Message du 25 février 2024.

Ce dimanche la Prédication est apportée par le pasteur Charles Nicolas.

LesDeuxTuniques-25.04.2024

Humbles mais rois !

1 Samuel 16.4-13 ; Matthieu 5.3 ; 11.11

Dans la Bible, le mot ‘roi’ n’est pas un gros mot. Quand Jésus est né, les mages ont demandé : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? (Mt 2.2). Et sur la croix, on a écrit : Celui-ci est Jésus, le Roi des Juifs (Mt 27.37). L’Evangile est-il l’annonce d’une république ou d’une démocratie ? Ou celle d’un royaume ? Ce n’est pas exactement la même chose.

Quand nous entendons le mot pauvre, nous pensons aux migrants, aux SDF, aux chômeurs… Jésus parle-t-il de cela dans les Béatitudes ? Pas vraiment. Dans la première Béatitude, Jésus parle d’une pauvreté de cœur, qui a d’ailleurs un lien direct avec le Royaume de Dieu : Heureux les pauvres en esprit car le Royaume des cieux est à eux.

1. Qui sont les pauvres en esprit ?

Il n’est pas très facile de le comprendre. Certains ont traduit : Ceux qui ont un esprit de pauvreté. Mais qu’est-ce que cela signifie ? Il y a deux moyens pour nous aider :

– le premier moyen est de considérer, tout au long de la Bible, ceux et celles qui sont passés par cette porte étroite de l’humiliation – à commencer par Jésus lui-même : songeons à sa naissance, à son baptême parmi les pécheurs, à son entrée dans Jérusalem monté sur un ânon, à sa crucifixion. Nous pensons aussi à Rahab la prostituée, à Naaman le Syrien qui doit se plonger 7 fois dans le Jourdain ; à l’aveugle Bartimée, au publicain qui dit dans sa prière : Sois apaisé envers moi qui suis un pécheur. Je pense au centenier qui dit à Jésus : Je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit ; puis : Dis un mot et mon serviteur sera guéri ! Jésus a admiré la foi de cet homme. Deux réalités apparaissent chaque fois : l’humilité et la foi, non pas comme deux qualités naturelles, mais comme deux fruits de la même grâce de Dieu. Deux fruits indissociables !

– le second moyen est de considérer les huit autres béatitudes, car toutes décrivent ce que signifie être ‘pauvre en esprit’. Les affligés sont ceux qui sont contrits à cause du mal qui se commet autour d’eux (comme Lot alors qu’il était à Sodome, 2 Pi 2.7). Les débonnaires, ce sont ceux qui, à cause de l’espérance qui est en eux, ne se battent pas pour obtenir toujours plus. Ceux qui ont faim et soif de la justice, ce sont ceux et celles qui aiment par-dessus tout la volonté de Dieu, seule juste. A chaque respiration ils pensent : Que Ta volonté soit faite ! Ceux qui sont persécutés pour la justice, sont ceux et celles qui préfèrent souffrir et même mourir plutôt que d’avoir honte du Seigneur.

Les pauvres en esprit sont ceux dont l’orgueil a été brisé et qui ont été rendus obéissants. Te reconnais-tu dans cette définition ? Avant d’avoir été humilité je m’égarais, maintenant j’observe ta parole (Ps 119.67). C’est la position des justes dont parlent les Psaumes : Les yeux de l’Eternel sont sur les justes (Ps 34.15). Ils sont doux et humbles de cœur car ils ont mis toute leur confiance en Dieu, et cela se voit dans toute leur conduite.


2. Le royaume des cieux est à eux !

Encore une expression peu facile à comprendre. Nous entendons cela comme de la poésie. Jésus est-il venu sur terre pour faire de la poésie ? Quand, durant son procès, le gouverneur l’interroge : Es-tu le roi des Juifs ? Jésus lui répond : Tu le dis (Mt 27.11).

Cela se voyait-il que Jésus était roi ? La réponse est non – SAUF pour ceux à qui Dieu ouvrait les yeux… Comme l’aveugle Bartimée qui criait : Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! (Mc 10.47). Comment le savait-il ? Comme le brigand sur la croix : Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton règne (Lc 23.42). Comment le savait-il ?

Cela ne se voyait pas forcément, mais il l’était bien qu’étant dans une condition semblable à la nôtre. Il était serviteur, lavant les pieds de ses disciples ; mais après avoir fait cela, il dit : Vous m’appelez Maître et Seigneur et vous faites bien, car je le suis (Jn 13.13). On voit que non seulement les deux positions sont compatibles, mais qu’elles peuvent coexister. Cela est important et cela nous concerne.

