Voilà la question qu’un jour ou l’autre, nous pouvons entendre prononcée de la part de Dieu… Ce qui importe, c’est de recevoir cette question et de cheminer avec l’Éternel pour y répondre ! L’histoire d’Elie nous invite à réfléchir à nos propres égarements.
1 [Causes variées d’égarement]
Peut-être avons-nous cédé au monde, goûté à ses joies, pris part à ses querelles. Peut-être, entraîné par quelque mouvement social ou religieux, nous prêtons-nous à une alliance répréhensible et nous plaçons-nous sous un joug mal assorti. À l’inverse, devant l’hostilité du monde (ne parlons pas même de persécution) sommes-nous tenté de renoncer au témoignage du Seigneur. Ou bien, estimant le témoignage collectif sans efficacité, et jugeant sévèrement nos frères et leurs manquements, nous tenons-nous à l’écart, malheureux peut-être, mais nous flattant secrètement d’être seul fidèle. Quelle que soit la cause, nous ne sommes plus alors où Dieu nous veut. Le cas le plus attristant est celui de quelqu’un qui va jusqu’à s’absenter volontairement du lieu où le Seigneur Jésus rassemble les siens. À cet égard l’histoire d’Élie, au chapitre 19 du premier livre des Rois, est d’un enseignement d’autant plus sérieux qu’il s’agit d’un homme de Dieu exceptionnel et entre tous honoré. Mais ne l’oublions pas, chacun de nous a reçu un témoignage à rendre et un service à accomplir, de sorte que nul ne peut dire : Cela ne me concerne pas.
2 [Un modèle de foi et de dépendance dans le passé]
Élie avait été un modèle de foi agissante, dans la dépendance et l’obéissance. «Va», lui avait-il été dit plusieurs fois (17:3, 9 ; 18:1), et il était allé ; «Cache-toi», et il s’était caché (17:3) ; «Montre-toi», et il s’en était allé pour se montrer à Achab (18:1, 2). Il faisait toujours «selon la parole de l’Éternel» devant qui il se tenait, recherchant dans la prière le discernement de la volonté divine et l’énergie pour l’accomplir. Regardant à Dieu et non à lui, il avait rendu le plus éclatant témoignage. Et voici qu’au lendemain de la victoire remportée sur les quatre cent cinquante prophètes de Baal au Carmel, au lieu d’attendre les effets de cette victoire, les armes de la foi tombent de ses mains à la menace brandie par Jézabel.
3 [Les motifs d’effroi]
Il n’est pas préparé, après tant d’années de lutte, à un échec de sa mission. Sa foi personnelle n’est plus à la hauteur de son témoignage. La pensée surgit et devient obsédante : «Je suis resté le seul fidèle». En effet, personne n’est sorti des rangs, quand s’approchant du peuple, il a crié, comme Moïse autrefois : «Si l’Éternel est Dieu, suivez-le» (1 Rois 18:21). Élie n’est plus sur ses gardes. Il se voit seul, et il perd de vue l’Éternel et ses armées. Sans les ressources que Dieu met à notre disposition, nous sommes incapables de rencontrer même le plus petit émissaire de Satan. Les menaces de Jézabel ont un effet surprenant. Celui qui s’est montré pendant si longtemps un témoin fidèle, s’enfuit maintenant pour sa vie ! Pour la première fois Élie «se leva et s’en alla» sans que l’Éternel lui ait dit : Va. «Il s’en alla pour sa vie». L’Éternel ne pouvait-il donc plus le cacher ? Ne pouvait-Il pas frapper Jézabel ? Élie s’en va où son coeur le mène et le cours de sa carrière est interrompu. Quel avertissement pour nous !
4 [Tout à l’envers]
Le voilà en pleine inconséquence. Il fuit les lieux où il devait servir. Lui qui affrontait une foule pour la persuader de suivre l’Éternel, il s’isole de tout contact humain. Seul avec lui-même au désert, il est excédé d’une vie pour laquelle il s’enfuit ! «Prends mon âme», dit-il à Celui qui lui avait accordé de faire revenir l’âme du fils de la veuve. Le prophète qui avait pu dire : «Éternel, qu’il soit connu aujourd’hui que toi tu es Dieu en Israël, et que moi je suis ton serviteur, et que c’est par ta parole que j’ai fait toutes ces choses», rompt le combat, dépose ses fonctions, comme s’il lui appartenait d’en décider ! Accablé par ce qu’il tient pour un échec final, il le met sur le compte de son insuffisance, comme si les succès précédents avaient été dus à son excellence, et il dit : «C’est assez maintenant». Il réclame la mort ! Ayant ainsi signifié sa volonté d’abdiquer, et comme pour échapper à tout ce qui le rongeait, «il se couche et dort sous le genêt».
