre la vie chrétienne par nos propres forces, mais dépendons plutôt continuellement de Dieu et de sa grâce. Par exemple, inutile d’essayer à tout prix et par nous-mêmes de faire de bonnes œuvres. Paul enseigne ici que même ces bonne œuvres, Dieu les a préparées d’avance pour nous, pour que nous ayons la possibilité de le glorifier.
La souveraineté de Dieu se voit fort bien puisqu’Il a tout prévu, et tout s’accomplit selon Son dessein. Mais nous n’en sommes pas moins responsables d’entrer et de marcher (ou pratiquer) dans ces œuvres que Dieu a prévues d’avance pour nous.
Si nous souhaitons découvrir quelles sont les œuvres que Dieu a préparées d’avance pour nous, nous devons demeurer près de Christ en lisant la Parole et en priant.
Ainsi, nous vivrons en ayant une communion étroite avec Dieu et en dépendant constamment de lui plutôt que de nos propres forces.
Dieu s’est engagé, par un amour inconditionnel. Et la raison pour laquelle Paul insiste autant sur les conséquences de ce qu’on a reçu c’est que si on les comprend bien cela va nous changer. La manière de grandir dans la vie chrétienne ce n’est pas de faire des choses que traditionnellement on a dit être « chrétiennes », c’est avant tout d’être enracinés dans ce qu’on a reçu. Il s’agit d’être et d’habiter plutôt que de faire !
Comment l’être sinon en comprenant encore et encore à quel point l’amour de Dieu est inhabituel et total?
Comprendre ces vérités, ça transforme ! Cela nous rend libres ! Même dans les circonstances difficiles on a une autre perspective.
Cette liberté qu’offre Dieu par le Christ, c’est par l’Esprit-Saint que nous pouvons la vivre, car « là où est l’Esprit, là aussi est la liberté » 2 Co. 3 : 17.
Voilà l’aspect du salut dont il n’est pas parlé directement dans ce texte, mais qui est d’actualité puisque nous sommes le dimanche de Pentecôte, celui de l’envoi du Saint-Esprit ! Dans cet envoi de l’Esprit tel que nous pouvons le lire dans le livre des Actes, nous voyons la souveraineté de Dieu qui décide où, quand et comment ; mais nous voyons aussi la responsabilité de l’homme puisque les disciples devaient obéir aux paroles de Jésus qui leur avait dit de se réunir et d’attendre le Consolateur ! Recevoir l’Esprit dépendait donc de la souveraineté de Dieu qui donne au moment opportun, mais aussi de la responsabilité de l’homme qui se soumet à la volonté de Son Dieu.
Il en va de même pour nous, dans notre marche par l’Esprit, marche à laquelle nous sommes appelés à la suite de Christ, afin de vivre en nouveauté de vie.
Nous étions morts mais Dieu, dans sa souveraine grâce, nous a fait passer de la mort à la vie. Bien plus, Il nous appelle à entrer dans les œuvres qu’Il a préparées d’avance pour que nous les pratiquions, et cette marche ne peut se faire que par l’Esprit. Amen.
→ AF 282 Grand Dieu ta souveraine grâce
1Antoine Nouis, Le NT, commentaire intégral verset par verset, volume II, p. 1198.
2Ibid., p. 1205
3Ibid., p. 1205
4Ib., p. 1206