Prédication du 05 mai 2024.

Prédication Apportée par la Pasteur Clémence Bury.

05 mai 24 – 2 Tim. 1, 1-10

*Prière

Depuis plusieurs dimanches, le pasteur Kabo nous donne à réfléchir sur le temps : notre façon de gérer notre temps, l’appel à racheter le temps mais aussi le temps selon Dieu. Cela doit nous rendre sensible également au temps particulier dans lequel nous vivons : temps de déchristianisation, temps de décadence de la foi, temps de sociologie et d’humanisme plutôt que de confiance et d’espérance… L’apôtre Paul aussi, arrivé au terme de sa vie et de son ministère, considère le temps dans lequel il se trouve, mais aussi le temps dans lequel se trouve l’Église de Dieu.

Cette épître nous dit comment se comporter dans un temps spirituel de déclin, ce qui est tout à fait actuel pour nous qui entendons ce passage.

L’église est-elle une grande famille, ou est-elle la famille de Dieu ? Sommes-nous une maison, ou sommes-nous la maison de Dieu ? Mes amis ce n’est pas la même chose du tout !

Où en sommes-nous de l’appel que Dieu nous a un jour adressé ? Qu’avons-nous fait de ce qui nous a été transmis ?

*Lecture

3 pistes et une clé !

L’apôtre Paul, dans ce passage, nous donne 3 pistes et une clé, pour nous aider à nous positionner en tant que chrétien dans un temps spirituellement compliqué (cf. « Le Fils de Dieu, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Luc 18 : 8).

Ces 3 pistes sont : une foi sincère, ranimer la flamme, ne pas avoir honte. La clé, c’est de non seulement avoir saisi le salut, mais aussi d’avoir répondu à l’appel, et nous verrons que ce n’est pas si évident pour beaucoup de chrétiens…

1. Une foi sincère

v. 5 : Peut-on « hériter » la foi de ses parents ? Oui et non !

Oui dans le sens où nos parents peuvent et doivent nous transmettre leur foi en nous élevant dans la crainte et le respect de Dieu (et donc en le vivant eux-mêmes car on apprend par l’exemple !).

Non dans le sens où seul l’Esprit de Dieu peut transformer notre cœur et faire de nous des disciples de Christ.

Avoir grandi dans une famille chrétienne est un privilège. Mais avez-vous traduit cet avantage en une relation sincère et personnelle avec Dieu ? Combien de temps passez-vous chaque jour à lire la Bible et à prier ? Avez-vous appris à connaître Dieu par vous-même ? Marchez-vous aujourd’hui dans les pas de Jésus ? Aimez-vous le Seigneur plus que tout autre personne, plus que tout autre chose ?

Parfois quand on a grandi dans une famille chrétienne, on se sent désavantagé par rapport à ceux qui ont vécu des conversions extraordinaires, parce qu’on n’a pas connu ce genre d’expérience. Pourtant, l’héritage de la foi de nos parents et grands-parents peut être une bénédiction si ceux-ci nous ont donné l’exemple d’une foi sincère et d’une relation vivante avec Jésus.

Ne cherchez pas d’abord à bien enseigner vos enfants ou à trouver quelqu’un qui les enseignera bien (même si c’est vraiment important!). Assurez-vous premièrement que votre foi est sincère et que vous la vivez devant vos enfants, comme un exemple à imiter.

Et vous qui êtes des enfants de chrétiens, pour certains devenus adultes depuis très longtemps, êtes-vous passé par la case « engagement personnel ». Je ne parle pas d’engagement associatif, je parle d’engagement de foi devant le Seigneur. Je parle de renoncement à soi-même, de porter sa croix, de suivre Jésus.

Parfois, on a vécu ce temps, et puis on s’est endormi, assoupi, on est devenus tièdes.

2. Ranimer la flamme

Un don peut s’éteindre par manque d’usage. Cela implique d’être conscient de notre don, conscient de notre responsabilité à l’utiliser, conscient que nous avons regardé ailleurs et choisi d’autres priorités que le Seigneur. Dieu nous appelle à ranimer la flamme !

Quelles que soient les circonstances, notre responsabilité à l’égard de ce que Dieu nous a confié, reste pleine et entière et nous devons nous acquitter de notre tâche en regardant à Lui, sans tenir compte de l’état de ruine de l’Église et du témoignage. Et qu’avons-nous reçu ? Un esprit de force, d’amour et de puissance ! Pour moi qui suis d’un naturel timide, ce verset m’a toujours interpelée. Il me semble qu’on peut être timide ou réservé dans la vie, en revanche on ne doit pas l’être quand cela concerne les choses de Dieu. Et nous n’avons pas à lutter contre nous-mêmes puisque c’est Dieu qui donne cet esprit de force, d’amour et de sagesse.

La force ou la puissance permet de tenir ferme les positions acquises et de nager à contre-courant, vers la victoire. Nous en avons besoin. Les jeunes, les adolescents et même les petits enfants dans la cour de l’école en ont besoin ! Nul besoin d’être fort nous-mêmes, mais plutôt de compter sur la puissance de Dieu qui s’accomplit dans notre faiblesse (2 Co. 12 : 9).

