Prédication du 11 Juin 2023.

Prédication Apportée par le Pasteur Clémence Bury.

Deut. 8 : 1-16 ; Jn. 6 : 51-58

*Prière

*Lectures

Pourquoi Israël était-il exhorté à se souvenir? C’était assurément pour faire éclater son cœur en louanges pour le passé, et fortifier sa confiance en Dieu pour l’avenir. Il doit toujours en être ainsi. Nous le louons pour tout ce qui est passé, et nous nous confions en Lui pour tout ce qui est à venir. Nous devons le faire de plus en plus, et nous avancer jour après jour, louant et nous confiant, nous confiant et louant. Voilà les deux choses qui contribuent à la gloire de Dieu, ainsi qu’à notre paix et à notre joie en Lui.

Et ce ne sont pas seulement les grâces signalées et les grandes délivrances, dont nous avons été les objets de la part de notre Père, que nous devons nous rappeler avec reconnaissance, mais aussi ce qui, dans son sage et fidèle amour, était destiné à nous « humilier » et à nous « éprouver ».

« Tu te souviendras de tout le chemin », de chaque étape du voyage, de chaque scène de la vie du désert, de toutes les dispensations de Dieu du commencement à la fin, et de leur but spécial, qui était « de t’humilier et de t’éprouver, pour connaître ce qui était dans ton cœur ».

Que c’est merveilleux de penser à la grâce patiente et à l’amour de Dieu envers son peuple dans le désert ! Quelle précieuse instruction nous offre cette merveilleuse histoire ! Nous avons aussi à être humiliés et éprouvés, afin de connaître ce qui est dans nos cœurs.

En croissant ainsi dans la connaissance de nous-mêmes, nous comprenons mieux la grâce, mieux aussi l’amour merveilleux du cœur de Dieu, sa tendresse envers nous, sa patience infinie pour supporter toutes nos faiblesses et nos manquements, les soins touchants qu’il a pour nous, son intervention continuelle en notre faveur, et les diverses circonstances par lesquelles il a trouvé bon de nous faire passer pour notre bien.

« Et il t’a humilié, et t’a fait avoir faim ; et il t’a fait manger la manne que tu n’avais pas connue et que tes pères n’ont pas connue, afin de te faire connaître que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais que l’homme vivra de tout ce qui sort de la bouche de l’Éternel » (vers. 3). C’est ainsi que vivait Jésus et il en témoigne dans sa réponse à Satan lors de la tentation au désert.

Voilà la seule position vraie, sûre et heureuse pour l’homme, celle où il écoute dans une humble dépendance, « toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Nous voyons ainsi que la Parole est absolument nécessaire au chrétien. Nous ne pouvons pas nous en passer. Comme la vie naturelle est soutenue par le pain, de même la vie spirituelle est entretenue par la Parole de Dieu. Se nourrir ainsi n’est pas seulement recourir à la Bible pour y trouver des doctrines, ou pour y voir nos opinions confirmées ; c’est, bien plus, c’est y chercher ce qui soutient la vie de l’homme nouveau, c’est-à-dire la nourriture, la lumière, les directions, la consolation, l’autorité, la force, en un mot tout ce dont l’âme peut avoir besoin.

En un mot, ce passage nous enseigne que la vraie position de l’homme, son seul lieu de repos, de refuge, et de force se trouve dans une dépendance régulière de la Parole de Dieu. Par extension il s’agit de la dépendance à Christ, Jésus étant la Parole faite chair, le Verbe de Dieu ! La vie de foi que nous sommes appelés à vivre est celle de dépendance et d’obéissance, c’est celle que Jésus a réalisée parfaitement ici-bas.

Ce passage du Deutéronome nous montre aussi de quel amour sans limite le Père aime son peuple. Et l’amour de Dieu envers les siens se manifeste de diverses manières. Il ne pourvoit pas seulement aux besoins de leur corps, à la nourriture et au vêtement, mais il s’occupe aussi de leurs besoins intellectuels et spirituels. C’est ce que le législateur rappelle au peuple en disant : « Connais dans ton cœur, que, comme un homme châtie son fils, l’Éternel, ton Dieu, te châtie » (v. 5).

