Prédication du 07 janvier 2024.

Ce dimanche la Prédication est apportée par notre pasteur Clémence Bury.

07 janv. 24 – Gen.1,1 – 2,3

Genèse 1 : 1 – 2 : 3

Tout est sous contrôle !

* Prière

Chers amis, j’aimerais que nous démarrions et que nous vivions cette année avec cette certitude : Tout est sous contrôle !

La terre tourne, les saisons s’enchaînent, une année succède à une autre, pas par le fruit du hasard ni par chance mais parce que Dieu est souverain. Cette vérité-là doit être pour nous à la fois source de réconfort et de confiance mais aussi porteuse de paix face à l’anxiété et d’espérance au milieu de ce monde qui ne va pas vers son meilleur !

C’est vrai, les humains sont de plus en plus nombreux (pour certains, trop!), quand on parvient à éradiquer une maladie, une autre prend sa place (voire c’est la première qui revient!), les guerres de territoire qu’on pensait appartenir à l’histoire et au passé sont plus que jamais d’actualité et le climat semble de plus en plus déréglé (on nous matraque régulièrement de catastrophes écologiques plus graves les unes que les autres).

Pourtant, cette création appartient à Dieu. Il est clair que nous la gérons mal et que nous la détruisons régulièrement mais pourtant, c’est Dieu qui a fixé les limites à toute chose, y compris à la fin de ce monde. Et Il ne nous a rien caché de sa fin, du retour en gloire de Son Fils et de la création des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Tout est sous contrôle !

Je parle de la fin et pourtant je vous invite ce matin à repartir au tout début et à ouvrir vos Bibles au commencement du livre de la Genèse.

* Lecture

Par ce récit de la création, Dieu nous parle de Lui. Il ne nous dit pas tout, mais Il nous livre l’essentiel de ce que nous avons besoin de savoir (souvent différent de ce que nous aimerions savoir!). Ce texte nous parle du Dieu Créateur, Tout-Puissant, Souverain, Un en trois personnes ; du Dieu d’amour et de bonté, du Dieu de providence et de libéralité, du Dieu de bénédiction et de générosité. Découvrons ensemble ce Dieu que nous aimons, que nous adorons et à qui nous sommes appelés à ressembler.

Mais tout d’abord je vous propose une brève architecture de ce récit de la création :

Les 3 premiers jours, Dieu crée en mettant de l’ordre dans le chaos. Les 3 jours suivants, Dieu peuple ce qu’il a séparé. Un temps pour séparer, ordonner, nommer, un temps pour peupler.

1. Séparation jour/nuit

2. Séparation eaux d’en-bas/eaux d’en-haut

3. Séparation terre/mer

4. Soleil et étoiles

5. Poissons et oiseaux

6. Animaux et humain

Le verbe créer (bara en hébreu) a toujours Dieu pour sujet. Comme nous l’avons évoqué quelques temps avant Noël, il s’agit d’une parole, d’un cri qui fait amener à l’existence, une parole qui donne vie. Le verbe est au singulier alors que le sujet (Elohim) est au pluriel. Nous entrevoyons déjà un des mystères de Dieu, à savoir le fait qu’Il est Un mais aussi plusieurs personnes, trois en réalité, c’est ce que l’on appelle le mystère de la Trinité.

Le mot ciel est aussi un pluriel qui évoque les différents espaces célestes existant.

La terre était « informe et vide » nous dit le texte, ou encore « tohu-bohu » comme le dit l’hébreu. Et effectivement l’acte créateur de Dieu vient mettre de l’ordre dans le chaos en séparant les éléments et vient peupler ce qui était vide.

La présence du souffle (ou de l’Esprit) à la surface des eaux, des ténèbres, de l’abîme a un aspect apaisant face au tumulte. Dieu est là et Il veille ! Il gère ! Tout est sous contrôle !

Dieu n’est pas seulement présent, Il parle aussi. Il n’est pas seulement toute-puissance et force, Il est aussi souffle et murmure. Dieu crée par sa parole, et le début de l’évangile de Jean nous dit que le Fils est la Parole, le Verbe de Dieu. Nous sommes donc bien en présence des trois personnes de la Trinité dès les premiers versets de la Genèse.

On peut s’interroger sur la création de la lumière au premier jour, puisque le soleil etc. ne sont créés que le 4ème jour… Cette lumière là est le reflet de la gloire de Dieu, sa splendeur, sa présence dans la création. Cela nous renvoie au dernier chapitre d’Apocalypse (Ap. 22 : 5) où la gloire de Dieu éclaire la Jérusalem céleste. La présence de Dieu éclaire, elle chasse les ténèbres. De la même façon nous trouvons dans le livre des Psaumes cette idée que la Parole de Dieu est lumière sur notre sentier. Dans l’Évangile, Jésus dit de lui-même : « Je suis la lumière du monde » (Jn. 8 : 12).

