Prédication apportée par la Pasteur Clémence Bury.
2 Cor. 3 : 1-6 23/11/25
Le ministère de la nouvelle alliance – 2. La lettre
*Prière
La semaine dernière, nous avons parlé de l’amour de Dieu pour le monde, et nous avons évoqué les images du parfum et de la lettre pour traduire cet amour.
Le texte de dimanche dernier portait plus spécifiquement sur la notion de parfum, nous amenant à considérer notre position et notre rôle.
En tant qu’enfant de Dieu, en tant que pécheur justifié et sauvé, en tant que disciple, nous sommes le parfum de Christ pour Dieu. Comme un cadeau, comme un témoignage de son amour, comme un appel à revenir à lui dans la repentance, nous sommes envoyés au monde afin de dire à tous ceux qui se perdent la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ.
Nous sommes envoyés pour proclamer la paix, la miséricorde, la grâce offerte par Dieu à quiconque se tourne vers lui d’un cœur sincère. Nous sommes envoyés au service de la réconciliation du monde avec Dieu. Pour certains dont le cœur est prêt à recevoir cette parole, nous sommes un parfum qui mène à la vie ; pour ceux qui s’obstinent à rejeter Christ, nous sommes un parfum qui conduit à la mort.
Nous n’avons pas à décider qui sera un bon candidat ou pas. Dieu nous envoie vers tous, indifféremment, et cela commence à l’intérieur de nos maisons, dans nos familles, et dans chaque cercle que nous fréquentons. A travers nous, Dieu veut faire connaître au monde son salut et sa grâce, il veut que nous soyons témoins de son amour, il nous veut à son service. C’est à la fois une responsabilité et un privilège !
Aujourd’hui, avec la suite du passage, nous nous intéresserons plus particulièrement à l’image de la lettre. Comme l’est le parfum, la lettre est envoyée à tous et comporte des caractéristiques qu’il convient d’examiner pour notre instruction.
* Lecture
Lettre d’amour ou lettre de recommandation ?
Il nous faut tout d’abord nous intéresser à cette notion de lettre de recommandation.
Dans plusieurs situations – peut-être cela vous est-il arrivé – nous pouvons avoir besoin de lettre de recommandation. C’est le cas quand on s’inscrit en théologie, quand on entre dans l’aumônerie, quand on suit le processus pour devenir pasteur. Mais ce peut être aussi le cas quand on donne des cours, quand on fait du baby-sitting, quand on vend certains produits. Cela ne nécessite pas toujours un courrier, mais dans de nombreuses situations nous avons besoin d’être recommandés, ou bien nous recommandons nous-mêmes tel ou tel magasin, produit, telle ou telle personne, etc. On retrouve la même chose aujourd’hui sous une forme différente sur les réseaux sociaux, où les avis clients sont notés, où le nombre de « like » est proportionnel à la garantie d’un produit, etc.
Au niveau du contexte, l’apôtre Paul aborde cette question parce qu’il existait des rumeurs, des paroles dénigrantes, qui sous-entendait que Paul, par exemple – ou d’autres – n’étaient pas les plus qualifiés pour le ministère d’apôtre.
Nous connaissons toutes et tous ce phénomène de paroles pas vraies qui circulent beaucoup plus vite et de manière beaucoup plus efficace que la vérité elle-même ! Cela se retrouve même dans les informations de nos jours, et on peine de plus en plus à distinguer le vrai du faux, le valable du jetable, etc.
Voilà pourquoi il est bien souvent nécessaire et précieux que quelqu’un de confiance puisse nous donner son avis voire même qu’il nous recommande ou au contraire nous mette en garde concernant une personne, une information, un produit…
Frères et sœurs, cela est d’autant plus vrai que le christianisme n’a pas bonne presse dans notre société, et que cela ne va pas aller en s’améliorant !
Devons-nous nous défendre, nous recommander nous-mêmes ou réclamer la recommandation de quelques uns ? Non dit Paul. En fait, il ne le dit pas mais la façon dont les questions sont posées le sous-entend !
Nous n’avons pas besoin de nous recommander ou de préparer notre défense pour au moins deux raisons :
La première et la plus incroyable, c’est que si nous sommes fidèles, c’est Dieu lui-même qui nous recommande et qui prépare notre défense ! On pourrait presque s’arrêter là !
La seconde, qui en découle, c’est que notre recommandation provient de notre vie elle-même. Non pas de notre productivité, mais de notre fidélité et de notre attachement au Seigneur. Ce n’est pas ce que nous faisons qui est la meilleure pub – pour le dire autrement – mais ce que nous sommes en Christ. C’est la transformation opérée en nous progressivement par l’Esprit Saint qui est notre meilleure recommandation !