Les Israélites devaient se rappeler l’histoire merveilleuse de ces quarante années de désert, les leçons, les humiliations, les épreuves qu’ils avaient rencontrées, puis les soins constants du Seigneur, la manne venant du ciel, l’eau du rocher, sa sollicitude même pour leurs vêtements et pour leurs pieds, et enfin la discipline nécessaire pour le bien de leurs âmes. Que de puissants motifs pour obéir ! Mais ils devaient aussi regarder en avant, et trouver dans le brillant avenir qui les attendait, aussi bien que dans le passé et dans le présent, le fondement de leur obéissance volontaire à l’égard du Seigneur.

« Car l’Éternel, ton Dieu, te fait entrer dans un bon pays, un pays de ruisseaux d’eau, de sources, et d’eaux profondes, qui coulent dans les vallées et dans les montagnes ; un pays de froment, et d’orge, et de vignes, et de figuiers, et de grenadiers, un pays d’oliviers à huile, et de miel ; un pays où tu ne mangeras pas ton pain dans la pauvreté, où tu ne manqueras de rien ; un pays dont les pierres sont du fer, et des montagnes duquel tu tailleras l’airain » (vers. 7-9).

Quel tableau délicieux de ce qui les attendait ! Quel contraste avec l’Égypte qui était derrière eux et le désert qu’ils avaient traversé ! La terre de l’Éternel était devant eux dans toute sa beauté. C’était le pays de l’Éternel, et cela voulait dire qu’il produisait et contenait tout ce dont ils pouvaient avoir besoin.

Quel pays et quel héritage ! Quelle patrie ! Il va sans dire que nous le considérons maintenant du point de vue divin. Nous n’aurions qu’une bien pauvre idée du pays de l’Éternel, si nous n’y pensions que comme à celui possédé autrefois par Israël, même dans les jours brillants de son histoire. Nous devons regarder en avant, « aux temps du rétablissement de toutes choses » (Actes 3:21), pour avoir une idée juste de ce que sera le pays de Canaan pour l’Israël de Dieu et donc aussi pour nous, dans les lieux célestes.

« Et tu mangeras, et tu seras rassasié, et tu béniras l’Éternel, ton Dieu, à cause du bon pays qu’il t’a donné ». Que c’est simple ! Que c’est beau ! Rassasiés des fruits de la bonté de l’Éternel, ils devaient bénir et louer son saint nom. Dieu aime que l’on exalte sa bonté avec des chants de louange et d’actions de grâce. Il dit : « Celui qui sacrifie la louange, me glorifie » (Ps. 50:23). La plus faible louange s’élevant d’un cœur reconnaissant monte comme un parfum de bonne odeur jusqu’au trône et jusqu’au cœur de Dieu. Souvenons-nous-en ! Notre premier privilège est de louer l’Éternel.

Moïse ne connaissait que trop bien la tendance du cœur humain à oublier, à perdre de vue le divin Donateur et à se reposer sur ses dons. C’est pourquoi il met en garde l’assemblée contre l’orgueil et l’oubli. Cette exhortation s’adresse à nous aussi !

Est-ce qu’un véritable Israélite aurait pu se lasser d’entendre raconter ce que l’Éternel avait fait pour lui en Égypte, à la mer Rouge et dans le désert ? Jamais. De tels sujets étaient toujours nouveaux et précieux pour son cœur. Le chrétien, de même, pourrait-il jamais se lasser de la croix et de toutes les grandes et glorieuses réalités qui se groupent autour d’elle ? Pourrait-il jamais se lasser de Christ, de sa personne et de son œuvre ? Jamais. A-t-il besoin d’autre chose ? Non, assurément.

