Prédication du 13 octobre 2024.

Prédication apportée par notre Pasteur Clémence Bury.

Prédic du 13 oct. 24 – Ro. 4

Romains 4

« Aucun mérite! »

L’épître aux Romains est sans doute la lettre de Paul qui ressemble le plus à un traité de théologie. Elle peut être divisée en deux grandes sections : une partie doctrinale et une partie pratique. La partie doctrinale, dans laquelle se trouve notre texte, traite du plan du salut. Paul y développe deux doctrines principales : la justification par la foi et la sanctification par le moyen du Saint-Esprit. Après avoir prouvé l’état de péché de tout être humain (« tous ont péchés et sont privés de la glorieuse présence de Dieu » 3 : 23, « il n’y a pas de juste, pas même un seul » 3 : 10), et donc la nécessité du salut, l’apôtre s’emploie à expliquer que la méthode choisie par Dieu est celle de la justification par la foi. Dans notre passage, il en montre l’illustration dans la vie d’Abraham mais aussi de David, ouvrant par là sa compréhension dans notre propre vie, et les conséquences de son application. Ce chapitre 4 montre comment Dieu nous voit, comment il nous compte (le mot « compter » revient 11 fois), ce pour quoi Il nous tient. Ainsi, il n’est nullement question de comment les hommes nous voient, pas plus de comment nous nous voyons nous-mêmes, mais de comment Dieu nous voit ; et ceci est de la plus haute importance. Car alors nous devons apprendre nous aussi à nous compter comme Dieu nous compte, à nous voir comme Dieu nous voit. La récompense à la clé quand nous y parviendrons, c’est la paix ; une paix que rien ne peut altérer, une assurance que rien ne peut ébranler.

Nous aborderons ce chapitre en suivant la pensée de l’apôtre, selon deux axes :

1. Foi et Justice : La justice de la foi, sans les œuvres. (1-12) (6 fois « justice »)

2. Foi et Promesse : L’héritage des promesses par la foi, pas par la Loi. (13-25) (5 fois « promesse » ou « promis »)

Ceci afin de réaliser que nous n’avons aucun mérite, ce qui nous aidera à appréhender la grâce.

1. Foi et Justice

Rien n’est dû, tout est grâce !

Dieu offre sa grâce et nous la recevons par la foi.

Dieu promet de nous donner sa justice et nous en prenons possession par la foi.

Dieu nous tient pour justes à cause de Christ, pas à cause de nous !

Pourquoi sommes-nous sauvés ? Pas parce que nous le méritons, pas parce que nous avons la foi premièrement, mais parce que cela plaît à Dieu, que cela correspond à son dessein. La foi ne fait que recevoir cette vérité, quand bien même elle ne la comprendrait pas ! Dieu nous impute la justice de Christ de son bon gré ; la foi ne fait que saisir cette bonté de Dieu qui nous est conférée gratuitement.

Même la foi n’est pas méritoire ! Elle procède elle aussi de la grâce de Dieu, puisque c’est Dieu qui donne la foi. La justice que nous recevons n’est pas nôtre, puisque nous sommes impie (méchant/pécheur) ; c’est celle de Christ dont Dieu nous pare. Ainsi, à cause de sa miséricorde et par amour, Dieu nous pardonne, il annule notre injustice et nous justifie gratuitement en Son Fils.

La rémission des péchés ne nous coûte rien, de notre côté elle est gratuite ; ce qui n’est pas le cas du côté de Dieu puisqu’elle lui coûte Son Fils.

Que voudrions-nous racheter ? Que voudrions-nous prouver ? Que voudrions-nous mériter ? De quoi pourrions-nous nous vanter ? Ce matin la Parole de Dieu entend détruire notre orgueil et notre propre justice, car nous en avons besoin.

Dieu ne justifie pas le juste, mais l’impie. Si nous persistons à nous présenter devant Lui avec notre propre justice, nous sommes perdus ! Le seul que nous pouvons et devons présenter à Dieu, c’est le Christ.

La justification par la foi est gratuite et sans œuvres, parce qu’elle dépend de la rémission des péchés effectuée à la croix par le seul qui n’aie jamais péché : Christ.

L’exemple de David montre que même en cheminant au service de Dieu, l’homme est misérable car il reste pécheur. Il n’y a donc pas d’autre moyen de salut que la grâce de Dieu qui ne tient pas compte de nos péchés. Cela ne veut pas dire que nous ne devons pas « travailler à notre salut », c’est-à-dire à notre perfectionnement à l’image du Christ dans la sanctification, mais qu’en aucun cas ce travail-là, même le plus réussi soit-il, n’est en mesure de nous apporter la moindre justification ; la grâce seule le fait.

