Prédication du 17 Aout 2025.

Prédication apportée par la pasteur Clémence Burry.

10 août 25 – Jn. 15, 18-27

Jean 16 : 1-15 17/08/25

« Connaître Dieu pour être son témoin »

*Prière

Les chapitres 13 à 16 de l’Évangile de Jean nous rapportent les dernières paroles de Jésus par lesquelles il entend préparer ses disciples à rendre témoignage de lui dans un monde qui l’a rejeté, pendant le temps de son absence. Ce temps, entre la première venue et le retour du Christ, est aussi appelé le temps de la grâce ou temps de la patience de Dieu, car le jugement est suspendu et la grâce est offerte. C’est le temps dans lequel le Saint-Esprit exerce un ministère particulier et spécifique.

La semaine dernière nous avons vu que nous sommes appelés à être témoins dans un monde qui nous déteste comme il déteste Christ. Mais nous ne sommes pas envoyés seuls. Nous sommes assistés de l’Esprit qui rend témoignage de Christ, nous le verrons plus en détail dans le texte d’aujourd’hui ; nous sommes entourés par des frères et des sœurs en Christ qui partagent le même ordre de mission et avec lesquels nous pouvons nous encourager mutuellement ; et enfin nous sommes appelés à demeurer attachés à Christ et Lui promet de demeurer en nous.

* Lecture

Savoir ou ne pas savoir

Jésus prévient les siens du temps qui arrive, ce temps dans lequel nous vivons. Il les prévient du rejet, de la persécution, des souffrances, afin d’éviter le découragement que cela pourrait causer.

Peut-être sommes-nous tentés de penser : mieux vaut ne pas savoir ! Or c’est une erreur. Même si le fait de savoir peut « faire peur », c’est particulièrement aidant et ce à plusieurs niveaux : D’abord cela permet de comprendre ce qui se joue, le « pourquoi » et nous avons vu que cela était lié à Christ ; ce n’est pas nous que les gens détestent en premier lieu, c’est Christ !

Ensuite, cela permet de se préparer à ces difficultés, en s’attachant à Christ, en vivant une vie communautaire où l’on apprend à s’aimer et s’encourager, et en recherchant le soutien et la direction du Saint-Esprit. C’est le « comment ».

Enfin, cela nous montre en pratique le ministère de défense, de consolation, de conseil, d’avocat de Jésus maintenant assis à la droite du Père mais aussi de l’Esprit-Saint auprès de nous. C’est un témoignage puissant de l’amour de Dieu pour nous et de la pédagogie avec laquelle il nous enseigne, ceci afin de faire de nous des témoins et de nous rendre semblables à son Fils. On pourrait dire que c’est le « pour quoi » !

Ceci est particulièrement important car nous avons un Dieu qui se révèle.

Il ne reste pas lointain à nous observer sans que nous-mêmes puissions avoir le moindre contact avec lui.

Il se révèle à nous par ses œuvres dans la création, par sa Parole écrite, par son Fils qui est la Parole incarnée et par son Esprit. Dieu se révèle et il veut que nous saisissions un certain nombre de choses. Dieu nous révèle des secrets, il se donne à connaître et il nous donne de connaître une partie de son plan, même si nous ne comprenons pas tout.

Dieu sait, et il nous invite à savoir aussi ! N’est-ce pas merveilleux ?

Cela est d’autant plus important que – nous dit ce texte – la persécution provient de ce que le monde ne connaît ni Christ, ni son Père !

Je voudrai m’arrêter un instant sur ce verbe connaître et la richesse du sens qui y est attaché. Il y a plusieurs niveaux de connaissance :

On peut avoir idée de l’existence de quelqu’un, directement ou indirectement, par ouïe-dire.

On peut avoir une idée claire de la personnalité ou du caractère de quelqu’un et ainsi, par extension, juger ou apprécier cette personne.

On peut avoir une idée précise ou approfondie d’une personne et par extension discerner, avoir une perception claire et juste de l’autre.

Enfin, on peut connaître dans le sens de savoir, avoir appris par l’étude ou la pratique.

Tous ces niveaux se situent sur un plan plutôt intellectuel.

Mais on peut également connaître sur un plan plus émotionnel, par l’expérience et le vécu.

