Prédication apportée par la pasteur Clémence Bury.
20 août 23 – Jos. 24, 1-18[2025]
Josué 24 : 1-18 20/08/23
*Prière
*Lectures : Josué 24 : 1-28 ; Ephésiens 2 : 1-10
À la fin du Deutéronome, Moïse avait terminé son ministère en renouvelant dans les plaines de Moab l’alliance du Sinaï. Josué de même prend congé de ses frères en scellant tout à nouveau leur alliance avec Dieu, à Sichem. Tandis que le lieu où s’étaient réunis les représentants du peuple n’était pas désigné en Josué 23.2, celui de cette assemblée-ci, beaucoup plus importante, est expressément indiqué. La localité de Sichem était chère au peuple par des souvenirs récents et par les séjours prolongés que les patriarches y avaient faits. Israël s’y était déjà rassemblé au début des guerres en Canaan. Ils avaient dressé un autel à l’Éternel. Puis les Lévites avaient lu à haute voix la Loi de Dieu et le peuple avait donné son assentiment en répétant : «Amen, Amen». Dieu leur avait rappelé que l’obéissance conduisait à la bénédiction, la propre volonté, à la malédiction (Jos. 8:30-35 ; Deut. 11:29). C’est à Sichem qu’Abraham avait reçu la promesse que sa postérité posséderait Canaan (Genèse 12.6), et que Jacob à son retour de Mésopotamie avait fait disparaître du sein de sa famille les dieux étrangers (Genèse 35.2). C’est à une décision semblable que Josué désire amener, en cette grande journée, son peuple tout entier (verset 14).
Avant de l’inviter à choisir la voie où il veut s’engager, Josué juge utile de leur rappeler tout le chemin que Dieu leur a fait suivre, jusqu’ici, dans sa grâce. Il retrace, avec une force et une concision remarquables, les principaux événements de l’histoire de ce peuple, aimé de Dieu, au demeurant, le plus petit des peuples (Deut. 7:7-8). C’est un récit extraordinaire, souvent rappelé par la Parole (Ps.78 ; 105 ; 106 ; Act. 7). Tout y est à la gloire de Dieu. On trouve 17 fois dans ces quelques versets le mot «JE», en relation avec l’action souveraine de l’Éternel en miséricorde (Jos. 24:2-13).
Dieu avait d’abord appelé Abraham, et Josué précise que son père, Terakh, servait déjà les idoles (Jos. 24:2). Josué veut leur dire par là: l’idolâtrie n’est pas seulement le propre des populations arriérées qui vous entourent ; elle est dans votre nature. Vous n’êtes pas meilleurs que les autres. L’idolâtrie était donc dès le départ inscrite dans leur cœur. Elle l’est d’ailleurs aussi dans le nôtre ! L’Éternel les a pris en charge alors qu’ils étaient encore loin de Lui. De même, aujourd’hui, il reçoit des pécheurs loin de Lui, morts dans leurs fautes et dans leurs péchés (Éph. 2:1-3).
Laissons parler l’épître aux Éphésiens (ch. 2): «Vous étiez morts dans vos fautes et dans vos péchés, dans lesquels vous avez marché autrefois, selon le train de ce monde… accomplissant les volontés de la chair et des pensées ; et nous étions par nature des enfants de colère, comme aussi les autres».
Si nous nous sommes reconnus parmi ces misérables servant les idoles de ce monde ; relisons ces versets de Éph. 2:4… et admirons ce qu’a fait pour les siens le Dieu «qui est riche en miséricorde». Nous sonderons les profondeurs de la grâce de Dieu dans la mesure où nous comprendrons à quel point nous en avions besoin.
Dieu a donc conduit Abraham dans le pays de Canaan. Là, il a multiplié sa semence en lui donnant d’abord Isaac. Ce dernier a reçu à son tour deux fils : Jacob et Ésaü (v. 3). Il a donné en partage à Ésaü la montagne de Séhir, tandis que Jacob et ses fils sont descendus en Égypte (v. 4).
