Prédication du 20 février 2022.

Prédication apportée par notre pasteur Clémence Bury.

Prière
Luc 12 : 49-59
Depuis plusieurs semaines, nous apprenons comment Dieu veut nous détacher des choses du monde pour nous attacher à Lui ; que ce soit nos pensées, nos richesses, nos besoins, nos inquiétudes ou tout autre chose. Dans le chap. 12 de l’évangile de Luc, le Seigneur encourage ses disciples par la promesse des soins fidèles du Père, [12:32] ainsi que par son dessein de leur donner le royaume. [12:22] En attendant, ils doivent être étrangers et pèlerins, ne se donnant aucun souci à l’égard des circonstances par lesquelles ils passent ici-bas. [12:20] Quant à la foule, le Seigneur lui fait voir que l’homme, dans l’état le plus prospère, ne saurait s’assurer un jour d’existence comme nous l’avons vu dimanche dernier ; mais il ajoute à ceci une révélation positive. [12:36] Ses disciples devaient l’attendre constamment du jour au lendemain ; [12:37] et non seulement le ciel serait leur portion, mais là ils jouiraient de tout dans le repos. Ils seraient assis au banquet, le Seigneur lui-même les servant. [12:36] Dans la suite du chapitre Jésus introduit le thème futur du jugement de l’église et du monde [12:51] ainsi que le jugement présent des Juifs.
*Lecture
Feu, angoisse, division, hypocrisie, juge, prison, dette. Disons-le tout de suite, ce passage n’est sûrement pas ce que nous préférons lire ! Il peut même nous déranger tant cette façon de parler semble détonner avec le Jésus rempli de compassion que l’on voit ailleurs. Il semble que parfois nous aussi soyons tombés dans le piège de nous faire notre propre image de Dieu : un Jésus pacifique et conciliant, un modèle humain à imiter par sa douceur et sa bienveillance… N’avons-nous pas oublié qu’il est Dieu et qu’il est donc aussi sainteté, justice, vérité, lumière ? C’est parce qu’il est aussi tout ça que ce passage de l’évangile nous montre quels sont les effets de la présence de Jésus ici-bas !
Effets de la présence de Jésus ici-bas
(v. 49-53). — Si Jésus avait été reçu lorsqu’il est venu sur la terre, il aurait apporté la paix que les anges célébraient à sa naissance ; mais la méchanceté des hommes amène l’effet contraire. Dès le moment du rejet de Jésus, le feu était allumé, c’est-à-dire que le jugement commençait ; le feu en est toujours une figure. C’est l’effet de Sa présence. Il ne pouvait qu’agir comme Celui qui mettait au grand jour l’état de l’homme. Le feu est le symbole constant du jugement divin, et c’était moralement vrai déjà à ce moment-là. Il était venu sauver ; mais s’il était rejeté, c’était vraiment un embrasement de feu. Cela ne contredit en rien la grande vérité de Sa grâce intrinsèque. Lui-même était sur le point de passer par la souffrance la plus profonde, en raison de l’antagonisme inévitable du caractère de Dieu vis-à-vis du péché, lequel n’était pas encore jugé. Il allait être jugé dans la personne de Christ, absolument sans péché, et pourtant fait péché par Dieu sur la croix. Dans Son dévouement d’amour, glorifiant Dieu, Il voulait être un sacrifice pour le péché. Voilà le baptême dont il devait être baptisé, et jusqu’à ce que celui-ci soit accompli, le Seigneur était à l’étroit, comme Il dit ici, il ne pouvait pas encore libérer son amour dans toute sa plénitude. Son amour était en quelque sorte « retenu » dans Son cœur, parce que la question du péché n’était pas encore réglée. Il y avait des barrières parmi les hommes, et par-dessus tout, il y avait un empêchement du côté de la gloire de Dieu. Le péché se dressait encore entre l’homme et Dieu. Mais dans Sa mort et sur la base de Sa mort, il n’y a plus de limites à la proclamation de l’amour divin. « Là où le péché abondait, la grâce a surabondé » (Rom. 5:20). Auparavant, cet amour était davantage promis à l’intérieur des limites d’Israël, quoiqu’on trouve des miettes de miséricorde au-delà. Dieu voulait être vrai et fidèle à Sa parole, quel que soit l’état d’Israël, mais Il ne pouvait pas étendre librement Son amour aux Samaritains, et au monde en général, avant la croix. Après la croix, c’est justement ce qu’Il fait. Le Seigneur était donc à l’étroit jusqu’à ce que cela soit accompli. Par sa mort, Jésus permettait à la grâce d’être connue de tous et partout.