Dieu veut que, dans nos déserts, nous nous souvenions de ces deux choses : l’une, que c’est Lui qui nous a rachetés du monde, comme il avait racheté son peuple d’Égypte ; l’autre, que c’est Lui qui nous soutient dans l’épreuve. C’est quand nous réalisons notre dépendance immédiate de Dieu, que nous sommes forts et que nous pouvons résister au diable. Mais quand nous oublions cette dépendance, nous sentons moins la nécessité de la communion avec Dieu ; nous la négligeons, et nous attribuons la bénédiction à nous-mêmes : «De peur… que tu ne dises dans ton coeur : Ma puissance et la force de ma main m’ont acquis ces richesses» (verset 17.)

La manne, nourriture passagère, devait susciter la faim de Dieu, le désir de Dieu. Dans l’évangile du jour, Jésus, en invitant ceux qui croient en lui à manger sa chair, leur promet que ce « pain du ciel », contrairement à la manne, comblera leur désir : « Eux (les pères qui ont mangé la manne), ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement » (Jn 6, 58).

Ce pain de vie dont il parle, il dit que c’est lui-même le « pain vivant » et il dit aussi que c’est sa « chair donnée pour la vie du monde ». Il annonce ainsi sa mort qu’il présente comme don de la vie éternelle au monde. Ce passage exprime de façon saisissante l’effet vivifiant de l’incarnation et de la mort (à venir) de Jésus. Et il invite maintenant le croyant à manger sa chair et à boire son sang. La réminiscence de la manne  (v. 49 et 58) qui symbolisait la Loi, Parole de Dieu, nous invite à comprendre la nourriture au sens symbolique. Le croyant est invité à « manger et boire », c’est-à-dire à adhérer à la personne de Jésus, à l’assimiler, à se l’approprier, à vivre de lui. Communier au Christ c’est faire que le Christ demeure en nous et nous en lui. 

Mais quand il leur dit que, pour se nourrir de ce pain de vie, il faut croire en Lui, le recevoir, et dépendre aussi pour cela de Dieu, alors ils raisonnent et murmurent, et finalement le rejettent. Pour recevoir Jésus, il faut un cœur humilié, confiant dans la Parole de Dieu, et dépendant de Lui.

La chrétienté fait parfois régner cette erreur qu’il suffit d’avoir un Christ vivant pour être sauvé, un modèle qu’il faut suivre. On reconnaît que son amour est allé jusqu’à la mort, mais on exclut l’expiation. Et ce Jésus est celui qu’on prêche de plus en plus dans la chrétienté. Ce n’est pas là le Christ de Dieu (Luc 9:20). L’évangile de Dieu est essentiellement le fait que Jésus est mort sur la croix pour accomplir l’expiation. On n’a pas la vie éternelle sans le sang de Christ. Un homme qui ne mange pas la chair de Christ et ne boit pas son sang n’a pas la vie éternelle, bien qu’il puisse chercher à imiter Jésus, et le mettre au-dessus de tous les hommes. Manger la chair de Christ, boire son sang, c’est être mis au bénéfice, non pas de la vie, mais de la mort expiatoire de Jésus. Voilà ce qu’il faut prêcher : vous n’entrerez pas dans la présence de Dieu sans que vos péchés soient ôtés par le sacrifice de Christ. Vous pouvez être un très brave homme, extérieurement irréprochable, et être abominable aux yeux de Dieu.

La cène et Jean 6 se rapportent tous deux à la mort de Christ, mais ils ne sont pas identiques ; d’innombrables hommes auront pris la sainte cène sans avoir la vie éternelle pour autant. Prendre la sainte cène ne donne pas la vie éternelle. C’est l’Ennemi qui a attribué à la cène une vertu que le Seigneur ne lui a jamais donnée. Le Seigneur nous dit : «Vous vous mettrez à dire : Nous avons mangé et bu en ta présence… Et il dira : Je vous dis, je ne vous connais pas» (Luc 13:26-27). Il faut croire en un Christ mort et être lié à lui par la foi, pour avoir la vie éternelle.