Cela se situe sur un terrain plus intime et c’est aussi en ce sens que le verbe connaître est souvent utilisé dans la Bible, pour parler des relations entre un homme et sa femme.

Ainsi peut-on lire : « Adam connut Eve, sa femme, et elle enfanta un fils », (Gen. 4 : 1-2) par exemple. Ainsi il s’agit de reconnaître, d’accepter, de ressentir ou d’éprouver, comme aussi d’être en relation, y compris physiquement.

On perçoit là combien ce terme est riche et combien il est souvent illusoire de prétendre connaître parfaitement une personne, a fortiori ce qui concerne Dieu.

Nous n’aurons jamais fini de connaître Dieu sur cette terre et rien ne doit nous détourner de cet objectif. A ce sujet je vous recommande la lecture de l’excellent livre de James Packer : Connaître Dieu.

Et justement, c’est ainsi que nous pouvons comprendre le gain présenté par notre Seigneur Jésus de son départ. Difficile à comprendre, plus encore pour les disciples qui vivent avec lui depuis trois ans et qui bénéficient de sa présence physique, de son enseignement, de ses soins, de son exemple, etc. Oui, mais si Jésus s’en va physiquement, alors il peut envoyer l’Esprit Saint et la connaissance que nous avons de lui entre alors dans une autre dimension. Car l’Esprit nous donne à connaître Christ ressuscité, Christ glorifié, Christ assis à la droite du Père, Christ qui règne, Christ notre avocat, etc.

Cette connaissance-là est une bénédiction bien plus grande que d’avoir côtoyé Jésus sur terre. C’est important d’en prendre conscience car souvent nous sommes nostalgiques voire jaloux de ne pas avoir vécu pendant la présence terrestre de Jésus, sans comprendre que notre connaissance de lui, par l’Esprit, est infiniment plus grande et plus profonde, et donc meilleure !

C’est aussi un enseignement nécessaire à notre vie car nous voyons ici les disciples emplis de tristesse à l’idée que leur maître s’en aille. C’est normal puisqu’en de telles circonstances, comme on dit, on sait ce qu’on perd mais sans savoir encore vraiment ce que l’on gagne ! C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Jésus use de pédagogie ici.

Mais revenons à nous : la relecture de ce passage nous apprend nous aussi à lever les yeux quand nous traversons des zones de turbulences, d’inconfort, et à faire preuve de confiance envers Dieu qui sait mieux que nous ce dont nous avons besoin et qui veut notre bien ! Quand nous sommes tristes et préoccupés par une situation qui nous accable, nous ne parvenons pas à voir la bénédiction que Dieu prépare, comme c’est le cas ici pour les disciples. Pourtant, par la foi, nous savons que cette bénédiction arrive et nous devons nous efforcer de regarder vers Dieu qui la prépare avec confiance.

L’oeuvre du Saint-Esprit

Jésus poursuit son enseignement sur le monde qui nous entoure et l’œuvre du Saint-Esprit qui sert de révélateur à l’état de ce monde. Entendons-nous bien : L’Esprit ne révèle pas au monde son état, puisque le monde ne peut pas et ne veut pas le recevoir. Le monde a haï et le Seigneur Jésus, et le Père, il ne les connaît pas.

En revanche, l’Esprit nous révèle à nous, qui croyons, l’état de ce monde dans lequel nous vivons. Il le fait afin que nous ne nous fassions pas d’idées fausses à son sujet : par exemple le monde nous déteste, même quand il prétend nous aimer. Cela nous permet de nous détacher affectivement de ce monde et de ce qu’il prétend offrir. Cela nous aide aussi à nous saisir de l’urgence de la mission de témoignage que Jésus nous confie.

Nous avons réellement un rôle à jouer !

L’Esprit nous donne à voir le monde tel que Dieu le voit quant au péché, à la justice et au jugement, et ces trois choses sont intimement liés à la personne et à l’œuvre du Christ.

Le péché réside dans le fait que le monde n’a pas cru au Fils de Dieu, alors même qu’il n’a rien trouvé à lui reprocher. Ce rejet prouve que le monde est gouverné par le mal.