En un sens, c’est la position restaurée de l’homme sur la terre avant le péché : il devait cultiver et garder le jardin comme un serviteur. Servir, c’est le sens de notre existence ! Je suis venu non pour être servi mais pour servir, dit Jésus (Mt 20.28). L’homme devait aussi dominer la terre et l’assujettir (Gn 1.28). Assujettir ? C’est la position royale. L’homme n’est ni un animal évolué ni un dieu. C’est un serviteur qui a aussi un rang royal. Comme Jésus !

– Dans le désert après son baptême, Jésus est affaibli et humilié comme un disciple qui apprend. Mais il résiste au diable, et le fait fuir ; puis des anges viennent le servir !

– Jésus enseigne ses disciples assis sur une pierre ; mais il enseigne avec autorité (Mt 7.29).

– Devant le tombeau de Lazare, Jésus pleure ; puis il commande à Lazare de sortir !

– Jésus est arrêté comme un malfaiteur, mais quand il dit : C’est moi ! les soldats reculent et tombent par terre. Puis il dit à Pierre que douze légions d’anges pourraient venir à son secours s’il le demandait.

– Jésus marche sur un chemin avec des disciples qui ne le reconnaissent pas, mais il dit avant de les quitter : Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre (Mt 28.18).

L’apôtre Paul dit cela dans un texte bien connu : Jésus s’est dépouillé pour prendre la condition d’un serviteur ; dans cette position il s’est rendu humble et obéissant. C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout autre nom (Ph 2.7-11). Et nous ? Pierre dit : Et lorsque le souverain pasteur paraîtra, vous obtiendrez la couronne incorruptible de la gloire (1 Pi 5.4).

Je vais essayer de dire, pour terminer ce message, en quoi cela nous concerne. Mais retenons d’abord ceci : Jésus l’a vécu, pas seulement comme deux positions successives (l’humiliation puis l’élévation), mais comme deux positions simultanées : en même temps. – Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Les mages parlent d’un nouveau- né. – Souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton règne. Il parle à un crucifié !


3. L’humilité précède la gloire

Tout cela pourrait être résumé dans cette formule : L’humilité précède la gloire1 (Pr 15.33 ; 18.12). Pas seulement la gloire ; pas seulement l’humilité. Sur le front du chrétien il y a cette double marque : l’humilité et la gloire. Dès maintenant ? Oui. Les deux ? Oui ! Quand Paul et Silas chantent les louanges à Dieu dans leur cachot, c’est déjà la gloire et c’est encore l’humilité !

Pourquoi l’humilité ? Parce que Dieu résiste aux orgueilleux (Jc 4.6 ; 1 Pi 5.5). Avant la Chute, il n’était pas question d’humilité. Maintenant c’est nécessaire. Pourquoi Dieu résiste-t-il aux orgueilleux ? Parce que l’orgueil est un chemin de perdition ; heureusement que Dieu résiste ! Jésus dit à ses disciples : Vous êtes la lumière du monde (Mt 5.14). Imaginez quelqu’un qui entend cela sans humilité ! L’humilité permet au chrétien de participer à la royauté de Jésus-Christ sans que cela tourne à sa perte.

Souvenez-vous du retour du fils prodigue : Je ne suis pas digne d’être appelé ton fils, traite-moi comme l’un de tes ouvriers. L’humilité. Souvenez-vous des paroles de son père : Apportez la plus belle robe et l’en revêtez ; et mettez-lui un anneau au doigt ! (Lc 15.22). La gloire. L’humilité précède la gloire.

Mais quand la gloire ? Tout de suite et plus tard. Tout de suite, par la foi ; plus tard par l’espérance. C’est comme la consolation : Heureux dès maintenant ceux qui pleurent car ils seront consolés. Mais s’ils seront consolés – c’est sûr ! – ils le sont déjà, même s’ils pleurent encore. Le repas du Seigneur, c’est déjà le repas des noces de l’Agneau, et pourtant ce n’est pas encore. Il s’agit d’un héritage éternel et comme il est éternel il commence tout de suite. Les prémices sont pour tout de suite ; et les prémices, c’est déjà la réalité éternelle. Cinq cerises, c’est déjà le goût de toute la récolte !

Paul reproche aux Corinthiens de se comporter sans dignité : ils ont des querelles entre eux, et cela devant des incroyants ! Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ? Et nous serions incapables de juger des choses de cette vie ? (1 Co 6.3). Vous voyez le lien entre l’avenir (juger les anges) et le présent (gérer le présent) ?

Jésus a fait de nous un royaume, des sacrificateurs pour Dieu son père (Ap 1.6 ; 5.10). A fait’ signifie que c’est déjà réalisé. L’apôtre Pierre écrit : Mais vous, vous êtes la race élue, le sacerdoce royal, le peuple que Dieu s’est acquis (1 Pi 2.9). Mais vous dit la différence avec ceux qui ne connaissent pas le Seigneur, qui ignorent complètement cela, qui ne peuvent pas le comprendre. Nous le comprenons nous-mêmes avec peine…

Notre Roi s’est fait serviteur, retenons cela. En tant que chrétiens, nous portons une double tunique : la tunique des humbles serviteurs, des humbles servantes, et la tunique royale2. Les deux !