5 [S’appuyer sur le moi ou sur le Seigneur]
Ce grand serviteur avait été élevé si haut dans son action qu’une telle chute nous paraît incroyable. Le motif nous en est pourtant connu ; hélas, ne serait-ce que par nos propres expériences, et il n’est autre que le moi. En fait, Élie est là devant lui-même et non «devant l’Éternel». Nous n’oserions évidemment pas comparer nos circonstances aux siennes, mais «Élie avait les mêmes passions que nous». Nous misons trop sur notre moi, cette base s’effondre, et nous nous découvrons sans force intérieure, sans foi. Il n’est pas besoin de menace, une raillerie suffit à nous abattre, une futilité à nous séduire, une difficulté à nous troubler, et nous voilà en pleine défaite, déçus, aigris, doutant des autres et de nous, estimant notre travail sans fruit malgré tous nos efforts. Il nous manque alors le sentiment de la puissance qui s’accomplit dans la faiblesse.
6 [Dieu prenant soin de Son serviteur dans un chemin qui n’est pas le Sien]
Pour Élie sous le genêt, l’aide d’en-haut est bien là, car les compassions de Dieu ne sont jamais épuisées, pas plus que ses ressources, mais il en use sans en jouir. Un ange le réveille : «Lève-toi, mange». Tout est prêt ; tout est toujours prêt pour nos besoins, mais le comprenons-nous ? Comprenons-nous que nos besoins, symbolisés par cette eau et ce pain, se trouvent dans la nourriture quotidienne qu’est la Parole de Dieu et dans la source d’eau vive qu’est la présence du Christ ? Sommes-nous de ces chrétiens qui traversent le désert du monde sans prendre conscience qu’il leur faut cette eau et ce pain ?
Élie a commencé à ouvrir les yeux sur ce qui lui manque, mais il lui faut apprendre à se connaître encore bien davantage. Instrument remarquable de la puissance de l’Éternel, il n’avait pas encore réalisé qu’en lui-même il n’y a pas de bien. Il mange, boit, se recouche, maussade et comme indifférent à tout ce qui n’est pas l’oubli de ses peines. Une seconde fois l’ange vient à lui : «Lève-toi, mange, car le chemin est trop long pour toi». Élie ranimé se met en route. Mais quel chemin suivre ? Il ne s’en enquiert pas, pas plus qu’il ne demande que l’Éternel soit avec lui durant tout ce long trajet : «quarante jours et quarante nuits, jusqu’à Horeb, la montagne de Dieu. Et là il entre dans la caverne, et y passe la nuit». L’Éternel l’avait-il jamais envoyé au Sinaï, et pour s’y cacher ? En réalité il était allé son chemin, le chemin de sa volonté propre. Dieu, qui le cherche alors qu’Élie ne cherche pas à être dirigé par Lui, le laisse aller, sachant pourtant bien sa pensée profonde : se démettre au lieu même où la loi avait été donnée, faire reconnaître ce qu’il a été et ce qu’il a fait, réclamer les rigueurs de cette loi contre le peuple qui n’a pas voulu la prendre à cœur, afin que soient jugés ceux qui cherchent la vie du seul témoin fidèle, bref, faire agir Dieu en vengeur de son prophète ! Il ne connaît pas Dieu autrement que comme le Dieu qui a donné la loi. Mais, même s’il ne l’avait pas envoyé, Dieu ne perd pas de vue son serviteur défaillant. Mieux, il l’attend au terme de ce long chemin pour lequel il a pourvu à sa force extérieure. Ne reconnaissons-nous pas là la compassion infinie de notre Père, qui plus d’une fois, sans cesser de s’occuper de nous, nous a laissés aller notre chemin pour nous ressaisir au moment que sa sagesse et sa bonté avaient déterminé ? Il a donné à Élie tout le loisir de méditer et de revenir à lui. En fait, Élie, durant ces quarante jours, a remâché son amertume et sa crainte. Il a médité sur lui-même. Il va maintenant être trouvé par l’Éternel, il apprendra à Le connaître tel qu’il n’en avait eu jusque-là aucune idée, et c’est à cette lumière nouvelle que lui-même se connaîtra à fond.