Ainsi le péché n’est pas telle ou telle chose mauvaise ou immorale qui serait pratiquée dans le monde (ce sont des conséquences), mais plutôt le fait que, quand Dieu s’est manifesté dans ce monde en la personne de son Fils pour prouver son amour et offrir sa grâce, le monde n’a pas voulu de lui. Ainsi, le monde est capable de progrès, de belles choses d’un point de vue humain, mais son péché demeure parce qu’il ne croit pas en Jésus-Christ.

L’absence aujourd’hui de Jésus sur terre et la présence du Saint-Esprit prouvent cet état de fait. Le péché du monde a culminé quand Jésus a été cloué sur la croix. Jésus est mort pour nos offenses et ressuscité pour notre justification. Cela signifie que, quand on croit en lui, sa justice nous est imputée. La justice de Christ a été manifestée par son départ, puisque Dieu l’a fait asseoir à sa droite, montrant par là que l’œuvre accomplie était parfaite. Ainsi, la gloire actuelle de Jésus-Christ est signe de sa justice, et le fait que le monde ne le voit pas sert aussi de justice. De plus, puisque Christ a vaincu la mort et le mal à la croix, alors le diable est déjà jugé, ainsi que tout ce qui lui appartient. Christ que nous contemplons dans la gloire règne en Roi, et il reviendra pour juger la terre et ses habitants, tous ceux qui auront renié sa puissance et sa grâce. Voilà le jugement.

Tel est l’état du monde comme que Dieu le voit.

Mais pour être les témoins de Christ dans ce monde-là, il ne suffit pas de connaître cet état de fait, il faut aussi avoir en vue le Royaume de Dieu et la gloire à venir. C’est aussi le ministère de l’Esprit de vérité que de nous conduire et de nous annoncer les choses à venir. Ce témoignage n’est rien de nouveau ; il confirme, il actualise le témoignage de Jésus lui-même ; il prolonge la prédication et l’oeuvre du Christ sur terre ; il rend présent le Seigneur devenu invisible pour les hommes. Au fond, le témoignage de l’Esprit et celui des disciples sont étroitement liés, puisque sans le Saint-Esprit les disciples ne peuvent pas remplir la mission que le Seigneur leur a confiée. Et d’un autre côté, comment l’Esprit s’exprimerait-il, si ce n’est par la bouche d’humains qu’il inspire ? Car le Saint-Esprit n’est pas une force magique qui interviendrait de manière surnaturelle, sans tenir compte des femmes et des hommes qui composent l’Eglise. Ce qui ne signifie pas non plus que le Saint-Esprit a besoin de nous pour agir dans le monde ; il n’est certainement pas soumis à notre bon vouloir et il n’est pas question de limiter les possibilités de Dieu qui sont illimitées. Mais on peut dire que Dieu a choisi cette voie : pour la transmission de l’Evangile, le Saint-Esprit appelle et mandate de simples humains comme témoins.

Sans le Saint-Esprit qui agit par les envoyés, qui valide leurs paroles et leur donne de l’effet, l’évangélisation ou la mission sont impossibles…

Le témoin a trois rôles principaux : il aide à découvrir une vérité inconnue ; il peut confirmer une vérité déjà plus ou moins connue ; il permet de dévoiler les mensonges. Le Saint-Esprit remplit ces trois fonctions.

Premièrement : il révèle les vérités inconnues du Royaume de Dieu. Pensons aux disciples qui, sans l’Esprit, n’auraient pas compris la vie de leur Maître. L’homme naturel, dit la Bible, n’a pas accès aux mystères de Dieu. L’Esprit a été à l’oeuvre lorsque les écrivains bibliques ont rédigé leurs textes. Ne demandons-nous pas lors de chaque culte son assistance pour que le Seigneur lui-même nous parle par les lectures et la prédication ?

Deuxièmement : l’Esprit confirme la vérité révélée et la rend agissante, efficace. Et il ne s’agit pas là que d’une doctrine pure et orthodoxe. Des signes accompagnent l’annonce de la Parole. Le Saint-Esprit opère le grand miracle de la nouvelle naissance, sans laquelle nous ne pouvons pas entrer dans le Royaume de Dieu.

Jésus vit et règne dans le coeur des siens par son Esprit. Au milieu de la grande confusion spirituelle du monde, l’Esprit conduit l’Eglise, lui permet, malgré certaines déviations, de maintenir le cap et d’atteindre le bon port.