Plus tard Dieu envoie Moïse et Aaron pour les délivrer et Il frappe de plaies l’Égypte (v. 5) ; Il fait sortir leurs pères à travers la mer Rouge, et détruit leurs poursuivants (v. 6-7) ; Le peuple séjourne longtemps dans le désert — où il fait l’expérience, d’étape en étape, de la force de Son bras et de l’amour de Son coeur (v. 7). Ensuite, Dieu leur donne la victoire sur les Amoréens, à l’est du Jourdain (v. 8). Il oblige même Balaam à bénir les fils d’Israël (v. 9-10) et leur fait passer le Jourdain (v. 11). Il livre entre leurs mains les habitants qui leur font la guerre (v. 11-12) et donne à Israël un pays pour lequel il n’a pas travaillé mais où il trouve de tout en abondance (v. 13). Autant de preuves extraordinaires de la bonté de Dieu et du déploiement de sa puissance en leur faveur ! (Ps. 106:1-2).
Le chrétien, déjà assis dans les lieux célestes en Christ (Éph. 2:6), et qui jouit des fruits de Sa grâce, est-il disposé à reconnaître avec adoration, que toute bénédiction spirituelle et même le désir que nous avons d’en jouir, vient de Dieu ?
Ce rappel était destiné à raviver dans le cœur de chacun la reconnaissance, en pensant à tout ce chemin parcouru, la confiance pour envisager l’avenir, et l’obéissance pour rester dans la faveur de ce Dieu plein de bonté. Israël serait gravement coupable de se détourner de Lui (Jos. 24:18, 24).
Josué conclut : Maintenant, craignez l’Éternel, et servez-le en intégrité (de tout votre cœur) et en vérité (sans hypocrisie), et ôtez les dieux que vos pères ont servis de l’autre côté du fleuve et en Égypte et servez l’Éternel» (Jos. 24:14). Ce sont là les obligations imposées par de tels bienfaits. Quant au fait d’ « ôtez les dieux », cela nous montre que l’idolâtrie existait toujours en secret, comme autrefois dans la famille de Jacob.
De nos jours, Dieu rappelle sa bonté envers ceux qui nous ont précédés, en particulier nos parents, nos grands-parents peut-être. De plus nous avons éprouvé les effets de sa grâce envers nous ; Il s’est révélé à nos cœurs pour y produire une foi personnelle en l’œuvre de Christ. Ne passons pas légèrement sur de telles bénédictions ! Ne perdons pas de vue qu’il y a un moment dans notre vie pour se décider, quant à la conversion d’abord, à une marche pour Christ ensuite, et pour répondre à Son désir, exprimé la nuit où Il fut livré : «Faites ceci en mémoire de Moi» (Luc 22:19-20). Être appelé par sa grâce à une position très élevée, ne nous met pas à l’abri de nous éloigner de Dieu et de tomber dans les idolâtries dont ce monde est rempli. Souvenons-nous que choisir, c’est renoncer… !
« Choisissez aujourd’hui » dit Josué, ce qui nous rappelle les paroles d’Elie au peuple d’Israël devant les prophètes de Baal en 1 Rois 18.21.
Israël devait maintenant choisir entre l’Éternel et les faux-dieux (Jos. 24 :15). Mais Josué leur parle comme s’il avait intuitivement compris qu’ils avaient déjà secrètement choisi de servir les faux-dieux. Dans ce cas, une seule et triste décision leur restait à prendre : Serviraient-ils les idoles que leurs pères avaient servies de l’autre coté du fleuve ou les dieux des Amoréens ? Plus tard, Dieu dira, non sans ironie, à son peuple qui enfin crie à Lui : «Allez, et criez aux dieux que vous avez choisis» (Jug. 10:14).
Mais avant d’écouter leur réponse, Josué rend public son propre choix. Il connaît la valeur de l’exemple. En se tournant résolument vers l’Éternel, il souhaite entraîner ses frères sur ses traces : «Moi et ma maison, nous servirons l’Éternel» (Jos. 24:15 ; Act. 16:31).
Avec humilité, Josué ne s’était jamais étendu sur ses propres états de service. Pourtant il avait été un conducteur fidèle et courageux (Jos. 11:15). Il parle comme père de famille. Son désir ardent est que les siens craignent Dieu et Le servent. Il marche ainsi sur les traces d’Abraham (Gen. 18:19) et tire profit des exhortations de Moïse (Deut. 6:4-9 ).
Les parents chrétiens aujourd’hui ont besoin de se souvenir de tels exemples et d’être attentifs aux exhortations de l’apôtre Paul (Éph. 5:22 à 6:4).
Avec une ferveur apparente, d’une seule voix, les enfants d’Israël se déclarent prêts à suivre leur Dieu, et à faire solennellement alliance avec Lui : «Aussi nous, nous servirons l’Éternel, car c’est lui qui est notre Dieu» ! (Jos. 24:18).