Cependant, jusqu’au jour où les jugements délivreraient la terre de tous les méchants, pour établir le règne de paix du Fils de l’homme, il y aurait toujours conflit entre ceux qui recevraient le Seigneur et ceux qui le rejetteraient. C’est, hélas ! le résumé de ce qui s’est passé depuis que l’Évangile a été prêché dans le monde, la division au sein même des familles, brisant les liens les plus étroits selon la nature. Cela résulte de la manifestation de la lumière au milieu des ténèbres ; elle révèle tout, elle montre le mal dans lequel se trouve l’homme ; celui-ci étant orgueilleux, ennemi de Dieu, devient immédiatement persécuteur. C’est pourquoi, encore une fois, l’homme étant ce qu’il est, il ne fallait pas être surpris si la présence de Christ produisait des conflits et de l’opposition, et si les hommes étaient poussés aux jalousies, aux envies, à la haine et à l’inimitié. Toutes ces choses devenaient manifestes chez des gens chez qui on n’avait rien vu de pareil auparavant. Les gens peuvent aller leur chemin tranquillement ; mais Jésus est toujours un sujet de test pour les cœurs. En absence de foi, on ne sait jamais ce que l’homme est capable de faire quand la vérité (Jésus l’est) le met à l’épreuve. D’où la division dans les familles, pas du tout parce que la grâce de Christ, en soi, provoque la discorde, mais parce que le mal chez l’homme combat la vérité qui le met en lumière, et que la haine de l’homme refuse l’amour dont il ne sent pas le besoin.
Nous voyons combien est grande l’erreur de ceux qui pensent que l’Évangile doit pacifier le monde et que sa prédication doit amener tous les hommes sous le règne de Christ. L’Évangile fait sortir du monde celui qui le reçoit ; la vérité sépare ce qui est de Dieu et de l’homme ; tant que cette œuvre s’accomplira, l’opposition, la persécution auront lieu. Une fois le temps de la patience de Dieu expiré, les croyants seront retirés de ce monde et le jugement tombera sur ceux qui auront rejeté la lumière de l’Évangile. Alors le règne de Christ s’établira avec ceux des Juifs et des non-juifs qui auront cru à l’Évangile du royaume, prêché après l’enlèvement de l’Église.
C’est parce qu’Il revient bientôt, amenant le jugement qui mettra fin au temps de la grâce, que Jésus avertit les foules dans la suite du texte.
Avertissements aux foules
(v. 54-59). — Les versets suivants contiennent un avertissement solennel pour les Juifs et actuel aujourd’hui pour le monde. Les Juifs auraient dû comprendre ce que Dieu leur voulait en leur envoyant son Fils. Nous reviendrons dans un instant sur la parabole des nuages etc. Puisqu’ils savaient interpréter les prévisions météorologiques, ils auraient dû connaître le caractère moral du temps où ils vivaient, car Jésus leur était présenté de manière à le leur faire comprendre. Ils auraient dû discerner que l’orage des jugements de Dieu allait éclater s’ils ne recevaient pas le Seigneur et ne profitaient pas de l’ondée de bénédiction qu il leur apportait. Le temps où Dieu ne tolèrerait plus les Juifs s’approchait rapidement ; mais, avant l’exécution des jugements, le peuple était comme un homme en chemin avec sa partie adverse pour comparaître devant le magistrat. Il devait, dit Jésus, s’efforcer d’y échapper, car, s’il entrait en jugement, il n’en sortirait pas avant d’avoir tout payé (v. 58-59). Hélas ! Dieu était la partie adverse de son peuple ; au lieu de rejeter Jésus, ils auraient dû se réconcilier avec lui, car il était Dieu « réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes » (2 Corinthiens 5:19). C’est ce qu’ils ne firent pas ; comme nation, ils furent livrés aux Romains, qui dispersèrent dans le monde entier ceux qu’ils n’ont pas mis à mort. Aujourd’hui encore, ils se trouvent sous les conséquences terribles du rejet de leur Messie, jusqu’au temps, que nous savons être prochain, où, selon Ésaïe 40:1-2, il sera dit : « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem, et criez-lui que son temps de détresse est accompli, que son iniquité est acquittée ; qu’elle a reçu de la main de l’Éternel le double pour tous ses péchés ».