L’amour attire les âmes, ouvre le ciel et y inscrit nos noms, il nous révèle le cœur du Père et du Fils. Ce n’est pas parce que nous parlons bien que nos contemporains connaîtront Christ. C’est parce que nous aimons Dieu et que nous nous aimons les uns les autres (Jean 13 : 35).

La sagesse donne la direction. Elle permet sécurité, tranquillité, protection (Pr. 1 : 33). Elle nous conduit à rechercher Dieu et à nous attendre à Lui, elle cherche à prendre des décisions suivant ce qui plaît à l’Éternel, elle nous garde de la chute et de l’égarement.

Quand l’apôtre affirme que nous n’avons pas reçu un esprit de timidité mais un esprit de force, d’amour et de sagesse, il parle d’un esprit de force associé à l’amour et à la sagesse. Cette force n’est pas une force qui écrase l’autre mais au contraire, une force capable d’aimer, de tenir bon dans les moments difficiles et de répondre à la haine et à la violence par l’amour. Cette force d’aimer appelle aussi une sagesse, un discernement pour rester debout dans les difficultés. Cet esprit nous est particulièrement nécessaire dans un monde où beaucoup de nos contemporains ont une peur légitime pour leur travail, leur dignité et où certains craignent même pour leur simple survie. Nous vivons un temps de mutation de la société, des changements importants qui nous troublent et nous déstabilisent. Ces changements perturbent aussi la vie de l’Église où nous voyons les choses s’effriter peu à peu et de nombreuses communautés chrétiennes perdent souvent leur dynamisme et leur enthousiasme. Nous constatons la disparition de certaines activités d’Église sans percevoir celles qui les remplaceront et nous avons tendance à ne voir que du négatif. Face à cela, l’esprit de force, d’amour et de sagesse, nous est particulièrement nécessaire. Nécessaire pour garder l’espérance de la bonne nouvelle de l’Évangile, nécessaire pour affronter parfois la solitude de la foi, nécessaire pour oser témoigner de notre espérance, voire pour faire face à des persécutions.

3. La honte et le témoignage

Paul exhorte Timothée à témoigner de l’espérance qui est en lui et de ne pas avoir honte de l’Évangile. Notre témoignage n’est pas toujours porteur et efficace mais il ne laisse pas nos proches indifférents, c’est moins ce que nous disons que ce que nous sommes qui compte car nous témoignons avant tout par notre vie avec ses forces et ses faiblesses, nous témoignons par des gestes simples, par notre rayonnement et notre paix intérieure.

Gandhi disait « un arbre qui tombe, cela fait un grand fracas. Mais toute une forêt entrain de germer, cela ne s’entend pas. » A nous de rendre ce silence audible !

La source de cette promesse d’un futur qui germe dès maintenant, c’est la grâce qui nous est donnée. L’apôtre Paul nous dit que cette grâce nous sauve, que nous sommes appelés par Dieu et qu’il a un projet pour chacun d’entre nous. Cette grâce chasse l’esprit de timidité et de peur. Même la mort ne doit pas être un sujet de crainte puisque le Christ « notre Sauveur a réduit à rien la mort et fait briller la vie et l’immortalité par l’Évangile ». C’est une réalité fondamentale de notre foi : la mort n’est finalement qu’une réalité avant-dernière, la dernière étant « la vie par l’Évangile », celle qui commence ici-bas et qui s’épanouit totalement dans la lumière de l’éternité.

Paul n’avait pas honte. Pesant toutes ses souffrances en tant qu’apôtre, et regardant en arrière à sa carrière de service pour Christ, il ne considérait pas que ses paroles et ses œuvres avaient été dépensées en vain. Il n’avait pas de honte en ce jour d’échec apparent ; et pourquoi n’en avait-il pas ? parce qu’il suivait et servait Celui qu’il connaissait bien et dont il avait pleinement fait la preuve. L’échec apparent ne doit pas nous faire honte car le Seigneur a déjà vaincu, Il est Tout-Puissant. Nous sommes imparfaits, certes, mais nous sommes Son instrument !

Il est vrai que regarder l’état de l’église ou parfois notre propre cheminement personnel, peut être une source de découragement… Or c’est justement là qu’il faut regarder à Dieu, à sa victoire, à sa souveraineté c’est-à-dire au fait que tout est dans Sa main, qu’Il sait parfaitement ce qu’Il fait et qu’Il mène toute chose à sa bonne fin, selon son dessein et en son temps.

Savoir en qui nous avons cru est la caractéristique première des enfants de Dieu.

Mais connaître une personne réellement, dans la vie quotidienne, cela signifie beaucoup ! Cela implique de s’intéresser à l’autre, de passer du temps avec cette personne, de s’impliquer dans cette relation comme une quête au bout duquel le trésor de la connaissance se trouve… Nous avons tous besoin de croître dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, car savoir en qui nous croyons est la grande clé de la solidité, de la sécurité et de la stabilité de la vie chrétienne.