Dans des circonstances similaires, quand Moïse avait placé la Loi devant les fils d’Israël, ils avaient aussi déclaré : «Tu nous diras tout ce que l’Éternel, notre Dieu t’aura dit et nous l’écouterons et nous le pratiquerons» (Deut. 5:27). Mais Dieu avait confié à son serviteur : «Oh ! s’ils avaient toujours ce coeur–là pour me craindre et pour garder tous mes commandements» ! (Deut. 5:29).
Josué n’est pas convaincu de cette prompte profession de foi. Il craint qu’Israël ne s’engage trop légèrement et sans s’être rendu compte de sa propre faiblesse. Aussi il dit ouvertement à ce peuple, avec lequel il vit déjà depuis tant d’années : «Vous ne pouvez pas servir l’Éternel ; car il est un Dieu saint, il est un Dieu jaloux (Ex. 20:3-5), il ne pardonnera pas votre transgression et vos péchés» ! (Jos. 24:19). Il lui rappelle toute la difficulté et même l’impossibilité, au point de vue des forces naturelles, de satisfaire aux exigences d’un Dieu si saint, non pour qu’il renonce à s’engager à son service, mais pour qu’il ne le fasse qu’en s’appuyant sur son secours et qu’en rompant avec tout culte étranger.
Dieu savait parfaitement qu’ils dissimulaient des dieux étrangers dans leurs tentes. Que peut-il voir dissimulé dans nos maisons ? Pensons-nous, comme au temps d’Ezéchiel, que Dieu ne sait pas, qu’Il ne nous voit pas ?
Si le peuple avait été sage, touché de cette miséricorde infatigable de Dieu et se défiant de lui-même, il aurait dit à l’Éternel : Que ta grâce, ta grâce seule, continue à nous garder et à nous conduire. Mais sa folie le fait se tenir aux principes de la loi ; il se confie en lui-même et dit : «Nous servirons l’Éternel».
Ce solennel entretien aboutit en quelque sorte à un acte judiciaire. C’est comme si Josué voulait dire : J’ai entendu souvent vos frères se plaindre de ce qu’on les avait obligés contre leur gré à sortir d’Égypte ; si jamais vous veniez à prétendre aussi que je vous ai obligés contre votre gré à servir l’Éternel seul, vous serez les meilleurs témoins à citer contre vous-mêmes.
Une fois encore Josué leur rappelle les exigences divines : «Maintenant ôtez les dieux étrangers qui sont au milieu de vous, et inclinez votre coeur vers l’Éternel votre Dieu, le Dieu d’Israël» (Jos. 24:23).
En réponse, le peuple affirme à nouveau sa détermination de rester fidèle à l’Éternel et d’écouter sa voix (Jos. 24:21, 24).
Mais ils n’agissent pas comme Jacob, qui avant de monter à Béthel, la maison de Dieu, avait commandé aux siens : «Ôtez les dieux étrangers et purifiez–vous ».
Dieu prend connaissance du moindre mouvement de notre cœur vers Lui. Tout est soigneusement noté dans son Livre. Et même si nous avons déjà reçu depuis longtemps la vie de Dieu, peut-être avons-nous besoin maintenant de nous détourner d’idoles familières, auxquelles nous sommes secrètement attachés (Job 20:12). Alors nous pourrons vraiment servir le Dieu vivant et vrai (1 Thes. 1:9).
Le fait que Dieu termine cette histoire par la manifestation de sa grâce, a aussi de l’importance pour nous. Introduits dans les lieux célestes pour en jouir, c’est de sa grâce que Dieu nous entretient, et par elle qu’il affermit nos cœurs. Mais pour bien la comprendre, il faut que notre état nous soit pleinement révélé. Il en est ainsi des voies de Dieu, car c’est parvenu en Canaan qu’Israël apprend à connaître pour la première fois (v. 2) l’idolâtrie de ses pères, la ruine totale de la souche dont il était sorti et son éloignement complet de Dieu. Il en est de même pour nous. La ruine du premier homme ne nous apparaît dans son entière réalité que lorsque nous sommes complètement délivrés. Trop peu de chrétiens comprennent cette vérité, hélas ! et jouissent de leur place glorieuse en Christ. Le fils prodigue savait déjà bien des choses, quand il était en chemin pour retourner vers son père ; son péché, son état misérable, ne lui étaient nullement inconnus ; mais, quand il revient dans la maison du père, il entend pour la première fois ces mots : «Mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé». De même, c’est après notre introduction dans les bénédictions spirituelles, que l’épître aux Éphésiens nous dit : «Lorsque vous étiez morts dans vos fautes et dans vos péchés».