7[Que fais-tu ici ? — La porté de cette question]
«Que fais-tu ici, Élie ?» Au fond de la caverne Élie entend la parole de Celui à qui il demandait de prendre son âme et qui avait répondu en lui donnant de quoi la faire vivre. — Est-ce ici que je t’appelais à me servir ? Que vient faire en Horeb le prophète envoyé vers mon peuple pour le ramener ? Si au moins il venait, comme l’autre grand serviteur que cette caverne a abrité jadis, intercéder pour Israël, et, dans le même amour que ce Moïse, rappeler mes promesses envers mon peuple ! Mais non, il ne sait pas à quel point cette nation coupable me demeure chère, il est ici pour «faire requête à Dieu contre Israël» ! (Rom. 11:2). Comment pouvons-nous oser accuser nos frères devant Celui qui aime les siens d’un amour éternel (Jér. 31:3) ? C’est faire le travail de Satan, l’Accusateur des frères (Apoc. 12:10). Élie a perdu de vue la pensée de Dieu, il en subira les conséquences.
Le contraste est saisissant entre Élie et d’autres serviteurs, Moïse, Jérémie ou Amos, plaidant avec Dieu en faveur d’un peuple pourtant tombé très bas (Ex. 33:13 ; 34:9 ; Jér. 14:7, 20-22 ; Amos 7:2, 5). Et pourtant leur intercession n’est qu’une faible anticipation de celle de Christ. Sa perfection infinie brille au jour de son rejet. Pas un mot de plainte ne franchit ses lèvres. Il pleure en considérant l’endurcissement de ceux qu’Il était venu sauver. Accablé d’outrages, à la croix attaché, il dira encore : «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font» (Luc 23:34).
— J’ai beaucoup fait, répond Elie, étant «jaloux pour l’Éternel», en face de ces indignes fils d’Israël détournés de Lui, «et je suis resté, moi seul, et ils cherchent ma vie pour me l’ôter». «Moi»… «ils»… Mais l’Éternel ne savait-il pas tout cela, l’alliance abandonnée, les autels renversés, les prophètes tués ? N’était-ce pas lui qui avant de juger son peuple l’avait éprouvé par la sécheresse, et qui lui avait parlé par Élie ? S’il y avait échec dans cette tentative pour le ramener, à qui appartenait-il d’en faire le constat et de condamner les vrais responsables ? Quant à Élie, c’est à l’Éternel de lui retirer son ministère, non à lui de le résigner. Voilà donc ce que tu viens faire ici ? Je te dirai ce que tu dois faire, et ce que j’ai fait, moi. Mais d’abord : «Sors, et tiens-toi sur la montagne devant l’Éternel».
8 [Devant l’Éternel]
Devant l’Éternel. Élie aurait-il méconnu ce point capital, lui qui disait à Achab : «L’Éternel, devant qui je me tiens» ? Il semble qu’il soit lent à obéir et que, encore dans la caverne, il attende le signe irrécusable de la Présence devant laquelle il devra se tenir. Il perçoit les manifestations successives de puissances destructrices auxquelles rien ne résiste, vent déchirant les montagnes, tremblement de terre, feu, mais dans lesquelles l’Éternel n’est pas. Dieu dispose de ces moyens et de bien d’autres pour punir quand il le faut, mais, quels que soient les instruments, Il «n’est pas» dans tous ces agents qui vont «devant lui». Tel ou tel de ses attributs peuvent s’y laisser apercevoir, mais son Être n’y est pas, ni sa vraie gloire. Ils peuvent seulement préparer à entendre la voix douce, subtile, et à reconnaître Dieu se révélant en quelque chose de plus élevé que l’exercice nécessaire de ses jugements. Il est là. Sa parole de grâce est là.
Cette fois, Élie sort, se tient à l’entrée de la caverne, le visage couvert, comme Moïse avait caché le sien quand il craignait de regarder Dieu dans le buisson ardent (Ex. 3:6).
Il se tait, au seuil d’un domaine inconnu de lui, celui de cette merveilleuse grâce de Dieu qui «a été manifestée maintenant par l’apparition de notre Sauveur Jésus Christ» (2 Tim. 1:10). Élie attend que Dieu parle.