Ce passage éclaire vraiment bien notre étude du livre de l’Apocalypse n’est-ce pas ?!
Israël était donc mis à l’épreuve maintenant, ils étaient en chemin. Ils avaient l’occasion d’être délivrés : allaient-ils refuser ? Allaient-ils tout jeter loin ? Cela dépendait d’eux ; s’ils n’étaient pas attentifs pour faire usage de ce que Dieu leur accordait maintenant, avec la présence de Jésus, la justice devrait suivre son cours ; et dans ce cas, ils seraient traînés devant le juge, lequel ne manquerait pas de les livrer au magistrat qui les jetterait en prison. Et finalement, ils n’en sortiraient jamais jusqu’à ce qu’ils aient payé le dernier sou. Voilà en fait l’histoire des Juifs. Ils sont encore en prison, et ils ne seront pas délivrés de cette condition sans que toute la dette ne soit payée selon les voies rétributives de Dieu, lorsque le Seigneur dira à Jérusalem qu’elle a reçu de Sa main le double de tous ses péchés. Sa miséricorde prendra sa cause en main au dernier jour, Sa main accomplissant enfin ce que Sa bouche promettait dès le début.
Israël, alors au terme de la patience de Dieu, a été mis de côté pour un temps et remplacé, comme témoignage sur la terre, par l’Église. Cette dernière, de même qu’Israël, a complètement manqué ; au lieu de se séparer du monde en témoignage pour son Seigneur, elle s’est assimilée à lui. Aujourd’hui, la patience de Dieu arrive à sa fin, chose que tous devraient discerner. Le Seigneur Jésus va venir enlever les siens, pour les délivrer de la colère de Dieu qui fondra sur ce monde. Ceux qui croient la Parole de Dieu le savent et reconnaissent clairement les caractères solennels de nos temps. « Connaissant le temps, que c’est déjà l’heure de nous réveiller du sommeil, car maintenant le salut (la délivrance) est plus près de nous que lorsque nous avons cru : la nuit est fort avancée, et le jour s’est approché » (Romains 13:11-12). L’état moral de la chrétienté, plus encore que les événements politiques, fait constater que nous sommes à la fin de l’histoire du christianisme sur la terre, histoire qui se terminera par des jugements prochains (lire 2 Timothée 3:1-5, où sont décrits les caractères moraux des hommes d’aujourd’hui, ainsi que chap. 4:3-4). Nous savons que la chrétienté ne peut pas être restaurée ; mais l’appel à se mettre en règle avec sa partie adverse, Dieu, s’adresse encore à chacun individuellement, pendant que dure le temps de la grâce ; bientôt, si nous n’avons pas le Sauveur, il faudra paraître devant le Juge pour entendre prononcer sa condamnation éternelle. Alors il sera trop tard pour échapper.
C’est pour rendre attentifs les indifférents et les incrédules, que Dieu a permis les terribles événements actuels. Beaucoup ont prêté l’oreille à la voix de la grâce en présence de la mort qui les guettait. Et c’est parce que le cœur naturel est tellement endurci que Dieu permet que le fléau se prolonge, afin de faire grâce à un plus grand nombre encore, non seulement sur les champs de bataille et dans les hôpitaux, mais partout ; et particulièrement à ceux pour lesquels Dieu serait encore la partie adverse. Une voix solennelle leur dit : « Mets-toi promptement en règle avec lui, avant d’être traîné devant le Seigneur comme juge ».