Avons-nous honte de la bonne nouvelle de Dieu pour notre monde, de l’Évangile, puissance pour le salut de quiconque croit (Ro 1,16) ? Nous laissons-nous renouveler par Dieu pour discerner sa volonté, ce qui est bon et ce qui lui plaît (Ro 12,2) ? Ou éteignons-nous l’esprit que Dieu a mis en nous (I Th 5,1) ? Animés d’une soif sans fin du Dieu vivant et aimant, soyons, comme nous y exhorte l’apôtre Pierre (I Pi 3,15) « toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en nous. »

La clé !

Mes amis, nous ne vivrons rien (ou pas grand chose) de ce qui a été dit précédemment si nous n’avons pas la clé. Sans cette clé, nous passons à côté de la plupart des bénédictions promises par Dieu à ceux qui lui appartiennent. Cette clé, c’est de comprendre et vivre à la fois le salut et l’appel ! A cause de la grâce de Dieu manifestée en Jésus-Christ !

Il ressort clairement de ces versets que les deux grands sujets de l’évangile sont le salut et l’appel. D’une part l’évangile proclame le chemin du salut ; d’autre part il nous présente le dessein de Dieu en vue duquel nous sommes sauvés. Nous sommes enclins à limiter l’évangile à la question importante de notre salut, mais ce faisant, nous manquons la bénédiction bien plus profonde liée au propos éternel de Dieu, et ainsi nous manquons à entrer dans l’appel céleste. Il est clair que le premier grand but de l’évangile est notre salut, et Dieu voudrait que le croyant n’ait aucune incertitude quant à ce salut, selon que nous lisons dans ce passage : Il « nous a sauvés ». L’effet béni de la mort et de la résurrection du Seigneur Jésus Christ est de placer le croyant au-delà du jugement qu’il mérite à cause de ses péchés, et de le délivrer du train de ce monde.

C’est là la première partie de l’évangile, et la majeure partie du peuple de Dieu voudrait bien s’en satisfaire. L’évangile proclame néanmoins de bien plus grandes bénédictions, car il nous parle de l’appel de Dieu. Non seulement Dieu nous a sauvés, mais nous lisons aussi qu’Il « nous a appelés d’un saint appel ».

Le salut nous libère de nos péchés et du monde sur lequel le jugement est suspendu ; l’appel nous lie au ciel et à toutes les bénédictions spirituelles que Dieu s’est proposé pour nous dans les lieux célestes en Christ. Par conséquent les bénédictions de l’appel de Dieu ne sont pas « selon nos œuvres », ni selon nos pensées ou nos mérites, mais sont « selon son propre dessein, et sa propre grâce ».

Dans l’appel de Dieu, il nous est révélé le secret de Son cœur, et Il le fait en déployant devant nous un vaste panorama de bénédictions célestes acquises en Christ avant la fondation du monde. Nous apprenons ainsi que bien avant que nous ayons péché, ou contracté une seule dette, Dieu avait un propos établi pour notre bénédiction éternelle. Aucun mal commis par nous, aucune débâcle de l’église quant à sa responsabilité, ne peuvent altérer le propos de Dieu, de même qu’aucun bien que nous pourrions faire ne peut nous le procurer.

L’appel, la puissance, le salut, la grâce, dépendent uniquement du dessein éternel de Dieu, manifesté en Christ Jésus.

Nous sommes sauvés de quelque chose afin de pouvoir être appelés à quelque chose. Nous sommes délivrés de la misère et du danger dans lesquels le péché nous avait plongés, afin d’être appelés à la position de faveur et de bénédiction qui doit être la nôtre selon le dessein de Dieu. Allons-nous nous contenter de la délivrance en laissant de côté la bénédiction ? Imaginez un condamné dont la dette est payée. Il sort de prison, retrouve une certaine liberté. Il lui est proposé d’entrer dans une nouvelle vie, avec un métier bénéfique pour lui et les autres, une nouvelle famille qui l’aime vraiment pour qui il est. Mais lui choisit de rester dans sa vie morne et limitée, une vie difficile, une vie amère. Certes, il n’est plus en prison, mais quel gâchis !

Mes amis, c’est bien souvent aussi notre cheminement. Nous nous arrêtons au salut et nous sommes entre deux chaises, entre deux mondes. Arrachés d’un monde qui mène à la mort mais sans entrer vraiment dans celui de la vie. Quelle insatisfaction !

Saisissons aujourd’hui l’appel de Dieu, quel que soit notre parcours jusqu’ici.

Dieu nous appelle à la vie, à être citoyens de son Royaume, à marcher dans ses voies, à être semblables à Son Fils. Dieu nous appelle à l’éternité, à la sainteté, à la bénédiction. Oui, Dieu a de l’ambition pour nous, pourquoi resterions-nous en retrait alors qu ses promesses de grâce sont pour nous. Ce n’est pas un esprit de crainte ou de timidité que le Seigneur nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de sagesse ! Amen.

JEM 536 Manifeste ta présence

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