Dieu parle en effet. Il poursuit l’opération de sa grâce qui veut vider ce cœur en détresse des causes profondes de son trouble et de son amertume. Un nouveau coup de sonde va amener ces causes en pleine lumière. La parole de l’Éternel vient à lui une seconde fois, avec la même question : «Que fais-tu ici, Élie ?» Ce n’est plus au fond de la caverne, c’est au grand jour que l’entretien reprend. — Tu es en présence de Celui qui a toute puissance pour punir selon sa justice, mais dont le mobile suprême est la grâce. Es-tu à l’unisson, Élie ? Aimes-tu comme moi ce peuple qui est le mien ? L’aimes-tu comme tu vois que je t’aime ? Étais-tu plus digne que lui d’être aimé de moi ? — Élie élude sa réponse, ou plutôt il reprend obstinément sa même «requête», à la fois accusation contre Israël (ah ! ce terrible esprit d’accusation contre nos frères !), protestation de sa fidélité à lui, et toujours ce vœu ardent quoique inexprimé que Dieu se glorifie en vengeant son serviteur «resté lui seul», et qu’«ils» menacent.
9 [Dieu faisant connaître sa gloire en grâce]
«Mais que lui dit la réponse divine ?» (Rom. 11:4) Elle met fin, d’abord, à la mission du prophète en tant qu’attaché à une restauration d’Israël, impossible sans doute étant donné l’état moral du peuple et de son roi, mais aussi que le manque de foi d’Élie l’empêche de poursuivre. — Ton témoignage n’est pas reçu, une œuvre de jugement, purificatrice, va suivre ; tu la souhaitais ; elle ne te sera pas confiée, mais tu auras à investir ceux qui auront à l’exécuter. «Va», lui est-il dit une fois de plus, repars de ce Sinaï «par ton chemin», va oindre les instruments de ma colère, à Damas un roi de Syrie, en Israël un roi de race nouvelle, et enfin un prophète, que tu établiras «à ta place».
Mais, ensuite, sache que «je me suis réservé sept mille hommes, tous les genoux qui n’ont pas fléchi devant Baal, et toutes les bouches qui ne l’ont pas embrassé». Il y a en Israël «un résidu selon l’élection de la grâce». Tu l’as ignoré. Eux ont entendu la voix douce et subtile qui t’était inconnue. Se peut-il que tu n’aies pas su que mes dons de grâce et mon appel sont sans repentir ? C’est ma gloire, et la joie de mon cœur, que d’en affermir l’assurance dans des cœurs humblement fidèles. Si tu aimes mon peuple, ce sera ta joie aussi, alors que la charge de préparer mes fléaux te pèsera.
Admirables voies de Dieu envers son serviteur découragé ! Pas de reproche direct, mais la démonstration de ce qui manquait à sa foi, savoir la connaissance de la gloire de Dieu en grâce. Leçon assurément précieuse, apprise dans le déploiement de soins et de secours qui ont préservé Élie de défaillir mortellement, mais leçon solennelle, qui l’a amené au dépouillement de lui-même. Il ne saurait plus se prévaloir d’être resté seul, sa place est dans les rangs de ces fidèles sans éclat que Dieu s’est réservés ; et cependant la même grâce le revêt d’une dignité telle qu’il peut oindre des rois et des prophètes.
Dieu montre à Elie ce que nous devons tous apprendre, qu’il est, malgré les apparences, un serviteur inutile (Luc 17:10). Voilà qui met fin dans nos vies à toute prétention, à toute idée de mérite personnel. Toute vanterie est exclue (Rom. 3:27 ; 1 Cor. 1:29).
Nous sommes des objets de grâce entre d’autres élus. Que Dieu nous donne de faire notre profit d’une telle leçon.
10[Le chemin de la foi]
On voit combien il est difficile à l’homme de se tenir à la hauteur de la bonté de Dieu. Nous pouvons, à un moment donné de notre course, regarder en arrière, et nous constatons la fidélité de Dieu. Mais pour l’avenir il faut aller de l’avant, et le jour présent cache celui qui n’est pas encore. De loin ou voit bien que Dieu est là. Mais poursuivre le chemin et voir alors que Dieu est là, c’est autre chose.
Le chemin de la foi est toujours difficile, il l’est d’autant plus qu’on est placé plus en vue, parce qu’il faut supporter, outre l’opposition du monde, le manque de foi chez les enfants de Dieu, et cela est encore plus difficile. La faiblesse de la foi chez les autres ôte le courage à celui qui est en avant.
