Prédication du 10 Décembre 2023.

Message apporté par le pasteur Clémence Bury.

10 déc. 23 – Es. 40, 1-11 – Mc. 1, 1-8 – 2 Pi. 3, 8-14

Esaïe 40 : 1-11 ; Marc 1 : 1-8 ; 2 Pierre 3 : 8-14

*Prière

Le chemin d’Avent sert à préparer nos cœurs à l’événement exceptionnel qui arrive, à savoir la naissance du Sauveur, la venue de Dieu parmi nous. Durant ces quatre semaines avant Noël, nous sommes invités à relire plusieurs textes et notamment les nombreuses prophéties qui concernent la venue du Messie. Cette relecture doit nous amener à la compréhension que Celui qui naît dans une étable est bien Celui qu’annonçaient les prophètes, le Serviteur de l’Éternel. Il vient pour accomplir tout ce qui a été dit à son sujet, Il vient pour accomplir le plan de salut de Dieu pour l’humanité, plan mystérieux prévu depuis longtemps. Il vient pour nous libérer et nous transformer, Il vient faire de nous les enfants du Père, héritiers avec le Fils de toutes les richesses de Sa grâce !

Si je rappelle tout cela, c’est parce que cet après-midi nous allons parler de la fiche théologique qui montre l’unité, la continuité mais aussi les différences entre l’ancienne et la nouvelle alliances. C’est aussi ce que nous montrent les textes proposés à notre lecture ce matin puisque tous nous parlent de continuité, d’accomplissement, à la fois pour le passé mais aussi pour ce qui reste à venir, nous tournant déjà vers la seconde venue du Christ, son retour en gloire !

*Lectures

L’évangile selon Marc a un caractère qui diffère, à certains égards, de tous les autres. Il nous présente le Christ comme Serviteur, et en particulier son service pour porter la Parole. C’est pourquoi l’histoire de sa naissance ne se trouve pas dans cet évangile. Marc commence son récit avec le début de la prédication de l’Évangile. Il intitule son livre « évangile », ou « bonne nouvelle » de « Jésus Christ, Fils de Dieu » ; ainsi, dès le début, il ne nous est pas permis d’oublier qui est ce parfait serviteur. Il est le Fils de Dieu. La mission du messager, de celui qui crie dans le désert, marque le commencement même de l’annonce de la bonne nouvelle qu’apporte le Seigneur. Ce messager, c’est Jean le baptiste. Jean est cette voix qui crie dans le désert, tout comme Dieu l’avait annoncé au travers du prophète Ésaïe.

Dans le texte d’Ésaïe, nous trouvons quatre cris, quatre voix, pour quatre sections de texte :

1. 1-2 : une voix crie la consolation, l’annonce du retour. Consolez mon peuple, le châtiment est bientôt fini

2. 3-5 : une voix crie de préparer la venue de Dieu dans le désert. Préparez le chemin du Seigneur, la gloire de Dieu va se révéler

3. 6-8 : une voix crie que seule la parole de Dieu est éternelle. La faiblesse des humains, la force de la Parole de Dieu

4. 9-11 : une voix crie la bonne nouvelle que la parole de Dieu demeurera désormais parmi son peuple. La bonne nouvelle : Dieu vient, laissons-le venir jusqu’à nous !

1. Une double consolation. Consolez, consolez mon peuple :

Dieu est comme un père qui prend son enfant sur les genoux et qui lui sèche ses larmes. Tant que les larmes obstruent leurs yeux, le peuple ne voit plus la lumière et pourtant elle est là, le peuple commencera de nouveau à espérer lorsque qu’il sera consolé, lorsque ses larmes seront séchées.

Ainsi en est-il du peuple d’Israël, il souffre, il est blessé, il désespère mais il n’est pas abandonné, Dieu est à son côté et veut le consoler. L’espérance n’est pas morte, à l’horizon se lève un jour nouveau. Le terme traduit par consolation est aussi traduit parfois par réhabilitation : « réhabilitez mon peuple ». Celui-ci retrouvant par là sa place auprès de Dieu. Il est temps pour lui de retourner vers Dieu. L’exil, le temps du désert va prendre fin.