Nous pouvons aussi remarquer que lors du 4ème jour, quand Dieu peuple le jour et la nuit, il parle de temps et de l’utilité des luminaires pour compter le temps. Ainsi pouvons-nous envisager que lors du 1er jour, Dieu aie créé le temps! Cela nous rappelle que Dieu est hors du temps et de l’espace, Il les a créés l’un comme l’autre. Notre intelligence est incapable d’appréhender un non-temps, tout comme un non-espace, puisque nous sommes dans le temps et l’espace. Ce qui est sûr, c’est que cela nous amène à considérer le temps, ainsi que tout le reste, comme un don de Dieu !

Il me semble qu’en ce début d’année c’est un élément à retenir, à garder, à chérir. Le temps a été créé par Dieu et il nous a été donné pour l’investir du mieux possible ; pour y vivre, y travailler, y jouir, y aimer, etc. D’autant que notre perception du temps n’est pas statique : quand on s’ennuie le temps paraît s’étirer alors qu’il passe à toute allure quand on vit un bon moment, nous laissant presque frustré de n’avoir pas vu le temps passer ! Le temps existe pour celui qui en a conscience, c’est-à-dire l’être humain. Personne d’autre n’a la notion du temps qui passe, d’un avant et d’un après, sinon l’homme. Qu’allons-nous faire de notre temps pour cette nouvelle année ? Allons-nous être esclave du temps ou allons-nous le gérer, le maîtriser, l’habiter comme Dieu l’a prévu pour nous ?

Le 2ème jour, Dieu crée ensuite le ciel et l’air que nous respirons, en séparant les eaux d’en-bas des eaux d’en-haut. Comme le dit le Psaume 19, le ciel raconte la gloire de Dieu (Ps. 19 : 2-3).

Une fois séparées, Dieu rassemble les eaux d’en-bas en un seul lieu pour faire apparaître la terre sèche, c’est le 3ème jour. Après avoir créé le temps et l’espace, Dieu crée une terre ferme sur laquelle l’humain pourra marcher et vivre. On peut ici penser à la sortie d’Égypte quand l’Éternel sépare les eaux de la mer pour faire marcher son peuple à pieds sec ! Dieu crée les continents et les océans pour que les créatures y habitent et partent à l’aventure ! Dieu vit que cela était bon ! La terre va produire de la verdure et des arbres fruitiers pour permettre à chacun de se nourrir ! De plus elle est créée capable de se reproduire puisque chaque arbre est porteur de sa semence !

Mesurons-nous la grâce de Dieu contenue dans ces mots ? Tout est sous contrôle !

D’autant que Dieu aurait pu créer, comme c’est élaboré dans les usines pour demain, une sorte de fruit qui à lui seul comporterait tout ce qui est nécessaire (aujourd’hui on parle de comprimé bourré de tous les nutriments et dosages précis nécessaires à notre survie). Quand on aime manger, quelle tristesse ! Or Dieu a créé non seulement l’utile, mais aussi l’agréable, la diversité, le surplus, la générosité, la beauté ! Pourquoi tant d’espèces différentes, que ce soit animales ou végétales sans parler des métaux, des pierres, des minéraux ? Pourquoi tant de couleurs, tant de parfums ?

N’est-ce pas pour que nous y trouvions du plaisir comme le dit l’Ecclésiaste par exemple ? N’est-ce pas aussi pour nous éveiller à un certain sens de la gratuité mais aussi de la générosité ? L’observation de la création ne peut pas nous conduire à autre chose qu’à l’action de grâce et à l’adoration. La création est un acte d’amour, de bonté, de générosité de la part du Créateur. Ce sont tous ces traits de Son caractère que nous découvrons dans la création.

De la même façon que les futurs parents aménagent toute la maison pour accueillir l’enfant qui va paraître, comme l’oiseau fait son nid avec précision, ainsi Dieu prépare tout pour accueillir le vivant, Il plante le décor ; non seulement pour que ce soit utile à notre survie, mais aussi pour que cela soit beau et agréable, pour que cela nous émerveille !

Je pense ici à un verset de l’épître aux Romains (Ro. 1 : 20) qui dit que la divinité, la puissance et la perfection de Dieu se voient dans la création, dans chacun de ses ouvrages ; ce qui rend l’homme inexcusable s’il ne glorifie pas Dieu…

Dieu a mis de l’ordre, Il a séparé et nommé, Il va maintenant peupler sa création.