Dieu écrit directement dans nos cœurs. Cela est bénéfique pour nous – j’y reviendrai – mais Il le fait principalement pour les autres, ceux qui ne le connaissent pas et qui ont besoin de lire en nous combien Dieu les aime et les appelle à revenir à lui.
Une lettre d’amour
« Vous êtes la lettre de Christ » écrit Paul. Nous sommes donc vous et moi la lettre de Christ, envoyée très largement vers tous.
Comme pour le parfum dont nous avons parlé dimanche dernier, nous serons parfois envoyés vers d’autres chrétiens afin de les encourager, de les accompagner, de les relever ou même de les reprendre par rapport à une situation ou une attitude dans le but qu’ils reprennent leur marche avec Dieu dans la vérité et pour sa gloire.
Nous sommes aussi envoyés vers ceux qui se perdent loin de Dieu, afin d’être un témoignage par nos vies, nos actes et nos paroles de ce que Dieu fait en nous. Afin de leur partager l’amour de Dieu mais aussi sa justice ; sa bonté mais aussi sa sainteté. Afin de leur parler de la grâce qu’il accorde à tous ceux qui se confient en lui et qui reconnaissent leur péché. Nous sommes envoyés pour leur parler de Son Fils, notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Ce n’est pas pour rien que nous sommes la lettre de Christ. Nous n’avons rien d’autre à annoncer que la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ. Nous n’avons pas de meilleure parole que d’annoncer la mort du Fils de Dieu à la croix, volontairement, afin de nous libérer de l’esclavage du péché et de la mort. Nous n’avons pas d’autre proclamation que sa résurrection le 3ème jour, montrant par là que Dieu a agréé son sacrifice et que notre dette est entièrement effacée. La résurrection de Christ atteste de notre nouvelle identité : nous ne sommes plus des pécheurs perdus mais nous sommes des enfants justifiés ; nous ne sommes plus voués à la colère de Dieu et à la mort mais au contraire aimés pleinement en Jésus-Christ et héritiers de la vie éternelle promise.
Et cette promesse, ces bénédictions, sont à la portée de tous ceux qui reconnaissent leur péché, qui se repentent et qui placent leur confiance et leur justice en Jésus-Christ !
Voilà ce que nous devons annoncer, proclamer, vivre. Voilà ce que les gens doivent pouvoir lire en nous et dans le moindre détail de notre vie. Notre vie doit refléter l’amour et la grâce de Dieu, notre vie doit manifester la paix et la joie que nous avons obtenues par la réconciliation avec Dieu en Son Fils. Nous sommes appelés à marcher comme des enfants de Dieu, dans la justice et la vérité, annonçant partout que Dieu veut sauver encore aujourd’hui, et que la porte se trouve en Christ !
Je ne sais pas s’il vous est déjà arrivé d’écrire ou de recevoir des lettres d’amour ! Mais une telle lettre contient la parole de celui ou celle qui l’écrit, et ses sentiments profonds. On peut lire dans les mots choisis et même entre les lignes les intentions et les aspirations du cœur de celui ou celle qui écrit. Une telle lettre a un impact sur celui ou celle qui la reçoit. Parfois cela déclenche de vives émotions et un amour en retour, parfois cela interpelle et interroge, parfois cela provoque le rejet. Dans tous les cas, cela ne laisse personne indifférent !
Mes amis, voilà l’effet que nos vies doivent avoir sur ceux qui nous entourent. Le fait que nous appartenions à Christ doit se lire entre les lignes de nos vies, et cela ne devrait pas pouvoir laisser indifférent.
Tout comme le parfum qui peut conduire à la mort, cela peut provoquer le rejet, la rupture, car certains choisissent de rejeter le salut offert.
Mais cela peut aussi conduire à la vie, à la repentance, à la conversion.
Nos vies de disciples ne doivent pas laisser indifférents. Nous ne devrions pas pouvoir passer incognitos, nous sommes la lettre de Christ, écrite avec l’Esprit du Dieu vivant sur nos coeurs.
Quelle responsabilité et quel privilège ! Dieu veut se servir de nous !
Il nous appelle à être des disciples, afin que nous-mêmes puissions faire des disciples ! Quelle grâce ! Quel cadeau !
Des ministres
Dieu fait de nous ses ministres, ses serviteurs, ses envoyés. Il nous confie le ministère de la nouvelle alliance. Ailleurs dans les écrits de Paul nous sommes des ministres au service de la réconciliation.
Je voudrai revenir là au fait que Dieu écrit dans nos coeurs. Depuis le premier pas de notre vie chrétienne, le jour où nous saisissons pour nous-mêmes le salut offert en Jésus-Christ, et jusqu’à l’heure de notre mort, Dieu agit en nous par son Esprit-Saint.