2. Préparez un chemin. Préparez le chemin du Seigneur :

La réhabilitation qui s’annonce suppose de bousculer des habitudes, de transformer l’environnement. Cela ne pourra se faire sans réactions, sans résistances.

Le peuple doit préparer un chemin, dégager tous les obstacles qui sont en lui et autour de lui, tout ce qui empêche la venue du Seigneur. Dieu invite à faire de la place, à prendre du recul, à opérer le tri entre l’accessoire et l’essentiel.

Le désert est le symbole de ce que vivent les Israélites, la nuit spirituelle, l’absence de Dieu, l’égarement, la désespérance. Mais le désert est aussi le lieu de la purification, le lieu de la rencontre avec Dieu, le lieu où Dieu parle et guide, comme au temps de Moïse quand le peuple est passé de l’esclavage à la liberté et à la terre promise. Le désert est alors un temps mis à part, un temps d’attente, un temps d’espérance, le Seigneur vient et sa gloire cachée va se révéler au cœur même du dénuement, dans le repentir et la conversion.

3. Dans le désert la parole éternelle de Dieu. L’homme est fragile et faible et c’est la parole de Dieu qui relève et qui réconforte :

Un autre cri retentit : « qu’est-ce que l’homme ? La vie est comme l’herbe. Quand je regarde autour de moi, je vois tant de souffrance et de mal, le chômage, la maladie, les divorces, les suicides, les injustices, les guerres, la pauvreté, la misère. La liste des plaintes est tellement plus longue que les occasions de se réjouir mais cette voix qui crie dans le désert, elle est notre force. Dans les situations les plus difficiles, la parole de Dieu tient toujours et cette parole console et réconforte ; on peut pleurer, soupirer et se plaindre, Dieu nous écoute et nous aime aussi dans ces moments de désert. Il ne s’agit pas d’une consolation bon marché ; la consolation de Dieu est profonde et rédemptrice, son pardon renouvelle notre être et nous redonne force et courage. La parole de Dieu devient lumière sur notre chemin.

Au cœur des cris suggérés par le prophète se trouve l’affirmation que la parole de Dieu est éternelle (verset 8). Nous comprenons : ferme, pérenne, crédible.

La bonne nouvelle c’est que Dieu va reprendre la parole. Le terrain à préparer est de faire place à la parole de Dieu. C’est bien ce que nous fêtons à Noël puisque cet enfant qui naît, Jean le dit dès les premiers versets de son Évangile, est la Parole, le Verbe de Dieu incarné.

Cette parole va (re)naître dans le désert. En hébreu celui-ci se dit « mi-dabar », ce qui signifie : sans parole. En grec il s’écrit « e-rêma » qui signifie aussi : sans parole.

Dieu vient donc parler dans le désert, dans le « sans parole ». La Parole de Dieu reprend du terrain partout où l’homme l’en a chassée. Rien ne peut faire obstacle à cette Parole !

4. La parole est de retour. La bonne nouvelle : Dieu vient vers nous et partage notre vie.

Le terme hébreu employé pour énoncer les quatre cris qui rythment notre passage est « Qara’ », le même terme qui désigne la prise de parole de Genèse 1 qui rompit le silence initial : « Dieu appela (Qara’) la lumière jour, et il appela (Qara’) les ténèbres nuit », le même terme par lequel Dieu appelle l’Adam perdu dans le jardin (l’Eternel Dieu appela (Qara’) l’homme, et lui dit : Où es-tu ?). C’est une parole créatrice, une parole qui appelle à l’existence.

C’est encore par ce mot que l’homme accède à l’existence : « Il créa l’homme et la femme, il les bénit, et il les appela (Qara’) du nom d’homme, lorsqu’ils furent créés » Genèse 5,2.

Les quatre cris brisent le silence des déserts où il n’y a plus de parole qui fasse vivre.

