Prédication du 02 février 2025.

Prédication apportée par la pasteur Clémence Bury.

02 fév. 25 – Hé. 2, 14-18

Hébreux 2 : 14-18 02/02/25

Comment l’incarnation change notre peur de la mort

« Ainsi donc, puisque les enfants participent au sang et à la chair, lui aussi, d’une manière semblable y a participé, afin d’écraser (ou de réduire à l’impuissance) par sa mort celui qui détenait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et de délivrer tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient toute leur vie retenus dans l’esclavage. Car ce n’est pas à des anges, assurément, qu’il vient en aide, mais c’est à la descendance d’Abraham qu’il vient en aide. Aussi devait-il devenir, en tout, semblable à ses frères, afin d’être un souverain sacrificateur miséricordieux et fidèle dans le service de Dieu, pour faire l’expiation des péchés du peuple. Car du fait qu’il a souffert lui-même quand il fut tenté, il peut secourir ceux qui sont tentés. »

L’épître aux Hébreux est un livre unique dans le NT, pas tellement parce qu’on ignore qui en est l’auteur, mais plutôt par son style littéraire élevé et l’accent particulier mis sur le sacerdoce suprême du Christ. Le but central du livre est d’exhorter et d’encourager les chrétiens, les appelant à réagir de manière active et courageuse. L’auteur s’emploie, dans tout ce livre, à démontrer l’imperfection de l’alliance donnée au Sinaï, du Tabernacle et du système sacrificiel, et il souligne la supériorité de la grâce, de la gloire et de la redevabilité désormais disponibles dans la nouvelle alliance en Jésus.

Jésus-Christ est au cœur de la théologie de l’épître aux Hébreux, Il est celui qui accomplit les promesses et rend parfait tout ce qui avait été préfiguré dans l’AT, notamment l’alliance nouvelle prophétisée en Jr. 31 : 31-34.

L’épître aux Hébreux contribue de manière unique à révéler la personne et l’œuvre rédemptrice du Christ dans le NT. Cette épître affirme avec force la pleine divinité du Christ et sa complète humanité.1

Une des doctrines majeures du christianisme est que Dieu le Fils s’est revêtu d’une véritable nature humaine, c’est le mystère de l’incarnation.

Le passage que nous venons de lire nous parle justement de l’incarnation du Fils de Dieu.

Nous verrons pourquoi Dieu s’est incarné, pour qui Il l’a fait et de quelle façon.

Pourquoi l’incarnation ?

Pour détruire le diable et délivrer les croyants de la peur de la mort.

Nous ne sommes que des êtres… humains ! La condition humaine est une condition mortelle et fragile, comme nous l’avons vu dans le Psaume 90 ou encore dans Esaïe 40. La conscience de cette condition face à l’éternité de Dieu, même quand nous l’ignorons, nous pousse à vouloir vivre et à avoir peur de mourir. Rien n’est plus intolérable que la pensée de mourir, de la non-existence. Alors, pour dissimuler nos craintes, nous luttons contre cette pensée, soit en la combattant par des recherches sur la longévité, la santé et l’éternité, soit au contraire en l’ignorant et en faisant comme si la mort n’existait pas. Or nous aurons tous rdv avec la mort un jour ou l’autre, il est donc vain de vouloir le passer sous silence ! Nous ne sommes que des êtres humains. Et Dieu le sait, puisqu’Il nous connaît parfaitement. Mais notons quand même que ce désir d’éternité n’est pas aberrant, puisque Dieu nous a créés à Son image, et que, jusqu’à la chute, la mort n’existait tout simplement pas ! La mort ne fait pas partie de la création bonne de Dieu, elle est une conséquence du péché. Dieu le sait aussi parce que Son Fils a pris sur lui la condition humaine. Il a connu et partagé notre existence, avec le désir de vivre et la peur de mourir. Cependant, son existence et sa mort ont été complètement différentes des nôtres, parce que Christ n’a jamais péché. Or cela fait toute la différence, j’y reviens dans un instant.

Le texte nous dit que le diable détenait le pouvoir de la mort.

Qu’est-ce que cela veut dire ? Que devons-nous comprendre ? N’est-ce pas Dieu seul qui contrôle la vie et la mort ? Nous vivons parce que Dieu nous donne la vie, et nous mourons quand Dieu décide que notre vie est terminée. Je cite par exemple Dt. 32 : 39 : « Maintenant donc, voyez que c’est moi, moi seul qui suis Dieu, et qu’il n’y a point d’autres dieux que moi ; moi, je fais vivre et je fais mourir, je blesse et je guéris, et personne ne délivre de ma main. ». On pourrait citer aussi 1 S. 2 : 6 ou encore Mt. 10 : 28 par exemple.

