Prédication du 08 Juin 2025, Pentecôte.

Prédication apportée par la pasteur Clémence Bury.

Pentecôte 2025

Jn. 14 : 15-20, 25-26 ; Ac. 1 : 8 ; Ro. 8 : 9, 14-16 ; Ac. 2 : 1-11

*Prière

Toute l’Écriture pointe vers le Christ et son œuvre. Toute la Bible est à lire et à comprendre en rapport avec cette œuvre de Christ. La semaine dernière, nous avons pointé ce que l’événement de l’Ascension manifeste mais aussi les bienfaits qui en découlent, en insistant particulièrement sur un de ces bienfaits, à savoir le ministère d’intercession et d’avocat du Seigneur Jésus-Christ, à la droite de Dieu le Père. Un autre de ces bienfaits est que Jésus, une fois monté au ciel, a envoyé son Esprit Saint. C’est ce qui nous occupe aujourd’hui. Comme Jésus l’avait annoncé à ses disciples, il était avantageux qu’il s’en aille, notamment parce que maintenant, la présence de Jésus sur terre est démultipliée par l’envoi du Saint-Esprit dans le cœur des croyants et sur son Église.

*Lectures

Le risque dans lequel on tombe parfois, quand on parle de la Pentecôte, c’est de ne se fixer que sur le récit du livre des Actes, au chapitre 2, comme si ce seul chapitre suffisait à parler du Saint-Esprit, comme si la Pentecôte était un événement qu’il nous fallait chercher à reproduire dans sa manifestation et sa puissance, tel que décrit en Actes 2.

Or, il n’en est rien. Le Saint-Esprit était présent avant le récit des Actes, bien que d’une manière différente, et son action est beaucoup plus large que la manifestation particulière de ce jour à Jérusalem, quand des langues de feu se sont posées sur les disciples.

L’envoi du Saint-Esprit avait été annoncé par Christ, il s’est produit à la suite de sa mort, de sa résurrection, et même de son ascension. L’envoi de l’Esprit Saint est la suite annoncée et programmée de l’œuvre par laquelle Dieu nous sauve en Jésus-Christ. Il en est l’achèvement, en quelque sorte, même si nous attendons encore le retour du Christ en gloire.

Le Saint-Esprit dans l’Écriture

Dans l’Ancien Testament, l’Esprit de Dieu est présent dès la création, il nous est présenté « planant à la surface des eaux » (Gen. 1 : 2).

Il en est fait mention à diverses occasions ; c’est « par l’Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 Pi. 1 : 21), notamment les prophètes, c’est également lui qui saisit des hommes et des femmes dans diverses occasions ; mais nous observons que cette action de l’Esprit est ponctuelle et limitée de manière générale.

Ce qui change après l’ascension du Seigneur, c’est justement que son action s’étend de manière beaucoup plus globale, notamment parce que le ministère du Saint-Esprit est d’être présence du Christ en nous, de nous rappeler ses paroles (Jean 14 : 26) et son œuvre, de nous conduire à lui et de nous transformer à son image.

Le Saint-Esprit n’ajoute rien à ce que Jésus a enseigné, il n’invente rien ou ne distribue pas de nouvelles révélations qui ajouteraient, annuleraient ou relativiseraient ce que Jésus a fait et enseigné. Il confirme tout (rien de moins et rien de plus) ce qui concerne la personne et l’œuvre de Jésus-Christ.

Le Saint-Esprit est d’abord une personne ; une des trois personnes de la Trinité. Il n’est pas d’abord une puissance dont on pourrait user à notre guise, selon qu’on serait plus ou moins « spirituel ». Il n’est pas quantifiable selon des manifestations surnaturelles qui nous feraient dire que l’Esprit est là, dans telle église ou dans tel chrétien, mais pas dans tel autre… Il est avant tout Dieu en nous ; « Nul ne peut dire que Jésus est le Seigneur, si ce n’est par l’Esprit de Dieu » (1 Cor. 12 : 3) ; et la raison en est simple, c’est afin de faire de nous des témoins de Christ (Ac. 1 : 8) ! Nous assistons juste après l’événement de Pentecôte à la prédication de l’apôtre Pierre dont le fruit est la conversion de 3 000 personnes ! Pierre dit : « Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité; nous en sommes tous témoins. Élevé par la droite de Dieu, il a reçu du Père l’Esprit Saint qui avait été promis, et il l’a répandu, comme vous le voyez et l’entendez » (Ac 2.32-33).