Au 4ème jour ce sont donc les luminaires qui servent à éclairer. Il servent aussi de signes et à compter le temps. Ce ne sont pas des dieux mais des créations, contrairement à ce que pensaient la plupart des civilisations anciennes. Aujourd’hui aussi le culte des astres reste présent même dans notre société dite moderne avec la culture du destin, de la fatalité, des horoscopes et autres présages. Ce dimanche étaient prévues les lectures liées à l’épiphanie et donc à la visite des mages à l’enfant Jésus. Dans ce récit nous voyons bien que les mages ne considèrent pas les astres comme des divinités mais bien comme des signes. Ce sont des astronomes et non des astrologues ! C’est par une étoile qu’ils comprennent qu’un roi vient de naître, et cette étoile, nous dit l’évangile, les guide jusqu’à Jésus, le Roi des rois.

Notre destin n’est pas inscrit dans les astres, ceux-ci n’ont aucune influence d’aucune sorte sur notre vie et nos choix. Les astres sont des créatures de Dieu utiles et belles. Elles peuvent et doivent nous émerveiller comme le reste ! Qui ne le serait pas en regardant un ciel étoilé ? Mais les étoiles ne décident pas de notre vie.

Dieu a créé l’être humain libre de ses choix de vie, la fatalité n’est pas une notion biblique ! La responsabilité, oui !

Le 5ème jour Dieu peuple les eaux qu’Il a séparé et crée donc tout ce qui vole et tout ce qui nage ! Là aussi quelle diversité ! Quelle richesse ! Les animaux sont appelés, comme les humains plus tard, à la fécondité et à multiplier. Ils sont sujets, Dieu les bénit ! Cela ne leur donne pas le même statut que les humains, loin s’en faut, mais leur statut diffère des astres ou des végétaux ! A la sortie du Déluge, Dieu n’a pas fait alliance avec l’humain seul mais avec l’ensemble du vivant (Gen. 9 : 9-10). Nous retrouvons cela en Matthieu 6 en rapport avec les inquiétudes…

Le 6ème jour, Dieu peuple la terre avec les animaux d’abord, l’humain ensuite. Tout au long de la Bible, Dieu s’est servi des animaux tantôt comme signe, tantôt pour parler aux hommes. Il convient de donner aux animaux la place qui leur revient dans la création : ni marchandise ou objet, ni égal voire supérieur à l’homme !

Au moment de créer l’humain, Dieu se concerte, Il tient conseil. Nous sentons bien là que cette création est particulière. Oui car l’humain est créé à l’image de Dieu, un sujet unique capable de liberté, de relations, d’interactions avec les animaux, avec ses semblables mais aussi avec son Créateur. Il y aurait beaucoup à dire sur ce que signifie « image de Dieu » ; des centaines de livres ont été écrits à ce sujet et je ne suis pas sûre que nous ayons encore tout compris !

L’humain est un être de relations, comme Dieu l’est. D’ailleurs il est tout de suite créé mâle et femelle, en vis-à-vis.

Là aussi, le texte biblique poursuit en disant « Dieu les bénit ». C’est un schéma récurrent : Dieu crée et Il bénit. Entre les deux verbes en hébreu, il n’y a qu’une lettre de différence, une lettre qui évoque la multiplication. Ainsi, si en français « bénir » signifie « dire du bien », le verbe hébreu suggère l’abondance. Bénir quelque chose, c’est dire « que ça se multiplie ! ».

Dieu ne nous appelle donc pas à rester statique mais à prendre en charge la création dans laquelle l’homme a été placé, à se multiplier, à être fécond dans tous les domaines et pas seulement celui de la procréation ! On peut penser à la fructification des talents musicaux, artistiques, intellectuels, physiques, à porter le fruit de l’Esprit dont Paul parle aux Galates (Gal.5), à développer nos relations, nos connaissances, nos sujets d’étude, etc. et bien sûr aussi, à faire des enfants, à habiter et cultiver la terre.

Créés à l’image de Dieu, nous sommes appelés à lui ressembler. L’image parfaite de Dieu est le Fils, Jésus-Christ, et c’est en nous mettant à son écoute, à sa suite, à son école, que nous apprenons à Lui ressembler. Bien plus, c’est l’Esprit-Saint en nous qui poursuit cette œuvre par laquelle Il nous rend semblable à Lui ! Là aussi c’est une vocation mais c’est avant tout une grâce !