Tout le commencement de notre chapitre nous parle, comme je l’ai dit, des voies de Dieu en grâce envers son peuple terrestre. En Abraham (v. 3), nous trouvons l’élection, l’appel, la foi, et les promesses qui se concentrent sur Isaac. En Jacob et Ésaü (v. 4), nous trouvons le libre choix de la grâce. En Égypte (v. 5), Israël apprend à connaître le pardon ; à la mer Rouge (v. 6), la délivrance. C’est la grâce encore (v. 7) qui le soutient dans le désert, qui lui fait passer le Jourdain (v. 11), qui l’introduit en Canaan (v. 13).
La présence des ennemis ne fait que mettre en lumière la puissante grâce de Dieu en faveur de son peuple. L’Égyptien qui le retenait esclave est jugé ; détruit à la mer Rouge, quand il s’oppose à la délivrance du peuple ; l’Amoréen qui habitait en dehors des limites du Jourdain et cherchait à s’opposer à leur passage, est vaincu ; Balak, l’ennemi subtil qui, par le moyen de Balaam, essaie d’engager Dieu à détourner sa face de son peuple, est rendu confus et doit entendre des bénédictions sortir de la bouche qu’il appelait à maudire. Enfin, toutes les nations fuient devant Israël, comme chassées par les frelons, sans que le peuple ait besoin de son épée et de son arc.
Une grâce si merveilleuse devait engager la nation à suivre l’Éternel. Et nous ? N’avons-nous pas reçu une grâce plus grande encore ? «Dieu a fait connaître ses voies à Moïse et ses actes aux enfants d’Israël». Leur a-t-il révélé ses conseils ? Non, cela nous était réservé. Dieu nous a fait part de ses desseins les plus secrets, de ses desseins éternels à l’égard de Christ ; il a fait de nous ses confidents ! Quelle grâce !
Les adieux de Josué au peuple nous font penser à ceux de Paul aux anciens de l’assemblée d’Éphèse (Actes 20:17…). Le fidèle apôtre rappelle lui aussi la grâce et la puissance de Dieu qui donne un héritage à tous les sanctifiés (verset 32). Il souligne la responsabilité qui s’ensuit et exhorte à prendre garde, à veiller… (versets 28, 31). Et il peut invoquer son propre exemple: il a servi le Seigneur (verset 19) et il n’a d’autre désir que d’achever ce service reçu de Lui (verset 24). C’est aussi la conclusion de Josué. Son ministère parait terminé. «Moi et ma maison, nous servirons l’Éternel», déclare-t-il pourtant dans une inébranlable décision de cœur. Ce «moi et ma maison nous servirons» ne répond-il pas d’une manière toute naturelle au «tu seras sauvé toi et ta maison» d’Actes 16:31? Le croyant et les siens sont sauvés pour servir.
Et maintenant, que nous reste-t-il à faire? «Choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir!» (verset 15). Et faites le bon choix! «Nul ne peut servir deux maîtres», confirme le Seigneur (Luc 16:13).
Les bonnes dispositions d’Israël dureront tant qu’il aura de pieux conducteurs: Josué, Éléazar… (comparer 2 Chroniques 24:2). C’est l’occasion de nous interroger une foi encore: Sommes-nous attachés à Christ par une foi vivante et personnelle? Ou bien nous sommes-nous contentés jusqu’ici de suivre par entraînement et imitation ceux qui nous ont enseignés? En ce cas que ferons-nous quand ils nous auront quittés? Josué termine sa course. Fidèle conducteur, il a marché dans le désert la marche de la foi. Il a combattu ensuite le combat de la foi. Nous avons reconnu en lui quelques traits du grand Conducteur, du Vainqueur du monde, du Chef et consommateur de la foi. Demandons à Dieu qu’Il nous apprenne, dans la marche comme dans le combat, à fixer les yeux sur Jésus (Hébreux 12:2). Qu’ainsi Il nous apprenne également à ne pas nous confier en nous-mêmes mais à nous en remettre avec foi à la grâce miséricordieuse de Dieu qui veut diriger nos vies. Amen.
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Chant : Arc n° 429 « C’est vers toi que je me tourne »