Prédication du 10 08 2025

Prédication apportée par la pasteur Clémence Bury.

10 août 25 – Jn. 15, 18-27

Jean 15 : 18-27

Alors que je cherchais à écouter l’Esprit Saint, j’ai été amenée à reconsidérer les textes bibliques qui m’étaient proposés pour ce dimanche et les suivants, et à opter pour travailler une série de prédications dans l’Évangile selon Jean. Cette série de textes parle notamment du témoignage et de la persécution mais aussi de l’œuvre du Saint-Esprit.

Alors que j’attendais encore une confirmation pour m’engager dans cette voie, j’ai pris le temps d’écouter les deux prédications qui ont été données en mon absence par deux invités : les pasteurs Charles Nicolas et Paul-Aimé Landes.

Là, j’ai été étonnée premièrement de constater que le pasteur Charles Nicolas a prêché sur le texte qui précède, dans l’Évangile de Jean, les textes sur lesquels je me suis arrêtée, et qui parle longuement de l’Esprit Saint.

Ensuite j’ai été surprise d’entendre à quel point les thèmes de ces deux prédications concordaient, alors même que les textes choisis étaient tout à fait différents. Il a été fait mention notamment de consolation et de découragement, mais aussi de la victoire dans la foi en Dieu Père, Fils et Saint-Esprit.

Enfin, la façon dont le terrain a été préparé pour le thème du témoignage et de la persécution m’a conduite à m’émerveiller devant l’œuvre précise et efficace du Saint-Esprit qui veut instruire et conduire le peuple de Dieu, Lui le Paraclet qui est notre consolateur, notre défenseur et notre conseiller.

Avant d’aller plus loin, je voudrais m’arrêter sur un point qui a été développé tour à tour par Charles Nicolas et Paul-Aimé Landes dans leurs prédications respectives : celui des deuils quotidiens.

Puisque nous allons aborder le témoignage et la persécution, il me paraît approprié d’en dire un mot également ! Parce que non seulement nous avons à vivre, comme tout un chacun sur cette terre, ces fameux deuils quotidiens dont il a été fait mention les semaines passées, comme par exemple la fuite du temps, de la jeunesse, de la santé, la perte d’un travail ou d’une situation, la séparation avec un conjoint ou un ami ; mais plus encore, nous avons à vivre, en tant que chrétiens, des deuils supplémentaires liés au fait justement que nous nous réclamons du Christ. Si nous voulons être disciples de Christ, c’est Jésus lui-même qui le dit, nous devons renoncer à nous-mêmes, porter notre croix et Le suivre (Mt. 16 : 24). Sans rentrer plus en détail dans cette vérité, il est évident qu’il est question là de deuils ; de choses, de situations ou de relations à abandonner.

C’est aussi ce dont il est question dans les textes qui vont nous enseigner ces trois prochains dimanches, et plus précisément une des choses auxquelles il nous faut renoncer, c’est notre désir de reconnaissance, d’être aimé de tous, d’être accepté.

Je vous invite à lire avec moi l’Évangile de Jean au chapitre 15, les versets 18 à 27.

Pourquoi le monde nous déteste-t-il ?

On peut trouver ce texte abrupt à première lecture, se demander comment on en est arrivé là, mais si on considère l’ensemble du chapitre il est tout à fait logique et pertinent.

Le chapitre 15 de l’Évangile de Jean nous décrit différents cercles relationnels et nous montre les liens de cause à effet qui existent entre ces cercles.

Les versets 1 à 8, bien connus, nous présente Jésus comme le vrai Cep et le Père comme le vigneron. Chacun de nous est un sarment, appelé à demeurer attaché au cep afin de porter du fruit. Il s’agit donc d’une relation plutôt individuelle bien que valable pour chacun et chacune ; c’est moi et Jésus, avec l’objectif de porter du fruit à la gloire de Dieu le Père.

Derrière cela, il y a l’idée de transformation de notre ancienne nature, puisque la « sève » qui provient de Dieu par notre attachement à Christ, va faire de nous de nouvelles créatures, va nous transformer pour nous rendre semblables au Christ et donc capables de produire du fruit qui Le glorifie. Il faut bien garder ça en tête pour comprendre ce qui arrive dans le texte que nous avons lu.