Quatre événements sont liés ici : La résurrection de Jésus, son ascension, sa réception de l’Esprit venu du Père et son effusion de l’Esprit à la Pentecôte.

Ces événements sont inséparables ; chacun d’entre eux ne s’est produit que parce que les autres ont déjà eu lieu ou sont en vue. Ensemble, la crucifixion, la résurrection, l’ascension, la réception de l’Esprit lors de l’ascension et la Pentecôte constituent un seul complexe d’événements. La Pentecôte n’est pas plus capable de se répéter dans l’expérience chrétienne individuelle que la mort, la résurrection et l’ascension du Christ ne sont capables d’une telle répétition.

Le Saint-Esprit demeure

Si la Pentecôte signifie quelque chose, c’est que l’Esprit est ici avec l’Église pour rester de façon permanente, irrévocable. Grâce à la Pentecôte, les croyants peuvent être sûrs que l’Esprit ne les abandonnera pas. Mais dire cela, c’est aussi dire que la Pentecôte signifie que le Christ est là pour de bon et qu’il n’abandonnera pas les croyants. En Jean 14, Jésus dit à ses disciples qu’il va vers le Père (verset 12) et leur promet qu’à ce moment-là, il demandera au Père de leur envoyer l’Esprit comme consolateur ou avocat (versets 16-17). Et il ajoute aussitôt : « Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai vers vous » (verset 18 ; voir aussi verset 23). Cette déclaration se réfère à l’envoi de l’Esprit.

La venue de l’Esprit, c’est la venue de Jésus. Les deux sont tellement inséparables dans leur activité que la présence de l’Esprit est la présence du Christ. Paul exprime cette réalité — dans ce qui est en fait un commentaire d’une seule phrase sur la Pentecôte — en disant que, dans sa résurrection, le Christ glorifié, en tant que dernier Adam, est devenu « l’Esprit vivifiant » (1 Co 15.45), c’est-à-dire l’Esprit qui donne la vie. C’est pourquoi, écrit-il ensuite, « le Seigneur [Christ] c’est l’Esprit » (2 Co 3.17).

Pour résumer nos réflexions sur le don de l’Esprit, lorsque Pierre, en prêchant l’Évangile le jour de la Pentecôte, a déclaré que ceux qui se repentent « recevront le don de l’Esprit Saint » (Ac 2.38), il ne promettait pas en premier lieu, le don du parler en langues dont ils venaient d’être témoins ni, d’ailleurs, tout autre don particulier que l’Esprit donne. Il avait plutôt en vue bien plus que cela : l’Esprit lui-même comme étant « la promesse du Père » (Ac 1.4; Lc 24.49). En effet, le grand don, auquel tout croyant a part, c’est Dieu lui-même : Dieu notre Père, dans le Christ, par l’Esprit Saint.

Le Saint-Esprit équipe

Le Saint-Esprit  confirme et équipe les disciples pour la moisson qui les attend, et doit les conduire jusqu’aux extrémités de la terre, à commencer par Jérusalem, comme Jésus le leur a commandé après sa résurrection (Ac. 1 : 8).

Après l’accomplissement parfait et définitif de la Pâque par le sacrifice du Christ, vient le début de la moisson, des premiers fruits, avec la conversion de trois mille Juifs venus de toutes les régions de l’empire romain et même de plus loin, pour célébrer la Pentecôte à Jérusalem (Actes 2:42). Attirés par l’événement extraordinaire qui vient de se produire avec l’irruption de l’Esprit Saint sur les disciples et le don des langues qui leur est accordé, mis en présence de la puissance de Dieu, ils entendent proclamer avec force l’accomplissement des promesses divines. L’Esprit qui parle par la bouche des disciples est le même qui leur ouvre le cœur pour se repentir et croire. Une fois de plus, la fidélité de Dieu à ses promesses est confirmée. La Pentecôte revêt désormais une dimension universelle, conforme à l’autorité universelle qui a été conférée par le Père au Fils (Matthieu 28:18-20). 