C’est parce qu’il est créé à l’image de Dieu que l’être humain est appelé à la domination : une domination qui ne saurait s’exercer par la violence ou la contrainte, mais à l’image de la façon dont Dieu domine, c’est-à-dire avec amour et responsabilité, dans la liberté et le respect.

Dieu considère au soir du 6ème jour que tout ce qu’Il a fait est « très bon ». Pourtant la création n’est pas complète. Le chiffre 6 est le symbole de l’incomplétude alors que le 7 est celui de la totalité, de la perfection.

La création est un ensemble au sein duquel aucun élément n’est isolé, car chacun y occupe la place qui lui a été assignée. Voilà le monde créé par Dieu. Tout est sous contrôle !

A la fin du 6ème jour, il manque donc un élément essentiel à la création de Dieu : le repos. Le repos n’est pas vu comme une absence de travail mais comme une œuvre. Se reposer, ce n’est donc pas ne rien faire mais au contraire, c’est faire quelque chose !

Aujourd’hui au mieux on considère le repos sous son axe utilitaire, à savoir qu’il a pour objet une plus grande efficacité dans le travail. Il est un élément de rentabilité. A l’extrême inverse s’élèvent des voix disant que le travail ne devrait pas exister et qu’il faudrait passer sa vie à « ne rien faire » ou à « profiter », mais profiter de quoi, ça, personne ne sait le dire ! Dans cette optique il n’est plus vraiment question de repos…

L’approche de l’Écriture est tout autre. Le sabbat n’est pas une concession consentie à la faiblesse de la nature humaine afin que la personne puisse mieux travailler, il a une valeur en tant que telle. Il est même le but ultime de la création ! Comme le dit Jésus : le sabbat a été fait pour l’homme ! (Mc. 2). Le 7ème jour, Dieu a pris le temps de regarder sa création, de l’observer, de la contempler, de s’en réjouir. L’humain est invité à s’inspirer de son attitude. Régulièrement, lui aussi a besoin de prendre le temps de l’arrêt, de la halte, pour examiner sa semaine et relire son histoire. Le sabbat est plus qu’une pause dans la semaine, il est une prise de distance par rapport à l’agitation du quotidien, pour regarder, écouter, se souvenir. La contemplation et le repos sont des valeurs à contre-courant de notre temps, elles nous sont données comme des grâces et des bénédictions. Elles nous permettent de comprendre que notre valeur ne réside pas dans ce que nous produisons et il est urgent que nous nous laissions enseigner ceci de nouveau, car l’esprit ambiant vient polluer notre compréhension du travail et du repos. A l’inverse, le sabbat permet de sanctifier le temps, de tout remettre à Dieu et de nous réjouir en Sa présence.

L’arrêt des activités est en même temps un acte de foi qui rappelle que si la terre tourne, c’est par la souveraineté de Dieu et pas par notre travail. Nous pouvons donc nous reposer, confiants et conscients que Dieu est aux commandes et qu’Il gère ! Tout est sous contrôle !

Une nouvelle année commence, une année de grâce de la part de l’Éternel ; une année qui nous rapproche toujours davantage de Son retour. Au milieu de l’agitation ambiante, Dieu ce matin vient parler à nos cœurs et nous rappeler que si nous sommes là, c’est parce qu’Il l’a voulu, qu’Il nous a créés et qu’Il nous a bénis. Nous sommes appelés à marcher avec Lui, dans la proximité de Sa Parole, attachés au Christ et en cherchant à Lui ressembler, avec le secours de l’Esprit Saint. Ne nous laissons pas gagner par l’anxiété, l’inquiétude, le stress, la course après le temps mais soyons au contraire des témoignages vivants qu’une autre voie est possible, une voie qui correspond à la création bonne de Dieu, même si nous sommes aujourd’hui entachés par la chute. Nous sommes aussi sauvés, renouvelés, régénérés, en croyant au Fils de Dieu qui s’est livré pour nous. Nous sommes des nouvelles créatures et nous ne devrions donc pas affronter le quotidien comme tout un chacun. Nous devrions habiter la création autrement, utiliser notre temps autrement, considérer notre travail comme une bénédiction et ne pas laisser prendre la place du repos dans nos vies par quoi que ce soit. Car le repos, comme le travail, est une grâce. Il nous permet de respirer, d’entrer dans le temps de Dieu, de nous réjouir en Sa présence de tout notre travail car Dieu mène tout à bonne fin.

Chers amis, en ce début d’année, réjouissons-nous dans le Seigneur pour toute sa création et ses nombreuses bénédictions, nous souvenant que tout est sous Son contrôle ! Amen.