Le deuxième cercle se trouve dans les versets 9 à 17 et il s’agit là d’une relation communautaire. Il est question de Jésus et ses enfants, qu’il appelle ses amis. Nous pourrions dire les chrétiens, mais ce qui importe ici ce n’est pas le nom ou le titre, mais plutôt les caractéristiques. Ceux qui se trouvent dans ce cercle sont ceux qui sont habités par l’amour et la joie du Christ. Ils se savent aimés de Dieu et ils montrent leur amour pour Dieu par leur obéissance à ses commandements, notamment le commandement de l’amour mutuel : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (v. 12). Là aussi il est question de fruit produit, et là aussi il est question de transformation puisque nous passons de serviteurs à amis. C’est donc moi et les chrétiens, le cercle de l’amour.

C’est donc tout naturellement que nous arrivons au troisième cercle décrit dans notre texte ce matin, que l’on pourrait résumer sous le titre : moi et le monde, le cercle de la haine.

Parce que nous sommes chacun et chacune attaché au Christ, parce qu’il nous transforme à son image, parce que nous commençons à produire du fruit (1er cercle), alors nous nous reconnaissons mutuellement comme faisant partie de cette famille de Dieu, et nous commençons à mettre en pratique (tant bien que mal!) le commandement d’amour mutuel prescrit par le Seigneur (2ème cercle). Le fruit individuel mais aussi collectif que cela nous donne de produire nous met à découvert pourrait-on dire, aux yeux du monde.

Le monde voit, comme nous appartenons à Christ et à sa famille, que nous ne lui appartenons pas à lui ! Alors il nous déteste (3ème cercle), ce qui est parfaitement cohérent finalement !

Le monde nous déteste parce que nous ne sommes pas à lui, nous ne provenons pas de lui. Nous ne parlons pas son langage, nous ne possédons pas ses codes, nous sommes des étrangers. Et en plus, nous servons (sans le vouloir parfois) de révélateurs au péché du monde. Ainsi, plus nous produisons du fruit pour Christ, plus nous serons détestés.

Mais c’est une bonne nouvelle ! Cela montre que le travail de l’Esprit en nous est efficace et progresse ! Ce qui l’est moins finalement, c’est quand nous ne rencontrons aucune opposition, aucune difficulté. Comprenons-nous bien, cela ne signifie pas que nous devons rechercher à tout prix les difficultés et la haine, mais plutôt de comprendre à quel point il serait saugrenu que le monde nous aime !!!

Or mes amis, le problème est que souvent, nous voudrions que le monde nous aime ! Nous voudrions pouvoir nous fondre dans la masse, nous voudrions appartenir à Christ mais aussi en même temps au monde, ce qui est impossible ; ce sont deux mondes antinomiques, que tout oppose !

Pourtant nous vivons comme si c’était faisable, nous faisons des compromissions, nous tentons de passer inaperçu, nous trouvons de « bonnes » excuses pour ne pas être vu, ne pas être su, ne pas parler de l’Évangile. Nous allons même parfois jusqu’à penser et dire qu’en nous fondant dans la masse, en adoptant les comportements du monde, nous serons les mieux placés pour leur parler du Seigneur… FAUX ! Ceci est un mensonge énorme !

C’est l’inverse de ce que la Parole de Dieu nous dit ! Si nous adoptons le comportement du monde, alors notre témoignage s’amoindrit et finit par s’effacer, c’est la lumière que laquelle on a mis un tissu pour la cacher. Si nous devenons du monde, alors nous ne portons plus de fruit et je vous laisserai relire en début de chapitre ce qui arrive au sarment qui ne porte pas de fruit. Nous n’aidons pas le monde en nous comportant ainsi, nous ne faisons pas progresser le règne de Dieu et nous nous faisons du tort à nous-mêmes.