La Parole de Dieu est une parole qui console, réhabilite, dégage les obstacles, une parole fiable et éternelle. Ce qui est annoncé dans ce temps de l’avent c’est la venue d’une telle parole, une parole qui soit messianique, car l’homme a besoin de cette parole.

La parole est de retour. Dieu vient : « va le crier sur les toits ! ». Oui, Dieu, en son fils Jésus, vient accomplir ses promesses de grâce et de paix.

L’auteur de la 2e épître de Pierre s’adresse à des chrétiens qui ont le sentiment que l’attente de la venue du Christ est bien longue, et que les promesses de Dieu concernant son Royaume tardent à se réaliser. Dans notre texte, il est question du temps. Du temps dans lequel nous vivons ; du temps dans lequel nous aspirons à vivre ; mais aussi du temps qui passe ; du temps qui s’écoule sans que de grands changements ne soient repérables ; du temps de l’impatience, du doute et de la remise en question. Du temps de la foi aussi. Depuis le passage de Jésus sur terre, c’est-à-dire près d’un siècle avant la rédaction de cette lettre, plusieurs générations de fidèles ont attendu le retour annoncé du Christ et l’installation promise du Royaume. Après tant d’années d’attente, que fallait-il penser ? Que convenait-il de croire encore ? Et comment fallait-il orienter sa vie ? L’auteur de la 2ème épître de Pierre veut nous ramener à l’essentiel. Ainsi, s’il est exact que les choses ne se réalisent pas toujours selon nos espérances, il n’en demeure pas moins vrai que les promesses de Dieu traversent les générations et nourrissent la foi et l’engagement des croyants en toutes circonstances. L’auteur développe ce point autour de 3 idées fortes que nous examinerons brièvement.

– Devant Dieu mille ans sont comme un jour. Notre vision du temps n’est pas celle de Dieu. Notre mesure n’est pas sa mesure. En disant cela, l’auteur ne développe pas un concept nouveau, il se contente de rappeler ce que le psalmiste avait déjà mis en lumière (Psaume 90). Autant dire que le jour de Dieu est l’affaire de Dieu. C’est donc dans la foi en Dieu que nous pouvons véritablement nous préparer à ce jour, et non pas en consultant les pronostics et les signes plus ou moins catastrophiques, ou en recherchant d’illusoires assurances nouvelles.

– Nous vivons dans un temps d’attente. Ce temps, il convient de l’éclairer à la lumière de la Parole de Dieu. C’est cette Parole régulièrement entendue et mise en pratique qui transforme l’esprit, ouvre les cœurs et réoriente nos regards sur ce qui nous entoure. Ainsi, malgré tous les signes négatifs et alarmistes qui continuent à nous assaillir au quotidien, nous pouvons néanmoins poursuivre notre route avec le Christ vers le « Royaume qui vient » et goûter dès à présent quelques signes de ce «Royaume» avec d’autres fidèles.

– La venue du Seigneur sera une surprise. Le Seigneur viendra à l’improviste, comme un voleur dans la nuit, sans que nous puissions le voir venir et sans que nous connaissions d’avance le jour ou l’heure de sa venue. Mais alors, si les choses se présentent ainsi, comment pouvons-nous nous préparer et nous prémunir face à un tel événement ? Là encore, l’auteur nous ouvre la voie. Avec nos frères et sœurs dans la foi du 2ème siècle de notre ère, nous pouvons confesser : « selon ta promesse nous attendons des cieux nouveaux et une terre nouvelle où la justice habitera ». Oui mais pour l’instant l’attente demeure ! Pierre nous rappelle la raison de cette attente qui nous paraît longue : Dieu use de patience par grâce, par miséricorde, par bonté.

Le Seigneur est patient, il y a pourtant un moment où Il doit exécuter le jugement annoncé. Nous nous sentons donc pressés à inviter toute âme qui n’est pas assurée de son salut éternel — et nous pensons spécialement aux enfants de parents chrétiens — à ne pas remettre à demain. C’est aujourd’hui le jour favorable pour « venir à la repentance », pour reconnaître devant Dieu son état de péché et accepter le salut qu’Il peut offrir à tout pécheur repentant, en vertu du sacrifice expiatoire de Christ, un salut par grâce et sur le principe de la foi. Tout cela doit parler sérieusement à chacun de ceux qui ne connaissent pas encore Christ comme leur arche de salut — et si c’était le cas de l’un d’entre vous, nous voudrions le supplier d’y être attentif !