Il en est ainsi d’Élie à ce moment de son histoire. Il avait vu d’une manière remarquable la réponse de Dieu à sa foi. Parce qu’il avait prié, durant trois ans et demi, il n’y avait pas eu de pluie. Il avait ensuite défait par la foi les sacrificateurs de Baal. Un témoignage saisissant avait été rendu, par cette victoire éclatante, à la puissance de Dieu, et au fait que cette puissance était avec Élie. On aurait pu dire : Voilà Élie bien fortifié, l’Éternel s’est déclaré pour lui. Non. L’effet d’une victoire remportée par la foi, c’est de nous placer en présence de l’irritation et de tous les efforts de Satan. Si l’on compte sur Dieu, et non sur la victoire précédente, on va à une nouvelle victoire. Toutes les fois que Satan suscite quelque nouvelle attaque contre le peuple de Dieu, c’est l’occasion d’une nouvelle victoire. Mais ce qui nous prive souvent de la victoire, c’est justement d’en avoir remporté une : on s’élève, et on est battu.
C’est ce qui est arrivé à Élie. Il y a là une leçon profonde pour nous, afin que nous apprenions à nous tenir dans le chemin de la foi près de Dieu, avec le sentiment de notre faiblesse.
Satan est toujours là pour nous tenter, et plus les circonstances sont importantes, plus nous nous trouvons en présence des ennemis. Si je peux compter sur Dieu, je reste dans la tranquillité. Mais si les circonstances sont au-dessus de notre portée et qu’il n’y a pas chez nous la proximité de Dieu, nous nous aigrissons contre ceux qui nous font du mal.
Plus on se laisse aller à cet esprit, plus on dit : Je voudrais mourir ! C’est le désir d’éviter le combat de la foi. Or pour dire «mourir m’est un gain», il faut pouvoir dire «pour moi, vivre c’est Christ». La vie qui jouit de Christ dans le ciel, c’est celle qui s’appuie sur Christ sur la terre.
Il y a telle position où Dieu nous place et où nous devons rester. Si Paul avait cessé d’être un apôtre, il n’aurait été qu’un homme dont la vocation était manquée. Hors de notre position, nous ne sommes rien, sinon une source de misère : pour nous-mêmes, et pour les autres aussi. Et nous avons tous une position à tenir, position dans laquelle Dieu nous place en fonction des dons qu’Il distribue, ce n’est pas nous qui la décidons !
Par Élie, Dieu s’était ménagé un témoignage remarquable au sein du mal, témoignage unique, mais qui dépendait entièrement de Dieu et que Dieu sanctionnait par les miracles qui l’accompagnaient. Élie, oubliant totalement sa position et sa mission, se retourne contre Israël. Ce n’est pas là la puissance de la foi. Celle-ci présente au peuple les ressources qui sont en Dieu, et non pas à Dieu la malice du peuple.
Prenons garde à ne pas parler mal du peuple de Dieu, pas plus que de nos frères et sœurs dans la foi ; attention aussi aux critiques faciles vis-à-vis de l’assemblée dans laquelle Dieu nous a placés : Dieu n’agrée pas de tels comportements ! Dans la présence de Dieu, nous apprenons à aimer comme Lui nous aime. C’est l’Éternel qui juge, c’est aussi Lui qui fait grâce à qui Il veut, ne l’oublions pas !
Ainsi nous voyons l’effet du manque de foi dans nos âmes. Lorsqu’on dit : Je n’en peux plus ! c’est dire que l’on a perdu de vue la plénitude de la grâce et de la bonté de Dieu. Dieu ne peut-il plus ? Heureusement Dieu reste qui il est. Sa grâce ne manque jamais. Il faut être assez près de lui pour traverser toutes les circonstances avec cette précieuse assurance : «Ma grâce te suffit». Les victoires passées ne suffisent pas du tout, mais bien le sentiment de la faiblesse qui s’appuie sur Dieu et sur sa grâce entière. Sinon Satan peut toujours nous renverser, dès que nous ne restons pas dans la dépendance du Seigneur.
Que Dieu nous trouve dans la conscience de sa victoire et de cette paix qui est la sienne, laquelle surpasse toute intelligence, qu’il nous mette «à couvert dans sa loge, loin des contestations des langues» (Ps. 31:20). Ce n’est pas à Horeb, ce n’est pas dans la loi que l’on trouve cela. Notre affaire, c’est de voir Dieu par la foi dans les difficultés. Qu’Il nous garde dans le sentiment de sa puissance et de sa bonté, et à la hauteur de sa grâce ! Amen.