De manière parfois grandiose, mais la plupart du temps imperceptible, il nous transforme en de nouvelles créatures. Il nous façonne, petit à petit, pour nous rendre semblables à Christ. Comme un potier devant son bloc d’argile, comme un agriculteur devant son olivier ou sa vigne, il coupe, élague, donne forme, embellit… afin que nous soyons rendus conformes à ce que Dieu lui-même dit de nous : nous sommes ses enfants, appelés à refléter et à ressembler à Christ jusqu’à sa perfection. Un jour, quand Christ paraîtra, nous serons parfaitement semblables à lui. Mais en attendant, le Saint-Esprit est à l’œuvre, jour après jour, pour améliorer sans cesse cet ouvrage que nous sommes. Il le fait à travers notre lecture des Ecritures, à travers la prière, à travers les événements de notre vie et même au travers de nos rencontres. Mais, chose importante : il ne le fait pas sans nous !
Dieu n’agit pas en nous sans notre accord, sans notre participation, sans notre volonté.
Si nous refusons ce travail de l’Esprit dans nos coeurs, alors nous ratons la cible. Nous pensons être sauvés et que le reste n’a pas d’importance mais ce n’est pas vrai !
Dieu nous sauve et ce salut inclut la sanctification, c’est-à-dire notre progression en maturité jusqu’à la stature parfaite de Christ. Cela nécessite notre persévérance et notre soumission.
Dieu ne veut pas faire de nous des croyants, il veut faire de nous des disciples ! Des disciples capables à leur tour de faire des disciples, en répandant partout la bonne odeur de la connaissance de Dieu, en distribuant au gré de nos rencontres la lettre de Christ.
Nous sommes des ministres, c’est-à-dire des serviteurs et des servantes. Nous avons une mission à accomplir. Celle-ci se trouve résumée à la fin de l’Évangile de Matthieu. Nous ne sommes pas seuls pour accomplir cette mission car Dieu nous place ensemble, en église, comme une famille, afin que nous puissions nous encourager dans cette voie.
Et comme le rappelle Paul au verset 5, « notre capacité vient de Dieu », et de lui uniquement ! Nous ne sommes pas capables par nous-mêmes d’accomplir ce que Dieu demande, tout comme nous ne sommes pas capables par nous-mêmes de nous sauver.
Mais Dieu nous rend capables d’êtres ministres de la nouvelle alliance, par Son Esprit et Sa Parole inscrite dans nos coeurs, afin que d’autres connaissent à leur tour la joie et la paix d’appartenir à Dieu et d’habiter dans la maison du Père !
Le fait que tout vient de Dieu nous donne une grande assurance. C’est Dieu qui nous recommande, c’est Dieu qui écrit sa loi sur nos coeurs, c’est Dieu qui nous transforme par l’Esprit Saint, c’est Dieu, encore, qui nous rend capables d’être ministre de la nouvelle alliance. Voilà pourquoi nous sommes tranquilles : Dieu fait la plus grande partie du travail et il nous rend capables d’accomplir ce qu’il nous confie. Il nous équipe, nous accompagne et poursuit son travail de transformation en nous.
Il nous appelle à le servir et nous rend donc participants de son œuvre. Nous sommes aux premières loges pour contempler notre Dieu en grâce qui continue inlassablement d’appeler au salut, d’attirer à lui et d’offrir son amour. Nous sommes aux premières loges pour nous émerveiller de voir des fils perdus rentrer à la maison, pour nous réjouir de voir un pécheur se repentir et saisir le salut offert en Jésus-Christ. Nous sommes également aux premières loges pour admirer le travail de Dieu dans nos propres vies et nos propres coeurs, par l’action du Saint-Esprit.
Frères et sœurs, nous sommes des ministres parce que c’est ce que Dieu veut et ce qu’il fait de nous, qui que nous soyons. Ce ministère qui nous est confié – nous le voyons dans la suite de l’épître – consiste à proclamer la nouvelle alliance glorieuse, à nous confier en Dieu dans les difficultés et à transmettre le message de réconciliation.
Et ce ministère nous l’accomplissons principalement par nos vies, à condition d’avoir saisi l’appel qui est le nôtre et de l’assumer intentionnellement.
Dieu le Père nous a aimés, il nous a sauvés en Christ, il poursuit la transformation dans nos coeurs par le Saint-Esprit.
Il nous envoie pour manifester au monde, à commencer par tous ceux qui nous entourent, la grâce incommensurable de Dieu. Il nous envoie pour dire son amour, pour répandre sa connaissance, pour faire connaître le salut offert et la réconciliation obtenue.
Nous sommes les captifs de Christ, nous sommes le parfum de Christ, nous sommes la lettre de Christ, nous sommes ministres de la nouvelle alliance.
Quelle responsabilité et quel privilège !
« Grâces soient rendues à Dieu qui nous fait toujours triompher en Christ » ! Amen.
→ JEM 910 « Je chanterai gloire »