Alors quoi ? Le diable détient le pourvoir de la mort parce que c’est lui qui a introduit la mort dans la création ; la mort est en effet la conséquence de la chute ou du péché, comme Dieu l’avait annoncé en Genèse 2 verset 17 : « Tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras. » L’hébreu dit même « de mort, tu mourras », histoire que les choses soient claires !

On peut aussi entendre Paul aux Romains 5 : 12 : « Le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort a passé sur tous les hommes, parce que tous ont péché ». Alors certes, la notion de péché n’est plus tellement à la mode, et pourtant…

On n’a pas accès à la grâce tant qu’on n’a pas compris le péché, tant qu’on n’a pas mesuré la condition misérable et corrompue qui est la nôtre devant Dieu, même si, à vue humaine, « nous n’avons rien fait de mal », et tant qu’on n’a pas, dans la repentance, demandé pardon à Dieu !

On peut encore citer Paul : « Le salaire du péché, c’est la mort » (Rm 6 : 23) et « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Rm 3 : 23); ce qui veut dire, c’est « mathématique », que tous devront mourir !

Non seulement le diable a fait entrer la mort dans le monde, mais en plus il s’en sert pour accabler et condamner les humains, comme aussi les tourmenter.

Nous avons peur de mourir, car – consciemment ou non – nous nous savons indignes de comparaître devant Dieu avec notre péché. C’est aussi la raison pour laquelle après la chute, dans le jardin d’Eden, Adam et Eve se sont cachés, prétextant d’ailleurs avoir eu peur (Gen. 3 : 10).

L’apôtre Jean écrit en 1 Jean 3 : 8 : « Le Fils de Dieu est apparu afin de détruire les œuvres du diable. » Est sous-entendue ici bien sûr la résurrection de Jésus. Si la mort avait eu le dernier mot sur le Fils de Dieu, comment pourrions-nous dire que par sa mort il a vaincu le diable? Mais il est ressuscité! Sa résurrection est la preuve de sa victoire sur le Mal et sur la mort. De plus, rappelons-nous, ce qui fait toute la différence, c’est que Jésus a vécu notre vie humaine en tous points, excepté le péché. Voilà pourquoi Il est le seul à pouvoir nous racheter, nous sauver, nous réconcilier. Voilà pourquoi Il est le seul médiateur entre Dieu et les hommes. Voilà pourquoi il n’existe aucun autre nom par lequel nous puissions être sauvé (Ac. 4 : 12) ! Cela revient à dire qu’à la croix et par sa résurrection, Jésus a vaincu le mal et la mort, mais qu’en plus de cela, parce qu’il a vécu à notre place une vie sans péché et qu’il nous impute Sa justice, nous n’avons plus à craindre la mort !

Sans le Seigneur Jésus-Christ, il est impossible de ne pas craindre la mort ! Mais avec lui tout est transformé.

Nous étions esclaves de la peur de la mort, le Fils de Dieu nous a délivrés !

L’apôtre Paul écrit aux chrétiens de Thessalonique : « Jésus nous délivre de la colère à venir » (1 Th 1 : 10). Nous sommes désormais en paix. À cause de nos péchés, nous étions en route pour la mort spirituelle éternelle qui est la séparation d’avec Dieu. Mais le Christ-Jésus nous a libérés de ce terrible sort que nous méritions. Le diable a apporté le péché dans le monde ; Jésus ôte le péché du monde (Jn 1 : 29).

Bien sûr, sur le plan strictement physique, nous aurons à mourir un jour, si Jésus ne revient pas avant ! Mais le Christ, par sa victoire, nous a délivrés de tout ce qui était effrayant et terrible dans la mort.

Pour les chrétiens, la mort physique est, comme dit le Catéchisme de Heidelberg, non pas un paiement pour le péché, mais une entrée dans la vie (question 42) !

Voilà pourquoi nous pouvons dès lors aborder la perspective de la mort avec repos et sécurité, car le Fils de Dieu a promis de se tenir à nos côtés, et que nous sommes couverts par sa justice et sa victoire : « Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi » (Ps. 23 : 4).

L’apôtre Paul ira plus loin en disant que la mort est un gain (Phil. 1 : 21) pour le croyant, puisqu’elle est synonyme de libération, de résurrection, de gloire.

Ainsi nous comprenons que Jésus est venu dans le monde et s’est incarné pour détruire le diable et délivrer les croyants de la peur de la mort.

Pour qui ?

La descendance d’Abraham, c’est-à-dire des êtres humains de foi.

Le texte nous précise que le Fils ne Dieu ne s’est pas incarné pour secourir les anges, mais bien les humains. C’est l’homme pécheur que Jésus est venu délivrer. Et pas n’importe quel humain au hasard mais « la descendance d’Abraham », c’est-à-dire, conformément aux textes bibliques, les croyants membres du peuple de l’Alliance. Pas uniquement des descendants de sang d’Abraham, mais aussi des non-juifs, car il est question de postérité spirituelle. Il s’agit de tous ceux qui, à la suite d’Abraham, ont placé leur confiance dans le Dieu trois fois saint, le Père de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Je cite par exemple Galates 3 : 29 : « Si vous êtes à Christ, alors vous êtes la descendance d’Abraham, héritiers selon la promesse ».