C’est donc un mensonge qu’il nous faut voir, dénoncer et duquel nous devons nous détourner. La difficulté, c’est que nous voudrions être aimé, être accepté, nous détestons les conflits ! Nous sommes aimés mes amis ! Nous sommes aimés profondément, parfaitement, inconditionnellement et éternellement en Christ. Et nous sommes appelés à vivre et développer cet amour-là au sein de la famille de Christ, ce qui déjà n’est pas une mince affaire ! Cela ne veut pas dire que nous devons haïr le monde, mais en tous cas cela signifie que devons renoncer à notre désir d’être aimé par lui, nous n’avons pas besoin de cet amour-là car le seul véritable amour se trouve en Dieu et il a été manifesté en son Fils Jésus-Christ qui est venu sur terre pour mourir à notre place sur la croix, et nous réconcilier avec Dieu par sa mort et sa résurrection. En Christ, Dieu nous a aimés. En Christ, Dieu nous a sauvés. En Christ, Dieu nous appelle à vivre pour sa gloire.

Pourquoi Dieu nous a-t-il sauvés ?

C’est une question importante à se poser, à savoir : Pourquoi Dieu nous a-t-il sauvés ?

Parce qu’il nous aime, parce que cela correspond à son plan, ok. Mais pour faire quoi ?

Et bien la réponse, c’est pour que nous manifestions sa gloire, la beauté de sa grâce, la profondeur de son amour.

Dieu nous as sauvés pour que nous soyons ses témoins (cf. Ac. 1 : 8 ; Mt. 28) .

On le dit souvent, nous sommes « sauvés pour servir ». Dieu nous confie des dons pour accomplir ce service, et il existe toutes sortes de services comme aussi toutes sortes de dons. Mais avant cela ou au-delà de cela, Dieu nous appelle à être ses témoins, chacun avec ce que nous sommes, chacun en fonction de qui nous sommes.

Dieu nous appelle à parler de lui, à raconter ses œuvres et ses prodiges, à proclamer ses merveilles. Il nous appelle à annoncer sa parole, à publier le salut, à exposer sa grâce et son amour. Et il nous a créés tellement différents que nous avons mille manières d’accomplir cette mission. Nous pouvons parler à des foules, parler dans le secret d’une relation individuelle, parler dans nos familles. Nous pouvons vivre de manière à être interrogés si nous ne savons pas comment aborder le sujet. Nous pouvons aider, soigner, nourrir, et dire que nous le faisons de la part de Christ qui nous a tout donné. Nous pouvons chanter, écrire des livres, peindre, dessiner, jouer de la musique, créer, etc. Reste le lieu d’action !

Il est évident que cette mission-là, ce n’est pas au sein de la famille de Dieu que nous sommes appelés à l’accomplir, mais bien au sein du monde, ce monde qui nous déteste ! Au sein de la famille de Dieu, le Seigneur nous ressource, nous équipe, nous fait grandir, nous appelle, nous encourage, nous réconforte, nous console ; et nous devons nous-mêmes faire toutes ces choses pour notre frère et notre sœur à côté de nous.

Mais pour témoigner, il faut sortir du cercle de l’amour et aller dans le cercle de la haine.

Pour cela, il faut être rempli de l’amour de Dieu pour soi, mais aussi de l’amour pour son règne et sa Parole, mais encore il faut être rempli d’amour pour ceux qui se perdent. Il faut être convaincu que le désir de Dieu est de sauver, et prendre conscience d’une chose tout à fait extraordinaire et incroyable, c’est que Dieu veut se servir de nous pour cela !

Le mois dernier, le pasteur Kabo a prêché sur le livre du prophète Jonas. J’y reviens car Jonas, justement, manquait d’amour pour les perdus. Il ne voulait pas que Dieu fasse preuve de compassion à l’égard des Ninivites, il ne voulait pas qu’ils soient sauvés ! Il s’est fâché en voyant que Dieu revenait sur son projet de jugement devant la repentance du peuple. Si nous voulons être honnêtes, je crois que parfois nous ressemblons un peu trop à Jonas… nous sommes contents de connaître Dieu, reconnaissants pour le salut, mais nous n’avons aucun intérêt, aucune envie de le partager avec d’autres, un peu comme des enfants jaloux. Cela met en lumière l’état de notre coeur et notre besoin profond d’être encore transformés par le Seigneur. Nous avons besoin d’apprendre que nous non plus ne « méritons »pas le salut, et que nul ne le mérite. Nous avons besoin de prendre conscience que notre Dieu est un Dieu compatissant qui voudrait que tous soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité (1 Tim. 2 : 4) Nous avons besoin de comprendre la hauteur, la longueur, la largeur et la profondeur de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ (Eph. 3 : 18) et de connaître réellement cet amour. Nous avons besoin d’apprendre à aimer comme Dieu aime, car Dieu entend se servir de nous !