Les grands actes rédempteurs de Dieu sont proclamés par les disciples en toutes sortes de langues, parfaitement comprises par ceux qui les pratiquaient dans leur contrée d’origine.

La Pentecôte est donc l’événement inaugurant la prédication de l’Évangile par l’Église à Jérusalem, puis dans les régions avoisinantes de Judée et de Samarie, enfin jusque dans les recoins les plus reculés de la terre (Actes 1:8). Ce n’est pas l’événement fondateur de cette prédication, car celui-ci consiste en l’œuvre parfaite du Christ accomplie sur la Croix, selon le plan éternel de Dieu le Père, il s’agit des « merveilles de Dieu » (Ac. 2 : 11).  

Le Saint-Esprit nourrit l’espérance

Et puis l’Esprit Saint donne aux enfants de Dieu la soif du retour de Jésus-Christ. Il est le Consolateur car il rend témoignage à l’esprit des croyants que le Christ est bien vivant, à la droite du Père céleste, depuis son Ascension ; en même temps, il leur rappelle que Jésus a promis à ses disciples de revenir :  Il viendra de là pour juger les vivants et les morts, et son règne n’aura pas de fin, déclare la confession de foi de Nicée-Constantinople. Entre temps il y a une attente impatiente et active des croyants. Cette attente est exprimée avec force à la fin du dernier livre du Nouveau Testament, l’Apocalypse de Jean (22 :17): « L’Esprit et l’épouse [l’Église du Christ] disent : Viens ! Que celui qui entend, dise : Viens ! Que celui qui a soif, vienne ; que celui qui veut, prenne de l’eau de la vie gratuitement ! A cette attente, le Christ répond lui-même (v. 20-21): Celui qui atteste ces choses dit : Oui, je viens bientôt. – Amen ! Viens Seigneur Jésus ! – Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous ! »

Le Saint-Esprit comme puissance

« Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous. » Actes 1.8

Nous pouvons donc examiner maintenant cette autre partie de la promesse faite par Jésus à ses disciples, avant son ascension : « Vous recevrez une puissance. » De quelle puissance s’agit-il vraiment ? Nous savons que Dieu choisit les choses faibles du monde pour confondre les fortes, les folles pour confondre les sages (1 Co. 1 : 27). Nous savons que la puissance de Dieu se manifeste souvent dans la faiblesse (2 Co. 12 : 9), et encore que la croix, plus haut symbole de faiblesse et d’échec pour les humains a été choisie par Dieu comme le lieu du déploiement de sa puissance (1 Co. 1 : 18).

Il y a une seule puissance qui libère, celle de l’Esprit Saint. Elle est la puissance exercée dans l’amour qui agit et qui transforme la vie de ceux qui croient maintenant au Fils de Dieu.

Lorsque Jésus parlait de cette puissance à ses disciples, ceux-ci s’attendaient à voir l’établissement d’un royaume qui dominerait le monde entier, soumettant tous les ennemis. Jésus a orienté leurs pensées ailleurs, vers une autre mission, et il les a équipés en vue de son accomplissement. Il les a rendus capables de l’accomplir.

La puissance en question est donc avant tout l’amour qui jaillit dans notre cœur et qui doit rayonner autour de nous. C’est l’Esprit du Christ qui produit cet amour dans notre vie. « Le fruit de l’Esprit, c’est l’amour », écrit l’apôtre Paul dans une de ses lettres (Ga 5.22). Lorsque l’amour de Dieu s’empare de notre vie, il la transforme. Un tel amour est agissant, il rayonne et se traduit en geste, devient consécration et service. Il produit en nous les pensées et sentiments qui étaient en Christ. Un homme nouveau est alors créé, à l’image de l’homme parfait, Jésus, capable de vivre et d’agir comme le Christ.