Revenons maintenant à la parenthèse météo ! La pluie est, sans exception dans l’Écriture, une image de la bénédiction. Comparer seulement les versets bien connus d’Hébreux 6 : « Car la terre qui boit la pluie qui vient souvent sur elle, et qui produit des herbes utiles… reçoit de Dieu de la bénédiction » (Hébreux 6:7 ; comparer Lévitique 26:4 ; Deutéronome 11:11, 14, 17). Mais la ‘pluie’, dans l’Ancien Testament, renvoie aussi symboliquement et directement au Seigneur Jésus, le Messie du peuple d’Israël. C’est ainsi que le Psaume 72 parle de Lui : « Il descendra comme la pluie sur un pré fauché, comme les gouttes d’une ondée sur la terre » (Psaume 72:6). Et Salomon a ainsi parlé du plus grand que lui : « Dans la lumière de la face du roi est la vie, et sa faveur est comme un nuage de pluie dans la dernière saison » (Proverbes 16:15).
Ainsi nous ne faisons pas fausse route en admettant que le Seigneur parlait en premier lieu de Lui-même dans cette petite parabole. « Ce temps-ci » que les Juifs d’alors ne comprenaient ni ne discernaient, était le temps de Sa présence, et il était comme une ondée sur une terre sèche. C’est de ce temps que les prophètes de l’ancienne alliance avaient prophétisé. Maintenant leurs prophéties s’étaient accomplies, le roi Lui-même était venu au milieu d’eux, et déversait Ses bénédictions sur eux. Malgré cela, ils ne l’avaient pas reconnu et ne voulaient pas le reconnaître.
C’est la raison pour laquelle le Seigneur les qualifie ‘d’hypocrites’, et qu’après la ‘pluie’ il mentionne la venue du ‘vent du sud’. Venant des déserts brûlant du sud, il apporte généralement une chaleur torride sur le pays. N’était-ce pas aussi un signal sérieux du jugement qui allait venir sur eux s’ils Le rejetaient ?
Si nous appliquons tout cela à nous et à notre temps, ne devons-nous pas dire que nous vivons aujourd’hui dans un temps spécial de bénédiction, le temps de la grâce ? Dans ce temps, Dieu fait annoncer par Ses serviteurs l’évangile de Jésus Christ, comme jamais auparavant, et comme cela ne sera jamais répété. Celui qui accepte par la foi ce témoignage, Il le bénit, non pas seulement de bénédictions terrestres comme Israël en avait la promesse, mais « de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Éphésiens 1:3). Alors demandons-nous : quelle sera notre part ? Avons-nous ajouté foi à l’évangile de Dieu concernant Son Fils, ou nous sommes-nous contenté d’une profession creuse de christianisme ? Avons-nous reconnu et compris les signes du temps, que le juge se tient à la porte (Jacques 5:9) ?
Le merveilleux temps de la grâce va prendre fin, vraisemblablement très bientôt. En sommes-nous conscients, chers amis, ou le Seigneur doit-Il nous demander : « comment se fait-il que vous ne discernez pas ce temps-ci ? »
La parole du Christ met à nu les contradictions du présent, elle met en évidence et en question toutes les idolâtries pour faire progresser la paix véritable. Cette paix n’est pas un faux semblant de surface : ne pas faire de bruit, ne rien déplacer, ne rien dire. Elle est au contraire le shalom annoncé par les prophètes et mis en oeuvre et en chantier par Jésus. Cette paix passe par la vérité, par la justice, par la réconciliation, par la miséricorde. C’est à cela que les disciples et nous après eux, sommes appelés. La foi chrétienne consiste en un engagement personnel, une réponse à l’appel lancé par Jésus à le suivre. Jésus réclame ainsi la première place. Ce n’est pas une affaire de préférence ou de jalousie, mais une réponse à la question : quelles sont pour toi les valeurs essentielles ? L’Evangile prime sur tout autre chose. C’est ainsi que l’on peut comprendre les paroles de Jésus.
Il s’agit encore une fois de notre consécration, de suivre Jésus. Le suivre, lui, plutôt que nos inclinations naturelles, nos affections, nos intérêts, nos ambitions, nos rêves. Le suivre, lui, plutôt que tout cela, car il s’agit de préférences : lui, plutôt que la vie que nous imaginons.
La vraie vie n’est pas dans le pouvoir ou l’enrichissement. La vraie vie, c’est d’être disciple du Christ. Que le Seigneur nous encourage sur ce chemin !
Amen !
« Sur le chemin » JEM 138