Troisièmement : le Saint-Esprit dénonce les mensonges de l’ennemi ; il permet de déjouer les pièges du tentateur qui voudrait que les croyants fassent confiance à sa parole, plus séduisante et moins exigeante que celle de Dieu.

Face à toutes les fausses doctrines, nous avons besoin de l’Esprit pour reconnaître et réfuter les mensonges que l’on nous présente sous de belles paroles pieuses…

Le témoin, selon le Nouveau Testament, est un homme qui s’engage personnellement pour la vérité qu’il connait et qu’il veut attester aux autres. Il est entièrement au service de cette vérité qui lui a été révélée.

Aux premiers temps du christianisme, la grande majorité des croyants étaient des témoins, pleins de zèle, malgré les dangers, pour communiquer à leur entourage la bonne nouvelle. Ce n’est que de cette manière que s’explique la rapidité avec laquelle la foi chrétienne s’est propagée à travers l’empire romain, jusqu’en Inde et dans certaines parties de l’Afrique.

Voilà qui nous interroge sur notre situation actuelle. Nous avons des Eglises bien structurées, des moyens non négligeables, une grande liberté de parole et d’action. Et pourtant nos églises se vident, les principes chrétiens ont de moins en moins de poids dans une société qui se proclame laïque, l’ensemble du christianisme occidental décline… Alors la solution n’est pas tant à chercher dans les organisations et les stratégies qu’au niveau de la base, c’est-à-dire du témoignage de vérité de chaque croyant.

Prions pour que chaque enfant de Dieu soit un authentique témoin engagé là où il vit, dans les tâches qui lui sont confiées et avec les dons qui sont les siens. Prions l’Esprit que Jésus nous envoie, de prendre possession de nous et de nous diriger. « Viens, Esprit du Dieu vivant, viens et règne en moi. »

Nous savons tous que si nous voulons établir une relation authentique avec une personne, il ne suffit pas de la connaître intellectuellement, il faut aussi s’engager personnellement dans cette relation, non pas avec notre raison, mais avec notre coeur.

Avec le Christ, il en va de même. Même si je connais toute l’histoire de Jésus, même si j’ai lu tous les livres qui parlent de lui, il ne se produira rien si mon coeur n’est pas disposé à l’accueillir, si mon coeur n’est pas prêt à s’engager dans une relation vivante et vraie avec le Christ. Et qui peut disposer mon coeur à rencontrer le Christ ? « L’Esprit de vérité rendra témoignage de moi », dit Jésus.

C’est lui, l’Esprit Saint, qui dépose en moi l’amour de Dieu, c’est lui qui fait grandir en moi cette véritable relation d’amour avec le Christ. C’est parce qu’il envoie cet Esprit que le Christ demeure en moi et moi en lui, c’est pourquoi, à notre tour, nous pouvons lui rendre témoignage, en allant à la rencontre des autres. Le Saint-Esprit est celui qui nous donne un élan nouveau et fait de nous ces témoins du Christ capables de redresser et d’encourager, de réconforter et de consoler, de libérer et de réconcilier.

Ainsi, l’Esprit met devant nos yeux l’état de ce monde afin de nous en détacher et nous donne à contempler le monde à venir, auquel nous appartenons, afin de nous encourager dans notre marche et notre témoignage.

L’Esprit Saint nous conduit, nous annonce les choses à venir et nous révèle ce qui concerne Christ et sa gloire. Il est présence de Christ en nous, il poursuit dans nos coeurs l’œuvre de transformation à l’image du Fils de Dieu, il fait de nous des témoins de sa grâce et de son amour pour le monde qui nous entoure.

L’Esprit nous donne de connaître toujours davantage notre Dieu et Seigneur, même si nous ne pouvons pas tout comprendre. Il s’agit là peut-être d’un autre de ces deuils dont nous parlions la semaine dernière : accepter de ne pas tout comprendre tout en cherchant à connaître Dieu toujours davantage, nous laisser conduire par l’Esprit de Dieu qui est vérité, exercer ainsi notre confiance en avançant à la lumière de la Parole, les yeux fixés sur le Christ en gloire. Amen.

Jem 556 « Viens Saint-Esprit »

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