Rappelons que:

1.      la Cène est prise en mémoire de notre Seigneur mort et ressuscité (Luc 22:19;1 Cor. 11:24-25)

2.      en participant au pain et à la coupe, on exprime la communion du sang et du corps du Seigneur (1 Cor. 10:16 ; cf « tous » en Matt. 26:27)

3.      par le fait de manger ensemble du seul pain, nous rendons visible l’unité du corps de Christ (1 Cor. 10:17)

4.      dans le monde qui a rejeté le Seigneur, nous annonçons la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’Il vienne (1 Cor. 11:29).

La Parole de Dieu ne contient absolument aucun argument étayant l’idée que participer à la Cène ferait participer au salut. La participation à la Cène est un acte pour honorer et glorifier notre Seigneur et Sauveur, non pas pour recevoir une nourriture.

Apporter au Seigneur et au Père notre adoration en esprit et en vérité, est un privilège grand et élevé, faisant contraste avec toutes les autres activités spirituelles. Que notre coeur soit attaché au Seigneur et que nous rappelions sa mort avec sérieux et avec des coeurs engagés pour lui, sans réserve !

La vie éternelle ne peut pas être séparée de sa source. Nous ne l’avons pas indépendamment de Lui, mais la possédons seulement « dans son Fils » ; et « celui qui a le Fils a la vie » (1 Jean 5:11, 12).

« Parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez », a dit le Seigneur dans un autre passage (Jean 14:19). Aussi est-il nécessaire pour le croyant de toujours se nourrir du Seigneur. La vie éternelle que nous possédons doit être nourrie en permanence, et elle l’est par le souvenir vivant en nous de Son amour jusqu’à la mort et la joie que nous y trouvons. Pourrions-nous nous contenter de l’avoir fait une fois ? Et pourtant, nous avons souvent tout lieu d’éprouver une honte profonde à cet égard. Nous sommes si peu occupés, au cours de nos journées, de l’amour qu’Il a manifesté dans le don de sa vie !

Les Israélites recueillaient la manne chaque jour, et nous aussi avons chaque jour à nous occuper de Christ mort pour nous, pour croître et prospérer spirituellement. Il n’y a pas d’objet plus élevé et plus glorieux pour le cœur du croyant. Lui, le Fils de l’amour du Père, l’objet de Son plaisir, en qui habite toute la plénitude de Dieu, qui nous a aimés et s’est livré Lui-même pour nous ; qui est assis à la droite de Dieu dans la gloire, après être mort et ressuscité, et Il va revenir recueillir tous Ses rachetés — Lui est la vraie nourriture de nos âmes, « le véritable pain qui vient du ciel ». En nous nourrissant spirituellement de manière constante, nous demeurerons pratiquement en Lui, et Lui en nous — dans la dépendance et la confiance qu’Il a manifestées envers Son Père durant Sa vie sur la terre (6:56-57).

On ne peut que s’écrier : quelle vie merveilleuse est ainsi offerte à tout croyant, et combien nous en faisons peu l’expérience ! C’est, en effet, en contraste avec la manne, le vrai pain descendu du ciel. Cette vie, à laquelle nous accédons en mangeant, demeure à toujours.

Lisons l’Écriture. Sondons les Écritures ! Ce sont elles qui rendent témoignage de Christ. Plus on entre dans la vérité de sa mort avec Christ, plus la communion avec lui devient profonde, et, par suite, puissante en effets, dans notre vie et notre témoignage.

Que le Seigneur nous donne de lire, d’étudier, de méditer, toute l’Écriture, ce qu’il a dit et ce qu’il a fait. Que cette Parole habite en nous richement. Si elle n’habite pas en nous, autre chose y habitera…

Que Dieu nous donne de jouir sans défaillance de cette douce et précieuse communion avec Lui, pour que notre joie soit accomplie.

Que la gloire, l’amour, la reconnaissance, soient rendus à jamais à celui qui est venu ici-bas pour nous amener, avec lui-même, jusqu’à Dieu, son Père, notre Dieu et notre Père. Amen.

  • Chant : « Compte les bienfaits de Dieu/Quand le vol de la tempête »