Autrement dit : ma sanctification, mes « bonnes œuvres », le fait d’être « un bon chrétien » n’est en aucun cas la cause de mon salut. C’est la conséquence de ma compréhension de l’amour de Dieu pour moi, et la manifestation de mon amour pour lui. Mais cela ne me crée pas de « passe-droit », ne m’octroie pas une « meilleure place ». Ma seule justice, c’est Christ, mon « passe », c’est Christ, c’est à cause de Christ que Dieu m’agrée ; hier, aujourd’hui comme demain et les autres jours de ma vie ! Je ne peux rien faire de plus pour que Dieu m’aime plus !

Il faut donc distinguer entre pratiquer la justice et être rendus justes devant Dieu.

On pourrait dire : c’est parce que je suis rendu juste devant Dieu que je suis capable de pratiquer la justice qu’Il attend. En aucun cas le cheminement inverse n’est recevable.

La circoncision, dans l’exemple d’Abraham, n’était donc pas une œuvre qui justifie, mais elle était le signe et le témoignage de la grâce de Dieu, son objectif était de sceller, ratifier, attester la justice de la foi. Ainsi sous la plume de Paul apparaît cette vérité concernant les sacrements écrit le réformateur Jean Calvin : « ce sont des sceaux, des témoins par lesquels les promesses de Dieu sont imprimées ou gravées en nos cœurs, et la certitude de la grâce confirmée »1. Les sacrements sont des instruments de la grâce de Dieu, non pour la dispenser mais pour la révéler. « Les sacrements sont des témoignages par lesquels Dieu scelle sa grâce en nos cœurs »2. Ainsi le sacrement ne justifie pas, il est en revanche signe de la promesse de Dieu.

2. Foi et Promesse

L’apôtre enseigne plus loin, au v. 14, que « la foi est détruite, si l’âme ne se repose avec certitude sur la bonté de Dieu. Il s’ensuit donc que la foi n’est pas une connaissance nue de Dieu ou de sa vérité, non pas même une simple persuasion que Dieu est et que sa Parole est la vérité, mais que c’est une connaissance certaine de la miséricorde de Dieu, conçue par l’Évangile, et qui acquiert paix et repos à la conscience devant Dieu »3.

C’est justement parce que tout dépend de Dieu, sans aucun mérite de notre part, que nous pouvons avoir l’assurance de notre salut, sans aucun lien de cause avec les œuvres.

Si la Loi produit la colère de Dieu (v. 15), elle ne peut apporter la grâce. Or la foi a justement la grâce pour objet, et non les œuvres. Elle a confiance en la pure bonté de Dieu.

La promesse est assurée quand elle est fondée uniquement sur la grâce, la faveur gratuite de Dieu, ce Dieu « qui appelle à l’existence ce qui n’existe pas » (v. 17) . Dieu fait naître une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel d’un couple très âgé et stérile. Dieu peut donner la vie à ce qui était mort, Il a ressuscité Jésus après trois jours dans le séjour des morts. Ainsi nous-mêmes, quand nous sommes appelés par le Seigneur, nous sortons de rien. Encore un coup pour l’orgueil ! Il ne nous choisit pas parce que nous sommes meilleurs ou plus obéissants. Il est celui qui appelle à l’existence ce qui n’existe pas, qui donne la vie à ce qui est mort, qui justifie le pécheur, etc. Tout comme lors de la création, Dieu dit et la chose arrive. C’est sa puissance qui est mise en avant, pas notre capacité.

La promesse de Dieu ne dépend pas de nous. La validité de Sa Parole ne dépend pas de notre foi, ni de notre âge, ni de notre niveau de compréhension. Elle ne dépend que de Lui et de Sa grâce. Ainsi il faut que nous mourions à nous-mêmes afin d’être des outils utiles entre les mains du Seigneur. Si nous regardons aux circonstances, comme dans l’exemple d’Abraham, aucune chance ni aucune espérance ne peuvent rivaliser ! Mais si, comme lui, nous regardons à ce que Dieu promet, certains qu’Il est Tout-Puissant et que rien ne lui est impossible, alors l’espérance devient certitude !

C’est cette même foi que nous trouvons chez Marie quand l’ange lui annonce qu’elle mettra au monde un Fils, ou encore chez Noé à qui Dieu demande de construire une arche en plein désert (ou presque).

Ainsi, une foi forte n’est pas tellement celle qui accomplit des miracles, mais c’est la foi qui croit implicitement que Dieu fera ce qu’il a dit, quand bien même toutes les apparences, la raison et l’expérience de la vie proclameraient le contraire.