Ch. Nicolas

Annexes

1. Ces petits qui sont mes disciples

En réalité, l’expression pauvres en esprit désigne les chrétiens, les disciples de Jésus-Christ. Jésus les appelle aussi : ces petits qui croient (Mt 10.42 ; 18.6).

Examinons un instant les deux passages où Jésus appelle ses disciples des petits :

1. Si quelqu’un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspendît à son cou une meule de moulin et qu’on le jetât dans la mer (Mt 18.6). Jésus parle-t-il des enfants qui croient en lui, ou de ceux qui mesurent moins d’1,60 m., ou de ceux qui touchent le RSA ? Pas du tout. Ce n’est ni économique ni social3 ! Jésus parle des disciples, de ceux qui, un jour se sont reconnus pécheurs et ont reconnu en Jésus leur Sauveur : ce sont ceux qui prennent le pain et le vin du repas du Seigneur. Jésus dit de ceux-là qu’ils sont si précieux aux yeux de Dieu, ils ont tellement d’importance pour Lui, qu’il vaut mieux ne pas faire partie de ceux qui leur font du mal. Les chrétiens persécutés repassent cela dans leur cœur, c’est sûr. Heureux ceux qui sont pauvres en esprit, car le Royaume des cieux est à eux.

2. Quiconque donnera ne serait-ce qu’un verre d’eau froide à l’un de ces petits parce qu’il est mon disciple, je vous le dis en vérité, il ne perdra pas sa récompense (Mt 10.42). Pour un verre d’eau froide ? Oui, mais c’était pour un disciple du Seigneur ! C’est comme si c’est à Jésus-Christ qu’on l’avait donné. Comme quand Jésus dit à Saul de Tarse : Je suis Jésus que tu persécutes. Notez que c’est exactement le sens de la parabole du jugement des nations, quand Jésus dit : Tout ce que vous avez fait à l’un des plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (Mt 25.40). Qui sont les plus petits des frères de Jésus : ce sont ses disciples, personne d’autre4. Aujourd’hui encore ? Aujourd’hui encore.

Et c’est à ses disciples que Jésus dit : Celui qui vous reçoit me reçoit, et celui qui me reçoit reçoit celui qui m’a envoyé (Mt 10.40). C’est inimaginable, c’est vertigineux.

C’est pour cela que Timothée accepte d’être appelé ‘mon enfant’ par l’apôtre Paul (1 Tm 1.2 ; 2 Tm 2.1). C’est pour cela que Jean s’adresse aux chrétiens en les appelant ‘petits enfants’ (1 Jn 2.1,12, 18). Est-ce pour les infantiliser ? Pas du tout. C’est pour les responsabiliser, car tout disciple accompli devient comme son maître (Lc 6.40).

Heureux ceux qui ont un esprit d’humilité, car le Royaume des cieux est à eux. Quand ? Maintenant.

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2. Le roi Lion

Quand un homme perd de vue qui il est, il ne se comporte ni ne réagit comme il devrait. Dans le dessin animé Le roi Lion, Simba devient une espèce de vagabond sans but. Un jour, il a une vision de son père qui lui dit : Tu as oublié qui tu étais. Il avait oublié qui il était : un roi de la jungle en formation. C’est pourquoi il ne vivait pas selon ce qu’il était.

Nous sommes appelés à garder devant les yeux les réalités de La Parole de Dieu et à vivre en conséquence.

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1Nous pourrions graver cela sur le mur de nos maisons !

2Martin Luther le dit ainsi : Le chrétien est l’homme le plus libre : maître de toutes choses, il n’est assujetti à personne (c’est la royauté). L’homme chrétien est en toutes choses le plus serviable des serviteurs ; il est assujetti à tous.

3Depuis le marxisme, l’économique et le social sont devenus la pierre de touche de tous les raisonnements. Ça ne correspond pas du tout à l’échelle des valeurs de la Parole de Dieu.

4C’est aussi le sens de la parabole du Bon Samaritain qui, étranger, est venu au secours d’un membre du peuple de Dieu. Ce n’est pas de l’altruisme seulement ; c’est en lien avec l’élection, avec le discernement du dessein de Dieu.

One thought on “Message du 25 février 2024.

  1. isabelle valy dit :

    Merci à Daniel de nous permettre de réécouter ces prédications dimanche après dimanche !
    Merci à Charles pour ce sermon qui nous enseigne et nous fortifie, nourriture solide, elle nous amène au plus près de Jésus.
    Et Merci Père pour ton Esprit qui nous unit !

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