Ce monde qui occupe tellement nos cœurs va disparaître ; de toutes les choses qui nous captivent et auxquelles nous nous attachons si facilement, il ne restera rien.

Ceci s’adresse spécialement à nous, croyants : cette perspective doit, d’une part, inciter les hommes inconvertis à se tourner vers Dieu et à se repentir, d’autre part, amener les enfants de Dieu à vivre moralement séparés d’un monde qui va être jugé. « Attendre ce jour », le « hâter » sont des expressions qui éveillent en nous le sentiment de notre responsabilité : nous sommes responsables de manifester déjà dans ce monde, où règnent la violence et la corruption, les caractères qui seront vus dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre.

Frères et sœurs, le Seigneur vient. Nous allons le voir comme Étoile du matin, comme Sauveur, comme Maître, comme Seigneur, comme Époux ; nous reviendrons pour régner avec lui comme Roi, puis le jour de Dieu apparaîtra. En attendant, le mal règne dans le monde et nous en souffrons. Ne craignons pas et ne perdons pas courage. Rappelons-nous que la patience de notre Dieu est salut, que cette pensée nous soutienne. Que Dieu nous renouvelle et nous fortifie dans l’espérance de son retour et dans notre témoignage, particulièrement en ce temps de l’Avent !

Temps d’Avent, temps de préparation et de conversion :

Quel est le message pour aujourd’hui ? Avons-nous encore une attente ? Comment à notre niveau préparer la venue du Seigneur, comment lui tracer un chemin ? Quels sont aujourd’hui les obstacles à la venue du Seigneur parmi nous ? Le Christ est déjà venu et il vient sans cesse à nouveau, mais comment l’accueillons-nous ? Les difficultés ne seraient-elles pas l’absence d’attente, le manque de soif ? Oui, les obstacles sont nombreux et nous ne pouvons les énumérer tous. L’obstacle majeur, c’est le trop plein dans nos vies, nous chassons l’angoisse en nous occupant et en saturant nos emplois du temps et ceux de nos enfants. Le prophète nous invite à faire le vide en nous, à ouvrir nos déserts à la venue du Seigneur, à faire un vrai cheminement intérieur en enlevant un à un les obstacles qui sont à l’intérieur de nous et à recevoir dans l’humilité et la repentance, celui qui vient comme un enfant, un Dieu qui aime les hommes jusqu’à devenir l’un d’entre eux pour leur montrer le chemin et les guider, marcher à leurs côtés et partager leur vie. Écoutons cette voix qui crie dans le désert et ne la laissons pas s’étouffer par le brouhaha de ce temps d’Avent ! Le Seigneur nous aime au point de se frayer la route jusqu’à nous. Il dit en Osée 2 : 16 : « Je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur ».

L’Église est aussi un lieu de paroles. C’est parce que Dieu vient vers et pour moi que je me mets en route. C’est pourquoi il est essentiel que la parole de grâce soit dite et criée à tous les échos à tous ceux qui ont besoin d’espérer pour vivre. Peut-être n’avons-nous que des mots, mais ce sont des mots qui font vivre.

Jean annonçait quelqu’un de plus puissant que lui et dont il n’était pas digne de délier la courroie des sandales. Sommes-nous, nous aussi, de ceux qui crient dans le désert de notre société et parfois même de nos églises ; qui appellent nos contemporains à se tourner vers le Roi qui vient, notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ ? Sommes-nous de ceux qui attendent le retour du Seigneur en gloire ? Que Dieu nous renouvelle et nous fortifie dans l’espérance de son retour et dans notre témoignage, particulièrement en ce temps de l’Avent ! Amen.

  • JEM 138 « Sur le chemin »