Le Saint-Esprit est une personne

Que le Saint-Esprit soit une personne vivante et dynamique, voilà ce dont je ne doute pas un seul instant. Mais je me garderai bien de réduire sa personne divine aux dimensions de ma personnalité humaine ou de confondre son activité avec mes états d’âme. Une grave erreur, d’autant plus grave qu’elle est parée de piété, consiste à limiter l’activité de l’Esprit aux seules expériences qu’éprouve le fidèle. En vérité, une telle identification relève davantage du goût et des penchants pour les émotions fortes et le mysticisme exaltant que d’une connaissance certaine de la personne et de l’œuvre du Saint-Esprit telles que nous les révèlent les saintes Écritures.

Que devons-nous croire au juste au sujet du Saint-Esprit? Le récit de la première Pentecôte chrétienne nous aide à saisir une grande vérité. Ce jour-là, près de 120 disciples réunis attendaient le Consolateur que le Seigneur Jésus avait promis. Pendant qu’ils attendaient et priaient vint l’Esprit. Ils en furent remplis et aussitôt ils se mirent à déclarer les grandes œuvres de Dieu. Pierre, le principal des apôtres, expliqua l’événement déroutant en orientant l’attention des auditeurs vers Jésus-Christ. L’Esprit unissait l’homme pécheur à son Seigneur et Sauveur.

Ce même Esprit apparaît sur toutes les pages du Nouveau Testament comme une personne et non pas comme une puissance qui exercerait une simple influence. En tant que personne, il peut être attristé ; on peut lui mentir ; il peut disparaître. Mais il s’offre comme le don par excellence à celui qui croit et, dans ce sens, tout chrétien croyant est un chrétien « charismatique ».

L’Esprit est celui du Seigneur. Jésus, lui, est le Seigneur de l’Esprit. Grâce à l’Esprit, Jésus nous applique tous les bénéfices de son œuvre de rédemption. Dire que Jésus-Christ est notre Seigneur c’est confesser en même temps que le Saint-Esprit est en nous. Peu avant son départ, Jésus promettait : « Je suis avec vous tous les jours » (Mt 28.20). La présence de son Esprit en nous est l’accomplissement de cette promesse. Nous ne sommes vraiment pas orphelins. Bien plus, l’Esprit en nous donne l’assurance, la paix et la force de croire et d’espérer contre toute espérance.

Il est donc inutile de nous interroger, encore plus de nous torturer, pour savoir si nous avons ou non l’Esprit de Dieu. Si nous confessons le nom de Jésus-Christ comme Seigneur et Sauveur, nous le faisons grâce à l’Esprit qui ouvre nos cœurs et nos lèvres pour une telle proclamation.

J’ajouterai à ceci que l’Esprit est donné à la communauté des chrétiens. Si nous sommes membres de l’Église, l’Esprit nous est donné dans la même mesure qu’à d’autres. On ne peut le posséder d’une manière individualiste, pour son propre compte, comme le désirait l’un des premiers usurpateurs dont le nom est resté tristement célèbre : Simon le magicien (Ac 8.5-25).

L’Esprit du Christ nous unit dans une même foi et nous rattache à la communion des saints. Il nous permet de connaître un même baptême au nom de Dieu, de participer à la même coupe et de partager le même pain. Il fait de la prédication le moyen par excellence de l’appel au salut et à la conversion.

C’est au prédicateur que revient la tâche d’enseigner et d’expliquer la vérité. Mais ce n’est que l’Esprit de Dieu qui ouvre l’intelligence et renouvelle l’homme pour que la vérité s’empare de lui et le transforme.

Alors n’éteignons pas l’Esprit de Dieu (1 Th. 5 : 19) mais au contraire marchons par l’Esprit, soyons les témoins et les imitateurs du Christ, Lui qui revient bientôt ! Amen.

JEM 501 « Souffle »

JEM 556 « Viens, Saint-Esprit » (pour la Sainte Cène)