C’est une grâce incroyable, comme c’est aussi une grande responsabilité. Paul le formule ainsi : Comment entendront-ils si personne ne leur en parle ? (Ro. 10 : 14). Et oui mes amis, il est de notre responsabilité de parler du Seigneur à ceux qui ne le connaissent pas, leur salut en dépend. Bien sûr, nous ne sommes pas indispensables dans cette tâche, car Dieu pourrait tout aussi bien faire sans nous. Pourtant, il se trouve que Dieu veut faire avec nous. Ce n’est pas une option si « on se sent de le faire ». Cela ne dépend pas de notre caractère, de nos dons, de notre capacité à aller vers l’autre. C’est un appel commun, que nous partageons et auquel nous ne devons pas chercher à échapper.

Dieu fait de nous ses témoins. Il nous a choisis pour annoncer ses merveilles, son salut, sa Parole, sa grâce, son amour, sa paix, etc.

Et il ne nous envoie pas comme ça sans aucune aide, il nous équipe.

De quelle manière Dieu nous équipe-t-il ? Il nous invite à demeurer en Lui et il demeure en nous, Il nous donne des frères et des sœurs, Il nous prévient, Il nous donne son Esprit.

Dieu nous fait co-ouvriers avec l’Esprit Saint ! N’est-ce pas à la fois mystérieux et prodigieux ? Le Père et le Fils envoient l’Esprit, qui est le défenseur, le consolateur, le conseiller comme cela a été exposé il y a deux semaines. Cet Esprit est l’Esprit de vérité, tout ce qu’il dit est vrai, il n’y a pas de mensonge ni d’erreur en lui. L’Esprit rend témoignage de Jésus. Dans nos coeurs, l’Esprit nous rappelle tout ce que le Seigneur nous a enseigné, il nous rappelle sa Parole, il nous raconte son œuvre. Il le fait pour notre propre bien, mais aussi pour que nous soyons rendus capables nous aussi de témoigner aux autres, pour que nous puissions avoir à l’esprit le verset qui convient au bon moment, pour que nous soyons capables de nous taire aussi parfois quand il est inutile de parler, pour que nous soyons attentifs à ceux qui nous entourent et à leur aptitude à écouter et recevoir l’Évangile. Grâce à l’œuvre du Saint-Esprit, nous devenons ces témoins dont le Seigneur a besoin dans ce monde, et s’il le faut, l’Esprit peut ajouter des signes, des miracles et des prodiges dans la vie de ceux qui nous écoutent et qui croient au nom du Fils de Dieu.

Oui mes amis, le monde nous déteste parce que Dieu nous aime, mais Dieu nous envoie justement dans ce monde pour y témoigner de son amour, c’est notre champ de mission et cela commence souvent juste à côté de nous. Pour entrer dans cette mission, nous devons accepter de renoncer à notre besoin d’être accepté, reconnu, valorisé de tous car l’amour de Dieu nous suffit ; et nous devons nous appuyer sur ce que Dieu met à notre disposition :

– Dieu ne nous laisse pas ignorants : il nous donne des clés pour comprendre le temps dans lequel nous sommes et ce qui nous arrive. Il nous donne de saisir pourquoi les choses se passent comme ça, pourquoi le rejet, pourquoi le sentiment de solitude, pourquoi la persécution.

– Dieu ne nous laisse pas inutiles et errants : il nous confie une mission et des responsabilités. Il fait de nous ses témoins, ses porte-parole, ses agents de réconciliation.

– Dieu ne nous laisse pas seuls : Il nous donne de demeurer en lui, il nous donne Sa Parole. Il nous donne des frères et sœurs qui partagent les mêmes responsabilités et le même appel, une famille en son nom. Enfin, il nous donne de travailler en partenariat avec son Esprit !

Que gloire lui soit rendue ! Amen.

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