Le doute est l’inverse de la foi. Oui les circonstances peuvent être, à vue humaine, totalement bloquées, et la raison dira de ne rien en attendre. Mais la foi, au contraire, dit : « Dieu peut le faire, s’Il le veut », ou encore mieux : « Dieu l’a promis, donc Il le fera » ! Peu importe que ce soit invraisemblable, incroyable ou impossible ! Dieu est au-dessus de cela !

Face à une promesse de Dieu que l’homme considère comme impossible, il y a deux attitudes possibles : se moquer de ceux qui croient à des fables, tout naïfs qu’il sont, ou être saisi d’admiration devant le Dieu de l’impossible et être poussé à l’humilité, nous qui ne sommes rien. La première attitude attire la condamnation, la seconde fait grandir en maturité spirituelle.

Comme Abraham, tout autour de nous vient contredire les promesses de Dieu :

– Il promet la vie éternelle et nous sommes mortels et vieillissants.

– Il promet la justice et nous ne voyons qu’injustice et corruption.

– Il dit que nous sommes justifiés et saints et nous sommes empêtrés dans nos péchés et nos lâchetés.

– Il témoigne de sa bonté et de sa douceur et nous avons peur de sa colère.

Que faut-il donc faire ? Il faut que nous fermions les yeux sur nous et sur tout ce qui est en nous, afin que rien ne nous empêche de croire que Dieu dit la vérité, qu’Il est la vérité. C’est ainsi que notre foi rend gloire à Dieu. Alors que, par notre manque de confiance en Lui, nous limitons son action et nous étouffons ses promesses. « Seigneur, viens au secours de notre manque de foi ! », disaient les disciples. Ce doit être aussi notre cri, particulièrement quand les circonstances nous entraînent à douter de Sa puissance et de Son amour. La foi ne doit pas regarder à notre faiblesse ni à notre misère, mais être tout entière tournée vers la justice et la puissance de Dieu, sachant que Sa Parole ne retourne pas à Lui sans effets, et que donc ce qu’Il promet, Il l’accomplit ! Ainsi, si la foi se fonde sur la Parole de Dieu, elle doit s’en nourrir continuellement.

Il nous faut cesser de compter sur nous-mêmes, particulièrement en ce qui concerne notre salut et notre marche chrétienne. Nous sommes appelés à lever les yeux, car si nous regardons à nous-mêmes, ou au monde qui nous entoure, nous allons sombrer, comme le fait Pierre quand il regarde les flots alors qu’il marche vers Jésus. Dieu est un abri solide et sûr. C’est Lui qui nous sauve, c’est Lui qui nous aime, c’est Lui qui nous justifie. Nous devons attacher nos cœurs à ces vérités, et nos yeux à Celui qui nous les confère. Il est Celui qui ne change pas, c’est pourquoi notre assurance est parfaite ; Il est le Tout-Puissant et ce qu’Il promet, Il l’accomplira !

Ainsi, ayant été justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu. Remarquez ici la différence entre la foi d’Abraham et la nôtre. Il croyait que Dieu pouvait accomplir ce qu’Il avait promis ; nous sommes appelés à croire ce qu’Il a accompli. Tel est l’évangile de la grâce de Dieu ; ce n’est pas une promesse, mais un accomplissement. Nous pouvons alors d’autant plus nous fier aux promesses encore à venir, comme notre sanctification et notre perfectionnement à l’image de Christ, ou encore notre propre résurrection et la vie éternelle en Sa présence. Cette foi repose sur la puissance de Dieu qui a accompli pour nous une telle délivrance, et nous a purifiés. Christ a été livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification. Il importe de rendre cette affirmation personnelle.

Pouvons-nous dire : « c’est pour MES péchés que Jésus a été livré, c’est pour MA justification que Dieu l’a ressuscité des morts » ? Alors nous possédons la foi qui sauve, celle qui s’appuie sur l’incommensurable grâce de Dieu ; alors nous sommes absolument certains de notre salut, et nous sommes en paix.

Lien avec le K-Day :

« Confie-toi en l’Eternel de tout ton cœur et ne t’appuie pas sur ton intelligence » (Pr. 3 : 5) + expérience de l’orange : la foi nous empêche de couler.

« Seigneur, je n’ai aucun mérite, mais ta grâce m’a sauvé. Apprends-moi à ne me confier qu’en toi, mon Seigneur, mon Sauveur, mon Dieu. » Amen.

1Jean Calvin, Commentaires bibliques, Épître aux Romains, page 100.

2Ibid.

3Idem. Page 104.

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