Ainsi le Fils de Dieu s’est incarné pour secourir ceux qui croiraient en Son nom, des hommes et des femmes de foi comme l’a été Abraham.

Comment ?

Un souverain sacrificateur miséricordieux (qui a compassion) et fidèle (droit).

C’est ainsi qu’est introduit un thème prédominant de l’épître aux Hébreux, celui du sacerdoce de Christ. Il devait être humain comme nous afin d’être miséricordieux, capable de compatir à nos faiblesses (Hé. 4 : 15).

Voilà pourquoi Il est le grand-prêtre qui intercède sans cesse devant Dieu en faveur des siens, connaissant parfaitement nos besoins, nos luttes, nos failles, …

Combien il est précieux et encourageant de contempler ainsi notre Sauveur au ciel, assis à la droite de Dieu, priant le Père pour nous qu’Il appelle ses frères et sœurs !

Mais Il est aussi un grand-prêtre fidèle et donc obéissant à la volonté de Dieu, satisfaisant à l’exigence de justice divine, payant le prix que coûtait notre péché.

Par fidélité à Dieu il vient expier les péchés et ainsi rendre justice, par miséricorde il secourt et assiste les élus dans leurs souffrances et leurs tentations.

La Parole de Dieu qui est devant nous ce matin nous annonce une merveilleuse nouvelle : On peut être délivré pour toujours de la crainte de la mort! On peut envisager cet ultime rendez-vous avec sérénité et paix. C’est possible! Jésus a accepté de vivre notre condition humaine, Il a connu nos tourments et Il a accepté de mourir pour tous ceux qui croiraient en lui. Ce faisant Il a détruit le pouvoir dont le diable usait, Il a vaincu la mort et, puisque nous sommes associés à sa mort, nous le sommes aussi à sa résurrection et à sa vie (Ro. 6 : 5).

Ainsi, cette œuvre transforme-t-elle aussi bien notre manière de vivre que notre façon d’aborder la mort. Celle-ci n’est plus le repère du diable où nous nous trouvons enchaînés par la culpabilité de notre péché. Elle devient le passage — étroit et pénible, certes — que nous traverserons en compagnie du Christ et assurés de Sa victoire.

Si nous sommes unis au Fils de Dieu par la foi, il n’y a pas de crainte à avoir.

L’ennemi ne peut plus rien contre nous, « qui accusera les élus de Dieu ? » (Ro. 8 : 33 et ss) ! Que tout la gloire soit rendue à Dieu qui nous sauve, qui nous délivre, qui nous réconcilie en Jésus-Christ ! Amen.

Chant : « C’est un rempart »

Annexe

L’humanité de Christ est comme la nôtre. C’est « pour notre bien » qu’il est devenu homme, afin qu’il puisse être notre rédempteur. En prenant sur lui nos péchés et en souffrant à notre place, il est devenu notre substitut. De la même manière, en accomplissant la loi de Dieu en notre nom, il est notre victoire.

La rédemption comporte un double échange : nos péchés sont imputés à Jésus et sa justice nous est imputée. Cela signifie qu’il reçoit le jugement mérité par notre humanité imparfaite tandis que nous recevons la bénédiction méritée par son humanité parfaite.

Dans son humanité, Jésus a connu les mêmes limitations communes à tous les êtres humains, à la seule exception qu’il a été sans péché.2

Lors de l’incarnation, le Fils s’est revêtu d’une nature humaine pour la rédemption de la lignée déchue d’Adam. Par son obéissance parfaite, Christ a satisfait aux exigences de la loi de Dieu et a obtenu pour nous la vie éternelle. Par sa soumission à une mort expiatoire sur la croix, il a détourné de nous la colère de Dieu. Ainsi, Christ a satisfait, tant positivement que négativement, aux exigences divines pour la réconciliation. Il a créé pour nous une nouvelle alliance avec Dieu par son sang et intercède chaque jour pour nous comme notre souverain sacrificateur.3

Pour que les fils adoptifs de Dieu atteignent la gloire promise dans le psaume 8, le Fils unique a dû souffrir la mort à leur place, détruisant leur ennemi, les libérant de l’esclavage et expiant leurs péchés. Dans le plan éternel de Dieu, un lien de parenté unit les rachetés à l’auteur de leur salut.4

1Bible d’étude de la Foi Réformée, Introduction de l’épître aux Hébreux, p. 2377-2378.

2Bible d’étude de la Foi Réformée, p. 2469.

3Bible d’étude de la Foi Réformée, p. 2335.

4Bible d’étude de la Foi Réformée, p. 2385.

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